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Poésie contemporaine
Cox : La ruelle
 Publié le 16/09/14  -  8 commentaires  -  1501 caractères  -  176 lectures    Autres textes du même auteur

Amis qui aimez les arômes des roses et la joie de vivre en tube, soyez les bienvenus.


La ruelle



La nuit semble noyer les yeux de la corneille
Qui glisse entre les toits d’une banlieue sans charme.
Une plume tombée comme une longue larme
Morte, vient déranger la rue dans son sommeil.

Et ce funeste don des cieux désabusés
Palpite faiblement sous la brise qui passe,
Tremble confusément au souffle de l’impasse,
Se flétrit lentement sur le pavé usé.

De sinistres vivats éclatent et perdurent,
Acclamant la victoire arrachée au vivant.
L’affiche déchirée qui applaudit le vent
Est comme la chair morte accrochée à ces murs.

Au pied de la ruelle, où l’on hésite encore,
Un vaillant éperon de lumière brisée
Tousse ses derniers feux et se fond, épuisé,
Au grouillement obscur quand l’ombre le dévore.

La reine noire étend sa chevelure brune
Dont de pâles éclats rehaussent l’habillage,
Alors que les traînées blafardes des nuages
Viennent dégouliner sur la chair de la Lune.

Et dans l’ombre maîtresse, on peut voir qui s’agitent
D’autres ombres encor qui roulent en secret
Mille desseins abjects pour venir honorer
Par le fil du couteau votre cœur qui palpite !

Meurtre, viol et péché remontent sans un bruit
Du creux des caniveaux qui portent au passant
Des rivières de pisse et des litres de sang.
Quels forfaits devront-ils charrier cette nuit ?

Rien.
Ce soir,
Les ombres elles aussi
S’ennuient.


 
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   Anonyme   
1/9/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Sympa ! Une ambiance bien délétère que je trouve plutôt efficacement campée... Je dirais presque "puissamment", sauf pour deux éléments :
- le petit quatrain irrégulier de la fin qui selon moi casse le cafard ;
- l'histoire des vivats qui éclatent ; même sinistres, pour moi ils apportent trop d'animation dans le tableau.

Mais j'aime beaucoup des notations comme les traînées des nuages qui dégoulinent sur la chair de la Lune, et "honorer / Par le fil de couteau". De la tenue dans le sordide, c'est cool. Une mention aussi pour le rejet "larme / Morte".
Cela dit, à mon avis, c'est quand même beaucoup lu et vu, tout ça.

   Myndie   
4/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà un beau tableau, peint étape par étape, tout en lueurs et en contrastes savamment élaborés. Je vous ai suivi dans cette escapade nocturne et j'ai aimé anticiper les délicieux frissons promis, par la grâce de votre plume, à qui ose s'aventurer dans cette ruelle devenue coupe-gorge à la faveur de l'obscurité .
J'ai aimé le jeu des sonorités qui font passer de la douceur et de la fluidité (« noyer », corneille », banlieue », « sommeil », « plume », « longue larme » ) à une force brutale annoncée par l'habile enjambement au 4ème vers.
Quelques petites remarques :

- N'y a t-il pas un « des cieux » en trop au 5ème vers ou est-ce un effet recherché ?

- « De sinistres vivats éclatent et perdurent,
Acclamant la victoire arrachée au vivant. » : je trouve que l'effet sonore de ces deux vers n'est pas des plus heureux ; lus à voix haute, ils heurtent l'oreille.

A l'inverse, ces deux-là, portés par leurs allitérations, sont merveilleusement limpides et mélodieux :

« Un vaillant éperon de lumière brisée
Tousse ses derniers feux et se fond, épuisé, ».
Mais pas que. Voilà une observation simple qui prend, avec des mots concrets, un sens sublime. Le « vaillant éperon de lumière brisée» apporte une touche romantique et la banale ruelle se charge alors d'un sens poétique qui nous permet de la regarder avec le même œil rêveur que le vôtre.

« La reine noire étend sa chevelure brune
Dont de pâles éclats rehaussent l’habillage,
Alors que les traînées blafardes des nuages
Viennent dégouliner sur la chair de la Lune »
Cette strophe est sans conteste ma préférée, avec sa métaphore de la nuit qui apporte au poème une tonalité visuellement gothique (j’aurais toutefois évité la majuscule à Lune )

Les deux strophes suivantes, bien que tout autant évocatrices, sont plus faibles à mon sens. Je leur préfère la chute du poème : rythme cassé, déception affirmée : la ruelle mal famée, un remède à l’ennui ?

   Lulu   
16/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quand j'ai lu le mot "ruelle" du titre, j'ai pensé aux dangers de l'assassinat, mais pensais me tromper en lisant les premiers mots. Ce mot vous aura inspiré la même chose.

J'aime, cependant, beaucoup ce poème que je n'aurais su écrire de la sorte. J'aime particulièrement les belles images campées dès la première strophe "les toits d'une banlieue sans charme." Puis, magnifique, l'image de cette plume qui tombe et que l'on peut se représenter visuellement au ralenti.

Bravo pour cette belle composition fort agréable à lire.

   leni   
16/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
salut Cox
Ruelle coupe gorge où il ne faut pas trainer ses guêtres Frissons assurés adoucis par des images poétiques comme à l'accoutumée dans tes poèmes J'aime épingler des images subtiles

L’affiche déchirée qui applaudit le vent
Est comme la chair morte accrochée à ces murs.

Alors que les traînées blafardes des nuages
Viennent dégouliner sur la chair de la Lune.


Meurtre, viol et péché remontent sans un bruit
Du creux des caniveaux qui portent au passant
Des rivières de pisse et des litres de sang.
Quels forfaits devront-ils charrier cette nuit ?


Et la finale est rassurante!
Du vrai Cox que l'on peut aussi interpréter
Bravo Salut cordial Leni

   Anonyme   
16/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Quelques beaux quatrains pour illustrer le coté glauque d'une ruelle.
Je vois bien une approche à la Jacques Brel avec ses mots crus
mais tellement réalistes ou ces vieux polars poisseux
que l'on trouvait dans les années 60.
Quelques beaux instants :

Une plume tombée comme une longue larme
La reine noire étend sa chevelure brune
Alors que les trainées blafardes des nuages
Viennent dégouliner sur la chair de la lune
Des rivières de pisse ou des litres de sang

   Francis   
16/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je me suis retrouvé un soir de pluie dans ces ruelles de Montreuil sur mer," la cité de Jean Valjean" :pavés luisants, odeurs fétides des murs, lambeaux d'affiches effilochées...Que d'histoires ces pierres auraient à raconter ! Aujourd'hui, elles s'ennuient. J'ai suivi votre plume et je me suis laissé entraîner dans vos décors.

   Ioledane   
18/9/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte intéressant et imagé, dont j’ai aimé suivre les descriptions. Les images sont recherchées, avec « L’affiche déchirée qui applaudit le vent », le « vaillant éperon de lumière brisée » qui « tousse ses derniers feux », les « trainées blafardes des nuages » qui « viennent dégouliner sur la chair de la Lune ». L’emploi des oxymores rehausse encore la saveur du texte : « Morte, vient déranger », « funestes dons », « sinistres vivats ».
J’ai moins aimé « encor » (dont je déplore toujours la présence hors de la forme classique, pour son artificialité) et surtout le dernier paragraphe qui, soudain libéré, rompt curieusement avec les précédents. Effet voulu sans doute, mais qui à mes yeux ne s’imposait vraiment pas et gâche un peu la grande qualité du reste, c’est dommage. J’aime pourtant l’idée de cette rupture de rythme ; il aurait été tout à fait possible à mon avis de ne pas dénaturer la forme néoclassique et d’écrire un dernier quatrain en octosyllabes, ou en hexa, par exemple.

   Robot   
20/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est le réalisme nocturne de cette traversée qui m'a pris dans son ambiance très grise, style film noir et blanc du néo réalisme français.
La conclusion ajoute une note supplémentaire à cette poésie.


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