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Poésie contemporaine
Cox : Les maisons sont tombées [concours]
 Publié le 03/05/24  -  12 commentaires  -  1474 caractères  -  255 lectures    Autres textes du même auteur

Texte inspiré par l'image de poldutor : http://www.oniris.be/modules/myalbum/photo.php?lid=%201623

Oui, mais si les chaussons étaient séparés ? C'est cette idée qui a inspiré la forme du poème.


Les maisons sont tombées [concours]



Ce texte est une participation au concours n° 35 : Arrêt sur image
(informations sur ce concours).





Les maisons sont tombées
Et la pluie, doucement, saigne sur la poussière,
Sur les plaintes des chiens, le silence des pierres.
Comme à la dérobée,
Le vent vient louvoyer entre quelques débris.
Gémissant, il s'écorche aux lambeaux de murs gris :
Les maisons sont tombées.


Ibtihal ! Ibtihal !
Des voix à l’unisson déchirent l’air du soir,
Jetant sur les gravats quelques ruines d’espoir.
Le vent s’est fait glacial.
Un vieillard lance un chant vers les nuées austères
Et laisse les grands cris se joindre à sa prière :
Ibtihal ! Ibtihal !


Un chausson de ballet
Git par terre, esseulé, figé dans une pointe,
Marquant la fin du temps des musiques éteintes.
Souffle court, affolé,
Un homme près de là, qui semble fossoyer,
Finira par trouver, au bout d’un pied broyé,
Un chausson de ballet.


Les maisons sont tombées
Et les cris se sont tus, comme au creux de la tombe.
La prière envolée, feuille morte, retombe.
Alors, nuque courbée,
Le vieux offre à la boue sa barbe enchevêtrée,
Crachant le nom d’Allah dans la terre éventrée.
Les maisons sont tombées.


 
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   Polza   
3/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J’ai trouvé qu’une belle musicalité émanait de ce poème. L’alternance d’hexasyllabes et d’alexandrins n’y est surement pas pour rien.

Je ne sais pas si c’est le cas, mais j’ai pensé à l’actualité du moment, tout ce qui se passait au Proche-Orient, en Palestine en particulier.

L’écriture est fluide et le vocabulaire riche et varié. Ce n’est pas le commentaire de l’année, mais je n’ai pas grand-chose à ajouter. C’est propre, c’est net et sans bavure. Un bien joli et triste poème…

   Myndie   
22/4/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

d'abord j'applaudis à l'originalité de la démarche. Partir d'une image suggérant la grâce, l'élégance, la douceur du ballet pour évoquer la violence, la brutalité de la guerre, c'est fort. Et votre poème frappe fort.
Ce contraste, fil conducteur du texte, est porteur d'émotions, douleur, désespoir, mais aussi peut-être colère et rejet (« Crachant le nom d’Allah dans la terre éventrée. ») qui nous atteignent de plein fouet, aussi intenses que les images sont belles et terribles. :
« Et la pluie, doucement, saigne sur la poussière, »
« Le vieux offre à la boue sa barbe enchevêtrée »

Et ces trois vers :
« Un homme près de là, qui semble fossoyer,
Finira par trouver, au bout d’un pied broyé,
Un chausson de ballet. »
sont essentiels qui résument à eux seuls toute l'horreur, la violence, l'injustice de ce face à face traumatisant avec la mort d'innocentes victimes.

Du début à la fin, la lecture est un véritable plaisir que l'on doit bien sûr à la disposition des vers ( alternance d'alexandrins et d'hexasyllabes), à cette sentence itérative : « Les maisons sont tombées. » mais surtout à la grande fluidité des vers dont la poésie narrative et troublante semble couler de source.
J'ai aimé la puissance d'expression et la qualité charnelle du langage, sa capacité à évoquer l'humain au cœur du chaos.

A défaut de faire défaillir l'âme martiale des belligérants, cette poésie-là, pleine de meurtrissures, ne devrait-elle pas pousser à une réflexion sur le poids des morts sur les vivants et se résumer à une seule question : pourquoi ?

   Lebarde   
23/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une scène de guerre tristement évocatrice et des bombardements affreusement destructeurs "Les maisons sont tombées", qui séparent (deux) chausson(s) de ballet" dont l'un "Git par terre, esseulé, figé dans une pointe," et l'autre sera retrouvé "au bout d’un pied broyé".
Le tableau est violent et insoutenable. L'idée pour en parler une bien belle trouvaille de poète.

"Et les cris se sont tus, comme au creux de la tombe.
La prière envolée, feuille morte, retombe."

Les quelques petites fautes de prosodie sont bien insignifiantes au regard de la puissance, de la poésie et de l'émotion, tout en nuances qui se dégagent de ce poème magnifiquement remarquable de bout en bout.

Je cite au hasard quelques vers superbes parmi d'autres:
"Et la pluie, doucement, saigne sur la poussière,"
ou
"Des voix à l’unisson déchirent l’air du soir,
Jetant sur les gravats quelques ruines d’espoir."
etc...

Une écriture, touchante qui ne peut laisser le lecteur indifférent.

Bonne chance pour la suite qui à mon sens s'annonce bien!

Lebarde

   Geigei   
4/5/2024
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
J'ai tout compris. Cérébralement, tout va bien.
Émotionnellement, c'est différent. La situation m'apparaît fabriquée façon Ikea. J'étais au bord du fou rire nerveux. Alors, Gaza, ça fonctionne bien en ce moment. On va faire du pathos avec ça. Pourquoi pas. Un hommage. Un soutien poétique. Mais remplacer la poupée démembrée d'usage par une gamine démembrée dont le grand-père retrouverait les chaussons de danse n'a pas fonctionné sur moi. Pas du tout. Dans mon idée, les gamines cherchent à manger pour survivre. Elles n'ont pas trop le temps de faire des pointes.

La description des ruines est réussie. Les images données par nos écrans sont légitimement mises en scène. Mais l'image des chaussons de poldutor porte le tout vers le cocasse.

   Robot   
3/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce poème reconstitue une scène tragique.
Dés le premier vers on est plongé dans le drame. Le premier paragraphe nous montre les destructions matérielles puis au second c'est le cri de la désespérance. Le vieillard recherche-t-il la disparue ?
Puis le drame se poursuit avec la perte de la vie humaine évoquée au travers de la découverte de ce chausson de ballet. A aucun moment il n'est dit qu'il s'agit d'une enfant. L'imagination nous pousse vers cette interprétation mais enfant ou femme, celà fait-il une différence dans l'horreur ?
Un paragraphe de conclusion à la hauteur de l'ensemble du récit.

   poldutor   
3/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour
Beau poème sur un village dévasté par un bombardement systématique, un Dresde contemporain. La folie des hommes n'a pas de limite et fait souvent payer à des innocents l'irresponsabilité de leurs dirigeants.
De beaux vers pleins d'un dur réalisme :
"Le vent vient louvoyer entre quelques débris.
Gémissant, il s'écorche aux lambeaux de murs gris :
Les maisons sont tombées."

"Un homme près de là, qui semble fossoyer,
Finira par trouver, au bout d’un pied broyé,
Un chausson de ballet."

"Les maisons sont tombées
Et les cris se sont tus, comme au creux de la tombe.
La prière envolée, feuille morte, retombe."
Terrible et effrayant !
Bravo pour cette poésie.

Cordialement.
poldutor en E.L

   papipoete   
3/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour concurrent
dans un précédent texte, dès les premières lignes, on comprenait... qu'on ne comprendrait rien !
ici, dès l'entame on comprend qu'on va comprendre ! et chaque ligne avance vers plus triste, plus tragique que n'est possible ce passé, qui sous les gravats, la poussière mêlée à la sueur, au sang qui coula avant que " soient tombées les maisons "
NB sûrement une scène de guerre, ici ou là-bas quand tombent les bombes, et creusent les tombes.
Et chaque bruit, cri, ce IBTIHAL hurlé d'un père, dans ces décombres ! cette fille disparue, qui ne peut être qu'ici,dans ce qui fut son toit...
Bientôt, un chausson de ballerine...
Comme c'est beau ; magnifique dans sa cruauté !
je suis fort ému par ces vers, écrits dans un français si humble, sans le moindre degré de compréhension ; le chagrin se conjugue sans mots savants et la dernière strophe arracherait des sanglots, à Poutine, et autres sans coeur...

   EtienneNorvins   
3/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Guerre, séisme - qu'importe ? A trop vouloir ancrer dans l'actualité, on se prive d'une richesse d'émotions, que chaque strophe vient graduer en cercles chaque fois plus poignant d'un enfer, et leur structure cyclique suggère de plus en plus intensément qu'on n'en peut pas sortir.

On passe de la supplique (n'étant pas arabisant, je dois m'en remettre à Google Trad pour 'Ibtihal') au blasphème (avant dernier vers) - et qu'importe l'époque ou le lieu.

   Eki   
4/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Invocation, supplication, crier dans l'enfer, implorer un dieu pour la paix des hommes, retrouver la terre promise...
Requiem, histoire de sang, de larmes, de vies qu'on assassine...
C'est un écho bouleversant avec la guerre là-bas, pas si loin de nous.
L'auteur nous rappelle qu'il y a eu une vie avant, des rêves d'enfant, cherche les témoins de ce qui a existé, des bribes de vie qui racontent l'existence dans ce qu'elle a de plus tragique.

De l'émotion palpable, sans pathos...Beau texte !

   Absolue   
18/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un magnifique poème pour une triste réalité...

"Le vieux offre à la boue sa barbe enchevêtrée
Crachant le nom d'Allah dans la terre éventrée" - Mon passage préféré, l'image saute aux yeux, terriblement réaliste.

Cette supplication (Ibtihal! Ibtihal!) commence dès les premiers vers avec la pluie et la poussière et se termine dans la terre.

Cette image du chausson de ballet au bout d'un pied arraché est très forte, pour décrire le gâchis, l'anéantissement de la joie, le silence mortel.

Bravo.

   Donaldo75   
21/5/2024
J’ai lu les résultats du concours et je suis allé vérifier si j’avais commenté ce poème ; il s’avère que non, c’est le seul poème du podium que je n’ai pas commenté alors je vais tenter de réparer cet oubli. Cependant, je ne vais pas le commenter de manière structurée, du genre commentaire composé de classe de première littéraire – il y avait ça de mon temps, à l’époque où le monde était simple à comprendre entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, Bob Marley et les Wailers, Younger et Bresson – mais par touches au fur et à mesure de ma relecture (parce que quelque part au fond de mon grenier mémoriel, ce texte me dit quelque chose).

J’aime bien le titre. Du coup, j’aime bien le premier vers. CQFD. En fait j’aime bien la première strophe. Ensuite, j’ouvre mon espace Google, je fais appel à Gemini pour comprendre ce que signifie le terme « Ibtihal ». En fait, je m’en doutais mais là je sors moins bête de ma lecture, ce qui en soit est déjà une avancée majeure dans la journée. Cette deuxième strophe continue ce que la précédente laissait entrevoir, soit comme une scène dans un documentaire d’Arte. La suivante semble moins lancinante, plus « le poids des mots le choc des photos » mais sans les photos les mots doivent peser plus lourd. Là, ils pèsent, c'est tout. De la gravité de base. Enfin, la dernière strophe reprend le titre, comme s’il constituait un gage de tonalité. Je retrouve ce que j’avais lu au début, avant que la gravité n’exerce sa force sur ma lecture – je sais, c’est une image scientifique qui mériterait d’être étayée par un développement plus conséquent mais j’ai averti en début de commentaire – et me pointe ce qui ne me fait pas « triper » dans ce poème, le côté déco sans Valérie Damidot certes mais avec des ambitions de photoreporter à la Robert Doisneau si je devais me permettre cette référence. Et le point d’orgue s’avère être encore le titre du poème et le premier vers. Carré. Géométrique. Quatre strophes, des images, de l’actualité, de la gravité.

   PierreP   
18/6/2024
Magnifique.
Ce texte est, tout d'abord, très bien écrit et d'une poésie raffinée, qui donne de jolis mots aux choses les plus sombres. Le déroulement de cette image, cette scène, se fait très naturellement. Et je trouve que cette répétition en fin de strophes résonne à chaque fois comme un coup, bam... Un rappel du silence. Ça rythme le texte comme un tambour accompagne un condamné.

C'est au final un texte très digne et, ma foi, horriblement beau.

Merci beaucoup !


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