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Poésie néo-classique
Cox : Maigres amours
 Publié le 03/03/24  -  16 commentaires  -  1515 caractères  -  295 lectures    Autres textes du même auteur

À une jolie fille toute pâle, complexée par ses formes plates.


Maigres amours



Tu te froisses le sein. Ton regard lourd et grave
S’écoule avec dépit le long de ton corps hâve,
Crissant sur le miroir fêlé qui te découpe.
On se piquerait presque à ces membres pointus
Que ta haine d’orfèvre examine à la loupe…
Pourtant, que de splendeurs où se perd la vertu !

Dans ce corset de chair qui t’enserre les os,
Tu traînes sombrement une beauté spectrale.
Et comme pour spolier ta grâce de roseau,
Tu la fais ployer sous ta honte viscérale.

Mais tu te dévêtis pour un non, pour un oui,
Souvent pour un peut-être… Et ton squelette enfoui
Dans des draps inconnus, se repaît de sa gêne.
Tu t’offres sans réserve à la pudeur des morts,
Ne cachant plus les os d’une carcasse vaine,
Belle à ne plus savoir que faire de ce corps.

Mais quand c’est dans ma peau que tes ongles s’enfoncent,
Tes deux jambes crispées pour m’en mordre les reins,
Pourquoi donc te couvrir de ce bras, cette ronce,
Aiguillon de ta gêne épinglé sur tes seins ?

Les mains sur tes poignets, je t’ouvre pour t’éclore ;
Je te découvre enfin, enfin je te dévore !
Et nos deux corps en croix, comme de vastes ailes,
Se foutent de ta honte, et se foutent de tout.
Je t’offre ce miroir, qui sait te trouver belle :
Mes yeux que tu remplis comme un rêve trop doux.


__________________________________________
Ce poème a été publié avec un mot protégé par PTS.


 
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   Eki   
23/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Comme quoi, heureusement qu'au-delà des apparences, il reste quelques profondeurs...La confiance et l'amour ont des pouvoirs magiques.
Je trouve que ce texte est très joli pour ce qu'il dessine dans les mots.
J'ai déjà adoré ce titre "Maigres amours" qui n'est que la façade du "bien bâti"...car lorsqu'on pénètre à l'intérieur du texte se révèle la beauté des sentiments profonds avec ce vers très poétique

"Et nos deux corps en croix, comme de vastes ailes,
Se foutent de ta honte, et se foutent de tout.

Ce texte est touchant, empreint de tendresse...il aura probablement le don d'émouvoir une crevette...

   Cristale   
3/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
n'aime pas
C'était bien parti mais voilà, j'ai buté dès la deuxième et troisième strophe, une sorte de haut le coeur a remplacé le "haut les coeurs".
Sans doute n'ai-je pu passer le cap des images où mon cerveau s'est représenté la "beauté spectrale.", "ce corset de chair qui t’enserre les os," "ton squelette enfoui" "Tu t’offres sans réserve à la pudeur des morts," "Ne cachant plus les os d’une carcasse vaine,", c'est un peu beaucoup trop.
La maigreur mérite tout autant que les rondeurs la volupté des mots.
Des métaphores auraient rehaussé la poésie de l'ensemble qui s'est évanouie dans un tableau mortuaire estompant les couleurs sensuelles et sentimentales de la dernière strophe que j'estime la plus belle.

L'écriture est agréable, le langage soutenu, le verbe varié, d'un bon rythme, une mise en page soignée, ça me plaît.
Un poème contemporain parfaitement composé.

   Donaldo75   
3/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Quand j’ai terminé la lecture de ce poème, j’ai pensé à ce qu’avait fait du thème le groupe Rita Mitsouko dans sa chanson intitulée « Terminal beauté » et je crois que cette référence est restée ancrée dans ma tête. « Too bad » diraient mes camarades d’Outre-Manche. Parce qu’ici, je trouve le thème lourdement traité, « too much » comme le chanterait Nick Cave pourtant jadis adepte de la surcharge dans ses textes, que ce soit dans la tonalité mais aussi dans les descriptions. Comme si il fallait infliger ce tableau au lecteur. La dernière strophe essaie bien de changer de registre ou de braquet plutôt mais le passage à la première personne du singulier ne me convainc pas plus. Et puis le style est parfois compliqué, comme dans l’avant-dernière strophe dont l’articulation semble juste là pour la rime mais côté sens reste presque chimérique. Bref, c’est alambiqué pour un résultat biscornu. En lisant un autre commentaire, je rejoins l’idée du tableau mortuaire plus que de la poésie ; je pense de même que des métaphores auraient mieux convenu parce que les images c’est bien mais pas quand elles se contentent de qualifier des mots ou de relater sans susciter l’imaginaire du lecteur ; personnellement, je ne connais pas la jeune fille en question et ce n’est pas à la lecture de ce texte que je peux imaginer ce qu’elle vit car je reste passif devant le descriptif et en plus son esthétique littéraire ne m’emmène pas sur un autre terrain ; si je reviens à Nick Cave, celui d’après ses années d’excès en tout genre, ce qui fait la force de ses textes réside dans la tonalité, l’évocation, les métaphores certes parfois un tantinet trop inspirées par la religion mais tellement puissantes et c’est pourtant sur des thèmes tout aussi difficiles à entendre qu’il poétise. Ce sera ma conclusion.

   papipoete   
3/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
bonjour Cox
je venais de rédiger mon com; quand une panne vient de tout effacer !
J'étais venu en lecture aveugle, sur votre texte qui me plongea dans l'embarras, avec ce sujet si dérangeant, où cette héroïne m'évoque une survivante d'Auchwitz, ou autre enfer sur terre.
Elle s'offrirait à tout " drap étranger ", avec cette honte pour son apparence, dont seuls les morts pourraient se repaître sauf
- lorsque cet amant l'aime sans préjugé et la trouve si belle !
NB c'est bien écrit, avec force détails... qui font si mal à lire jusqu'au bout !
je ne sais que noter au bas de ce spectacle, à des années-lumière du monde " bisounours "
techniquement, pour vous taquiner, j'évoquerais le 9e vers et " spo/li/er "
plus loin " en/fou/ir "...

   Robot   
3/3/2024
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
L'écriture est un peu froide et distancié et paradoxalement trop démonstrative pour faire naître des sentiments d'empathie. La manifestation d'un état d'âme auquel il manque l'imprégnation généreuse de l'émotion.

   Vincente   
3/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai été pris par ce poème à partir de la quatrième strophe. Elle est poignante à plusieurs niveaux. Parce que le narrateur s'y trouve brusquement inclus (plus loin se dira à la façon d'un "miroir"), alors que le "spectacle" semblait à sens unique, douloureux. Parce que surtout la confrontation avec l'autre y est aimante, attentive, sensuelle, très en opposition avec la première partie où la femme est racontée au travers de ce que le narrateur croit comprendre de sa psyché, une manière très incarnée de ressentir le décharnement psychique et physique de sa compagne.

Et la dernière m'est apparue très belle, avec surtout ce dépassement qui replace les choses à leur juste importance, qui relativise un handicap de principe en une simple particularité que l'amour sait dépasser.

Si toute la première partie (les trois premières strophes) est très nécessaire à installer le décor et ce phénomène d'autodénigrement qui anime cette "jolie fille toute pâle, complexée par ses formes plates", peut-être mériterait-elle d'être allégée ?
Ainsi, je supprimerais bien (si j'étais l'auteur…) :
"On se piquerait presque à ces membres pointus
Que ta haine d’orfèvre examine à la loupe…
Pourtant, que de splendeurs où se perd la vertu !
", un peu trop dans le fond et l'expression.
et
" Tu t’offres sans réserve à la pudeur des morts,
Ne cachant plus les os d’une carcasse vaine,
Belle à ne plus savoir que faire de ce corps.
", ici trop aussi ce rappel à la mort qui est déjà assez sous-jacent dans l'idée pour ne pas avoir besoin d'en rajouter.

J'ai été impressionné par le regard très amoureux du poème, bien que dans la première partie, cela ne transparaisse que peu.

   Lebarde   
3/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
J’ai lu et relu ce poème en EL mais je n’ai jamais pu déposer un commentaire.Allez savoir…
Comme beaucoup d’autres apparement, j’ai éprouvé une gêne indéfinissable à la lecture qui m’a empêché de me décider.

La forme néo, très proche du classique et presque parfaite n’est pas en cause, mais le fond que les derniers vers n’arrivent pas à effacer me dérange franchement.
Désolé

Lebarde qui sait être sensible à ses heures

   Skender   
3/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cox,

J’ai voulu laisser un commentaire sur ce poème qui je dois l’avouer m’a impressionné. Le sujet n’est vraiment pas un sujet facile et vous évitez habilement les écueils qui vous auraient fait tomber dans quelque chose de vulgaire et de véritablement impudique. Je trouve ici au contraire une esthétique un peu gothique, un peu baudelairienne, un peu empreinte de décadentisme à laquelle je suis particulièrement sensible. Sans occulter bien sûr la maîtrise impeccable de la langue et cette verve dans le verbe qui offre aux images un écrin solide et joliment ciselé.

«Dans ce corset de chair qui t’enserre les os,
Tu traînes sombrement une beauté spectrale.»

«Mais tu te dévêtis pour un non, pour un oui,
Souvent pour un peut-être...»

Et la dernière strophe qui est d’une intensité à couper le souffle et constitue à mon sens l’apogée du poème. Bref, merci pour ce partage et ce moment d’émotion littéraire. Skender.

   AMitizix   
4/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Ce poème est, par-dessus tout, dérangeant – d’ailleurs, cela ressort bien des commentaires précédents. Presque tout au long de la poésie, de la dédicace à la quatrième strophe, on ne sait pas vraiment dans quel registre on se promène ; une sorte de poésie amoureuse inversée, sombre, sinistre, voire débauchée, érotique… et la dernière strophe conclut tout cela par un élan – toujours, certes, empreint de cette violence (dérision ?) propre au texte – mais un élan plus chaleureux.

Vraiment, le poème est très marquant. L’ambiance lugubre est bien installée par des vers âpres, pleins de violence, d’une sorte de rage contenue, et tout le vocabulaire qui va avec, qui gêne le lecteur, dans l’association perpétuelle de l’amour ou de l’érotisme à la haine (de soi, mais pas que, si ?), la douleur, la mort… Mais en tout cas, tout cela est fait habilement : “beauté spectrale”, “squelette”, “ronce”, etc., toutes ces expressions qui réunissent les deux champs lexicaux.
Le côté gênant de la poésie est joliment installé, et, même si les accumulations peuvent paraître excessives, pour moi, le tout n’est pas encore trop outré – puisque je mentionnais Shutter Island l’autre jour : on retrouve un peu l’ambiance des rêves du personnage principal (dont j’ai oublié le nom) : il y a une évocation de l’amour, voire de l’érotisme, mais toujours un terrible malaise.

Les strophes de longueur différentes sont une présentation agréable, qui rompt avec les quatrains “habituels”, et cette petite originalité de forme va bien avec celle du fond. Les vers me semblent généralement bons, bien frappés, avec une réserve pour le dixième, dont la coupure est étrange et s’oppose à la régularité des autres alexandrins.
Par ailleurs, l’alliance d’un vocabulaire familier avec les règles classiques, qui avait peu de chance de me plaire, a franchement bien réussi pour moi : cela renforce le côté dérangeant du poème, et en plus, les mots “moches” se mettent au service de jolies formules, et ne sont pas vulgaires pour le plaisir de l’être : par exemple ce “Se foutent de ta honte, et se foutent de tout” est bien réussi. J’apprécie finalement bien ce relâchement sur les formulations, parfois les mots ne sont pas les plus précis ou soutenus, ou les plus musicaux ; mais tout cela concourt à l’atmosphère que vous dépeignez, pour moi avec succès.

J’aime beaucoup la chute : elle vient à point pour sortir du glauque qui parcourt le reste du poème, et j’ai adoré les deux derniers vers. J’aurais aussi beaucoup aimé tout un poème dans le ton de ceux-là – sans pour autant me détourner de celui-ci.

Pour conclure, j’aime bien : le pari est osé, mais cette fin tendre évite de tomber dans le morbide pour le morbide : bravo !

   MonsieurNon   
4/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime un peu
Je suis un peu le cul entre deux chaises concernant ce poème. Je trouve l'écriture fluide, les images frappantes et très bien trouvées, tout comme le titre, et j'apprécie le choix du thème. Mais j'ai aussi l'impression que l'ensemble recèle un paradoxe, peut-être voulu, mais qui me laisse une impression étrange.
D'un côté, le vers 6, 16 et la dernière strophe mettent en avant la beauté de la femme en question, malgré ce qu'elle semble penser de son propre corps. Mais, pourtant, toutes les images appuient sévèrement sur sa maigreur, et vont précisément dans le sens de l'image qu'elle se fait d'elle même, et donc peut-être ce que le narrateur en pense aussi. L'ensemble me semble donc assez dissonant, j'y ressentirais presque une forme de pitié qui prend le pas sur ce qu'exprime la dernière strophe.
Cependant, je salue encore l'écriture et je souligne particulièrement le " enfin je te dévore ! " que je trouve extrêmement bien trouvé.

   fanny   
4/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Comme j'ai fait une première lecture très rapide et que je n'avais pas lu l'exergue, j'ai eu un peu de mal au début à situer l'action et la première partie m'a laissée perplexe, mais ouf dans la deuxième partie qu'il ne s'agit pas du poème d'un pervers néocrophile.

Le sujet est vraiment rarement traité, ce qui est particulièrement bien fait ici. L'aspect insistant et morbide des premières strophes me semblent tout à fait adapté à l'anorexie (vu les termes...) qui effectivement frôle souvent la mort.
La seconde partie, belle et sentimentale vient balayer les préjugés et s'ouvre sur l'amour profond.
Je suis aussi assez impressionnée par ce mariage curieux du gothique comme dirait Skender dont je partage le ressenti, et de néo-classique. J'aime beaucoup. Bravo.

   Louis   
5/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Un poème beau et sombre, un poème intéressant par la question traitée du regard, à travers ambiguïtés et ambivalences.

Le titre s’offre déjà sous le signe de l’ambiguïté : « Maigres amours »
« Maigres » qualifie les amours, qui pourtant ne le sont pas ; « Maigres » désigne plutôt le sujet ou l’objet des amours, ce sur quoi elles portent et s’attachent, dans le contexte du poème.
Par licence poétique, on comprend que le deuxième sens prévaut.

Le poème se présente comme la trajectoire d’une vision en miroir, d’un miroir à l’autre, du miroir « fêlé » dans lequel se mire une jeune fille tutoyée, à ce miroir « offert » dans un élan d’amour par le locuteur en première personne, dans ses yeux comme dans ses actes.
Toutefois le regard que la jeune femme porte sur elle-même, tel que le renvoient les reflets d’un miroir, ne nous est pas présenté, à nous lecteurs, directement, mais par la médiation du regard observateur du locuteur, qui désigne cette femme dans le tutoiement.
Les mots du poème sont destinés autant à cette femme qu’aux lecteurs. Le poème dans son ensemble constitue une image-miroir, une conscience réfléchissante.

À l’observer, elle a ce geste : « Tu te froisses le sein », ce geste par lequel elle déforme tout en masquant cette partie érotique de son anatomie.
Il révèle déjà un rapport difficile de la jeune fille à son corps ; un rejet déjà de certains de ses aspects.
Ce qui s’observe par la suite, c’est le regard de la jeune femme sur elle-même dans un miroir. Un regard donc, celui du locuteur, se porte sur un autre regard, se glisse en lui.

Comment se voit-elle ?
Elle se voit « dans un regard lourd et grave », un regard à l’opposé de ce que doit être son corps « hâve », particulièrement léger. Elle se voit dans un écoulement : « s’écoule avec dépit le long de ton corps hâve » ; le regard s’écoule, c’est à dire glisse le long du corps sans que rien ne l’arrête, admiratif et satisfait, mais se trouve entraîné sans frein, tout du long, par le « dépit », comme en une cascade de déceptions.
Elle n’aime pas son corps, manifestement. Serait-elle anorexique ?
Il ne semble pas, si le regard du locuteur ne se trompe pas. Les anorexiques ne se trouvent jamais assez maigres, et considèrent leurs corps toujours trop en chair, ce qui ne semble pas être le cas de cette jeune femme.

Son regard s’écoule, ajoute le locuteur, toujours dans la première strophe, « crissant sur le miroir fêlé qui te découpe ». La jeune femme accompagne ainsi son dévoilement spéculaire par une sonorité aigue et grinçante, expression gutturale de déception, d’irritation, de dégoût aussi, probablement.
Le miroir, de plus, est jugé « fêlé », jusqu’à « découper » l’image de la jeune femme, de telle sorte que l’unité du corps n’apparaisse pas, mais un morcellement de parties sans harmonie, sans grâce, et sans "bonnes proportions".

Les membres paraissent « pointus », dans le regard du locuteur qui s’immisce dans celui de la jeune femme, et c’est à s’y « piquer ». Son corps apparaît à la jeune femme, non pas doux, accueillant pour un amant, mais repoussant par les piqûres provoquées par des pointes saillantes ; il paraît parsemé d’épines (impression accentuée par les images de « ronce » et d’ »aiguillon » de l’avant-dernière strophe).
La réaction devant le miroir n’est donc pas celle d’un narcissisme, mais au contraire, celle d’une « haine » du corps.

En fin de première strophe, le locuteur-observateur éprouve le besoin de s’exprimer en son nom, pour faire ressortir son propre regard, et ses propres impressions, à l’opposé de celles de la jeune fille sur elle-même : non, de son point de vue, ce corps n’est pas repoussant, mais recèle des « splendeurs » où « se perd la vertu ».

Le deuxième paragraphe insiste sur cette opposition, et considère le corps de la jeune fille dans une « beauté spectrale ».
Beauté à la fois effrayante et fascinante, rendue par la pâleur de la jeune femme, par sa chair réduite au minimum, « corset de chair », diaphane, translucide.
Ressort une sorte d’oxymore : « Tu traînes sombrement… » dans cette association entre le « sombre » et le diaphane spectral.
Mais le « sombre » renvoie surtout à une humeur, celle d’une « honte viscérale » de la part de la jeune femme.

Cette strophe et la suivante rappellent certains vers de la Danse macabre de Baudelaire :

« L’élégance sans nom de l’humaine armature.
Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher ! »

La troisième strophe montre un comportement qui intrigue le locuteur :
« Mais tu te dévêtis pour un non, pour un oui »
Sa honte devrait l’empêcher de se dévêtir, de se mettre à nu, et pourtant... Il lui faut sans doute s’éprouver, se tester : repoussante ou malgré tout attirante ?
Le locuteur fait ressortir une ambivalence des sentiments : honte de soi, et en même temps un plaisir, une complaisance : « se repaît de sa gêne ».
Dans cette strophe, le spectral est ramené au « squelettique », à cette « élégance sans nom de l’humaine armature » comme dit Baudelaire.
Une image forte apparaît : « tu t’offres sans réserve à la pudeur des morts ».
En elle, son côté spectral et squelettique lui donne un aspect fantomatique, comme si elle se "donnait" à la fois vivante et morte, appartenant déjà à deux mondes, celui des vivants et celui des morts ; s’exposant telle qu’elle est à la fois dans la vie et au-delà de cette vie, sans « pudeur » de cet au-delà du corps.

Le don d’un miroir nouveau caractérise la dernière strophe. Le locuteur-aimant s’offre en miroir : « Je t’offre ce miroir, qui se sait te trouver belle ».
Si le locuteur s’est glissé dans ses yeux à elle, pour la "com-prendre", il lui offre désormais ses yeux à lui, pour qu’elle se voit attirante, séduisante, douce d’un « rêve trop doux » et s’accepte telle qu’elle est, dans sa beauté particulière.
« Je te dévore » : a-t-il affirmé encore, amoureusement. Et cette dévoration se fait avant tout avec les yeux, ces yeux qu’elle « remplit ».
Leur étreinte amoureuse leur donne des « ailes », les délivre de toute gêne, de toute « honte » : « Et nos deux corps en croix, comme de vastes ailes / se foutent de ta honte, et se foutent de tout ».

Mais la strophe précédente laisse subsister, malgré le don du miroir, une gêne irréductible, qui suscite l’incompréhension du locuteur, «Pourquoi donc se couvrir de ce bras, cette ronce », et un malaise dans leur relation par cette honte inexpugnable, qui ne s’oublie que dans les moments de l’étreinte amoureuse la plus ardente.

Merci Cox

   Cox   
6/3/2024

   Graoully   
6/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Voilà un amant qui trouve belle et désirable une femme qui se trouve laide, et qui cherche, lors de leurs ébats, à lui faire comprendre qu'elle peut susciter un désir franc, violent et puissant, à l'homme qui se frotte à sa carcasse : "Les mains sur tes poignets, je t’ouvre pour t’éclore" : c'est l'idée de la faire renaître à l'amour.

Un véritable poème d'amour pour moi.

Ce goût des difformités, cette célébration du corps imparfait, et le lexique qui l'accompagnent, tout cela fait irrésistiblement penser à certains textes de Baudelaire.

G.

   Provencao   
8/3/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Bonjour Cox,


"Mais tu te dévêtis pour un non, pour un oui,
Souvent pour un peut-être… Et ton squelette enfoui
Dans des draps inconnus, se repaît de sa gêne.
Tu t’offres sans réserve à la pudeur des morts,
Ne cachant plus les os d’une carcasse vaine,
Belle à ne plus savoir que faire de ce corps."

Je n'ai guère trouvé cette commiseration, cette sympathie dans vos vers. J'aurai aimé y lire une permutation presque imaginaire du "tu" dans la pensée, les affects.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   jackplacid   
15/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Les trois premières strophes décrivent un être qui n'aime pas son corps, la description est rude ,et les images crues, l'anorexie peut être ?
Oscar Wilde disait "La beauté est dans les yeux de celui qui regarde"
Et si ce sont les yeux de l'amour ,alors
"Je redécouvre enfin, enfin je te dévore"
cette laideur suposée offre un fruit de passion !
Proust disait
"Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination".
Bravo pour votre texte les alexandrins sont fluides et déroulent bien votre pensée.


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