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Chansons et Slams
Cox : Papy anar [Sélection GL]
 Publié le 14/08/15  -  11 commentaires  -  1959 caractères  -  201 lectures    Autres textes du même auteur

Projet de chanson dont la composante musicale a malheureusement été avortée...
Reste juste un texte avec ses apostrophes agressives.


Papy anar [Sélection GL]



T'en va donc pas pleurer,
Mamie,
C'est sûr que c'est pas gai,
Ça oui…

Mais tu connais ton homme, il a toujours été
Un peu naïf, un peu rêveur,
Un peu grand' gueule, un peu frimeur,
Plein de rêv's étouffés sous leur éternité

Y a son passé entier qui vibre dans ses yeux,
Y a le refus de notre temps
Qui berce son verbe d'antan.
Pis il a cette façon d'êt' ancien sans êt' vieux.

Et il le dit lui-même,
Mamie,
Plus fait pour ce mond' blême,
Ça oui…

L'a jamais digéré mes étud's de commerce
Et quand j'y parle d'êt' patron,
Au fond de ses yeux furibonds,
Y a ce marais d'mépris, tout vert, qui se déverse

Lui qu'a usé son bleu à épuiser ses chefs,
Qui f'ra durer mai 68
Jusqu'à sa mort et même ensuite,
Pouvait pas comprend' ça dans sa tête de grand… Bref !

On aurait pu l'prévoir,
Mamie,
Éviter tout' cet' foire,
Ça oui…

Pourquoi on l'a traîné dans cet' cérémonie
Qui met mon diplôme à l'honneur ?
Il a suffi que l'directeur
Fasse un joli discours sur l'av'nir du pays,

Sur les vertus des chefs dont notre écol' regorge
Pour que papy s'lève de son siège
Et prenne son air sacrilège
Gueulant "ni Dieu ni maître !" à s'en r'cracher la gorge !

Et keske j'avais honte,
Mamie,
Oh putain j'avais honte,
Ça oui…

Y s'ra bien mieux là-bas, ça a l'air très douillet.
C'est une jolie résidence,
Il y sera comme en vacances :
Traité comme un pacha, soigné, gâté, choyé !

Ne m'regard' pas comm' ça, c'est quand mêm' pas ma faute
Mamie, tu sais bien qu'ça s'fait pas
Qu'ça s'fait plus ce genr' de chos's là.
Il vit avec son temps, mais c'est çui d'personne d'aut'…

T'en va donc pas pleurer,
Mamie,
C'est sûr que c'est pas gai,
Ça oui…


 
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   Arielle   
25/7/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"Il vit avec son temps, mais c'est çui d'personne d'aut'…"

La chanson réaliste telle qu'on la concevait avant la dernière guerre: Mise en scène d'un personnage dont l'histoire triste finit mal.
C'est bien construit et efficace, la langue parlée bien dans le ton, les acteurs sympathiques et la vie sans pitié pour les papys anars !
Dommage que vous n'ayez pas encore la musique mais telle quelle la goualante est convaincante.

   Vincent   
27/7/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ne m'regard' pas comm' ça, c'est quand mêm' pas ma faute
Mamie, tu sais bien qu'ça s'fait pas
Qu'ça s'fait plus ce genr' de chos's là.
Il vit avec son temps, mais c'est çui d'personne d'aut'…

T'en va donc pas pleurer,
Mamie,
C'est sûr que c'est pas gai,
Ça oui…

je trouve votre texte

débordant de sincérité

on le voit on le vit on le touche

ce vieux père nanar qui doit y aller

toutes ces illusions de toute une vie chaleureuse

la vie des hommes qui ne veulent jamais abdiquer

mais j'aurais bien voulu l'entendre chanté ce texte

que j'ai beaucoup aimé

   Robot   
1/8/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un slam expressif ! Un côté chansonnier style Aristide Bruant ou même Gaston Couté. Cette composition est un bel ouvrage.
L'opposition entre ce que je suppose être un vieux militant convaincu "dépassé" par l'époque mais pas par ses convictions et son fils "moderne" "adapté" à son monde m'a vivement intéressé.
Et ces vers superbes et parlés qui résonnent et raisonnent:
"Pis il a cette façon d'êt' ancien sans êt' vieux."
"Qui f'ra durer mai 68
Jusqu'à sa mort et même ensuite,"
"Il vit avec son temps, mais c'est çui d'personne d'aut'…"
Vous inquiétez pas pour la musique, en slam ça marche et même en monologue il y a du fond et du sentiment.

   Francis   
14/8/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Magnifique ! Les personnages sont vrais, émouvants. Il y a la mamie qui a toujours dû jouer le rôle de modérateur. Il y a son homme, " un peu grand'gueule" mais qui n'a jamais trahi ses idées. Il y a le fils issu d'une autre génération, celle des business men. Il y a la scène de remise des diplômes. Il y a l'hypothèse de mettre papy dans une maison de retraite... Des sentiments qui emmènent le lecteur du sourire à l'émotion . Je me retrouve un peu dans ce papy anar ! J'imagine ce texte chanté par Brel !
Merci.

   Anonyme   
14/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Cox... J'aurais bien vu Brel interprété cette chanson, c'était dans son registre.
Confrontation de générations, de classes sociales, le tout exprimé avec un vocabulaire choisi même si le "futur" cadre dirigeant est censé avoir un autre langage... disons un peu plus châtié.
Et pour couronner le tout, le vieil anar à la maison de retraite !

Dommage que la version chantée soit absente mais bravo quand même !

   Anonyme   
31/8/2015
Bonjour Cox

Le fond de la chanson est superbe et si réaliste. Les générations évoluent et le vieil anar reste accroché à ses dogmes, si je peux me permettre ce terme.
« Lui qu’a usé son bleu à épuiser ses chefs , qui f’ra durer mai 68 « . Ce passage symbolise tant la France révolutionnaire.
Toutefois, je trouve ce langage pour une chanson de style « Renaud » ou autre, inadapté au jeune diplômé d’une école de commerce, c’est dommage.

Cordialement

   Cox   
15/8/2015

   funambule   
16/8/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique structure, originale et innovante, je me dois de le souligner et c'est bien dommage que le projet initial ait avorté; il y avait des choses à démontrer sur (déjà) la matière dont sont faites les chansons ainsi que le traitement de la chose.

Bon, ça commence par le refrain et ce n'est pas si fréquent, bien aussi, ça lance tout de suite le lecteur dans le bain. Pour ce qui est du fond, on pourrait dire que ça s'apparente à la chanson réaliste... sauf que l'auteur fait "croquer" les mots, les fait "sonner", "sautiller", ce qui donne un ton faussement léger indiquant que l'on pourrait traiter cette chanson dans un style opposé au contenant, ce qui donnerait (comme c'est le cas en général dans ce genre d'opposition) à quelque chose de très addictif.

J'aime aussi la progression, la façon de raconter une histoire en induisant les personnages, en leur donnant le juste relief autour du "sujet" sans jamais s'en écarter.

Excellent !

   fortitude   
22/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
j'aime beaucoup ce portrait! une grande émotion à la lecture, avec son ton fataliste et à la fois attendrissant. un beau mélange!

   Blacksad   
23/8/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Très sympathique et réussi sur le thème, les tournures, le rythme...
A vrai dire, un seul truc m'a dérangé. La façon de "parler" très populaire et qui du coup ne cadre pas avec je jeune diplômé de l'école de commerce. On me dira qu'il s'adapte à sa grand-mère mais néanmoins, ça m'a empêché d'y croire à 100%. Et c'est vraiment dommage parce qu'hormis ça, c'est vraiment un texte qui doit se chanter avec plaisir en prenant des accents de Renaud par exemple...

   Anonyme   
24/8/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Alors là, du grand art !
J'ai tout adoré de cette chanson, mais ce qui m'a le plus plu c'est l'histoire... l'histoire en elle-même. La situation, les personnages, l'humour, la honte de ce fils à qui l'on remet son diplôme afin de valider ses études de commerce, lorsqu'il voit son père se dresser comme un seul homme gueulant : "ni Dieu ni Maître !", devant les yeux ébahis de l'assemblée et du Directeur !
Ca m'a fait penser à Rocky Balboa (le 6ème et dernier opus), lorsque, au début du film, Sylvester Stallone vient saluer son fils affublé d'un costard-cravate dans le hall d'entrée d'une grosse banque, etc...
Excusez-moi de m'être égaré ainsi.
Votre texte est génial. Ne manque plus que la musique pour le mettre en valeur.
En ce qui me concerne je n'y connais rien, mais vous trouverez sans doute quelqu'un ici pour vous arranger quelque chose.
Bien à vous,
Wall-E


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