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Poésie classique
Cristale : L'instant où le silence…
 Publié le 22/04/25  -  13 commentaires  -  849 caractères  -  206 lectures    Autres textes du même auteur


L'instant où le silence…



Je n’oublierai jamais l’instant où le silence
Aveuglait mes yeux clos. Crépuscule éternel.
L’instant où le silence inaudible et cruel
Hurlait mon désespoir me figeait d’impuissance.

Le discours chuchoté la nuit dans le brouillard
Troublait ma voix éteinte. Un douloureux malaise.
La nuit dans le brouillard l’écho d’un lit de braise
Grondait. Sous mes doigts gourds, ce front glacé, blafard.

Un appel inaudible envahissant le vide
Figeait l’inacceptable. Entre les quatre murs,
Envahissant le vide aux corridors obscurs
Dormait, infiniment, ce visage impavide.

Frôlé d’air et de feu le froid blanc de sa peau
Brûlait mon corps tremblant. Fumée inaccessible,
Le froid blanc de sa peau par-delà l’indicible
Incendiait le ciel. Au loin chante un oiseau.


 
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   Lebarde   
2/4/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un poème classique a priori sans faute prosodique (voilà un bon point..) pour lequel l'auteur(e) a vraiment fait le maximum pour accumuler les figures de style: oxymores a gogo, pratiquement dans tous les vers, métaphores, répétitions ("l'instant est le silence...", "le froid blanc de sa peau" ...), hyperboles et autres litotes...
Mais trop n'est-il pas trop quand même: c'est mon ressenti à la première lecture.

L'auteur(e) s'est à coup sûr creusé la tête et donné beaucoup de mal dans l'entreprise qui l'a sans doute amusé; le lecteur peut-être un peu moins, surtout s'il n'apprécie guère les rejets, les inversions et les phrases sans verbe qui ont tendance à nuire à la poésie.

Un mouvement d'humeur de ma part pour un joli travail qui ne manque pas d'intérêt néanmoins.

   Myndie   
6/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
A leur façon délicate et pudique, le titre et le premier vers nous annoncent un drame absolu, la perte d'un enfant et l'indicible douleur qui frappe la mère.
Cette discordance entre formulation subtilement poétique et brutalité d'une tragédie se retrouve à travers tout le poème où alternent sons et silences et prédominent les sensations (le chaud et le froid).
Je vois dans le pléonastique « silence inaudible », la « voix éteinte », « l'écho du lit de braise », dans les oppositions entre la braise et le front glacé, entre le feu et le « froid blanc de sa peau »qui brule et incendie, un travail magistral d'écriture des contrastes destiné à nous faire saisir encore mieux le bouleversement cataclysmique provoqué et la force des sentiments éprouvés.
Les nombreuses répétitions qui émaillent le texte correspondent sans nul doute à une de ces nombreuses formes fixes que comporte la poésie classique ; l'auteure nous en dira sans doute plus à ce sujet (je pense qu'il ne s'agit pas ici d'un défaut de vocabulaire !:D) ; en tout état de cause cet effet d'insistance nous en dit encore plus sur l'état psychologique du personnage et nous laisse bien imaginer toute l'horreur de la situation.

La perte d'un enfant est un événement paroxystique et dévastateur, un traumatisme, enfin les expressions ne manquent pas pour donner une idée de la détresse qu'elle provoque. Ici, la plume s'est parée de dentelle pour nous en parler ; l'écriture, à l'image de la poésie de nos grands poètes romantiques, est magnifique.
Mon petit bémol viendrait justement de là ; je trouve à certaines envolées lyriques un peu trop d'emphase (le « vide aux corridors obscurs » ou « l'indicible incendiait le ciel » par exemple).
La dureté de la réalité ne s'accomode pas toujours de l'effusion exaltée et une langue un peu trop ourlée peut vite faire dériver l'émotion.
Mais cela reste une belle lecture pour moi.

   Provencao   
22/4/2025
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très aboutie
et
aime beaucoup
Belle poésie riche où cet instant et cet appel inaudible nous envahissent.
Le silence prend toute sa dimension et sa force.

Au loin chante un oiseau....sublime vers.

   Eskisse   
22/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale,

Je salue tout d'abord le travail stylistique dont ne restent que les festons apparents : les oxymores ( j'en cite un : " envahissant le vide" ) et les répétitions traduisent bien la douleur et le trouble du proche frappé par la mort.
Mais ce que je trouve très fort c'est l'expression de la disparition: le corps du "disparu" affleure à peine dans les plis des vers: aux vers 8, 12 et 13. Cette mort est " adoucie" par ce " dormait" qui rappelle un peu Le Dormeur du Val. Même volonté d'atténuer l'horreur.

Autre chose à noter: l'emploi d'adjectifs à suffixe -ible, ( inaudible / indicible) qui traduisent bien l'impossibilité, l'impuissance ( mot qui figure en strophe 1) , la sidération de celui/ celle qui reste.

La dernière antithèse ( "le froid blanc de sa peau/ incendiait le ciel ") me semble dire avec justesse le désarroi du/ de la narrateur/trice.

   Boutet   
22/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un joli poème avec la répétition systématique du second hémistiche du premier vers avec le premier
hémistiche du vers 3 dans chaque quatrain. Une identique construction dans les quatrains qui revient
comme une litanie mais n'est-ce point voulu pour accentuer la douleur du souvenir.
Une terrible réminiscence pour l'auteur qui revient le hanter périodiquement mais comment peut-il en être
autrement ?

   Stuart   
22/4/2025
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et
aime beaucoup
La forme, splendide et haletante, extrudant de l'alexandrin le fil de tous les possibles, traduit l'inacceptable effroi qui hurle aux tréfonds de l'âme humaine... La vie, la mort, qui broient toute destinée, plus loin que le chagrin et les mortelles souffrances...
"Les plus désespérés sont les chants les plus beaux...", "L'homme crie où son fer le ronge et sa plaie engendre un soleil..." : ni Musset ni Aragon n'eussent renié ces vers...
Un poème magnifique.

   papipoete   
22/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
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bonjour Cristale
Je n'oublierai jamais cet instant, où le malheur frappa à mon coeur, t'enlevant à mon amour, pour toujours.
je n'oublierai jamais comme tu avais froid, toi qu'à ta naissance je sentais si chaud contre ma peau.
Je n'oublierai jamais ce silence qui désormais envahit la maison, ma vie désormais.
je n'oublierai jamais ce serment que je te fis, de ne jamais t'oublier, t'aimer malgré cet abysse sous mes pieds ; tes petits pieds ; tes petites mains ; mais ce sourire si grand...
NB nous connaissons deux Cristale, celle dont le coquin peut vêtir ses vers, à en rosir de plaisir
l'autre Cristale, telle ce jour où nous retenons cette grosse larme, qui s'apprête à couler...
des vers où se jouent les sens ( le silence aveuglait/silence inaudible/le froid blanc brûlait/le froid blanc incendiait )
Un poème en forme de " croix d'épines " tant il est douloureux, et s'enfonce sous les ongles, ravage le corps et le coeur )
la 3e strophe a ma préférence
un bémol ( pour dire quelque chose ) que cet enjambement au 8e vers ( de braise... grondait ) je n'y peux rien : comme les " routes départementales de Jean Yanne " j'aime pas l'enjambement ! )
mais bien sûr un texte si intense, si beau dans sa tristesse.

   jfmoods   
22/4/2025
Quelle que soit sa forme, je me pose toujours les mêmes questions face à un poème... Qu'est-ce qui fait sens ? Quels indices nous font plonger au coeur d'un texte, là où ça grouille d'affects ? Ici, c'est la distribution si particulière de la ponctuation qui traduit une partie de l'intériorité. Là où il n'y a pas de virgules, c'est le déferlement, sans garde-fous, de la détresse. Les six virgules, douces balises, s'inscrivent, elles, dans ce champ inaliénable du souvenir. Oui, ce balancement fait sens, incontestablement. La nuit : moment charnière où tout reflue. Les nominales des vers 2 et 6 claquent comme les sentences d'une peine d'emprisonnement à vie en forme de traversée d'une mer déchaînée. Le rejet des vers 7-8 illustre le déchirement profond de la perte. Les champs lexicaux antithétiques disent la lutte, sans fin et sans merci, de la chaleur contre le froid, de l'humanité ordinaire contre ses démons. Le dernier mot du poème (image métaphorique de l'Absent) doit être lu comme un écho obligé, organique, au "Je" de l'entame.

Merci pour ce partage !

   ALDO   
22/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Une mise en forme de l'horreur. Et quelle forme et quelle horreur !

On a beau écrire des silences et de l'inaudible, nous n'entendons que du cri !

On a beau écrire aveugle, les yeux clos, nous voyons toujours trop !

Heureusement l'oiseau ...

Bravo !

   Cornelius   
22/4/2025
Bonjour Cristale,

Ce poème est certes riche en figures de style mais je ne suis pas très sensible au côté technique de la poésie surtout lorsqu'elle prend le dessus sur la fluidité habituelle de vos textes.

J'avoue n'avoir ni la légitimité ni les capacités nécessaires pour donner une évaluation pour ce poème tant sur le plan technique ni sur le plan dramatique.

   Ramana   
22/4/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Les phrases sans verbe et les absences de virgules sont-elle là pour donner un effet particulier ou pour symboliser quelque chose ? Je ne peux croire que ce soit involontaire de la part d'une poétesse aussi confirmée. Cependant, je ne suis pas très fan question déroulé de la lecture.
Sinon, je trouve bien rendue la scène de cette personne aimante face au mur de glace de l'irrémédiable, et en terme final, cet oiseau qui témoigne qu'au dehors de l'horreur intime si proche, le monde continue sa route faite de joies et de peines, imperturbablement.

   BlaseSaintLuc   
22/4/2025
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très aboutie
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Mes doigts gourds vont et viennent,se risquent au commentaire d'un classique de reine.
C'est un discours qui se chuchote, en lignes impeccables, dont je suis incapable !
Saurais-je au moins commenter cet appel ?
Ce brouillard qui des mots, forme un extrême ciel !
De très loin moi, j'essaye de frôler ce classique, qui sort de votre cage, oh oiseau incendiaire de l'indicible hommage.

   Dimou   
22/4/2025
trouve l'écriture
très aboutie
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aime beaucoup
Bonsoir Cristale

”Au loin chante un oiseau”, cet oiseau semblerait pouvoir rompre l’accoutumance à cette peine ”inacceptable” pour la Poétesse, et pourtant, elle le confesse, ce ”crépuscule” est ”éternel”. Il gazouillera pour toujours sans qu’elle n’en saisisse le chant ?

Ou ne souhaite t-elle tout simplement pas l’accueillir en son coeur ? le peut-elle au final ?

Le ciel est incendié : L’écrivaine aurait perdu la foi ; ou alors le ciel, symbole d’éternité, de repos, dont le bleu ne suffit plus à apaiser les bleus, se charge en ombre à obscurcir jusqu’à l’enfer.

Un enfer oui, mais terrien.

Je tenais à commenter moi qui avais raté ton précédent. Un excellent poème de toi comme toujours, oui, mais c’est tant technique que moi je n’ai pas de point d’appui culturel ni technique pour rentrer dedans pleinement, je veux dire pour t’offrir un commentaire digne de ce nom. Et surtout je te connais si peu, je connais si peu ton histoire, sachant seulement en quelques contours combien tu es chaleureuse et avec quelle Dame unique j'ai la chance de discuter et de partager toutes ces émotions.

En résumé, c’est déchirant et puissant.

Juste : bravo.

À bientôt Cristale.


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