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Poésie classique
Cristale : L'ombre du crépuscule [concours]
 Publié le 09/10/23  -  11 commentaires  -  1273 caractères  -  505 lectures    Autres textes du même auteur

Quand le ciel bas et lourd (Charles Baudelaire - Spleen)
… d’air de terre et de feu. (André Breton - Union libre)


L'ombre du crépuscule [concours]



Ce texte est une participation au concours n°34 : De l'un à l'autre
(informations sur ce concours).





Quand le ciel bas et lourd impose le silence
Au-dessus des champs nus, le soleil fugitif
Obscurcit l’horizon, le saule se balance
Ondulant sur l’étang repu de somnolence ;
Une tresse de lierre enlace le grand if.

Pareils à de longs cils, les roseaux sous la lune
Effleurent tendrement ce qu’il reste de jour ;
Le crépuscule étend sa chevelure brune
Recouvrant les sanglots tombés de la callune
Sur la rive endormie et la lande alentour.

La vigne vierge étreint la croix d’un vieux calvaire,
Son feuillage mouillé goutte au miroir sans tain
De sombres flaques d’eau ; clapotis solitaire,
L’écho scande l’ennui du soir tentaculaire
Étendu sur le seuil d’un futur incertain.

Immobile à jamais – chère et modeste obole –
Un angelot sculpté prie au bord de l’enfeu ;
À ses pieds des lys blancs inclinent leur corolle
Vers la pierre gravée où mon chagrin cajole
Les cendres d’un amour d’air, de terre et de feu.


 
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   papipoete   
20/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
classique
Je suis là devant ta sépulture, à te parler de ce que nous nous dîmes avant et depuis qu'ici est ton ultime séjour terrestre.
Il y a sûrement des redites, des refrains qui grattent comme un vieux 78 tours ; mais tant que je viendrai ici, la lune m'en est témoin, je te redirai encore et encore tout mon amour.
NB on ( pas moi ) dira que ce texte flirte avec le narratif ? je suis devant ces vers, envahi par ces visages que jamais l'on oublie, au sourire de leur bouche, à leurs mots si doux.
Des mots savants ( enfeu, callune ) que je retiendrai volontiers, tant ils évoquent au " grand jardin " ce décor familier.
La seconde strophe est ma préférée, mais les derniers vers si délicats.
ces alexandrins sans faute semblent encore une fois, si simples à écrire...
papipoète

   Eki   
21/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Les mots effeuillent l'ombre du crépuscule...avec délicatesse.

Une description très poétique esquisse la toile, des expressions délicates qui nous murmurent la détresse du soir avec son bouquet de mélancolie.

"l'étang repu de somnolence"
"Pareils à de longs cils, les roseaux"
"le crépuscule avec sa chevelure brune"

De la grâce avec "des lys blancs inclinent leur corolle vers la pierre gravée"

Beaucoup de douceur, un apaisement même "le chagrin cajole"

Et ce dernier vers très poétique...parfait ! comme un cadeau discret et "efficace"...

   Lebarde   
26/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je lis et je relis depuis quelques jours avec beaucoup de plaisir et d'émotion, ce superbe poème d’une mélancolie touchante et enfin je me décide à poser mon commentaire…pour dire quoi au fait ? … tant la beauté se suffit à elle-même.

Le propos, magnifique de fluidité et de finesse, commence par une description bucolique élégamment apaisante qui, vers après vers, conduit le lecteur subjugué, en ce lieu de paix (« le grand if ») où reposent nos morts, pour s’incliner, dans la dernière strophe, sur « la pierre gravée où (le chagrin de l’auteur(e)) cajole/ les cendres d’un amour d’air, de terre et de feu », dont « Un angelot sculpté » perpétue la mémoire…

Quelle délicatesse, quelle douceur, quelle justesse dans le choix des mots, des images et des métaphores, quelle poésie dans l’écriture.

Je citerais deux vers résumant bien le sujet, qui me plaisent particulièrement pour l’amour et la tendresse mais aussi la peine et la douleur qu’ils évoquent avec pudeur et sobriété.
« Une tresse de lierre enlace le grand if »
Ou
« La vigne vierge étreint la croix d’un vieux calvaire ».

Je vois bien dans ce superbe poème présenté en strophes de cinq alexandrins sans faille du plus bel effet , la plume d’un(e) auteur(e) maitrisant avec une incontestable perfection la poésie classique, qui ne fait guère de doute sur la place qui lui est promise dans le concours.
Merci
Lebarde ému, admiratif.

   Donaldo75   
29/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’ai lu un poème à la composition impeccable ; les deux bouts de phrases composant la contrainte du concours s’insèrent bien dans l’ensemble. En tant que lecteur, je reconnais la maitrise de la prosodie classique, ce qui en soi est déjà fort ; il y a une sorte de douceur dans ces vers, comme une musique légère ou une aquarelle. C’est agréable à lire.

   fanny   
9/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Il faut attendre la troisième strophe pour comprendre qu'il ne sagit pas juste de la description très réussie du cadre d'un petit sanglot qui profite de la tombée du jour pour somnoler gentiment près des grands ifs.

Car là ça se gate sérieusement, le poème traite d'un calvaire, la vierge étreint une croix, tout n'est plus qu'un reflet opaque baignant dans des flaques de larmes, la solitude est tentaculaire face à l'écho de soi-même étendu devant la porte, obstacle à franchir pour recouvrer un avenir.

Quand je traverse le Père Lachaise (qui est aussi un jardin ou une voie de passage pour nombre d'habitants des quartiers avoisinants), de telles statuettes malheureusement j'en croise, ce n'est pas systématique mais le plus souvent l'angelot représente le décès d'un enfant, parfois celle d'un parent décédé laissant des enfants en bas âge, dans un cas comme dans l'autre, les plus récentes sont très bien entretenues, souvent il y a un objet posé dessus, un petit jouet, un cœur dessiné en cailloux, une coupelle avec des pétales, un dessin, une bougie d'anniversaire.

La dernière strophe est vraiment belle et d'une grande tendresse, laissant un goût amer, les conditions du concours sont plus que respectées tant certains jours le ciel est très bas, très lourd et impose le silence.

   Marite   
9/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Tout semble avoir été dit dans les précédents commentaires. Ce qui me séduit dans ce poème, indépendamment de la fluidité et de la régularité du rythme des vers c'est la présence de la vie dans l'environnement de ce lieu où repose ceux qui s'en sont allés vers d'autres rives, :
L'étang repu de somnolence, le lierre enlaçant le grand if, les long cils des roseaux effleurant la fin du jour, la chevelure brune du crépuscule, et ainsi jusqu'aux derniers vers.
Superbe lecture poétique.

   Catelena   
31/10/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Quand le ciel est bas et lourd, et que s'en vient l'ombre du crépuscule, les mots étouffent dans les sanglots...

Heureusement, tu as ce don immense, Cristale, de cajoler avec une tendresse infinie tes strophes les plus sombres.

Cette tendresse qui fait rayonner les paysages extras et intra-muros que tu nous donnes à contempler, à vivre. Le lugubre de la tristesse se dissipe alors pour la laisser nous éclabousser de l'émotion la plus pure.

Je ne sais dire mieux, mais sois assurée qu'à chaque fois que je lis un de tes poèmes, j'ai le cœur qui s'alourdit d'une ineffable compassion, toute de douceur et de sel mêlés.

Je n'ai rien lu, ni commenté, ni donc voté, pour la simple et bonne raison que les concours c'est pas mon truc. Mais, félicitations, pour ta première place tellement méritée.

A te lire encore...


Cat (Elena)

   Cristale   
1/11/2023

   Cyrill   
5/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
« le soleil fugitif /Obscurcit l’horizon » : dans le cadre d’un ciel bas et lourd, que je comprends sombre, j’ai du mal à me représenter comment un soleil, fût-il fugitif, peut obscurcir l’horizon. Je suppose que le sens à donner à cette tournure est : c’est du déclin de l’astre que naît l’obscurité.
Passons sur ce détail, je lis des vers trempés à la bonne encre des âpres atmosphères. Long et précis descriptif qui n’est pas avare de belles images, où les mouvement de l’âme endeuillée du ou de la narratrice sont en adéquation constante avec ceux de la nature. Je salue la richesse du vocabulaire, indispensable à la nuance, et la maîtrise technique qui me rend la lecture fluide et se laisse oublier.
Le « seuil d’un futur incertain » m’évoque un deuil très récent, aussi ai-je un peu de mal à intégrer le calme consentement au chagrin qui émane de ces vers. Mais on peut admettre que nous sommes dans le temps long.
Bravo à la vainqueuse !

   Vincendix   
19/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un régal la lecture de ces vers, empreints de nostalgie mais porteurs d'espoir.
Heureux de revenir sur Oniris, de retrouver une auteure de grand talent, d'avoir le plaisir de lire de tels textes...

   Geigei   
26/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale.

La nature est personnifiée ici.

Le ciel [...] impose
Le soleil [...] obscurcit
Une tresse de lierre enlace
Les roseaux [...] effleurent
Le crépuscule étend
La vigne vierge étreint
L’écho scande


Tout le poème est écrit ainsi, pour donner vie au tableau, avec des verbes d'action offerts aux éléments du décor. Jusqu'à l'angelot qui prie dans le dernier quintil où l'émoi compassionnel vient recouvrir l'émotion esthétique. Mètre, rime et lexique, chaque note de la portée est juste.

Merci l'artiste !


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