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GiL
11/12/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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L’atmosphère dramatique est bien rendue dans court poème aux alexandrins classiques, aux rimes fluides et aux enjambements qui accentuent l’impression de catastrophe.
J’ai tiqué à deux reprises : - sur les deux premiers vers où l’apposition précède le sujet : j’aurais bien échangé le rôle de ces deux termes (quoi qu’il en soit, il manque une virgule à la fin du V1) ; - au v6 où il me semble que le mot « charge » (du frêle esquif) aurait été plus adapté et plus en rapport avec le nombre de victimes mentionné par la suite. Un honorable dizain de Lochac sur ces épouvantables drames qui, trop souvent encore, endeuillent l’actualité. Merci pour le partage, GiL en EL |
Lebarde
30/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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"Le passeur fantôme":
il existe pourtant pour empocher sans scrupule sa "commission" juteuse et organiser ces traversées hasardeuses, souvent mortelles de la Manche, sur de "frêles esquifs sans capitaine à bord", surchargées de candidats à l'exil, accompagnés de femmes et enfants, fuyant la guerre et la misère, en quête d'un destin meilleur mais tellement incertain. Ces scènes me sont d'autant plus intolérables et insoutenables que j'y assiste, consterné et impuissant pratiquement depuis mon balcon qui surplombe la plage et les dunes... Des chiffres qui font peur et qu'on ne veut pas croire: 800 ou 1000 !!! traversées par semaine en moyenne et prés de 100 morts par an, presque dans l'indifférence générale. Merci pour cette forme fixe classique parfaite, courte et sobre mais terriblement efficace et percutante pour ceux qui savent lire entre les lignes. Merci de l'avoir écrit dans ces termes: une belle façon de faire prendre conscience, à défaut de proposer des solutions. En EL Lebarde Ed pour actualiser quelques données erronées. |
poldutor
11/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour
C'est bref, mais ça claque comme un coup de fouet ! "...un frêle esquif sans capitaine à bord." Oui, vouloir défier la mer sur un canot surchargé, quand l'eau se fait "ogresse", ne peut mener qu'à la catastrophe ! Encore, hélas, des malheureux risquant tout, pour fuir un pays où la vie devient impossible. La découpe de ce poème en 4,3,2,1 vers décasyllabes est-elle une forme poétique particulière ou bien est-ce un parti-pris de l'auteur ? Cordialement. poldutor en E.L |
Myndie
30/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour,
que voilà un beau sujet, servi par de belles images, très suggestives ! Le titre « Le passeur fantôme » ne laisse pas de doute sur ce qui est abordé ici. Il n'y a pas de sens caché derrière un symbolisme compliqué mais une une lecture évidente et immédiate du thème des migrants. Je dois dire pourtant qu'en me laissant dériver ( avec moins de violence) sur le fil des images, j'ai surtout pensé au fameux tableau de Géricault « Le radeau de la Méduse ». Mais peu importe, c'est justement ce qui fait l'intérêt du partage. Le(a) poète(esse) veut communiquer ce qu'il(elle) a lui(elle)-même senti en « voyant » et nous offre son propre tableau auquel nous, lecteurs apporterons nos propres matériaux. Ici, j'imagine le mouvement, les ombres et les lumières et toutes les forces à la merci desquelles se retrouvent ces pauvres gens; j'imagine le drame. Les personnifications : le bateau, « frêle esquif » devenu « proie agonisante », la mer « ogresse « criarde » provoquent le ressenti, éveillent l'émotion. Le poème est court mais c'est sa force ; et par la grâce de ce dernier vers mis en retrait: « Cent naufragés… l’exil, l’amer, la mort. » il frappe et fait mouche. Merci pour cette belle lecture |
Donaldo75
20/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Un poème réussi, me suis-je dit d’entrée de jeu après ma première lecture ; j’ai eu l’impression de voir la scène, un peu comme dans un tableau du dix-neuvième siècle dont je ne me souviens pas du nom mais qui n’est pas celui auquel tout le monde pense parce qu’il est encore exposé au musée du Louvre. Je ferme la parenthèse culturelle. Il y a de l’épique dans la tonalité, un peu comme certains romans de Jules Verne mais en condensé. Il y a du mythique dans le champ lexical, ce qui renforce l’épique et le rend plus puissant (à l’inverse de Jules verne qui détaillait les scènes). La composition tape juste et fort tout en restant très classique – dans le sens laudatif du terme – ce qui colle bien avec ma première impression de lecture, celle du tableau qui n’est pas celui auquel les gens pensent mais qui pourrait l’être – je taquine volontiers vu que je ne me souviens pas de celui qui m’est instantanément venu en tête – rendant le tout visuel, pictural, emphatique et finalement – c’est cela qui compte dans ce commentaire – très réussi.
Bravo ! |
Cyrill
21/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Les strophes s’amenuisent, 4 3 2 1, tels les embarqués dans cette galère dont on nous donne le décompte de morts dans un dernier vers (solitaire, (rire jaune)) et claquant comme un titre de journal annoncé… sauf qu’il vient à la fin.
La scansion 4/6 tout au long du poème, ainsi que les nombreux rejets, donnent toute la mesure d’une houle nauséeuse, quand celle-ci est personnifiée plusieurs fois : « ogresse d’eau, dragon des quatre vents », « mer criarde ». J’apprécie particulièrement le distique qui semble s’emballer sans ponctuation interne, et secoue véritablement le lecteur. Sa rime est de celles qui mettent en rogne. L’appel à l’empathie est très fort, l’amertume s’éprouve pour ces candidats au naufrage dont le seul "amer" est la mort. Bel emploi de ce terme à double sens. Merci pour cet âpre écrit, duquel se dégage une révolte palpable. |
Zeste
30/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Le choc des images, le poids des mots!
La puissance évocatrice du récit servie par une mise en scène du tragique magistrale. Un poème coup de poing! |
papipoete
30/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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bonjour Cristale
Tel monstrueux coup de balai du Diable, la déferlante pousse le frêle esquif jusqu'en enfer de mer, là où périssent les innocents, et bientôt tout se calme s'apaise, plus aucun signe de vie. NB après un crescendo de décasyllabes, peu à peu le poème déroule tercet, distique, et monostiche, comme avalant peu à peu le dramatique de la situation pathétique et hélas si ordinaire info au journal télévisé du jour. des vers si cruels dont le court récit dut néanmoins sembler interminable pour ces malheureuses victimes... je ne sais quel passage préférer, tant ils sont tous si affreux des alexandrins au service du drame absolu ! |
Provencao
30/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cristale,
Sublime poésie, comme à votre habitude. "Sa vague énorme, effroyable, aveuglante, L’ogresse d’eau, dragon des quatre vents," Une expérience véritable du tragique, dans son incandescence avec des vers qui claquent au gré des images révoltantes, déchirantes, poignantes et mythiques. Par ces mots forts, imagés, l’écriture ne se limite pas à la seule interprétation mais au juste témoignage appartenant à l’ordre du poignant. Dans cette mer criarde, sans autre richesse que la force de la vérité, le passeur fantôme témoigne. Le juste témoin traversé d’émotion. Derrière le tourbillon se cache le pictural dans toutes ses approches, nuances émouvantes et coup de couteau alarmant sur la toile. Tout émane du dramatique. Au plaisir de vous lire Cordialement |
jfmoods
30/12/2024
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L'image première du passeur est riche de significations (celle, notamment, du récit éponyme du recueil "Les planches courbes" d'Yves Bonnefoy). Le compte à rebours présenté ici nous en signale l'abjecte caricature : déchargé de toute responsabilité morale, le passeur fantôme n'est rien moins qu'un fossoyeur dont la mer devient la monstrueuse affidée, l'exécutrice des basses œuvres. Agrémenté d'une gradation assez significative, le dernier vers fixe les étapes du chemin de croix de la misère, dressant au passage le bilan d'une ixième catastrophe humanitaire.
Merci pour ce partage ! |
Francois
31/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Un dizain en décasyllabes de bonne facture, qui évoque l'expérience tragique de migrants perdus sur un frêle esquif, "sans capitaine à bord".
Personnellement, je trouve qu'il y a un peu trop d'adjectifs, dans le premier vers notamment : "Sa vague énorme, effroyable, aveuglante," Je n'aime pas trop "La mer criarde"... Par contre, le dernier vers conclut avec sobriété ce poème fort sombre : "Cent naufragés… l’exil, l’amer, la mort." |
Cornelius
31/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Cristale,
Dans cette tragédie de mer et de mort la camarde marine prélève son quota de naufragés engloutissant des proies faciles sans distinction de races ou de couleurs. Destins tragiques et glacials pour ces sombres héros de la mer que je préfère tout de même voir danser le long des golfes clairs. |
Ioledane
31/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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4, 3, 2, 1 ... J'apprécie l'originalité de la forme de ce poème, qui s'accorde bien au thème du naufrage et de la mort. Le rythme heurté des décasyllabes s'y prête bien également.
Je trouve le distique particulièrement réussi. Seul le titre m'interpelle, qui est ce "passeur fantôme" ? Ici je vois juste une ogresse qui dévore les marins ou passagers aventureux. |
BlaseSaintLuc
31/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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christale , passe moi un peu de ton classique, je te passerai beaucoup de mon mélo drame, de ma noirceur, de ma désespérance , de mon goût de l'abîme.
Évidement rien à dire sur la technique, mais le tragique n'y est pas, ce n'est pas faute d'acharnement, mais la mer n'est pas si amer, allez savoir pourquoi ? *le sombre de l'affaire n'est encore pas assez suffisament rendu le talent de l'auteure n'y est pour rien , c'est le drame qui vaut plus . |
Hiraeth
1/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Vous semblez particulièrement affectionner cette forme, très élégante, dont j'ai oublié le nom !
Un poème d'inspiration plutôt parnassienne, qui décrit une catastrophe humaine de manière quasi impersonnelle, en mettant en avant sa violence objective et prédatrice davantage que sa dimension tragique subjective. Comme GiL, j'ai été décontenancé par la première strophe et sa syntaxe étrange ; mais je pars du principe que Cristale maîtrise le français et que cela participe d'un effet recherché. Peut-être que la perturbation de la grammaire vise à refléter la perturbation des sentiments de la voix poétique ? Mais dans ce cas, cela viendrait contredire mon impression globale sur le traitement impersonnel du sujet. Peut-être que j'y verrai plus clair plus tard... J'aurais aimé un autre terme que "Prédit" au vers 3, qui me paraît trop faible et incertain pour exprimer la brutalité de cette "déferlante". Quelque chose de plus incarné et immédiat, comme "Hurle" ou "Rugit" par exemple, pour rester dans le thème de la prédation. La deuxième strophe pourrait aller plus loin je pense dans la métaphore de la tempête prédatrice. Peut-être avec "mord" à la rime, plutôt que les très attendus "port" et "bord". Le jeu de mots avec "l'amer" est trop convenu aujourd'hui malheureusement... Voilà pour mes petites réserves, un peu plus nombreuses que d'habitude, qui au regard de votre grand talent expliquent la notation un peu plus faible qu'à l'accoutumée. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. Merci pour ce chouette moment de lecture. |
Famineur
1/1/2025
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Le titre « Le passeur fantôme » m’a d’abord fait penser au passeur fantomatique conduisant l’embarcation de « L’île aux morts » du peintre Arnold Böcklin.
Mais la fureur des éléments qu’exprime le premier quatrain ne cadre pas avec l’atmosphère apparemment paisible du chef-d’œuvre évoqué. « L’ogresse d’eau » (quelle belle figure !) suggère un autre contexte, plus tourmenté. Malheureusement, le reste du poème (sauf « sans capitaine à bord » et « Cent naufragés ») suggère moins qu’il n’assène. J’en retiens néanmoins le très musical V2 : « L’ogresse d’eau, dragon des quatre vents, » où le « gu » de « dragon » répond heureusement au « gr » de « ogresse » J’adhère à la proposition de GIL consistant à remplacer « proie » par « charge » : « la charge agonisante » - plus suggestif. J’aime bien « Cent naufragés… » que j’aurais aimé comme fin du poème, façon chute du Dormeur du val. |