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Poésie classique
Cristale : Les volets clos
 Publié le 17/12/23  -  19 commentaires  -  830 caractères  -  481 lectures    Autres textes du même auteur


Les volets clos



Comme un éclair d’orage une lueur s’immisce
Entre mes volets clos et jette sur les murs
Des spectres décharnés secouant leur cilice
Autour du lit glacé de mes rêves obscurs.

Les sanglots de la nuit ruissellent sous ma porte
Inondant de cris sourds le silence incertain ;
Dans le miroir fendu je me vois déjà morte
Et les bris de mon ombre éclaboussent le tain.

Du cosmos embrumé telle une œuvre posthume,
Une chimère étend l’univers déconstruit
En linceul sur mon corps, le néant me consume
Jusqu’au fond de ma tombe où je sombre, sans bruit.

Le cercueil entrouvert laisse entrer les premières
Étincelles de l’aube ; enfin voici le jour !
La fraîcheur sur mon front soulève mes paupières,
Le cauchemar s’enfuit, la vie est de retour.


 
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   EtienneNorvins   
3/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Belle réussite formelle, et l'évocation d'un cauchemar par nuit d'orage se laisse lire avec plaisir - à défaut d'être très originale.

Ma préférence va nettement à la deuxième strophe, qui est métaphoriquement la plus riche. La suite est plus morbidement convenue - jusqu'au réveil salvateur.

[En EL]

   poldutor   
3/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonsoir
Pas gai, gai ce poème dont l'ambiance illustre bien le cauchemar...
Le cerveau dans la nuit travaille bizarrement, il provoque des rêves (cauchemars) invraisemblables ; puis vient le réveil et l'on est soulagé de voir que ce n'était qu'un mauvais rêve !
Les deux premiers quatrains illustrent bien l'arrivée sournoise de l'horreur.
Je n'ai pas bien compris le troisième quatrain, particulièrement les deux premiers vers...
Le dernier quatrain évoque l'éveil et le retour à la réalité.
Cordialement.
poldutor en E.L

   Jemabi   
7/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Les angoisses nocturnes et toutes les hallucinations que l'esprit fabrique pour se faire peur tout en tentant de surmonter cette même peur, tout est ici parfaitement décrit. Grâce à une écriture ciselée, on ressent l'atmosphère délétère propice à ce genre de cauchemar éveillé qui nous entraîne malgré soi dans un engrenage où l'imagination l'emporte sur la raison. Un vrai plaisir de lecture.

   Lebarde   
7/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La poésie classique nous est donnée à lire bien plus souvent qu’à l’accoutumée en ce moment ? Quel bonheur !

Pourquoi bouder son plaisir, d’autant que ce poème, remarquable en tous points, est sans conteste l’œuvre d’un(e) maitre(sse) en la matière dont la signature fait peu de doute.

L’écriture particulièrement limpide, fluide, techniquement irréprochable, d’une poésie tellement subtile et délicate, atteint une fois encore la perfection pour combler le lecteur subjugué et admiratif que je suis.
Bravo et merci d’être capable de proposer de tel poème.

Derrière « Les volets clos », la nuit donne rendez-vous aux « spectres décharnés », aux « chimères », aux rêves obscurs, aux pensées les plus sombres, à la tristesse la plus noire, aux idées les plus morbides dans lesquels se « consume » la narratrice « déjà morte ».

Et puis et c’est heureux :

« Le cercueil entrouvert laisse entrer les premières
Étincelles de l’aube ; enfin voici le jour !
La fraîcheur sur mon front soulève mes paupières,
Le cauchemar s’enfuit, la vie est de retour. »

Oui, le jour revient... jusqu’à la prochaine nuit et ses cauchemars morbides et désespérants ? (Peut être pas après tout)

Oui l La vie reprend toujours le dessus …et c’est heureux !

Merci pour cette touche d’espoir et d’optimisme pour finir ce sombre poème.
Il fallait bien cela pour remonter le moral et vous l’avez superbement, simplement, poétiquement fait.

Merci.
En EL
Lebarde touché une fois de plus

   papipoete   
17/12/2023
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aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale
Comme on est content de se réveiller parfois, lorsque l'on se crut mort !
Je reviendrai plus tard vous dire quelques mots ; je suis en ballade
... une heure plus tard, mon " cabriolet " remisé, me re-voilà auprès de ce film, pendant qu'il fait encore jour !
ça remue à tout rompre autour de ce lit, et ça gesticule contre les murs, qu'en technicolor zèbrent des éclairs, et ça ricane sous la porte telle la fille de l'exorciste ! Je sens qu'on retire mon linceul...
Et j'ouvre les yeux sur le vrai ; oh, maudit cauchemar !
NB on ne se rappelle jamais ou pas dans le détail, un rêve où tout n'est que bleu comme les yeux de cette naïade, qui me demandait
- voulez-vous nager avec moi ?
ou bien ma petite-fille, faire des ricochets dans l'eau ; ériger ce bonhomme-de-neige...
Par contre, des scènes de la teneur de votre poésie, " en veux-tu, en voilà " à prendre une suée, appeler Maman ( qui est morte depuis longtemps, et moi plus vraiment gamin )
la dernière strophe a ma préférence, avec ce cercueil " façon persiennes "
Bien sûr que vos alexandrins sont parfaits chère maîtresse, mais si j'osais :
dans le 3e quatrain
- comment faut-il lire :
" ... déconstruit
En linceul sur mon corps, le néant me consume/jusqu'au fond de ma tombe où je sombre, sans bruit. "

   Miguel   
17/12/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Une aube présentée comme le retour de/à la vie. Belle idée. Les vers sont comme d'habitude d'une limpidité et d'une musicalité irréprochables. Le vocabulaire funèbre occupe toute la longue première partie du poème, et cette sorte d'oxymore, le cercueil entrouvert, nous donne une bouffée d'air, et nous fait passer de cet univers à celui de la résurrection, de la vie, de la joie, avec un vocabulaire devenu lumineux.

   Provencao   
17/12/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale,

"Le cercueil entrouvert laisse entrer les premières
Étincelles de l’aube ; enfin voici le jour !
La fraîcheur sur mon front soulève mes paupières,
Le cauchemar s’enfuit, la vie est de retour"

Mon passage préféré où j'aime la poésie, votre poésie en cette possession des vers où le verbe côtoie le mystère du cauchemar.

Au plaisir de vous lire
Cordialement



"

   Cornelius   
17/12/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale,

J'ai tellement aimé votre précédent poème "la mémoire du temps" qui touchait à la perfection que j'ai eu un peu de mal avec celui-ci même si le style est toujours impeccable et que j'ai lu avec grand plaisir cette poésie. C'est sans doute le contenu qui m'inspire ce minuscule bémol.

Y a t-il une possibilité depuis le parfait d'évoluer vers le plus que parfait?

Au plaisir de vous lire encore et encore...

   Geigei   
17/12/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cristale,

" et jette sur les murs
Des spectres décharnés"


il faudra attendre un peu avant que votre poème ne se retrouve sur les étagères du patrimoine littéraire francophone.
Une affaire de temps.
Un ou deux recueils, des vers repris le jour d'une cérémonie par une célébrité, et pourquoi pas...

"Du cosmos embrumé telle une œuvre posthume,
Une chimère étend l’univers déconstruit
En linceul sur mon corps "


...quand une actrice voudra alerter la planète de son prochain anéantissement. Un cauchemar prophétique...
Ça existe ?
Par Pythie, dites non ! :-)

Des éclairs, des cris, une inondation de larmes...
"Le cercueil entrouvert laisse entrer les premières
Étincelles de l’aube"

... un autre enjambement...

Merci !

   Marite   
17/12/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Le réalisme de certains rêves nous imprègne si fortement qu'au réveil il nous semble passer d'un monde à un autre, parfois avec grand soulagement dans le cas d'un cauchemar. C'est ce que je perçois de ce poème. La forme classique choisie est idéale pour transmettre les impressions ressenties.

   Eskisse   
17/12/2023
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très aboutie
et
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Bonjour Cristale,

Un poème "fantastique" aux deux sens du terme puisque cauchemars, spectres et hallucinations relèvent de cet univers.

J'ai une préférence pour la strophe 2, riche en sensations auditives, visuelles et tactiles, très évocatrice ( on pourrait en faire une oeuvre picturale) et empreinte de violence. J'aime beaucoup ":
"Et les bris de mon ombre éclaboussent le tain". Le lexique de l'eau ( sanglots/ éclaboussent/inondant) et du froid ( miroir/tain) accompagnent cette "devenante".

Merci.

   fanny   
18/12/2023
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très aboutie
et
aime bien
Ho la belle nuit, ça fait envie, en voilà un entre-cauchemar qui dès le premier vers nous annonce du lourd, on sent que cela ne va pas donner dans la fleurette, attachez vos ceintures on prend le train fantôme.

Alors je récapitule : Des spectres + des sanglots + un linceul + un cerceuil + j'en passe et des meilleurs = des cauchemars redoublés + des nuits blanches démultipliées et je crois que le boulier va exploser.

D'un côté je me dis que ce cauchemar en fait peut-être un peu trop, car avec un truc pareil normalement le réveil en sueur et en pleine crise de tachycardie intervient dès la fin de la deuxième strophe, d'un autre, il faut reconnaître que vu les amateurs d'hémoglobine qui trainent dans les parages, il n'est pas inutile de leur montrer que tu es de taille à gérer les cosmos embrumés de la pire espèce.

Enfin bon l'essentiel est quand même que la vie reprenne le dessus et ça c'est grâce que - - = + , enfin c'est ce qu'on m'a appris, moi je veux bien mais quand même, c'était - une que la maîkresse en perde son sens de l'humour cette nuit là. Ouf qu'elle est saine et sauve, les volets clos et bardés d'ail...ça rode...

Bonne journée Cristale et merci pour cette nouvelle lecture.

   Zeste   
18/12/2023
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et
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De la durée de l'éclat de lumière jetant des spectres décharnés sur les murs à la perception auditive des sanglots de la nuit dans un silence contrarié, maître des lieux amplifié par les cris lointains et sourds; toute cette matière fournie , réaction à une perception de sensations qui viennent affecter l'esprit se traduit par un texte poétique, véritable alchimie de la transcription de la capacité de ressentir!
Comment ne pas réagir...

   Myndie   
18/12/2023
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très aboutie
et
aime bien
Bonjour Cristale,
comme à l'habitude et comme tous tes lecteurs, je retrouve avec un plaisir mêlé d'admiration ta poésie parfaite, ses délicates broderies d'images belles et suggestives et la limpidité, la fluidité de sa douce musique.
Oui, même lorsqu'il s'agit ici d'exprimer le glauque et la terreur d'un cauchemar, tout y est. Un exploit. Enfin non, ce qui relèverait de l'exploit pour moi ^-^ est ici rien de moins que ta signature, c'est toi.

Ce qui m'a malgré tout un peu plus gênée ici c'est le sujet. Ou plus précisément, l'emphase avec laquelle un banal cauchemar est décrit.
Je ne conteste pas la réelle terreur qu'il peut produire sur tout un chacun, on en a tous été victimes une nuit ou une autre, mais ces
«  spectres décharnés secouant leur cilice »
«  Les sanglots de la nuit ruissellent sous ma porte »,
«  Une chimère étend l’univers déconstruit
En linceul sur mon corps, le néant me consume »
n'est-ce pas un peu trop ? Tu ne nous as pas habitué à tant de grandiloquence...

MAIS :
Que la 4ème strophe est belle, avec son enjambement qui court jusqu'à l'hémistiche, éclatante de naturel et de simplicité !
Voilà qui rattrape tout.
Enc ore un poème qui enchante, merci Cristale.

   Eki   
20/12/2023
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très aboutie
et
aime beaucoup
Oh ! la belle plume...envolée la douceur, place au "cauchedrame"...
Pire qu'un cauchemar...Elle zèbre, pleut du noir profond.
Les désordres de la sérénité au milieu d'une nuit...
Le subconscient libère sa toute puissance là et ,lui, ne se repose jamais la nuit...
Dans le fond, c'est la grotte de Dracula ici.
Enfin, le jour entre et la plénitude revient...te voilà sauvée des fantômes...
Mais que te réservera la nuit prochaine ? Mystère.
On a frôlé le film d'horreur...

   Cristale   
21/12/2023

   Polza   
23/12/2023
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Bonjour Cristale,

Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter d’autre qui n’a pas déjà été dit bien que je n’ai pas encore lu ce qui a été dit sur votre poème, mais beaucoup de bonnes choses à mon avis.

Encore une fois, c’est très bien écrit et parfaitement maitrisé techniquement parlant.
Mais en plus de cela, j’ai apprécié votre poème pour une raison bien particulière.

L’ensemble, par sa construction et ce qu’il évoque (un retour à la vie après une nuit de cauchemar), m’a fait penser à cette chanson d’Ernest Genval pour les paroles et Lucien Boyer pour la musique, La garde de nuit à l’Yser.

En voici le dernier couplet :

« Il s’émeut, et chante la chanson vivante,

Pleure de détente du prochain éveil,

La nuit se lézarde, l’aube naît blafarde,

Finie est la garde, voici le soleil. »

Il m’arrive souvent dans mes commentaires de signaler à l’auteur que cela m’a fait penser à une autre œuvre, un tableau, une autre poésie, une chanson, un film… C’est juste par rapport à mon expérience personnelle, à mes souvenirs, en aucun cas ce n’est pour accuser de près ou de loin l’artiste d’avoir été chercher ses idées qui lui sont propres ailleurs.

Je précise, car je veux être sûr d’être bien compris et non paraître arrogant envers l’auteur d’un texte, je sais que vous comprendrez, vous êtes de ce que j’ai pu lire de vous sur ce forum la bonté incarnée ! (prenez, c’est. cadeau pour les fêtes de fin d’année).

Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup apprécié le ton solennel de ce poème. Il y a une gravité qui se prête à un cauchemar, une seule once d’humour l’aurait décrédibilisé à mon avis.

Encore une fois, bravo l’artiste…

   Cyrill   
24/12/2023
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aboutie
et
aime bien
Bonjour cristale,

Un cauchemar dans toute sa splendeur avec spectres à l’appui ! J’ai du mal à croire à la réalité de l’expérience, mais elle se lit très volontiers, un peu comme une fantaisie morbide. Et puis on ne demande pas à la poésie de raconter le vécu. J’ai particulièrement aimé le « silence incertain », comme musique de fond à ces visions. L’« œuvre posthume » du cosmos, le néant « en linceul sur mon corps » sont des trouvailles judicieuses. J’applaudis. Des images un peu convenues mais leur agencement dans le poème les sauve largement de l’ordinaire.
Le dernier quatrain montre avec brio le passage du rêve au réveil, attribuant la même image à chaque état de conscience. Le rejet aurait pu montrer ce trébuchement s’il n’avait pas couru jusqu’à l’hémistiche suivant qui le fait se rétablir, dommage. Je pinaille d’autant que j’aime bien ces effets sur l’indétrônable alexandrin.
Après ces hallucinations too much, je trouve assez palot le vers de clôture, il me semble qu’on pourrait accueillir l’état de veille avec une métaphore mieux frappée.

Merci pour le partage !

   Malitorne   
30/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je prends enfin le temps de commenter ce poème qui m’avait frappé à sa sortie par son aspect gothique, cette façon particulière de sublimer les ténèbres. Je passe le côté technique au vu de mon ignorance en la matière pour ne conserver que l’impression générale qui tape fort. Tout mortel s’est trouvé confronté aux affres de la nuit, quand les occupations diurnes ne peuvent plus éclipser le magma bouillonnant de nos angoisses archaïques et de nos blessures inguérissables. Nous craignons la nuit car nous savons que c’est le moment où l’inconscient ouvre ses portes puantes alors que nous sommes seuls, vulnérables. Ta poésie décrit magistralement cette plongée dans l’enfer du moi, qu’un simple rayon de jour vient chasser.


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