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Poésie néo-classique
Curwwod : C'est un petit théâtre…
 Publié le 23/09/23  -  12 commentaires  -  838 caractères  -  353 lectures    Autres textes du même auteur

Idéalisation ? Je ne le crois pas !


C'est un petit théâtre…



C'est un petit théâtre, un cœur de jeune fille,
Une scène pour deux que la pudeur défend ;
Y règne une ingénue avec des yeux de faon,
Qui rit des jolis mots dont les garçons l'habillent.

C'est un bijou exquis, une tasse de Sèvre,
Translucide et fragile, si fine entre les doigts
Qu'on craindrait la briser à l'instant qu'on y boit
Et qu'à peine l'on ose en approcher la lèvre.

C'est une énigme encore, un mystère charmant
Dont l'esprit masculin ignore les arcanes,
Qui, promettant le Graal à ses désirs profanes,
En souriant des yeux, le séduit mais lui ment.

C'est un petit théâtre où j'aimais prendre place,
Histrion quelquefois, trop souvent spectateur,
Et de mainte douleur due aux vers de l'auteur
Je garde avec délice un souvenir vivace.


 
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   Ornicar   
8/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Charmant souvenir de jeunesse et charmant poème.
Le narrateur relate ici le souvenir particulièrement "vivace" d'une rencontre ou révélation qui s'est produite à l'âge où l'on s'intéresse aux "choses de la vie", quand on n'est plus un enfant mais qu'on n'est pas encore un adulte, à lâge des premières fois.

Qu'il est mignon tout plein ce "petit théâtre" de poche dont je me demande s'il est réel ou fictif. La révélation de notre narrateur a-t-elle eu lieu "dans" un théâtre ou "pendant" un cours de théâtre avec un professeur ? Ou bien le théâtre est-il tout simplement le "coeur de (cette) jeune fille" ? Je penche personnellement pour la deuxième hypothèse mais rien n'exclue la première tout à fait plausible. Cette délicieuse ambigüité que ne lève pas ce poème de "l'entre-deux", entre-deux de l'âge et entre-deux du lieu, fait tout son charme.

Quelle bonne idée ensuite, d'avoir mis en parallèle "l'énigme" ou le "mystère charmant" de l'amour avec ses premiers émois et le "théâtre", lieu par excellence du faux-semblant et du trompe-l'oeil érigés en art, puisque rien n'y est vrai, que les acteurs y portent un masque le temps d'une "représentation". La mise en abîme entre ces deux univers est bien menée et réussie.

Le lecteur peut même se demander si tout cela a bien eu lieu, si ce n'est pas le pur fruit de l'imagination de son narrateur. "Idéalisation ? Je ne le crois pas !" nous dit-il en exergue, mais il n'en est pas si sûr et certain (croire) malgré la présence du point d'exclamation. Et puis, il y a aussi le derniers vers de la troisième strophe : cette jeune fille, cette "ingénue avec des yeux de faon", "translucide et fragile" comme "une tasse de Sèvre"..."le séduit mais lui ment." Quoi ! Ce n'était donc pas vrai ? Tout cela n'était-il donc que faux-semblant ? Comme au théâtre ?

L'écriture est fluide, légère malgré un peu trop de subordonnées et de relatives à mon goût, amenant son lot de "que","qui", "qu'on". Mais difficile de faire autrement quand tous les premiers vers commencent par "C'est un..." ou "C'est une...". Et il aurait été dommage de se priver de l'effet de cette répétition qui ne manque pas de charme.
Sans tout remettre en cause de ce bel édifice, je vous propose juste de modifier et d'allèger les deux dernier vers de la seconde strohe (trois "que" sur deux vers ) de la façon suivante. Au lieu de : "Qu'on craindrait la briser à l'instant qu'on y boit / Et qu'à peine l'on ose en approcher la lèvre.", je vous propose "On craindrait la briser à l'instant où l'on boit / A peine oserait-on en approcher la lèvre." Tout simplement.

Ben oui, quoi ! Quel "histrion" vous faites, voyons ! Que notre expression dans cette strophe, qui porte en elle toute la délicatesse du monde, se fasse aussi "translucide, fragile et fine" sous la langue que ne l'est aux yeux ce délicat teint de porcelaine qu'elle est censée nous décrire. Et qui vous a tant marqué.

   papipoete   
11/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
néo-classique
Comme c'est beau ! si mignon ce que votre plume dépeint... une ingénue dont le héros semblait pour elle, d'amour épris ; mais je crois que onques il n'osa le lui révéler, de peur de l'ébrécher, la casser...
NB je fus aussi cet amant-là, dont l'objet de ses tendres tourment, onques ne le sut...
Des vers dentelés façon Calais, qui durent transir celui qui les écrivît, tant son destinataire ne put en sourire, en rosir...
la 2e strophe est ma préférée.
le 6e vers mesure 13 pieds
mais comme c'est délicat !
papipoète

   fanny   
23/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bon alors je fais le point : ingénue, ça doit pas être moi, heu tasse de Sèvre j'ai comme qui dirait du mal à m'identifier, j'évite de promettre comme ça cela m'évite de mentir, quant aux douleurs dues à mes vers j'attends encore les spectateurs.
Hé bah voilà, je parie que c'est une autre, pourtant on me l'avait bien dit : mets du noir sur tes yeux, rigole quand les garçons te parlent, essaie d'avoir l'air fragile, prends un air mystérieux, fait miroiter le graal, y'a des critères à respecter quoi, fais un effort si tu veux avoir le bon profil.
Je sais pas, j'ai du louper une étape, translucide peut-être, mais croyez bien que je le regrette vivement, j'aurai tellement aimé vous laisser un souvenir vivace et merveilleux.
Je vous aurais accueilli dans mon petit théâtre sans défendre ma pudeur, j'aurais approché la lèvre, sourit des yeux pour de vrai et pris place à côté de vous.
Bon bah c'est tant pis, c'est tant pis, mais laissez-moi vous dire quand même que c'est vraiment joliment dit, dans un style de romantisme en porcelaine d'époque qui ne se brise pas durant la lecture et confère une belle harmonie au texte dont la seconde strophe relève du fin Limoges.

   poldutor   
23/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Curwood
Ah les premiers émois amoureux, quand maladroit, le garçon ose ou n'ose pas, quand la fille fine mouche, déjà sûre de ses atouts :"En souriant des yeux, le séduit mais lui ment"
le garçon désorienté veut la protéger :
"C'est un bijou exquis, une tasse de Sèvre,
Translucide et fragile, si fine entre les doigts
Qu'on craindrait la briser à l'instant qu'on y boit..." mais
"Histrion quelquefois, trop souvent spectateur,"
Charmant.
Merci de m'avoir rajeuni de soixante dix ans !
Cordialement.

   Robot   
23/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Séduit par ce poème sur la séduction à double tranchant exercée par une jeune fille qui met en émoi les garçons.
Un texte qui coule bien à la lecture et à l'oral. Une écriture suave dont les images apparaissent sans s'imposer.
Je ne choisirai pas entre les vers, tout me plaît dans cette poésie.

   Ascar   
24/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Poême tout en délicatesse, fort agréable à lire et relire. Les images sont habiles et bien trouvées. Elles donnent une belle originalité à l'écriture. Bref, Un très beau travail que vous nous rendez là.

   Annick   
24/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Dans ce beau poème, l'ambiguïté plane tout au long des vers.
Parfois, le petit théâtre est un, et la jeune fille, une. Parfois le théâtre est la jeune fille ou la jeune fille est le théâtre.

Ce lieu n'est jamais décrit explicitement, de manière réaliste. Il ne semble exister que par la présence de la jeune fille pour permettre de jouer toujours la même pièce ou la même scène dont la seule héroïne est la comédienne (dans les deux sens du terme) et à ses côtés, un soupirant. (Une scène pour deux).
Il est un écrin pour révéler la beauté, la fragilité mais aussi la fausse ingénuité de celle qui met les cœurs en émoi.

J'aime les subordonnées, qui loin d'être lourdes, permettent au narrateur d'y glisser toute sa sensibilité avec l'art d'un équilibriste, d'un acrobate.

Un quatrain de toute beauté qui me fait penser au poème "Le vase brisé" de Sully Prudhomme :

"C'est un bijou exquis, une tasse de Sèvre,
Translucide et fragile, si fine entre les doigts
Qu'on craindrait la briser à l'instant qu'on y boit
Et qu'à peine l'on ose en approcher la lèvre."

Ma-gni-fique !

   ferrandeix   
24/9/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime beaucoup
Un poème qui évoque "un cœur de jeune fille", mais aussi les séductions qui y sont associées dans le souvenir. Cette trame reste assez vague, mais l'on peut imaginer. La distanciation évoque la pudeur. La délicatesse du personnage féminin est très bien rendue, notamment dans le 2e quatrain qui est vraiment exquis. Malheureusement, quelques cacophonies malvenues amoindrissent cet effet de raffinement qui émane du poème. je reitendrais les "re" quasiment impraticables:

mystère charmant
ignore les arcanes

Si vous commettez des cacophonies sur voyelle, ce n'est pas si grave, en revanche, éradiquez bien ces "re" en priorité.

   Lebarde   
24/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Tout a été dit et bien dit sur ce magnifique poème plein de délicatesse et de doubles sens qui me plaisent bien.
Moi j’y ajouterai une sensualité et même un érotisme sagement et subtilement dissimulé et maintenu au fil des vers.
C’est superbement écrit et élégamment suggestif.

Une remarque toutefois: Sèvre si c’est de la ville dont il s’agit prend normalement un (s), ce qui conduirait à mettre lèvre(s) au pluriel sans dommage pour la rime et la prosodie classique, alors que fille/habillent, défend/faon et doigts/boit sont fautives; mais vous le savez bien sûr

Du beau travail néanmoins,bravo.

Lebarde

   Cristale   
24/9/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
Les romantiques n'ont pas tous disparu et le discours élégant de ce poème n'est pas pour me déplaire.
Aujourd'hui les garçons ne parlent plus des filles de cette façon pas plus que les filles ne charment les garçons avec autant de manières mais heureusement le poète est là pour nous régaler de ses vers "à l'ancienne" en évoquant un temps que les moins de (?) ans ne peuvent pas connaître.
Dommage ce "e" non élidé du vers 6, les rimes 1-2-3-4-6-7 auraient mérité une meilleure équivalence, mais c'est vrai, (j'ai lu le commentaire suivant), nous sommes en néo-classique, je suis donc trop sévère.

   Mokhtar   
26/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Il semblerait a priori que ce soit pour ce « joyau » que constitue la deuxième strophe , admirée de tous, que ce poème s’est constitué en écrin. Belle idée que cette métaphore subtile, élégante et délicate.

Toutefois, on aurait tort de négliger l’excellente construction, très travaillée, du troisième quatrain, qui non seulement « fixe » le sens du poème, mais aussi, par son superbe dernier vers, exprime les atteintes de la gracieuse et innocente…ravageuse.

C’est peut-être en songeant à Marivaux que l’auteur a rassemblé ses souvenirs de jeunesse dans son petit théâtre. Il est vrai que les intrigues novices relèvent du jeu, même si celui de la charmeuse est plus inné que composé. Sachant que les souffrances des délaissés sont, elles, bien réelles.

Très agréable lecture que ce poème romantique à souhait.

Sur le plan technique, et pour reprendre les observations de mes prédécesseurs :

- Il y a bien une faute à Sèvres. Qui aurait pu être rectifiée puisqu’en néo la rime « Sèvres » et lèvre est admise. Je pense pour ma part que « lèvre » au singulier est plus élégant.
- La rime « faon et défend », excellente, est admise en néo.
- C’est sans doute la subtile harmonie de la seconde strophe qui dissimule la faute de métrique du vers 6. Remplaçons « translucide » par « timide ». On obtient « Timide et fragilEU, si fine entre le doigts » : vers régulier. Mais tellement moins élégant. Preuve que la règle est ici contreproductive. Elle devrait permettre le « E » muet en cas de pause orale imposée par la virgule, et par la césure, de surcroit. Ce qui entrainerait la suppression de la nécessité d’attaquer le second hémistiche par une voyelle.
- Enfin, bien que valide, le « mainte douleur » au singulier ne me séduit pas trop. Mais j’avoue ne pas voir comment sortir de ce vers autrement.

   Curwwod   
27/9/2023


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