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Poésie néo-classique
Curwwod : Désenchanté
 Publié le 04/11/24  -  11 commentaires  -  999 caractères  -  199 lectures    Autres textes du même auteur

Petite ballade du soir qui tombe et de la vie qui s'étiole.


Désenchanté



Remonter à contre-courant
Jusqu'à la source des rivières
Comme les grands poissons mourant
Aux rives froides des gravières,
Retrouver de l'onde première,
Sous son chatoiement argenté,
Les jeux d'ombres et de lumière
Au soir d'un jour désenchanté.

Donner au verbe indifférent
La force pure des prières
Que l'amour accroche en pleurant
À la grille des cimetières,
M'enraciner comme le lierre
Aux lieux où je fus enfanté
Encore une fois, la dernière,
Au soir d'un jour désenchanté.

Susciter un visage errant
Juste en refermant la paupière,
Retenir, dans son poing serrant
Des grains de sable et de poussière,
Par une grâce singulière,
La touffeur d'une nuit d'été,
L'essence d'une vie entière
Au soir d'un jour désenchanté.

Amis, daignez fleurir ma bière
De tout ce qui me fut ôté
Pour m'aider à porter ma pierre
Au soir d'un jour désenchanté…


 
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   EtienneNorvins   
4/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Nostalgie, perte et quête d'identité dans un monde flottant... Le titre lui-même évoque un sentiment d'aliénation et de mélancolie, suggérant une déception face à la vie ou à ses (faux) espoirs.

Dans la première strophe, l'image de "remonter à contre courant" indique un effort pour retourner aux origines, une tentative de retrouver la pureté ou l'innocence d'un temps passé. Les "grands poissons mourant" suggèrent une lutte face à l'inéluctable, un parallèle avec la condition humaine ? L'onde "première" et les "jeux d'ombres et de lumière" évoquent la beauté éphémère et la fragilité des souvenirs, non exempts de faux semblants, ce qu'indique l’expression "au soir d'un jour désenchanté".

Le deuxième quatrain approfondit la tension entre l'indifférence du monde et le désir de donner sens à la souffrance. Le verbe devient, par une transformation poétique, porteur de la force des prières, où l'on souligne l'importance de l’amour, même dans la douleur des pleurs. L’ancrage "comme le lierre" suggère un besoin de racines, d’attachement aux origines, mais aussi une certaine résilience ?

La troisième strophe marque le moment de la disparition. L'idée de "susciter un visage errant" témoigne d'une tentative ultime d'établir des liens éternels avec ce qui va être perdu. Les "grains de sable et de poussière" symbolisent l'éphémère qui ne refleurira pas, tandis que la "grâce singulière" exprime une tentative de saisie de l'essentiel ?

Enfin, le dernier quatrain porte un appel poignant à ceux qui restent. La demande de "fleurir ma bière" de tout ce qui a été "ôté" souligne une volonté de célébrer la vie malgré la mort, de rappeler les expériences et les souvenirs qui ont façonné l'être ? désenchantement.

Un poème donc d'une mélancolie profonde...

   Dimou   
4/11/2024
Modéré : Commentaire sans rapport avec le texte.

   BlaseSaintLuc   
4/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
merveilleusement désenchanté !
remontont le courant comme les grands poissons mourants ...

"Donner au verbe indifférent
La force pure des prières"

"Susciter un visage errant
Juste en refermant la paupière,"

aprés ça difficile de commenter , tout est dit !

   Boutet   
4/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Une ballade nostalgique et désenchantée. L'auteur sentirai-t-il sa fin de vie approcher pour nous livrer un poème si sombre ?
La première strophe avec sa référence aux saumons est très parlante. Tout comme la seconde avec le cimetière et le lierre.
L'envoi résume l'ensemble.

   papipoete   
4/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Curwwod
je ne peux m'empécher de fredonner le succès de Mylène Farmer, en lisant ces lignes qui s'écoulent tellement limpides, au gré de ces jolis octosyllabes.
une douce mélancolie emplit ce poème, qu'un soir d'Automne saison
d'Automne au coeur, put inspirer à notre auteur.
NB quelle fluidité dans ces lignes, où même la tristesse du final semble caresse délicate, sur le cours de la vie qui passe.
la première strophe pourtant, avec l'image du saumon qui remonte là, où il naquit pour donner la vie et mourir, est mon passage préféré.
techniquement ( les pros le diront ) je pense que le Classique vous échappe, à cause des " pluriel et singulier " au milieu d'une même strophe ?
mais c'est tellement Magnifique, déjà comme cela...

   Dameer   
4/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Hello Curwwod,

Prière ultime d’un mourant qui tente une dernière fois de remonter aux origines, à la source de cette rivière qu’ est la vie, qui tente de retrouver un visage aimé, s’accroche aux grains de sable et de poussière et demande l’aide de ses amis.

Avec ce refrain "au soir d’un jour désenchanté", comme si déjà le mourant savait que l’espoir d’un retour était vain.

C’est magnifique ! J’ai rarement lu une poésie aussi poignante et vraie.

   jfmoods   
5/11/2024
Irriguant les trois premières strophes, le mode infinitif (vers 1 : "Remonter", vers 5 : "Retrouver", vers 9 : "Donner", vers 13 : "M'enraciner", vers 17 : "Susciter", vers 19 : "Retenir"), met en exergue le désir profond du poète. Avant l'échéance inévitable, face à cette finitude qui le ronge et ronge le texte (vers 3-4 : "Comme les grands poissons mourant/Aux rives froides des gravières", vers 12 : "la grille des cimetières", vers 18 : "en refermant la paupière", vers 25 : "ma bière", anaphore qui clôt chaque strophe : "Au soir d'un jour désenchanté"), il fait le vœu de rappeler à lui les éléments les plus éblouissants de l'enfance (vers 1 et 2 : "à contre-courant/Jusqu'à la source des rivières", vers 5 à 8 : "l'onde première,/Sous son chatoiement argenté,/Les jeux d'ombres et de lumière", vers 13-14 : "comme le lierre/Aux lieux où je fus enfanté") et de l'âge adulte (vers 20 à 23 : "Des grains de sable et de poussière,/Par une grâce singulière,/La touffeur d'une nuit d'été,/L'essence d'une vie entière").

Dans le quatrain, il charge ses proches (mode impératif du vers 25 : "Amis, daignez") de gérer l'après, d'entretenir son souvenir, de conserver la mémoire de ce qui le constitua dans sa singularité (vers 25-26 : "fleurir ma bière/De tout ce qui me fut ôté").

Merci pour ce partage !

   Yannblev   
6/11/2024
Bonjour Curwood,

C’est je crois Destouches qui disait à peu près : « la mort ! voilà bien la seule chose qui tracasse vraiment les vivants »… c’est pas faux. Il est courant que ça tracasse notoirement les artistes et les inspire, parmi eux premièrement les poètes.
Vos vers ne dérogent pas, leur qualité permettent un partage immédiat des sentiments, sensations, émotions. Avec eux on est aussi désenchanté que vous. On remarque aussi qu’avec des mots simples et des expressions sans emphase ce poème n’oublie rien d’essentiel.

Merci du moment un tantinet mélancolique.

   Provencao   
11/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Curwood,


Un texte touchant de par ce désenchantement très appuyé et fort.vos mots sont porteurs et posent question à nous tous.

Votre vocabulaire est bien choisi.
J'aime beaucoup, même si le choix est dur, lourd mais si vrai, réel et si fort.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Curwwod   
12/11/2024

   ANIMAL   
14/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Texte de toute beauté dont le rythme lancinant vous emporte de vers en vers jusqu’au final. Les images sont superbes, il y a une grande force qui se dégage de l’ensemble.

Mes passages préférés sont :

"Remonter à contre-courant
Jusqu'à la source des rivières
Comme les grands poissons mourant
Aux rives froides des gravières, "

« Donner au verbe indifférent
La force pure des prières
Que l'amour accroche en pleurant
À la grille des cimetières »

"Retenir, dans son poing serrant
Des grains de sable et de poussière,"

Mais j’aime tout sans réserve. Bravo.


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