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Poésie néo-classique
Curwwod : Les oies marchent au pas
 Publié le 17/04/17  -  17 commentaires  -  1081 caractères  -  356 lectures    Autres textes du même auteur

Ça ne plaira pas à tout le monde, mais c'est fait pour ça…


Les oies marchent au pas



Regardez-les passer, cacardantes volailles,
Le bec vociférant au bout des cous tendus,
Jabotants zélateurs d'improbables batailles,
De combats périmés qu'on affirmait perdus.

À petits pas, serrés comme leur cul morose,
Leur éthique en sautoir, voyez-les qui défilent :
Certains auront reçu, dévote apothéose,
Le Seigneur de la main d'un prêtre pédophile.

Érigeant leur morale et les mœurs puritaines
En bannière éculée, ils confisquent l'amour :
Sous les crânes tondus le mépris et la haine
Se mêlent au crédo montant des basses-cours.

Faudra-t-il donc toujours, à la face du monde
Mentir, dissimuler, avoir honte de soi,
Renier pour complaire à la bête qui gronde
Tout ce que la nature a choisi que l'on soit ?

Qu'ils passent, tout confits en mines hypocrites !
Dieu* saura discerner où est la juste cause
Et voudra les juger au prix de leurs mérites
En couronnant le ciel d'un grand triangle rose.



* À défaut d'un autre deus ex machina.


 
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   papipoete   
21/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien
néo-classique
Cela ne plaira pas à tout le monde ... assurément ! Les oies blanches ne pourraient quand-même pas dire du mal de leur curé ; celui qui de sa sainte main donne la communion au gentil, au méchant et aux oies blanches qu'il a peut-être " honorées ", levant sa soutane ?
NB cela ne plaira pas à tout le monde, car ce sujet " oh, comme elles disent " suscite des remarques malheureuses, du genre ( elle l'a bien cherché, t'as vu comme elle s'habillait ? ) ceci est mon interprétation de votre texte .
Le dernier vers est vibrant .
au 15e vers, je compte 11 pieds
papioète

   archibald   
31/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Je n'aime pas l'exergue, que je trouve un peu "adolescente". On n'écrit pas pour déplaire, on écrit pour plaire à soi-même, en espérant plaire à d'autres, quitte à déplaire.
Je n'aime pas non plus le "prêtre pédophile", cliché à la mode, notamment chez bon nombre d'"humoristes".
Je n'aime pas encore l'astérisque explicative. Il faut assumer les mots que l'on choisit sans avoir besoin de commenter son propre texte.
Mais j'aime bien l'énergie de ce poème, et notamment le dernier vers, un brin arrogant.
Sinon, je partage la cause. Toutes ces momies réactionnaires m'ont fait vomir et je me suis senti solidaire. "Homosexuel croyant mais pas pratiquant", comme disait W. Allen

   hersen   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà un poème qui n'y va pas par quatre chemins empruntés à petits pas de bigotes.

Sous votre plume, les choses sont dites franco et du début à la fin, l'essentiel est dit de cette hypocrisie, sous tous ses aspects. Les ouailles transformées en oies complices.

J'ai seulement une réserve pour le mot Dieu avec astérisque nous renvoyant à deus ex machina. j'aurais trouvé plus percutante l'utilisation de cette expression dans le poème, par le fait qu'elle allie le mot dieu, et machine, pour un résultat miraculeux de pardon, avec l'idée sous-jacente de machination. C'est mon gros regret.

Un grand merci Curwood.

hersen

   Anonyme   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Comme il est dit plus haut dans un autre commentaire je trouve dommage de nommer plutôt que de suggérer ( prêtre pédophile )
Vous devriez faire confiance à l'intelligence du lecteur et à son discernement.
Un regret sur le dernier vers qui confond l'homosexualité ( le triangle rose désignait les homosexuels dans les camps de concentration nazis n'est-ce pas ? ) avec la pédophilie.
Je suis d'ailleurs assez mal à l'aise avec ce grand triangle rose couronnant le ciel lorsque l'on connaît l'origine de ce symbole.
Je pense que ce poème pourrait être avantageusement retravaillé pour éviter toute confusion chez le lecteur.

   Vincendix   
17/4/2017
Bonjour Curwwod,
Le titre me faisait penser à tout autre chose avec le « pas de l’oie » de sinistre mémoire que certaines « sectes » voudraient imposer en France.
Votre texte dénonce une triste réalité qui touche de nombreux milieux et pas seulement les « églises », mais aussi l’éducation nationale, les clubs sportifs et autres… La pédophilie n’est pas un fléau spécifique à une catégorie mais bien à des individus. En dehors de quelques personnes dépravées, la grande majorité accomplit sa mission avec dévouement et humanité, qu’elle soit religieuse, éducative, sportive ou sociale, on a tendance à l’oublier.
Je m’abstiens de noter, je salue tout de même la qualité de l’écriture.
Vincendix

   leni   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'hostie est sous la soutane Et la soutane habille le pédophile qui
est un curé déguisé

À petits pas, serrés comme leur cul morose,
Leur éthique en sautoir, voyez-les qui défilent :
Certains auront reçu, dévote apothéose,
Le Seigneur de la main d'un prêtre pédophile.

il fallait le dire... comme leur cul morose!!!!!

Ras le bol de l'hypocrisie Le poète se
fâche

Et Dieu tiendra son rôle:EN couronnant le ciel

Quel texte c'est du rhum agricole 60 degrés
Avec un peu de lait de coco ça passe

Merci Salut AMI LENI

   Lariviere   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

C'est un texte qui m'a interpellé en Espace Lecture. J'ai apprécié sur le fond ce propos sur la tolérance, sur la liberté sexuelle et sur l'homosexualité. On pouvait penser qu'en 2017, ce type de combat ne serait plus nécessaire, malheureusement, il y a encore des fanatiques qui pensent là encore détenir la vérité sur les moeurs et qui veulent imposer leur façon de voir et de penser à l'ensemble de la société. Le titre annonce les dangers de toute pensée totalitaire et rappelle que tous les gouvernements fascistes passés (ou présent) avaient en haine et en aversion les homosexuels.

Sur la forme, je ne parlerais pas de la prosodie car je ne suis pas apte. Le texte est suffisamment musical et agréable à lire. Les images sont bien choisies et fonctionnent pour créer l'atmosphère ironique voulu par l'auteur.

Les premières strophes m'ont renvoyé aux "bigotes" de Brel et la comparaison n'est pas honteuse, même si ici les ouailles ne sont pas des vieilles filles décrépites mais de la volaille générale qui m'a fait penser au public improbable des célèbrissimes "manifs pour tous".

Les trois dernières strophes sont aussi bien conçus. J'ai apprécié le fond du propos et la réflexion sous-jacente.

Le vers de fin est ce que j'appelle une magnifique trouvaille littéraire... (parallèle triangle divin-triangle rose des camps de la mort= rappel du titre/danger du fascisme... Registre : sarcastique ou auto-dérisoire (pour l'insert de Dieu avec astérisque). Le triangle rose désignant les homosexuels existaient réellement mais le triangle divin lui, n'existe pas... vous pouvez regarder dans le ciel, il n'y est pas, c'est une parabole.)

Je félicite l'auteur pour ce partage et lui souhaite une bonne continuation.

   Anonyme   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Curwwod,

Nul doute qu’en écrivant ce poème vous aviez en mémoire les magnifiques Oiseaux de passage de Jean Richepin, où il parle des gueux face au mépris des bourgeois.
Je ne suis d’ordinaire pas très friand de textes engagés en poésie, tout au moins lorsqu’il s’agit d’attaques frontales, du coup souvent prosaïques, même si je les cautionne. Je dis bravo à votre anti-manif pour tous et à l’ironie de tous ces sacrements bénis par des prêtres dévoyés. Je n’argumenterai pas plus, tellement le sujet me donne envie de vomir.

Pour autant, je n’aurais pas employé par exemple l’expression « prêtre pédophile » qui résonne comme un truisme, mais a tendance à focaliser l’attention du lecteur, là où vous semblez plutôt vouloir dénoncer l’homophobie. Sans vouloir débattre non plus de ce triangle rose, dont la marque nazie du passé est portée aujourd’hui comme un symbole identitaire, je crois qu’une société se porte mieux lorsqu’elle n’a besoin d’aucun symbole pour désigner qui que ce soit. Là encore, Dieu ferait mieux de ne pas intervenir.

Ce texte militant n’a pour moi rien de poétique. On y sent pourtant la mise en forme appliquée d’une rage contenue. L’alexandrin reste le meilleur choix pour développer une idée. Je m’étonne par contre, que vous, cher Curwwod, chantre des chaînes brisées par le néo-classique, ayez succombé à cette diérèse hors du temps : « Re/ni/er » du vers 15.

Ludi
poing levé

   Arielle   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La diatribe, avec une belle énergie, se déploie ponctuée de mots justes et forts contre les empêcheurs d'aimer en rond. J'ai beaucoup apprécié certaines expressions comme ces "jabotants zélateurs" qui" confisquent l'amour" avec "leur éthique en sautoir"
Dommage que ce pas de l'oie du titre ait égaré ma première lecture.
Dommage aussi pour ce "Dieu saura discerner ..." qui fait écho à ce "Tuez les tous, dieu reconnaîtra les siens" de sinistre mémoire ainsi que pour l'allusion finale aux camps de la mort. J'aurais, je crois, préféré terminer ma lecture avec le quatrain précédent dont les deux derniers vers ont une ampleur qui s'élève bien au dessus des culs moroses de quelques grenouilles de bénitiers

   Bidis   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Voilà qui est très bien dit, quoique je pense que le « problème » est un peu plus complexe que cela. La vie est dangereuse, il est naturel que l’on en ait peur et que l’on se regroupe en hiérarchies sous l’égide de telle ou telle croyance. Celui qui revendique sa liberté en général et sa liberté sexuelle en particulier traverse l’existence sur un fil par-dessus le vide. Ce n’est pas donné à tout le monde… C’est pourquoi le troupeau qui marche au pas attend que ce funambule se casse la figure pour se rassurer : « Moi, je suis dans les rangs ». Et donc se délecter de sa propre situation, bien en sécurité parmi les autres « normaux » (pas toujours si normaux que ça, mais du moment que ça ne se voit pas...). Et si l’impudent imprudent ne se casse pas la figure, l’envie née de toutes les contraintes qu’il a bien fallu accepter, explose. Parce qu’être dans les rangs, ce n’est pas toujours drôle du tout, du tout, du tout…
Je trouve donc ce poème un peu trop manichéen – ne tenant pas compte que la souffrance est un peu partout. Et je ne crois pas que l’on est puni par un dieu quelconque. Je crois que s’il y a un au-delà, on y voit soudain beaucoup plus clair et que l’on se punit soi-même par le regret que l’on a de ce que l’on a été sur terre.

Mais quelle belle écriture ! J'évalue à l'aulne du plaisir que j'ai eu à la lire.

   Pouet   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bjr,

On pourra pour le moins dire que ce texte tient du "Sens Commun"
hein...

J'apprécie particulièrement les textes qui véhiculent une idée, qui en ce sens "s'engagent". Que je sois d'accord avec le propos ou non n'est pas forcément l'important sauf si, bien évidemment, cela va trop loin dans ce que je considère comme stupide ou nauséeux.

Là il se trouve que je partage les opinions exposées ici. Même si on a tendance à rabâcher les histoires de prêtres pédophiles cela n'en demeure pas moins une triste réalité. On sait qu'on hésite pas à changer de pays les prêtres fautifs en balayant la poussière sous le tapis. Quant aux silences complices de l’archevêque de Lyon pour ne citer que lui...

Le forme me plaît beaucoup aussi, c'est enlevé, sans langue de bois, bien tourné.

Franchement un très bon texte, bravo à vous.

Rien à redire.

   Anonyme   
17/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte corrosif, une écriture soignée aux images qui ne sont pas là pour meubler.

" Faudra-t-il donc toujours, à la face du monde
Mentir, dissimuler, avoir honte de soi,
Renier pour complaire à la bête qui gronde
Tout ce que la nature a choisi que l'on soit ?" pou ma part, ce quatrain résume bien le fond de ce texte.

Comme certains, je n'apprécie pas trop le dernier vers.

   Anonyme   
25/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Curwwod... Au vu du titre je m'attendais à un tout autre thème... J'aurais, dans le cas présent, bien vu quelques reinettes de bénitier remplaçaient ces volatiles de basse-cour.
Un coup de gueule très bien écrit sur lequel je ne m'étendrai pas mais je pense que le dernier quatrain est de trop tant ces deux vers me semblaient une meilleure chute :
Renier pour complaire à la bête qui gronde
Tout ce que la nature a choisi que l'on soit ?

Au plaisir...

   Michel64   
18/4/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le dernier quatrain me paraît de trop (d'accord avec Alexandre), mais j'adore vos vers impeccables, comme toujours.
Même si je pense que la poésie devrait traiter de ses sujets de manière moins frontale, moins prosaïque, plus métaphorique, je reconnais que dire les choses sans détours, donne aussi la force de la colère.

"Regardez-les passer, cacardantes volailles,
Le bec vociférant au bout des cous tendus,
Jabotants zélateurs d'improbables batailles,
De combats périmés qu'on affirmait perdus. "

Au plaisir de vous relire

   BeL13ver   
18/4/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Sur la forme, rien à redire, l'ouvrage est bon. En revanche, la forme du pamphlet est difficile à manier, et ne met que rarement tout le monde d'accord.
Je suis loin d'avoir les mêmes ressentis sur les affaires qui ont secoué l’Église. Mais, même si je n'apprécie pas les idées véhiculées par ces quatrains, je pense qu'ils méritent des égards, parce que la qualité technique des vers est incontestable.

   jfmoods   
18/4/2017
Ce poème en alexandrins est composé de cinq quatrains à rimes croisées, suffisantes et riches, majoritairement féminines.

La tonalité polémique du propos, préparée par l'entête ("Ça ne plaira pas à tout le monde, mais c'est fait pour ça…"), est portée par une mise à distance impliquant la complicité tacite du lecteur (impératif : "Regardez-les passer", "voyez-les qui défilent"). Un jeu d'assimilation est à l’œuvre, le groupe d'individus concerné étant comparé à un troupeau, bruyant, sans cervelle, de gallinacés (titre mimant une armée docile en mouvement : "Les oies marchent au pas", métaphore dévalorisante : "cacardantes volailles", métonymies dépréciatives : "Le bec vociférant", "cous tendus", "leur cul morose", image du slogan usé jusqu'à la corde : "credo montant des basses-cours"). Cultivant le prosélytisme ("zélateurs", "Leur éthique en sautoir", "Érigeant leur morale et les mœurs puritaines"), défenseurs d'une idéologie rétrograde (groupes nominaux : "improbables batailles", "combats périmés", "bannière éculée") mais toujours bien vivace (subordonnée relative avec verbe d'énonciation : "qu'on affirmait perdus"), d'une religion catholique empêtrée dans ses contradictions morales (paradoxe : "Certains auront reçu, dévote apothéose, / Le Seigneur de la main d'un prêtre pédophile"), ils ne savent que rejeter violemment ce qu'il ne peuvent, ne veulent pas comprendre ("ils confisquent l'amour", "Sous les crânes tondus, le mépris et la haine"). La question fermée qui traverse la quatrième strophe - question qui n'attend du lecteur qu'une réponse négative - manifeste toute la colère du locuteur. La gradation du vers 14, construite en rythme ternaire sur une cadence croissante ("Mentir, dissimuler, avoir honte de soi") ainsi que la diérèse du vers 15 ("Renier") appuient sur le sentiment d'indignation éprouvé. La "bête qui gronde" rappelle la bête immonde, image nauséabonde de la dictature la plus abjecte. Le recours à l'exhortation ("Qu'ils passent") se présente comme un écho de fermeture à l'impératif de l'entame ("Regardez-les passer"), une construction paradoxale ("tous confits en mines hypocrites") suggérant la duplicité d'un discours rassis. L'appel à une instance mystique supérieure (verbes "discerner" et "juger") n'est qu'un prétexte, pour le poète, à imposer une chute pour le moins provocatrice avalisant le triomphe final de l'homosexualité ("couronnant le ciel d'un grand triangle rose").

Merci pour ce partage !

   Curwwod   
25/4/2017


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