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Poésie néo-classique
Curwwod : Rêve de chat
 Publié le 10/05/16  -  21 commentaires  -  820 caractères  -  538 lectures    Autres textes du même auteur

On a toujours l'impression qu'il saisit des choses que nous, pauvres humains, ne savons pas voir.


Rêve de chat



Le chat, de la croisée, observe l'épiderme
Des toits de grise ardoise au moutonnement doux,
Qui ondulent là-bas, venant on ne sait d'où,
Placide procession de puissants pachydermes.

Il sait l'immensité des espaces sans terme,
La savane brûlante et les troupeaux de gnous ;
Il connaît au point d'eau, tombée à deux genoux,
De la proie affolée, le regard qui se ferme.

Il est la mort rôdant sous les vieux tamarins,
Le grand sphinx implacable aux poses minérales,
Qui règne sans partage aux chasses vespérales
Et promulgue la loi de sa griffe d'airain.

Puis lassé du maintien d'impassible vigile,
Abandonnant son port de monarque oriental,
Il ferme sur le soir ses beaux yeux de métal
Et se rêve un destin de grand fauve fragile.


 
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   MissNeko   
29/4/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Pas facile d'écrire sur le chat, cet animal fascinant qui a inspiré tant d'écrivains, de poètes.
J'ai trouvé très intéressant de parler de lui au travers de son propre regard.
C'est vrai, au fond que voit le chat? Quand on connait ce félin, on remarque vite ses yeux perçants, souvent fixés dans le vague ou vers une proie que l'on ne perçoit pas.
l'exposé d'un chat qui imagine des scènes est original : les ardoises grises des toitures deviennent des éléphants, le félix se rêve grand prédateur tel un lion affamé.
Il demeure toujours une étincelle "sauvage" dans nos bons gros matous d'intérieur et c'est ce que l'auteur a voulu nous décrire avec succès.
les alexandrins s'enchainent agréablement et nous font voyager dans une gradation de lieux d'une simple fenêtre donnant sur les toits, aux pyramides d’Égypte en passant par la savane.
les vers sont soignés et les rimes riches agréables à la lecture.
un penchant pour certains vers :
-"Le chat, de la croisée, observe l'épiderme
Des toits de grise ardoise au moutonnement doux," la personnification de la toiture est pertinente eu égard au penchant prédateur du matou. Tout devient une proie pour le chat !
-"Le grand sphinx implacable aux poses minérales,
Qui règne sans partage aux chasses vespérales
Et promulgue la loi de sa griffe d'airain." quelle belle image pour décrire le chat !
je trouve très intéressant la pluralités des aspects du chat qui est présentée en l'espèce : le placide matou derrière sa fenêtre où tout à ses yeux devient proie, le chat, implacable prédateur, qui sait parfaitement où chasser les proies fragiles, le chat-divinité égyptienne qui fait rêver les Hommes, le chat-monarque qui règne en maitre chez lui (et oui on habite chez notre chat !). Clore le poème par le chat qui s'endort, c'est bien connaitre l'animal et sa passion pour le sommeil!
Quand l'auteur parle de ses yeux, je n'ai pu m'empêcher de penser à Baudelaire :
"Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate. "
très beau poème, bien construit. Merci.

   papipoete   
1/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
néo-classique
Le matou ne voit pas, il imagine . De son poste d'affut, à la fenêtre, il compte les éléphants qui passent ( les toits d'ardoise grise ), et épie ses proies se hasardant au point d''eau ( les moineaux dans le chéneau ) .
Il règne en tueur des vasistas, sur ce monde extérieur, mais que c'est fatiguant, pour un chat d'appartement !
Bientôt, il se laisse choir sur un coussin, continue de chasser, mais il dort à présent ...
Le chat " des champs " est un peu plus vrai fauve de la nature, mais il rejoint son cousin citadin, pour l'activité principale, dormir ...
NB un hiatus et des singulier/pluriel, classent naturellement ce texte en néo-classique
papipoète

   Anonyme   
1/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce poème reprend une réflexion que je me suis souvent faite, que le chat se voit grand fauve dans la savane quand il fait son cinéma de chasseur de libellule dans son bout de jardin... Ici, c'est un peu différent, il est dans le pur fantasme en restant calfeutré du côté chaud de la fenêtre.

Le thème me plaît bien, donc, et j'aime beaucoup les "yeux de métal" du minou, ainsi que le dernier vers avec le "grand fauve fragile" (que j'aurais vu plutôt "gracile", mais peut-être avez-vous souhaité une rime riche), mais je trouve le ton général un peu trop solennel pour une rêverie. La transition entre les toits urbains et la savane est habilement amenée à mon avis par le quatrième vers, et j'aime là aussi beaucoup cette ironie douce, cette taquinerie (sans compter que bravo pour la rime "épiderme"/"pachydermes" !), mais j'aurais bien aimé la voir se prolonger.

Or, les deuxième et troisième quatrain sont à mon sens trop sérieux, avec ce chat qui "sait" l'immensité des espaces sans terme, formule lourde car redondante à mon avis ; je pense que le vers eût été bien mieux dans le ton avec un verbe rappelant l'irréalité de la rêverie et le reste évitant la redondance "immensité" et "sans terme".

Je suis donc un peu partagée entre ce qu'aurait pu, selon moi, être ce poème, une fantaisie très agréable, taquine et cruelle comme un chat qui tourmente une souris captive, et ce qu'il m'évoque, quelque chose de trop pesant pour le sujet. Mais ce sujet et quelques fulgurances l'emportent pour me faire apprécier ces vers.

   Robot   
10/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce chat me semble avoir des rêves ambitieux. J'ai trouvé ce texte plutôt amusant.
Pourquoi un chat ne se rêverait-il pas seigneur de la jungle après tout.
Et puis c'est bien écrit ce qui ne gâche rien.
Reste que même dans ses rêves, il reste un prédateur. J'ai un faible pour les chats avec un caractère prononcé, je n'aime pas trop les chats carpettes. Alors si ce chat d'appartement quitte son habit de peluche pour se rêver grand fauve même fragile, il me plaît.
L'image des toits gris assimilés aux pachydermes est intéressante.

   Anonyme   
10/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Quelque peu anthropomorphique ce rêve de chat mais qui sied bien à la personnalité de ces êtres étonnants et toujours mystérieux.

Une petite préférence pour le dernier quatrain.

   Pimpette   
10/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Cur pardonne moi!

Il y a de si bonnes choses dans ce popo que tu pouvais et peux encore concocter un texte LIBRE d'un cru exceptionnel...

Mais voilà...tu veux des rimes?

remarque c'est marrant:
Gnou et genoux me font marrer
pas toi?

Tu es quand même bien doué et je suis une vieille gamine acâriatre
:-)))

   leni   
10/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
c'est un bel écrit mais l'imagination de l'homme devient celle du chat
en fait on ne peut pas le reprocher au poète qui parfois donne parfois la parole aux arbres L'ensemble représente une belle unité

Puis lassé du maintien d'impassible vigile,
Abandonnant son port de monarque oriental,
Il ferme sur le soir ses beaux yeux de métal
Et se rêve un destin de grand fauve fragile.

Ces quatre vers finaux ont ma préférence
Merci et Salut cordial LENI

   Vincendix   
10/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Chat alors !
Allez savoir ce que pense le chat regardant le décor à travers une vitre, peut-être qu’il serait plus heureux dehors, à chasser la souris ou l’oiseau ? Ou, au contraire, il se trouve bien, à l’abri, nourri, logé, choyé.
Dans tous les cas, il est loin d’imaginer qu’il existe des troupeaux de gnous dans la savane, il n’y a que le poète pour lui prêter de telles pensées.
Un texte plaisant évoquant un animal domestique (et non domestiqué) énigmatique, certains faits le concernant sont inexplicables.
J’aime particulièrement le premier et le dernier quatrain.

   Miguel   
10/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Des vers d'une plastique impeccable (le néo n'y enlève rien) une atmosphère qui rappelle celles des "Poèmes barbares". Un texte très réussi à mon sens.

   pieralun   
10/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bravo !!
Un très beau texte qui monte en puissance du premier au dernier quatrain.
Les huit derniers vers sont magnifiques, poétique en diable pour le 9, le 13 et l'évocation géniale du dernier vers qui nous ramène de la rêverie aux toits de la croisée. La boucle est bouclée.
Un sujet qui sort de l'ordinaire et des plaintes sans fin de la plupart des textes

   jfmoods   
11/5/2016
Le poème se compose de quatre quatrains en alexandrins, à rimes embrassées, riches ou suffisantes, réparties égalitairement entre masculines et féminines.

Comme je pars toujours de l'idée que la ponctuation correspond à la lecture à haute voix, je ne comprends pas les virgules à la fin des vers 2 et 10, là où j'aurais attendu des enjambements. Je suis tout aussi surpris par la virgule à l'hémistiche du vers 8. Il m'apparaît syntaxiquement problématique de séparer par une virgule un complément du nom antéposé du nom commun dont il dépend.

J'aime beaucoup l'idée qu'un chat domestique puisse rassembler en lui l'instinct de l'ensemble de la gente féline (groupes verbaux : "Il sait", "Il connaît", "Il est"). L'ambiance de ce poème me fait penser à l'univers de Borges...

-> http://passionchats.free.fr/borges.htm

Par l'éloignement de la perspective (compléments de lieu : "là-bas", "on ne sait d'où"), l'animalisation (métaphore : "l'épiderme des toits") et l'effet de grossissement ("moutonnement doux" / "puissants pachydermes") font basculer le cadre apaisé de la description vers une tonalité fantastique. Dès lors, le lecteur se voit immergé dans le spectacle en technicolor de la prédation, de la royauté du règne animal (groupe nominal : "la proie affolée", allégorie : "la mort rôdant sous les grands tamarins", symbole : "le grand sphinx", adjectif qualificatif : "implacable", complément de manière : "sans partage", groupes nominaux : "la savane brûlante", "chasses vespérales", verbe : "promulgue", métonymie : "sa griffe d'airain"). Cependant, tous les films ont leur clap de fin. Notre chat n'est, après tout, qu'un félin domestique, qu'un matou calme et sédentaire (périphrase à visée humoristique : "grand fauve fragile"). Le poète lui fait donc malicieusement quitter sa pose provisoire et épuisante de souverain (participe passé : "lassé", participe présent : "abandonnant") pour le laisser se perdre dans le confort douillet du sommeil (métaphore : "Il ferme sur le soir ses beaux yeux de métal", verbe pronominal : "se rêve").

Merci pour ce partage !

   Anonyme   
11/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Un poème de plus sur le matou qui ne manque pas de littérature.
Mais ce qui me plait dans ce texte est sa force d'images
qui n'est pas sans rappelé les poèmes exotiques
d'un Leconte de Lisle.
Surtout à partir du deuxième quatrain.
Même si je pense préférer une prosodie classique et ce manque
nuit au texte par endroit ( procession, oriental, surtout ce dernier mot) le poème reste de bonne valeur.

   Ramana   
11/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai une chatte ; elle est très con, mais je l'aime bien ! Elle miaule quand elle veut manger, et quand elle n'a plus faim, elle dort toute la journée à côté du poêle, sauf quand elle est en chaleur... Du coup, on a pas souvent l'occasion de l'observer en sphinx implacable. Mais bon, ça fait une présence calmante dans la maison, et c'est agréable de la caresser quand on ne sait pas quoi faire de ses mains.
Maintenant, je dis qu'elle est très con par rapport à notre façon humaine de penser, bien sûr. Et d'ailleurs elle ne lit pas Kant comme le chien des Bidochons. Mais elle a sûrement accès à des univers que nous ne connaissons pas et dans lesquels nous serions perdus, nous humains.

   Arielle   
11/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une invitation au voyage dans les yeux de ce chat qui nous régale d'images exotiques que son âme de poète laisse flotter derrière la vitre.
J'ai été conquise par cette ardoisée de dos d'éléphants dont le pas résonne dans les allitérations du quatrième vers :
"Placide procession de puissants pachydermes."
J'ai suivi la chasse du grand sphinx accroupi dans les hautes herbes du marigot pour le retrouver, idole de bronze aux yeux de métal, comme un bibelot fragile au coin de la fenêtre ...
Une approche originale et expressive d'un sujet si souvent galvaudé. La difficulté de présenter sous un jour nouveau notre minet bien-aimé ajoute un + à mon enthousiasme même si la construction des vers 7 et 8 ma paraît un peu artificielle.

   Curwwod   
11/5/2016

   Charivari   
11/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Salut. Très bon ce texte, effectivement on a Leconte de lisle ou Baudelaire en mémoire, pour ce qui est du thème... Avec ce chat, on rêvasse sur les toits de la ville, avec un rythme alexandrin nonchalant qui va très bien pour le propos... "placide", un poil taciturne avec ces toits gris, un peu de nostalgie, les termes sont bien choisis, on le sent, il vit, ce chat sur le toit, qui rêve du temps lointain où il était lion ou sphynx. J'ai bien aimé, à la fin, les yeux de métal, et le presqu'oxymore final "grand fauve fragile". Le texte retombe bien sur ses pattes, comme le chat. On en ronronnerait presque de plaisir.

   Alcirion   
12/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a décidément quelque chose que j'aime dans cette forme, cette composition, ce style. Les vers coulent parfaitement, il y a un savoir-faire assez bluffant et cerise sur le gâteau, il y a toujours un fond intéressant. Les tamarins de la troisième strophe ne peuvent être là par hasard, tant le mot est rare : allusion à "A une malabraise" ?

   Pouet   
13/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

J'ai bien aimé ce poème sur les chats.

Je n'y retrouve pas tous les poncifs habituels qu'engendrent souvent ce thème et j'ai trouvé cela bien mené.

De jolies tournures, les deux premiers vers par exemple ouvrent très bien ce poème.

Donc oui je suis assez convaincu par ce félin domestique qui se prend pour le roi de la savane.

   Anonyme   
13/5/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Je me suis assez bien projeté dans l'esprit de ce chat qui rêve de ceci et de cela. Le mystère inhérent à cet animal est bien évoqué et l'atmosphère plutôt juste.

Wall-E

   Lydiejob   
26/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien ce que vous avez fait avec ce texte : vous passez en revue les différents "états" du chat : chasseur, cousin du tigre puis statue puis chat domestique fainéantant à ses heures.
Bravo.

   Solstitium   
26/7/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir Curwwod,

Quelle beauté que de dire les toits chanter une placide procession des puissants pachydermes!

Le deuxième quatrain énonce au chat la connaissance de la mort, quoi de plus vrai et j'aime à y songer.

Vous décrivez dans le troisième quatrain le chasseur or paire qu'il est depuis des siècles, là encore vous me faite voyager et puis vous nous reprenez que depuis sa vénération, il est devenu du destin plus fragile.

Merci pour ce voyage!

Solsticium


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