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Dimou
14/2/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour,
La Poétesse/le Poète, avec une majuscule, a su, pour moi, retranscrire à l'écrit ce que l'aquarelle pourrait être si on devait l'écrire. Ce poème, à dessein très bien mis en page, nous transporte dans une sorte de ballotement coloré, où la matière littéraire fait corps avec l'idée, où les mots "délient leurs reflets" d'une manière qui me laisse sans souffle, ils semblent s'atténuer, s'échapper à la lecture, puis se renforcer immédiatement dés lors qu'ils frappent l'esprit, cette sensation est très étrange. Je mets ma main à couper que l'artiste derrière tout ça est un/une peintre. Ce texte a été écrit avec un pinceau et non une plume je vois pas d'autre solution. Un poème au déséquilibre parfaitement équilibré. Une tuerie. Du libre qui flirte avec la prose et le cubisme. Curieux pour de l'aquarelle. C'est maîtrisé. chapeau. Dimou en EL |
papipoete
3/3/2025
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bonjour Cyrille
Et voici que notre poète renoue avec sa Façon, très particulière qui me rendait muet, ne sachant que dire sous ses lignes. je disais alors " c'en est ! " NB vous nous avez montré, que tout style d'écriture pouvait s'étaler sous nos yeux ; du vers libre, en passant par le fier dodécasyllabe rimé. Donc, aujourd'hui comme je ne sais quoi songer de cette Aquarelle, mais dont certains se réjouiront, je ne laisse que du blanc à la place de mon appréciation. |
Zeste
3/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Texte à l'abord énigmatique; ce peut être pour souligner l'ambiguïté de l'être dans une sorte de perméabilité de l'imposante masse humaine de par sa durabilité par opposition à la fugacité soulignée dans le mouvement et l'escamotage soudain dans une forme d'immobilité, le plus souvent dans sa trace transcrite.
L'aquarelle, la solitude du sniper ou la transgression de l'interdit en réaction à la souffrance originelle. |
Myndie
3/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyrill,
Je rejoins le commentaire très éclairé de Dimou pour te dire que tu nous offres une belle oeuvre de peintre ; ton poème est riche de ce que peut nous apporter une aquarelle. L'habile construction du texte et surtout le jeu sur les sonorités nous invitent à imaginer le va et vient du pinceau sur le papier, jouant avec les couleurs, les reliefs, l'ombre et la lumière . Sont-ce les images tracées par les poètes qui inspirent les peintres ou la peinture qui suscite l'émotion poétique ? Je pense que les deux arts, si différents et si proches sont convertibles à l'envi. En tout cas, je ressens ici ce mouvement, cette palpitation intérieure, tout à fait identiques à ce que je peux ressentir devant un tableau qui me touche. Franchement, j'aime beaucoup. Bravo et merci pour cette poésie virevoltante et pleine d'une vibrante sensibilité artistique. |
Provencao
4/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyrill,
Très touchée et impressionnée par votre Aquarelle ( je suis très sensible à cette approche créative) Belle essence du pictural en vos vers, sublime appréhension de l'absolu riche en objectivité, inspiré par votre écrit qui laisse une part entière à votre création personnelle. "sniper irrésolu dont le pinceau m’élude alors velléitaire libellant l’inutile à quoi le réel relie l’aquarelle" Belle façon de rendre présente l'ambiance créative et peut-être imaginaire de l'Aquarelle. Au plaisir de vous lire Cordialement |
solinga
5/3/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Cubiste et spéculaire, chantant et plastique.
Merci pour tous ces chatoiements évocateurs, et le superbe point d'orgue en sortie de poème ! |
Louis
10/3/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Le poème ouvre un double espace : un espace du regard, et un espace de parole dans deux dimensions, l’une phonique et l’autre littérale.
L’ espace visible sera un espace optique-dynamique, en un processus génétique par lequel s’effectue une œuvre picturale du genre de l’aquarelle. Le poème ouvre pourtant sur un déjà-là, déjà présent, déjà effectué, que le réel impose, semble-t-il, à l’aquarelliste, et désigné par le terme latin : « vulgus ». Une foule, une multitude de « mortels » s’offre au regard, et se présente « sur le qui-vive ». Toute une "masse" humaine se trouve donc représentée sans causes apparentes, en alerte, apeurée, en danger. Sur le « qui-vive », elle se trouve à la fois engagée à vivre sous nos yeux, et inquiète, en alarme, disposée aussi sans doute à fuir et disparaître à notre vue. Cette foule déjà-là, antérieure au processus génétique propre au poème, se donne dans une apparence fragile, dans une évanescence, prête à s’évanouir, par le procédé même intrinsèque à sa représentation sur papier. D’autre part, la multitude n’apparaît pas figée, statique, immobile. Un mouvement l’anime, qui accroît encore sa fragile apparence. L’instabilité qui règne en elle s’apparente à un ondoiement, pareil à celui d’une danse, « farandole » ou « ballet », mais en un « fragile équilibre », entraîné par une malhabile chorégraphie de pas « balbutiants », par laquelle le cortège des mortels se révèle vacillant. La représentation tend vers une limite du perceptible ; elle se tient, par sa fragilité, par son « déséquilibre », au bord d’une rupture du visible qui mène à sa disparition. Suite à la présentation de ce déjà-là comme en voie de n’être plus-là, se manifeste un acte créateur, un dynamisme créatif, par un « geste » de l’aquarelliste. Ce « geste » « replie les mortels de papier » On a donc affaire à un espace pictural de papier, non à une toile rigide qui ne pourrait être pliée. Le « pli » permet la réduplication des personnages, permet une démultiplication : « tels quels ou différents ils se démultiplient à l’œil » Le geste a modifié l’espace visuel, il a multiplié le nombre des « mortels de papier », sans modifier leur mouvement dansant : ils « chorégraphient l’esquive » en cette danse de la dérobade, danse fuyante de l’évanouissement, danse mortelle. On peut s’interroger, tant le texte laisse place à des blancs de sens et de signification : Les effets du pli étaient-ils voulus par l’aquarelliste ? Son intention n’était-elle pas, à l’inverse, de rabattre la foule sur elle-même, et l’effacer d’un geste, la réduire à une singularité constituée en ses parties d’une infinie multitude, la ramener à une « solimultitude » ? Mais le poème opère une bascule vers l’espace de parole. Celle-ci ne s’efface plus vers le visuel ( elle ne s’est jamais totalement effacée), mais elle revient "au premier plan". La parole se donne dans la dimension sonore, phonique. C’est désormais le musical, avec des consonances et assonances, une rythmique qui s’affirment. C’est un nouveau « la » qui s’entend. À la fois « là » de la présence évanouissante ; et « la » musical. Les mots en L déferlent, comme déferle la multitude des mortels : « lancéole, labile, illégale, halo, abolit… » et tant d’autres. Les A sonores les accompagnent en nombre. La consonance culmine ainsi dans le mot : « liliale ». L’espace phonique et musical semble un pli supplémentaire provoqué par le geste qui redouble l’espace visuel, mais un pli dans une autre dimension du sensible, un repli sonore. Ce n’est pas le geste créateur qui s’exprime dans cette musique mais l’effet sur le papier du dynamisme gestuel. « liliale » : en ce lieu phonique qui semble synthétiser les consonances, par un effet de sens, laisse entendre ce fait : "l ’il y a, là". Et le « Qui-vive » du premier vers résonne alors plus que l’alerte. C’est à voir et à entendre, il y a là une foule d’hommes, et c’est une foule de mortels, une foule apparue sur le papier, comme dans la réalité, mais en voie de disparition Un flot de là, d’ "être-là", de présences en multitude, mais qui vont s’évanouissant. Se manifestent des emprunts au langage végétal, et surtout floral, pour les sons associés aux métaphores visuelles : Le précaire du floral : « labile » ; « furtive fleur », passagère. La foule des hommes comme une floraison éphémère. La foule fondue dans un végétal qui à peine éclos se fane. Le précaire dans le passager et le furtif, dans une lumière permet le « il y a », mais « abolit » dans un « halo », ce qu’elle met au jour. Une peinture d'aquarelle qui laisse penser à des tableaux de Chagall, dont le nom semble comme prédestiné. Par une nouvelle inversion spéculaire, le « la » affirmatif et doux va, en effet, se transformer en « al » : froideur et dureté du « glacial » « métal », avec ce L en suspens. « al » du "mal". Ce mal mortel dont sont infligés les humains Les sons se multiplient et s’inversent comme les figures sur papier, Les mots aussi deviennent des figures sur papier ou écran, espace redoublé de la parole sonore en espace de parole écrite. Une écriture spéculaire en miroir. La quatrième strophe se place dans un espace à la fois phonique et visuel où les « effets » picturaux sont sériés comme dans un manuel technique, froidement et sèchement. Ce n’est pas l’espace des formes, des figures et des contours qui sont concernés, mais celui de la lumière. Les formes et contours « s’abolissent » ( ce « halo » qui « d’emblée abolit ») Ne subsistent que des « étincelles », durs éclats, et des ‘lamelles’. Se « nivelle » le mouvement ; « l’allure » et « l’immobile » se confondent. Le dynamisme tend vers le repos, quand l’immobilité tend vers le mouvement. La génétique de l’aquarelle pourtant se poursuit. Un geste créateur de l’aquarelliste constitue une dynamique interne au rapport entre l’aquarelliste et son œuvre. Mais survient, inattendue, une dynamique externe, un processus créateur dont l’aquarelliste ne se sent plus du tout le maître : En premier lieu, dans un : « aléa solaire " Par le "AL" du mal, au niveau phonique de l’ "alea", une présence, un nouveau "La" vient s’associer en un processus imprévisible, un inattendu effet solaire. Effet lumineux sous l’aspect de « Catapulte sur la ville » : un bombardement de lumière. Ce n’est pas la foule, mais « la ville » qui, par ce processus externe, est assaillie de lumière ; c’est l’asphalte des routes qu’un « laser », qu’un faisceau lumineux « dilacère », le décompose, le déchire, l’altère. Ce qui « dilacère » pourtant, paradoxalement, aussi « délinée » : « délinéant la cible au / jongleur de symboles » Ainsi naissent de nouveaux contours, ce que signifie : « délinéer ». Mais son usage au participe présent laisse entendre des "lignes de néant". C’est ainsi la ville qui explose sur papier, c’est le contexte environnemental de la foule qui tend à disparaître ; c’est le monde artificiel de l’homme, construit par lui, qui l’engobe et l’engloutit. Le jongleur de symboles, n’est-ce pas l’aquarelliste, ainsi détourné malgré lui de sa cible antérieure : la foule humaine ? Le jongleur de symboles considère que tout ce qui est peint a une valeur « symbolique », c’est-à-dire est en correspondance avec des idées ou une signification abstraite. La visée symbolique de l’aquarelliste s’en trouve donc détournée. Il s'est auto-désigné comme « sniper ». Dont l’arme est un « pinceau ». Un sniper ? Sur qui voulait-il tirer ce franc-tireur du pinceau ? Ce franc-tireur de soleil et de lumière. Voulait-il tirer un trait sur la multitude humaine ? Par un coup de feu solaire ? Voulait-il disperser la foule, pour ne considérer que des singularités dispersées ? Mais le « sniper » se montre « irrésolu », indécis, livré par son indécision même au processus externe qui s’effectue, tant et si bien que le « je » singulier s’en trouve effacé : « le pinceau m’élude » S’efface, non la foule des mortels, mais le « créateur » aquarelliste, qui s’assume en « je » singulier, et ne maîtrise pas tout de son œuvre sous l’effet d’une puissance externe. Il demeure « alors velléitaire », hésitant et incertain. Ne sachant plus où donner du pinceau. Ignorant où en venir. Il demeure : « libellant l’inutile ». Brève ouverture d’un espace auto-référentiel du poème, peut-être, puisque libeller se fait par l’écriture ? mais sans doute ce qui s’entend en lui, le « bel », prend au niveau phonétique le dessus, pour dire que l’aquarelle se finit par des détails esthétiques, en renoncement à la portée symbolique. « À quoi le réel /relie l’aquarelle » : finit par exprimer le poème. Le processus externe se confond avec le « réel ». Celui-ci n’est pas soumis à la représentation de l’aquarelle, mais inversement, celle-ci est soumise au réel. Réel qui impose la démarche du peintre symboliste comme vaine. L’aquarelle, sous l’effet même du réel, conserve les figures humaines, qu’elle tend pourtant à effacer, à noyer dans la lumière. Dans cet "halo qui abolit". L’aquarelliste voulait-il symboliquement tirer un trait sur la foule ? La disperser ? S’ extraire de son pouvoir aliénant et oppressant ? Échapper à la condition humaine, à la condition mortelle ? La réalité le rattrape. Il ne s’en extrait pas pour gagner une singularité, mais se fond sans la foule des mortels. Peut-être découvre-t-il que ce le "mal" n’est pas dans l’humanité comme multitude au sein même de sa nature, mais dans le contexte historique au sein duquel elle se situe. Merci Cyrill. |
Cyrill
15/3/2025
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