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Poésie contemporaine
Cyrill : Black Dahlia
 Publié le 05/12/23  -  9 commentaires  -  719 caractères  -  343 lectures    Autres textes du même auteur

« Dead people belong to the live people who claim them most obsessively. »
James Ellroy, My Dark Places


Black Dahlia



Des frissons sur la flaque où mollit son chapeau,
la stupeur sidérant l’ovale du visage,
sa chevelure en vrac… La clarté de sa peau
qu’on shoote en dévorant la magie du carnage.

Des flashs sur l’opalin qui gangrène ses yeux,
sur la coupe du corps, le rai blessant sa bouche.
Le profil sibyllin dont le cerne est crayeux
consent un pur accord aux roideurs de la couche.

Le mal inoculé chronique les journaux
puis, chahutant les cœurs, brûle quelques fanaux
qui nimbent la rumeur d’un parfum de pétale.

L’encre noire a coulé de cette fleur brumale
dont l’âme auréolée hante les tribunaux,
tourmente les conteurs de sa griffe idéale.


 
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   fanny   
24/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
L'affaire du Dalhia noir est très bien abordée ici au travers d'une bonne restitution des faits et d'une juste approche de la perversion des médias, toujours ravis de donner au public des drames sanglants en pâture.
Un meurtre sordide qui fit couler de l'encre noire et tint le public en haleine, lecteurs, cinéphiles, et simples téléspectateurs à qui l'on ressert sans aucune pudeur et parfois pendant des années les rumeurs auxquelles les chroniqueurs tentent de donner au maximum le parfum inoculé des fleurs du mal pour accrocher leur auditoire.

Des formules judicieuses illustrent des quatrains très visuels qui pourraient faire la une des journaux ou le support d'une bande annonce, les tercets expriment bien le cheminement des faits divers dont les conteurs épuisent leurs griffes idéales et avides de tourments pour auréoler la brume crayeuse des carnages ; source d'inspiration autant que de répulsion cela nourrit parfois avantageusement la création.

Le poème est présenté en contemporain compte tenu de quelques petits écarts et anglicismes mais je trouve quand même qu'il s'agit d'un beau travail de prosodie classique.

Fanny en El,
beau thème, bien traité, beau papier.

   Myndie   
5/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill 

Figure toi que j'avais commenté ton poème en EL mais,le temps que j'y revienne, pfuitt ! Il avait disparu.
Du coup, je te le livre tel que je l'ai écrit pour un poète anonyme -et - talentueux^^

Si vous me prenez par les sentiments^^...
Quelle riche idée et quelle belle découverte, ce texte qui dédie brillamment sa poésie au roman culte de James Ellroy !
Je retrouve dans vos vers cette même atmosphère sombre et tourmentée, ce souffle noir et gothique qui baigne le roman.
La description est superbe qui restitue par la crudité des images et d'habiles formulations (comme celle-ci : «  qu’on shoote en dévorant la magie du carnage. ») la fascination du public pour les crimes sordides et semble dire qu'il suffit de gratter la surface du glamour pour découvrir les pires horreurs.
Le tabloïd est la réalité et fait saliver autant qu'il fait trembler ses lecteurs.

Ellroy s'attachait autant à décrire le meurtre d'une prostituée qu'à dénoncer l'homophobie, le racisme et la corruption des policiers. Je me plais à penser que relever ces termes « gangrène », « mal inoculé » ou « encre noire » ne serait pas que pure extrapolation. Interprétation toute personnelle, j'en conviens.
Quoi qu'il en soit, je suis soufflée par ce poème magnifiquement imagé (« la stupeur sidérant l'ovale du visage ») et magistralement mis en scène .

Chapeau bas pour moi

Myndie

   Provencao   
5/12/2023
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Bonjour Cyrill,

"L’encre noire a coulé de cette fleur brumale
dont l’âme auréolée hante les tribunaux,
tourmente les conteurs de sa griffe idéale."


L’incroyable spectacle de l’immonde nous met sous le nez un réel cru et ambigu, immobilisant l’appropriation par la pensée, cassant du même coup le cercle familier et récurent de la reconnaissance.

Très bel écrit.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   EtienneNorvins   
5/12/2023
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Comme d'autres, j'ai vu passer le texte en EL sans avoir le temps de dire mon admiration pour la maîtrise avec laquelle cette scène de film ou roman noir est bâtie et conduite.

Chaque vers claque - et vous parvenez à rendre hommage par l'alexandrin à la prose 'machine gun' d'Ellroy, qui est pourtant à ses antipodes. Comme quoi, tout est affaire de rythme et de musique.

   Eki   
5/12/2023
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Du pol'art obscur, un poème immersif dans l'horreur....il n'y a qu'à se rappeler comment Elizabeth Short a été retrouvée...

Tu poses sur la laideur TA poésie...avec ce black Dalhia.
Portrait fantôme se superposant avec la tragique histoire de James Ellroy.

Mention remarquable pour l'écriture qui étincelle dans toute cette noirceur d'où émane le mystère incontournable..un peu comme un livre d'Ellroy.

Peut-être un petit bémol pour "sa chevelure en vrac"...

La dernière strophe est un bouquet de poésie...

   papipoete   
5/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
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bonjour Cyrill
Je ne fais pas le malin ( j'ai trouvé sur Internet ce qu'était cette affaire )
Ce corps de femme coupé en deux, intrigue et met le feu aux tabloïds de cette année 1947.
Chacun y va de son idée, mais celui qui voit là cette scène, la décrit de façon bien noire ; noire comme l'encre d'un scénario, d'un Fritz Lang
NB on imagine bien la scène, où la flaque d'eau sert ce décor, ces images en vrac, ce rai blessant la bouche de la victime.
Vous retranscrivez à merveille ce moment, à ne pas lire avant de s'endormir !
Le premier tercet a ma préférence, dans ce poème où je chemine aisément, par rapport à votre style habituel !
Je vois des dodécasyllabes " du bon pied "

   Polza   
8/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
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Bonjour Cyrill,

Quelle description !
Je lirais plus souvent les articles de journaux s’ils étaient tous écrits comme le fait divers que vous narrez de la plus belle des manières.

Je ne sais si tel était le but, mais votre style d’écriture m’a fait me projeter dans un vieux polar des années 30 ou 40. Aucun mot n’est en trop, tout est fluide et les formules font mouche.

Franchement, c’est du contemporain niveau néo-classique, je trouve.
Il m’est plutôt difficile d’écrire un commentaire argumenté quand tout me semble parfait, aussi, je m’arrête-là. Veuillez me pardonner mon manque de vocabulaire qui ne fait pas honneur à la perfection de votre Black Dahlia, mais je tenais tout de même à vous dire comme je l’avais grandement apprécié !

   Cyrill   
11/12/2023

   Cristale   
12/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Jolie scène ! Ça saigne par ici...
Voilà du contemporain comme je l'aime : du rythme, de la rime, du vocabulaire, une écriture moderne en liberté encadrée.
En forme de sonnet !? Sonnet new age ?
J'adore les sonorités associées "brumale - tribunaux"
Je recule devant des mots tels "opalin" "sibyllin" "nimbent" "l'âme auréolée"aux connotations un peu vintages.

Une belle pièce sur un drame poétisé par un saigneur des mots.
J'ajoute une rémige encore sanglante à la une de ce flash info.


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