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fanny
31/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Sur le thème ou le support assez couru de la séparation sur un quai de gare, voici un poème qui ne se laisse pas conter du déjà lu.
Cette séparation est formulée de manière originale, dans des métaphores et images inattendues pour un cadre si banalement connu, elles émaillent cette histoire d'amour qui semble s'être nouée puis dénouée au fil des trains, des halls de gares, du couple qui déraille entre deux panneaux d'affichage dans un rythme soutenu citadin/quotidien/contemporain. De passion jetable en dénoces de papier, ouf qu'elle a trouvé la poubelle pour y jeter ses kleenex, mais pas ce sonnet très propre qui roule sans surcharge ni arrêt intempestif. * kleenex doit être entendu dans le langage courant, pas en tant que marque, donc sans majuscule. |
Donaldo75
7/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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L’exergue m’a fait marrer, je ne saurais cependant pas expliquer pourquoi. Je trouve ce poème décalé, bien vu et composé de manière un peu cubiste au regard de la ponctuation. Ce n’est pas un reproche, loin de là. Les images vont dans le sens du surréalisme à la Salvador Dali et pourtant c’est un sonnet, le genre assez classique a priori mais ici le classicisme devient contemporain, moderne, loin des chapelles fatiguées, des rimes poussives et de la tonalité jaunie. Le dernier vers m’a de nouveau fait rigoler ; cette fois-ci j’ai une idée du pourquoi, à savoir l’adjectif placé en troisième mot. Allez, je vais m’écouter un petit Howard Jones pour fêter ça.
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Geigei
13/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Recoucou les rimes brisées. Quel travail ! Cela fait deux poèmes en un.
Le derniers tercet, avec l'opposition Kleenex/mouchoirs de batiste est un petit bonbon. Dans l'exemple de ce texte, il y a un switch avec l'appétit de l'ogre. Je lirai un autre exemple, ailleurs, où l'appétit de l'ogresse sera évoqué. Le thème me rappelle «Il nous faut vivre un amour nécessaire et jouir, en même temps, d’amours contingentes ». Les acteurs du poème n'ont pas lu Sartre. La femme ne l'a pas lu. Quoique. Elle est "fataliste" et se console avec un seul Kleenex. "Insipide" est au singulier. Pas sûr pour ses lectures... |
papipoete
13/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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bonjour Cyrill
" c'en est ! " Ici point de quai de gare, où l'on voit partir sa chérie, ce parent qui ne reviendra pas de sitôt, mais une gare façon " Benjamin Button ", avec son horloge pas ordinaire, venir nous conter un récit extraordinaire ! NB et le kleenex servira un peu, mais pour éponger un chagrin de joie ? " dénoces semblant dire à sa moitié, bon vent ! " C'est confus comme la chambre d'un ado, lui ( Cyrill ) s'y retrouve, il gère ! un sonnet dont le " néo-classique " s'envole, pour pas grand-chose ( des singulier/pluriel ) me semble-t-il ? Je ne décortique pas davantage votre vocabulaire ; je ne saurais replacer les mots dans ma poésie ! |
Catelena
13/6/2023
trouve l'écriture
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J'ai lu du Cyrill, hier. Et en lisant ce poème, aujourd'hui, je me dis que plus ça va et plus tu t'éclates avec les mots. Comme si après avoir tâtonné tant et plus, tu avais enfin découvert l'embouchure d'une source extrêmement féconde, d'où jaillissent des flots impétueux, que l'on devine intarissables.
Bref, tout ça pour te dire que j'ai comme l'impression que ton écriture est en pleine force vive. Il se dégage une telle énergie de tes textes, qu'ils soient poème ou nouvelle. Alors comment ne pas apprécier une telle manne offerte au partage avec autant de générosité... Le vocabulaire de la ''Dénoces de papier'' est riche et percutant. La ''rumeur qui court sur l'escalator'' très visuelle, quant ''à l'apex'' il donne un petit côté botanique qui détend aussitôt l'atmosphère pesante que pourrait avoir le spleen. J'aime aussi l'opposition faite par le poète, entre le kleenex, qui appuie sur le côté jetable de la passion, et le regret des mouchoirs de batiste en dentelles qui en disent long sur ''l'Aquoiboniste''... Merci et longue route à ta belle inspiration. |
Myndie
13/6/2023
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Bonjour Cyrill,
J'adore le titre, belle trouvaille qui ouvre déjà sur le thème traité. La gare n'est elle pas l'endroit où les gens de rencontrent, se connaissent, s'aiment et se désaiment ? Temple de la vitesse, c'est un lieu qui s'adresse aussi bien à ceux qui arrivent qu'à ceux qui partent. Et parfois, ce même endroit est si triste. Les escalators ne sont pas des lieux d'attente ; ils ont animés par le mouvement incessant des gens qui y transitent à toute heure. Bravo à toi pour avoir si bien symbolisé la frontière entre la fluidité du mouvement/sentiment et l'aspect terrestre de la gare/fermeté/ résolution inébranlable. Tout se déroule dans le tourbillonnement de l'âme et des passions.A l'instar des voyageurs, le personnage – elle – en transit, est pressé de ne pas rater une correspondance qui le dirigera vers un nouveau présent. Illusion d'un bonheur déjà mort et fragilité de papier d'un amour qui ne résiste pas – à quoi ? - au temps qui passe ? J'ai trouvé ton poème brillant et j'ai adoré la deuxième strophe pour la poésie qu'elle dégage. Magnifique. Myndie |
Eskisse
13/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyrill,
Ce que j'ai trouvé fort dans ce poème très drôle, c'est que les protagonistes dans les premières strophes sont dans l'anonymat le plus total: " la foule","untel", "L'un", " l'autre" ... comme si le hall de cette gare les anéantissait. Peut-être parce qu'il y en a un qui est sur le point de disparaître, avalé par l'ogre-train. C'est à la troisième strophe seulement qu'apparaît un pronom personnel "elle", le personnage ne prend de l'épaisseur qu'au moment du malheur. Un poème sur la disparition :j 'ai trouvé que le couple se fondait dans le foisonnement des images. |
Provencao
14/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyrill
" Elle a le regard triste où l’express s’est barré. Le spleen à son apex et le rêve altéré, la voici, fataliste et gagnant la bretelle. " J'ai beaucoup aimé ce passage où vos mots choisis, si peu familiers sont pour le moins ambiguës, paradoxaux même. Prendre conscience de ce regard triste suppose son charme rompu. Le spleen étant bien l’essentiel de la passion, l’irascible, par la distance lucide, situerait l’âme en dehors de l'apex des passions. Très original cet écrit. Au plaisir de vous lire Cordialement |
Louis
21/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Un sonnet très "poly".
Il se donne à entendre dans une quasi-polyphonie, laissant une grande place aux termes polyvalents, aux énoncés porteurs de sens multiples (plurivoques) ; et donc dans une certaine polysémie. Si ce poème relate un événement familier du quotidien, ce n’est pas avec le langage ordinaire, celui de la communication ou de la conversation, mais par un langage poétique, qui s’oppose à l’usage commun du langage, multipliant les niveaux de sens, dans l’invention d’un inédit de cet usage qui l’écarte justement du "commun". Le premier quatrain met en avant la « foule » et le mouvement : « La foule porte à faux sur le quai versatile » Le vers donne à entendre : « la foule porte-à-faux… » La foule est mouvement dans une instabilité, un déséquilibre ; non pas immobilité, mais va-et-vient, allées et venues, en une « branloire pérenne », comme disait Montaigne de notre monde. La foule est, pour sûr, un remue-ménage. En rien sentimentale, elle bouscule, entraîne dans de multiples sens. Chacun semble "en gare", chacun est en train de… Le « quai » favorise les mouvements contraires, le « quai versatile ». La foule porte à faux s’entend aussi : elle révèle le faux, elle le dévoile. La ligne convergente entre deux individus s’avère un leurre ; au milieu de la foule aux mouvements oscillants et alternatifs, elle devient ce qu’elle est vraiment : à l’image des rails qui filent en lignes parallèles. La foule sur le quai réalise un « précipité » de leur rapport, au double sens du terme : le chimique et le "hâtif". "Chimie" du précipité ; l’alchimie de l’amour ne se réalise pas. Tout mouvement dans le poème est de vitesse et de précipitation. Mais la foule agit encore comme une « faux », elle fauche l’union entre deux vies ; elle coupe et sépare. Elle brise deux lignes qui tendaient à se confondre, à construire un même chemin. Deux côtés en déséquilibre deviennent ainsi conflictuels : « là, sa méchante humeur ; ici, son mal retors » Un espace et un temps où se rencontrent et se heurtent la « méchante humeur » d’un moment, et un « mal retors » Il y a dans l’un du « retors », du sinueux, du tortueux. Pas de ligne droite, franche, honnête. Des lignes se fracturent dans un heurt. Quand « l’horloge annonce l’heure » Pas de noces donc dans un devenir non-parallèle, dans l’avènement d’un milieu enrichi entre l’une et l’autre. Le poème donne à voir un duo, un couple, dans une dualité spatiale et temporelle. Sans identité fixe, les partis de ce duo ne sont pas des êtres substantiels, pas des "sujets", permanents et invariables, et n’ont pas même de noms, ni propres ni communs, qui donneraient l’illusion du substantif ( du sujet sub-sistant dans sa fixité) Juste de passage, de nature les voilà "passagers". Ils occupent des places dans une dualité : "l’une" et "l’autre" ; dans un espace « ici » et « là ». Non pas des points sur ces espaces, mais des lignes. Ils se trouvent dans ce lieu des lignes tracées, et composés eux-mêmes de lignes. Mais ces lignes déjà tracées sont des lignes dures, celles des chemins de fer, et non chemins de souplesse et de douceur, et non chemins de tendresse. Ils ont fait le point, un point de divergence plutôt qu’un point de rencontre ; ils ont interrompu les lignes, et celles-ci se poursuivront désormais sans confluences ni entrelacs, les noces n’auront pas lieu. La deuxième strophe introduit un autre espace, celui d’une « cathédrale ». Une gare comme une cathédrale ? Une cathédrale plutôt, comme une gare ? Deux espaces se superposent, autrement agencés. Un train « entre en la cathédrale », mais c’est un « train d’enfer ». À la fois mouvement de passage, toujours de vitesse, de précipitation et réalisation d’un « enfer » sur terre, celui douloureux d’une séparation. La gare, lieu des « passages » se superpose à la cathédrale, lieu des unions pour l’éternité, celles qui ne passent pas, éternelles devant Dieu. La portion d’enfer, de douleur, pénètre là ou devait se tenir l’allégresse. Un chemin d’en-fer, de ce fer des chemins, pénètre dans le lieu saint. Ainsi, dans cette superposition des lieux, celui de la gare s’impose, "pénètre" et envahit celui de l’église. Les tercets laissent place à la douleur. Une douleur à « elle ». Tout a été « express », dans cette rupture au moment où devait être consacrée l’union. « Elle », plutôt temporelle que spatiale, elle est « fataliste ». Le cours des événements dans le temps, gouverné par un destin inflexible, ne peut être changé, son fatalisme est de résignation. Restent la douleur et les larmes, « le spleen à son apex ». Un « kleenex » matérialise la douleur. Il suffit à « combler la poubelle », suffit à remplir la poubelle d’une histoire individuelle, à envahir tout le passé jusqu’à le saturer d’un chagrin. Le papier jeté, le papier-rebut prend place des papiers qui scellent une noce. Le papier « dénoce » ; le papier dénote le chagrin sans remède d’une union avortée. Le dernier tercet interroge plutôt les « mouchoirs » que les papiers. Ces mouchoirs « de batiste » que l’on ne jette pas, ces mouchoirs qui, ironiquement appartiennent à ceux qui demeurent ‘tranquilles comme Baptiste’, ces mouchoirs « aquoibonistes ». Ceux-là qui demeurent dans la résignation passive ; ceux du « à quoi bon », parce qu’il n’y aurait "rien à faire" ; ceux alignés et repliés sur le "fatum". Mieux vaudrait peut-être les mouchoirs jetables… Merci Cyrill |
Eki
27/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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L'ambiance d'une gare...La foule entre ceux qui partent gaiement, le coeur léger et les autres qui vivent des déchirures en sourdine...
Parce que sur les quais de gare, il y a toujours ceux qui portent des bagages trop lourds, pesants et des ruptures sans billet de retour... J'ai beaucoup aimé l'originalité de ce poème et cette strophe comme une saison d'hiver qui jette toute espérance de retour. Alors un train d’enfer entre en la cathédrale. L’une arrache son cœur à l’autre, déchiré. L’horloge annonce l’heure, un corps est aspiré par le wagon de fer : l’ogre a quelque fringale. Sans en faire trop, le texte dit tout. Aimez-vous "Orly" de Jacques Brel ? certainement... Eki |
jfmoods
13/8/2024
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Le titre annonce la couleur. L'idéal amoureux a du plomb dans l'aile.
"- Cette fois, John Wayne ne s'éloignera pas vers le soleil couchant avec Grace Kelly !" "- C'est Gary Cooper, co**ard !!" (répliques cultes du film "Piège de Cristal") La gare est un lieu assez convenu pour une séparation. L'aéroport aussi, évidemment... sauf quand Brel est à la manoeuvre (https://www.youtube.com/watch?v=l9CA52MCK-o). J'ai envie de lire "Dénoces de papier" comme un contre "Orly", le trivial faisant pendant au sublime. Car ici, le lieu - de bruit et de fureur - prend toute la place, le couple n'existant véritablement qu'au vers 6 ("L'un arrache son coeur à l'autre, déchiré."). La séparation se fait en un instant : ce qui était n'est plus. La forme passive ("un corps est aspiré") rend compte on ne peut plus clairement de cet effacement soudain. Là-bas, chez Brel, c'est autre chose évidemment. Il y a tout le poids de l'avant, tout le poids de la déchirure, tout le poids de l'après. Ici, dans les tercets, la disparité des niveaux de langue ("s'est barré", "Kleenex") signale le prosaïsme de la situation finale. Est-ce un regard plus particulièrement posé sur notre époque dans laquelle, plus que d'amour, on parle de consommation amoureuse, d'amour à obsolescence programmée ("L'amour dure trois ans") ? Merci pour ce partage ! |