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Poésie en prose
Cyrill : Guet-apens
 Publié le 02/02/24  -  8 commentaires  -  1449 caractères  -  217 lectures    Autres textes du même auteur

… et poker menteur.


Guet-apens



Comme je n’espérais plus rien la pleine clarté m’épingla.
M’effeuillant en flou bohémien j’éprouvai le tiers par le quart à l’écot sonore du glas.
Je me déshonorai, bâtard et solitaire en fin de jeu, la feinte sur le feu et la quinte extraite des pores comme rempart à la galère.

On traîne durant des années, comme un succédané de soi, des valises fanées d’où pend un plastron de chemise, pan de soie escroqué du corps, d’où baille un revers de fortune.
Où qu’on aille et quoi que l’on mise, il n’est de vrai rencard que bien avant l’aurore.
Les fétus sont de paille aux blancs rayons de lune, comme chaque argument qui m’exhorte à mourir au fil de l’aventure et réfute son agrément au fur et à mesure du fardeau que j’expire et du hasard qu’il me dispute.


Soudain subodorant cette ombre dans le dos suivant l’ombre devant, le futur persiflant comme un couperet sur mes os, lors je m’évaporai suant de peur et le cœur expulsé de sa piètre poitrine et l’échine un peu plus courbée et mon désir béant sur la liasse en allée au vent.
Il s’en était fallu d’un gramme et d’un tour de dés assassin.
Je ne sus néanmoins ni comment démêler la trame ni de ce sort qui m’indispose l’implacable dessein mais je me terrai prudemment dans l’informe d’un sentiment, entremise et métamorphose.
Me délestant des fards à bien injuste titre, j’alliai mon libre arbitre au plus pur des brouillards.


 
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   Ornicar   
25/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Toujours pas le moindre commentaire pour cette prose à l'heure où je me lance dans cet exercice périlleux. Est-ce parce que le lecteur que je suis et les autres n'y comprennent rien ?

J'aime bien cette écriture et l'esthétique "baroque" qui en découle. Quant au fond ... Le titre et l'exergue ("Poker menteur") semblent m'indiquer une voie peu praticable, qu'il me faut "défricher" autant que "déchiffrer". Dans la jungle des mots, je relève toutefois quelques indices, petits cailloux blancs semés à l'usage du Petit Poucet lecteur et en rapport avec l'univers du jeu, de l'argent, et celui de la nuit : "poker menteur" bien sûr mais aussi "l'écot - en fin de jeu - la quinte - revers de fortune - que l'on mise - le hasard - la liasse - le tour de dé - le sort".

Que me faut-il conclure de tout cela ? J'ose émettre une hypothèse. Hasardeuse, bien sûr, pour rester dans la même veine. Est-ce le récit très imagé d'une addiction ? Une allégorie de la vie en frac et en vrac du narrateur qui la joue à quitte ou double ? Je ne puis malheureusement en dire plus et reste toujours aussi perplexe.
Je m'interroge aussi sur ce deuxième paragraphe écrit en italique. Pourquoi ?

   papipoete   
2/2/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
bonjour Cyrill
" Guet-apens " parait dans ces colonnes, donc ces lignes vinrent à séduire le comité de publication...
Je ne jure ni rouspète, mais je sais l'auteur fervent en la matière, et vois que cette écriture coule à nouveau de sa plume favorite.
Mais, il nous a prouvé qu'il savait aussi manier le " vers à pied ", que je prise davantage et préfère, bien que la " nouveauté " soit bienvenue !
NB je suis allé hier suivre un " atelier-mémoire " ( entre vieux cerveaux ) et certains problèmes à résoudre me donnèrent mal à la tête, et en sortis bien las... tout comme je tente de trouver un sens à ce Guet-apens.
je sais que maint oniriens se délectent de ce style, l'auteur en sera conforté.
je suis désolé de ne pas suivre comme un renifleur de truffes.
Je reviens... quand-même au vu des commentaires
je ne fais pas partie de ces amateurs, mais je pense que mon goût très peu prononcé pour les jeux de cartes ( rami et autres batailles, de l'oie, des petits chevaux, au temps du grand-père faisant pousser cette graine blonde devenue étudiante en fac )
bien sûr que dans vos lignes, en m'y replongeant, je vois que des termes ( quinte, liasse en allée au vent, tour de dé... ) évoquent une partie où l'argent a flambé, que le joueur ce soir a perdu, et n'est sûrement pas prêt de rejouer !

   Provencao   
2/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Cyrill,

Plusieurs lectures pour mieux apprécier votre écrit.

"On traîne durant des années, comme un succédané de soi, des valises fanées d’où pend un plastron de chemise, pan de soie escroqué du corps, d’où baille un revers de fortune.
Où qu’on aille et quoi que l’on mise, il n’est de vrai rencard que bien avant l’aurore.
Les fétus sont de paille aux blancs rayons de lune, comme chaque argument qui m’exhorte à mourir au fil de l’aventure et réfute son agrément au fur et à mesure du fardeau que j’expire et du hasard qu’il me dispute."


On pourrait y lire une décadence, ou au contraire un renouvellement de soi, le point commun entre ces deux ressentis reste l’introduction d’un antagonisme de l’équilibre quel qu’il soit, essayant de rendre compte de la prise de conscience aiguë que concrétise la brouille de la vie par la mort.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Eki   
2/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une partie de Je, la vie c'est aussi cela...de la chance, de la détermination, parfois de la stratégie et du bluff...
La vie sait tricher et les dés sont parfois pipés...Cela peut vite tourner en traquenard lorsqu'elle abat ses mauvaises cartes...
Est-ce que l'homme reste le Maître du jeu/Je ou comment tirer son épingle du jeu...Introspection d'un état de conscience que nous livre l'auteur...

Il faut prendre de la hauteur pour aborder ce texte profond.
Avoir les bonnes cartes, ruser avec les mots qui jouent à cache cache.

J'ai beaucoup aimé ce face à face, ce duel au sommet (ton crâne) !
J'ai tout aimé de ce texte mais ma préférence va au paragraphe en italique particulièrement pour "ce chaos vibrant"...

   Jemabi   
2/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le propre des textes bien écrits, c'est qu'on peut les lire et les relire, et qu'à chaque lecture on continue de s'extasier devant la puissance de l'écriture. Oh, bien sûr, il est malaisé de percevoir ici une situation précise, le pourquoi du comment, mais l'émotion est là, dès ce superbe premier vers : "Comme je n’espérais plus rien la pleine clarté m’épingla".
J'ai donc vite été conquis par cette écriture, travaillée dans le bon sens du terme, par ce texte d'où se dégage assez fortement un sentiment inéluctable de fin de partie, constat désabusé au terme d'une existence dont on devine les dés pipés.

   Myndie   
2/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,
Plus hermétique que surréaliste, ton poème a sa propre une clef à laquelle tu offres une serrure poétique.
Je pense que te donner ici mon interprétation de ce que je viens de lire n'a aucun intérêt, le plus important étant de partager ce que j'en retire, ce que j'ai pu ressentir et penser.

Si ce poème en prose se livre à nous sous des apparences confuses, c'est que notre regard conventionnel semble regarder dans un miroir tout embué par le souffle du poète.
Sous le couvert d'une histoire simplement racontée, c'est ta propre lucidité, ta vérité que tu cherches à nous transmettre. Mais cette vérité ne se laisse pas aussi facilement apprivoiser et l'écriture onirique qui m'évoque l'univers de David Lynch (je ne peux pas m'empêcher!^^) produit cette imperméabilité qui force l'esprit à aller à l'assaut de l'interprétation.
La poésie chemine par des voies souterraines (on pense effectivement à l'univers du jeu avec le choix d'un vocabulaire d'initiés) et soudain, voilà qu'émerge toute la rareté d'une expression, la beauté d'une image et se libère l'émotion :
«  M’effeuillant en flou bohémien »
«  Me délestant des fards à bien injuste titre, j’alliai mon libre arbitre au plus pur des brouillards. »
« il n’est de vrai rencard que bien avant l’aurore.
Les fétus sont de paille aux blancs rayons de lune »

Du coup, tu l'auras deviné, moi qui suis une inconditionnelle du cinéaste, j'ai accroché tout de suite à ta prose qui, à l'instar de ses films, certes me demande plusieurs visionnages, mais me séduit infiniment par son esthétique et sa poésie.

   Annick   
3/2/2024
Le locuteur a joué. Il a perdu. Il est perdu.

Après le relevé des champs lexicaux, je comprends qu'il s'agit de l'univers du jeu. Jeu de hasard.
Le thème  de l'argent : écot, liasse.
Celui du jeu : jeu, feinte, quinte, revers de "fortune", hasard, escroqué, mise, tour de dés.

Est-ce un véritable jeu d'argent, ou bien le jeu de la vie, gagnant ou perdant ?

Ici, le locuteur est perdant et perdu.
Le champ lexical du désespoir, voire du brouillard, du néant laisse à penser que c'est plus qu'une perte d'argent.
Il va vers sa propre perte :
"m'épingla, m'effeuillant, flou bohémien, écot sonore du glas, bâtard, solitaire, galère, des valises fanées, pan de soie (soi) escroqué du corps, revers de fortune, mourir, fardeau, expire, futur persistant, couperet sur mes os, suant de peur, le cœur expulsé, piètre poitrine, échine un peu courbée."

"Il s’en était fallu d’un gramme et d’un tour de dés assassin".
Le locuteur fait-il allusion au jeu de hasard proprement dit ou au destin ? Ou les deux.

Entre les éléments concrets que j'ai relevés, il y a tous ces symboles, ces associations d'idées, ces jeux de mots, ces consonnances par petites touches qui en font à la fois un tableau impressionniste et un univers abstrait, celui du corps et de l'âme qui se dissolvent dans le brouillard. Le néant.
La fin du poème révèle un locuteur libre mais perdu.

Dans cette prose poétique,  les mots ont pris le pouvoir. La forme est l'habit qui cache le corps et l'âme, c'est-à-dire le fond.
A nous de trouver la clé qui ouvre les portes de cet univers poétique.
Celui-ci garde, quoi qu'il en soit, sa part de mystère.

   Eskisse   
2/2/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Cyrill,

J'ai été épinglée par la première phrase, celle de la lucidité, et par le rythme alerte de ce poème.
Je trouve aussi que le locuteur déploie un ton d'autodérision dans son malheur et j'aime ce portrait d'un looser évaporé, de ce perdant bravache.
J'ai moins aimé le passage en italiques que je perçois comme des axiomes un peu abstraits avec ce pronom "on" qui met paradoxalement une distance.

Toi aussi tu pipes les dés :tu bricoles tes phrases de manière à perdre le lecteur à l'instar de l'antéposition de ce très soutenu "de ce sort qui m'indispose " : " ni comment démêler la trame ni de ce sort qui m’indispose l’implacable dessein " sur lequel ma lecture a buté.
Merci du partage


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