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Poésie contemporaine
Cyrill : L’aumône du vent
 Publié le 30/12/21  -  11 commentaires  -  1936 caractères  -  226 lectures    Autres textes du même auteur

« Si tous les gars du monde » Paul Fort


L’aumône du vent



Entre hasard et triste sort
j’élus le vent pour domicile
un carton devint mon pœcile.
De ruelles en corridors

je vis un siècle révolu
éteindre son âme atavique.
Taisant un mal anachronique
d’aucuns vivotèrent reclus.

Il y eut comme un cliquetis
comme un hoquet de transistor
dans l’antre de l’escalator.
Il a rétrogradé gratis

mes frangins et sœurs d’infortune.
Repus de chimères hantées
de leurs poitrines étoilées
ils disent une ode à la brune.

Voyez cet humain carrousel
où vire la mélancolie
trousser de ferventes scolies
chœur habité d’un clair gospel.

Si l’ombre se nourrit du nombre
nous épouserons la lumière.
S’extravaseront de l’ornière
les camarades aux mains sombres

aux ailes démantibulées
aux polyphonies de visages
où s’écrivent en paysages
des racines déambulées.

Ça passe par une attitude
un sursaut de vie convulsif
l’avant-goût d’un corps explosif.
Les oripeaux d’assuétude

ont piètre allure sous nos pas.
Un de nous surgit d’une combe
douze amis font une hécatombe
convives d’un amer trépas.

Viendra l’heure où douze forçats
cueillant le songe et la brimbelle
feront armée de sentinelles
sous un nuage de vivats.

Honneur au brave qui tomba
son esprit renaît au levant
il exhorte tous les suivants
à ressusciter des gravats.

Hommage à celle qui mourra
celle-ci déchirant mon cœur
instille la sourde liqueur
une privauté de sabbat.

J’irai la nuit à son tombeau
raviver nos amours sorcières
évangéliser la poussière
abâtardir nos blancs lambeaux.

Entre misère et lassitude
le vent me prit en charité
m’y voici dès lors abrité
de mille et une turpitudes.


 
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   Anonyme   
19/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je trouve très réussi l'équilibre du poème entre évocation du sordide de la misère et envolée lyrique ; et ça, à mon avis, c'était pas gagné, de parvenir à marier l'antre de l'escalator et les poitrines étoilées !
Il y a la rage sociale, la lassitude, pourtant je ressors de ma lecture avec une impression générale de paix et même de satisfaction, c'est curieux. En lisant je me disais que c'était dommage d'exprimer tous ces remous dans des quatrains d'octosyllabes bien alignés, mais finalement ils me semblent participer de la force d'expression du tout par leur régularité qui réconcilie les sentiments disparates dans un cadre formel.

Plusieurs vers me frappent mais cela me paraîtrait malvenu d'isoler tel ou tel car la force de votre poème réside pour moi dans leur ensemble qui parvient à réaliser une belle synergie.

   Pouet   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Salut,

un poème pour moi d'une grande qualité, si tant est que je puisse la déceler. Plutôt alors un poème que j'ai apprécié lire, peut-être même fort apprécié.

Je suis censé argumenter, alors quoi, cette image "d'habiter le vent", de coucher sous un édredon de zéphyr, de partager la couche d'Eole, de n'être qu'un reliquat d'oiseau perçant l'ombre d'une mauvaise étoile ... J'ai trouvé cette image d'une grande force, du moins cela m'a beaucoup parlé. Ce passage, cette invisibilité.

Et puis l'ensemble, les métaphores très bien trouvées à mon sens que je ne saurais citer tant elles sont nombreuses, le rythme, le ton général... Tout m'a semblé parfaitement à sa place et d'une force indéniable.

Bref, je suis particulièrement convaincu par ce poème, ému même.

Pouet

   Donaldo75   
23/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai bien aimé ce poème ; de par son champ lexical, il montre un gros travail de composition sans pour autant paraitre surchargé en la matière. L’usage de la première personne du singulier donne de la force au propos, le rend incarné et moi, petit lecteur muni de son dictionnaire parce que certains mots me demandent un effort je rentre dans le texte, dans le propos qu’il soutient. Certes, c’est un peu long mais j’en ressors avec l’impression d’avoir lu de la poésie complexe pas par la forme mais par son intellectualisme. C’est un compliment, je préfère le souligner.

   Provencao   
30/12/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai beaucoup aimé lire "l'aumône du vent" .

Découvrir votre poésie ce n'était pas, pour moi, simplement comprendre comment cet écrit fonctionnait, mais je voulais essayer de prendre possession de ce qu'il visait, en connaître sa mécanique, en m'appropriant le sens.

J'ai trouvé très fort, les métaphores usitées dans votre écrit qui ne requièrent pas uniquement que la poésie soit accessible en son ensemble, mais que ce sensible devienne une image.

Merci pour votre vocabulaire choisi et le bel équilibre rendu.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
30/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Cyrill
" C'en est, du Cyrill ! "
Poétiser sur la misère humaine, je sais faire... façon papipoète, avec un sujet, un verbe et quelque C.O.D., ou chaque ligne dira simplement les choses.
Là, notre auteur le fait à sa façon, que les " grands " peuvent savourer, en faisant des " Oh, des Ha ! "
Et moi, je suis là comme devant un tableau, où les images sont imbriquées les unes dans les autres, et je me dis " où est-il allé chercher ça ? " mais une couleur, oui celle-là attire mon regard, et m'entraîne dans ce labyrinthe, où peu à peu je m'émerveille !
NB des mots savants, des métaphores, des clin-d'oeil, et un poème qui plane au coeur du vent, et nous susurre des pleurs comme dans le dernier quatrain...
On pourrait qualifier cette écriture de " n'importe quoi ", que nenni ! ici point d'alexandrins, mais des vers qui me mettent à l'envers !
je ne poserai qu'un bémol de construction... les enjambements, que personnellement je ne prise guère.
des octosyllabes étonnantes, détonantes qui purent en alternant les rimes, se voir néo-classiques !
je suis béat, comme d'habitude devant cet exercice !

   Miguel   
30/12/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Quelques trouvailles me parlent, comme le thème d'ailleurs, mais cette manière de peindre, qui a ses mérites et ses admirateurs, donne un résultat un peu flou pour moi. Je ne parviens pas à y entrer, et malgré le réalisme du texte, j'ai du mal à percevoir cet univers comme réel. Je pense que c'est trop stylisé : étrange "reproche", je le conçois.

   inconnu1   
31/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Merci Cyrill. Un poème qui ne se laisse pas facilement domestiquer. Il m'a fallu le lire et le relire pour en percevoir toute la complexité et la profondeur entre liberté, camaraderie et misère humaine. Vous devrez sans doute encore m'éclairer par vos commentaires.

J'apprécie le thème, la richesse lexicale, les tournures poétiques.

Quelques reproches de forme. J'ai beaucoup aimé les 4 premières stophes, en particulier la 3eme et les rimes en is et or, mais cliquetis et gratis ne riment pas je crois. "Ils disent une" est difficile à scander si on ne veut pas élider le "ent" pour rester dans le rythme des octosyllabes. Des détails

Bien à vous

   Stephane   
31/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Poésie magistrale avec de belles tournures de phrases et des images sensationnelles dont je me suis délecté.

Un texte plutôt unique en son genre par le traitement non-conventionnel des "strophes" (entre guillemets)

Un vrai régal, bravo !

   Vincente   
1/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
"j'élus le vent pour domicile"…
Habiter le vent ! quelle belle idée !

Le narrateur parle au passé simple mais évoque notre temps présent, autre singulière intention qui ouvre grande l'inspiration… le souffle suggère alors puissance et légèreté des sensations, finesse et circonvolutions. C'est bien ce qui m'apparut dans ces vers qui installent d'abord une ambiance et laisse vaquer un propos sinueux, peu lumineux, mélancolique à souhait, déstructuré ; ce passage le chante en dissonances expressives :

"S’extravaseront de l’ornière
les camarades aux mains sombres

aux ailes démantibulées
aux polyphonies de visages
où s’écrivent en paysages
des racines déambulées.
"

La structure du poème a pris un parti un peu particulier, discutable (il m'a peu convaincu). Il a choisi des quatrains systématiques rimés ABBA, avec des phrases les enjambant sans raison apparente si ce n'est celle de s'en dispenser complètement (alors pourquoi cette option ?). La ponctuation "oublie" ses virgules mais décide ses points assez impérieux.
Alors que le locuteur s'inscrit dans une fluidité aérienne (ce "vent"…), qu'il s'exprime en marge du monde qu'il regarde, comme le surplombant, cette forme assez dure m'a plutôt dérouté et le propos suggéré dans le final prégnant – le salut par une femme profondément aimante et ou un homme (pourquoi un homme ?) brave et ressuscitant – un "vent" substituant par "charité" son aide vagabonde en échappatoire à l'impasse du sujet.

Alors que l'entame m'avait séduit et beaucoup intrigué, j'ai été plutôt déçu par l'expressivité mise en propos.
Je regrette que la belle originalité dans l'angle d'investissement poétique n'ait pas plus amené la force de sa singularité à une révélation conséquente. C'est bien sûr un avis personnel qui avoue aussi sa limitation.

   Virou64   
3/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé le rythme régulier de ce poème, l'utilisation de rimes simples pour le structurer, la musicalité de l'ensemble;
Le fond n'est à l'évidence pas fait pour se livrer entièrement à la première lecture, ni à la seconde, ni même à la cinquième...je pense qu'à la vingtième il gardera encore quelques mystères. Et c'est ce qui pour moi en fait le charme.
Bravo et merci pour le partage

   Cyrill   
14/1/2022


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