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Poésie en prose
Cyrill : L'instant T
 Publié le 12/08/24  -  5 commentaires  -  1517 caractères  -  152 lectures    Autres textes du même auteur


L'instant T



Voici l’instant crépusculaire. Carnage majuscule aux teintes aurifères, aux sanglots de lumière et garance noyés. C’est l’instant T du rendez-vous, vent debout, livrée d’apparat, étoile abasourdie de ses oripeaux incarnats, interloquée de songes canicule. C’est un fieffé fatras saturé de couleurs.
Liqueur vermeille, astre de sang, reflets incohérents sur des nues se détricotant. C’est de la poudre aux yeux, de l’esprit facétieux, foudre sans sommation d’un vibrant maquillage.

L’horizon s’écrase au-delà du flou, toute certitude abolie, vicissitudes garanties quand partout s’insinuent l’onde de tourmente et les avaries. On voit se diffracter son âme endolorie, vagabonde en papier dont les rides posthumes ont d’ardentes lueurs que l’amer liquide consume.

À l’instar des adieux la houle est déchaînée, l’écume véhémente, les sueurs intrépides.

Vint alors un vaisseau brûlant les feux de mille ports. Son gréement revêtit un costume de grâce. Fugace déploiement des ailes dans l’espace. Flottement dans la nasse où les rêves s’échouent comme un déferlement d’oiseaux dans un estaminet, la voile éberluée sur le sol, en ocelle, le cœur affligé d’une langueur d’exil sans une île où se poser. Sans un archipel où se désengluer d’un préambule au désespoir.

Quand la nuit comme un assommoir escamota le crépuscule ils se ruèrent en abondance et sans raison vers les embruns sorciers.
Des marins moribonds singèrent leur souffrance en un simulacre princier.


 
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   Myndie   
31/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Magnifique ! Ce texte est un bonheur sensuel et intellectuel.
Ces moments là, de contemplation et de méditation, je les aime tellement que je vois sans peine à travers votre regard de voyant.

Cette poésie , qui ne cherche pas à répliquer le monde mais joue avec ses couleurs, ses mouvements et détourne le réel de son cours prosaïque me touche profondément.
Je sens la délectation du poète qui joue avec les mots,leur rythme et leur musique, leurs sens pour nos entraîner dans le sillage de ses émotions :
«  Carnage majuscule aux teintes aurifères, aux sanglots de lumière et garance noyés »
«  C’est un fieffé fatras saturé de couleurs »
«  Vint alors un vaisseau brûlant les feux de mille ports »

En fait, je pourrais tout relever tant ce texte dans son entièreté regorge de richesses poétiques et crée une magnifique atmosphère.
Cela va bien au-delà de la description : j'ai l'impression de regarder le monde, posée devant ces «  Liqueur vermeil, astre de sang, reflets incohérents sur des nues se détricotant » et de deviner les images plus qu'à les recevoir.
Vues ainsi, toutes les choses du réel peuvent devenir allégories et fluctuer au gré de la sensibilité de chacun, que l'on soit l'auteur ou le lecteur.
J'ai suivi jusqu'au bout le chant des sirènes jusqu'à la fulgurance finale, et me suis plongée avec délices dans la magistrale illustration de la puissance du rêve éveillé.

Mille merci pour ce tableau plein d' « écume véhémente » et de « sueurs intrépides ».

   papipoete   
12/8/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
bonjour Cyrill
Un coucher de soleil sur l'horizon des flots, d'une mer où l'incarnat se mélange au flou des couleurs éteintes.
NB vision de l'auteur qui manie les sens, les images d'une palette extraordinaire, à sa " façon " dirais-je.
le retour au port d'un équipage, des " marins moribonds " sonne comme une cruche, dont l'on verserait le vin de cailloux bruyants...
heureux de voir le retour de notre poète dans ces colonnes, mais ses textes toujours si loin de ce que je sus écrire, me désarçonnent toujours.
une profusion de couleurs de la même teinte, une déclinaison du rouge...

   Provencao   
12/8/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,


J'ai été littéralement sous le charme de cet instant T où vos mots sont de tous les instants, avec cette écriture qui assigne ce crépuscule là où rien ne le laisserait se distinguer.

Sublimes sueurs intrépides, dans la rencontre de cet horizon qui ne cesse de surprendre.
J'y ai vu en quelques instants l'ébauche d'un tableau ...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   jfmoods   
13/8/2024
Le regard grinçant du poète démystifie le moment ("un fieffé fatras saturé de couleurs", "reflets incohérents"), dynamite le poncif du coucher de soleil ("de la poudre aux yeux"), sa théâtralité de scène d'opéra ("livrée d'apparat, étoile abasourdie de ses oripeaux incarnats", "un vibrant maquillage"), l'imaginaire déliquescent qu'il sollicite ("On voit se diffracter son âme endolorie"). Il convoque le thème obligé, éculé, du naufrage intime ("toute certitude abolie", "l'onde de tourmente et les avaries", "la houle est déchaînée, l'écume véhémente, les sueurs intrépides", "les rêves s'échouent", "le coeur affligé d'une langueur d'exil sans une île où se poser.") avec un glissement impromptu du présent vers le passé simple qui amplifie, s'il en était besoin, ce précipité dans une désespérante mer intérieure. Mais c'est pour mieux décapiter, à la chute, ce cliché rance et sinistre ("Des marins moribonds singèrent leur souffrance en un simulacre princier"). Le titre du poème - locution nominale utilisée généralement dans un contexte scientifique - exclut toute émotion facile, toute envolée pathétique convenue.

Merci pour ce partage !

   Cyrill   
14/8/2024


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