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Poésie en prose
Cyrill : L’inventaire par soustraction
 Publié le 18/03/25  -  10 commentaires  -  1329 caractères  -  196 lectures    Autres textes du même auteur

D'une existence buissonnière, l'inventaire par soustraction.


L’inventaire par soustraction



Dès la première heure il y eut maldonne, erreur sur la personne, absence et manquement. Un leurre, un tourment, de ces malentendus économes de sens, une déconvenue sur la corde semblable. Treize convives à table et luxe de laquais dans l’ombre expectative. Un strapontin-chaise au banquet. Quelque récidive au vif de la horde. Des hypothèses de principe assorties en bouquet.
Non-lieu non avenu, conséquence qu’on anticipe. La conscience se mue en fantôme au royaume des apparences. Les parenthèses sont en loques, dévoilant aux nues mon bastion. L’équivoque est sans sommation, onde de choc avec effet d’apothéose.

Ambition cavalière auréolée de lune, je voulus l’art et la manière en parfait virtuose, la fortune au cours du voyage et le soleil sur la lagune. J’obtins le tiers du quart quand il fallut tourner la page, et le sommeil sur la lacune. Je décrochai d’obscurs rencards bleuis aux fumées d’un tripot, gagnai des créneaux du fond de l’ornière à la démesure du pot, des mésaventures tapies en dépit des tanières.



L’existence fut buissonnière et criblée de silence.
Ô ! mes chers disparus à qui je dois tant de beautés, qui m’avez été dilettantes et si précieux alliés en terrains incongrus ; sur la pente oubliée de mes hautes fertés j’incline à solder la charpente.


 
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   Dimou   
6/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
"Existence buissonnière" ouais mais si c'est pour échapper aux parvenus vous êtes tout(e) pardonné(e)

il n'est pas sûr, plus encore à notre époque, qu'un poète puisse être du monde.

L'artiste indique, dirait-on, qu'il s'est mis aux arts assez tard : "J'obtins le tiers du quart quand il fallut tourner la page"

Ainsi qu'il avait de l'ambition : "je voulus l’art et la manière en parfait virtuose"

Vous avez rattrapé vos "lacunes" hein, ce poème parle pour vous !!

Magnifique pièce. Vive la prose !

Dimou en EL

   Myndie   
18/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,

Tes talents de peintre ne sont plus à démontrer ; faut-il voir alors dans ce texte, beau et émouvant, l'ébauche d'un autoportrait ?
L'inventaire par soustraction ressemble fort à un regard dans le rétroviseur et au constat plus désabusé qu'amer d'une existence un peu hors des clous, aussi chahutée que pleine de richesses intellectuelles et artistiques.
Sous leurs habits de poésie, les formulations sont éloquentes et laissent deviner en filigrane un sentiment d'imposture (bien injustifié), déni de soi et déni de talent :
« parenthèses..en loques », « bastion »  « aux nues » (à nu donc?) « équivoque..sans sommation », « onde de choc »
et d'échec :
« Ambition cavalière auréolée de lune, je voulus l’art et la manière en parfait virtuose, la fortune au cours du voyage et le soleil sur la lagune. J’obtins le tiers du quart quand il fallut tourner la page, et le sommeil sur la lacune. »
Ici affleure la perception décourageante d'impuissantes vélléités et l'envie de renoncer : 
« sur la pente oubliée de mes hautes fertés j’incline à solder la charpente. »

Parfois les vicissitudes de la vie dévorent la confiance en soi, l'assurance et toute l'énergie qu'il a fallu mobiliser pour en gagner une part infime.
Parfois le départ d'êtres chers fait vaciller le colosse aux pieds d'argile ; ce n'est pas moi qui dirais le contraire.

La fin est bouleversante.

   Zeste   
18/3/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
De tout ce qui est refoulé et inconscient, le chant du cygne pour une vengeance sur la nuit annoncée.
A la promesse cendrée du feu sacré létal, d'une communauté de destin s'activent encore les fileuses d'une trame finale qui n'existe pas encore, et déjà de l'ombre du souvenir, le remords; cette douleur du regret, du mal être...
Et du champ du signe donc, cette soif dévorante et inextinguible des mots!
Le mutisme tue, l'écriture attend!

   Volontaire   
18/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonsoir,

J'aime beaucoup ce poème dont les sonorités me font l'effet de pièces de bois qu'on entrechoquerait. Un enchaînement implacable, sec, un peu comme les percussions corporelles ou les cup song qu'on apprend parfois sur les comptoirs des bars.

Les sonorités me tiennent en haleine, et me font suivre le cours implacable de l'histoire qui dégringole, avec une petite préférence pour le deuxième paragraphe (le tiers du quart, soleil sur la lagune/sommeil sur la lacune). La fin m'apparaît sur un tas de paille éclairé par une grosse lune, non loin des routes où Don Quichotte mène son fier destrier.

Il y a beaucoup de mots dont je n'ai pas l'usage et peu de notations de couleurs ou de formes qui m'aideraient à me figurer les choses hors de leurs abstractions, mais c'est un style et ça ne nuit pas je crois à l'efficacité du poème.

Merci de ce partage implacable,

(Des implacables partout, mais vraiment la sonorité du mot m'évoque le poème)

Bonne soirée,

   Eskisse   
18/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Un portait grandiose et désabusé d'où le "je" n'est qu'à peine effleuré comme par humilité.

Aussi abstrait pour moi ( dans sa première partie) que le langage mathématique J'y vois l'étrange. ...

j'ai beaucoup aimé l'expression " ambition cavalière auréolée de lune" ( je vois un cheval passer dans la lune)
L'apostrophe aux être perdus vient clore le poème de belle manière : par la gratitude envers ces êtres qui vous ont construits.

   Provencao   
19/3/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Cyrill,

Plusieurs lectures pour mieux appréhender votre écrit...mais en vain.
J'ai essayé de trouver la tendance séductrice et poétique dans cet inventaire mais voyez-vous, à l'opposé de " j'incline à solder la charpente " j'essaie de maintenir le peu de charpente...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Pouet   
20/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

un texte très réussi, dont les mots, bien en place, frappent juste et fort.
"le soleil sur la lagune"/"le sommeil sur la lacune "
Je n'ai pas grand chose à dire si ce n'est que ce texte m'a réellement ému. Ce qui n'est pas si courant pour moi.

   Cyrill   
26/3/2025

   BlaseSaintLuc   
27/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Avez-vous lu "le Juif errant" ? j'aime beaucoup D'ormesson , je le dis au présent, les livres ne sont pas encore tous brûlés, on peut lire encore un peu.
j'aurais tout aussi bien pu évoqué le"davinci code" tellement les énigmes sont nombreuses, une vie dans le rétro, ça se voit forcément à l'envers, il y a eu maldonne dès le début, le narrateur nous dit donc l'envers de son décor, j'espère que le jeu en valait les trente-six chandelles ?
Un peu trop de pertes, des absents des silences.
Mais sur terrains incongrus,l'école fut buissonnière.
Allez, pour solde de tout comptes je vous offre les bières

   JohanSchneider   
28/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Loin de moi l'idée de singer le précédent commentateur, mais... avez-vous lu "D'après Paris" de Léon-Paul Fargue ? (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1523727x)
Le style d'écriture pratiqué dans ce texte est très proche du vôtre (à moins que ce soit le vôtre qui est proche du sien, car Fargue vous précède de plus de 90 ans).
Je suis toujours admiratif de ce genre de prouesses langagières, en étant pour ma part incapable.
L'inventivité, la richesse lexicale, l'audace, tout cela me plaît beaucoup.
J'espère que vous me pardonnerez la superficialité de ces appréciations. Pour le moment je tâtonne toujours à la recherche de ma clé personnelle de décryptage de votre écriture.


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