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Poésie contemporaine
Cyrill : Métamorphose
 Publié le 20/07/18  -  8 commentaires  -  1277 caractères  -  189 lectures    Autres textes du même auteur

À l’ombre de Kafka.


Métamorphose



De quelle affaire avais-je à mon corps défendant ce matin dépendu ?


Lorsque j’ouvris les yeux dans le noir absolu
De ma chambre, au matin, il me vint un braiment
Sordide et dépassant de loin l’entendement
Un timbre à la fois rauque et bel, de gorge crue.


Je songeais aux méfaits de ma sœur et dégâts des gâteaux de ma mère.


Lorsque je veux alors mettre les pieds à terre
Quatre sabots de corne jouent les affiquets
Si bien que je m’écrase à même la poussière
Mon dru crin finissant de lustrer le parquet.


Puisque j’en étais là je réclamai mon bât en donnant de la voix.


Celle-ci, plus flûtée, mais âcre toutefois
Brise là l’harmonie d’une quinte mineure
Conquise de haute lutte au violon de ma sœur.
Père conçut quelque courroux à mon endroit.


J’opérai aussitôt un repli apeuré vers mes appartements.


Et depuis l’on m’y tient. Mes aimables parents
Ne manquent pas un jour de changer ma litière.
J’essaie de conserver quelque peu des manières
Qu’on m’avait enseignées lorsque j’étais enfant.


Mais j’ai beau m’exercer dès que je veux parler je ne sais plus que braire.


 
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   Anonyme   
9/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
Assez jubilatoire, la description de cette ombre.
Je ne me souviens pas que Kafka ait mis tant d'humour à se "métamorphoser", mais vous évoquez "l'ombre" modestement.

Très 19e siècle , par le style, votre poème, très bien écrit, peut de plus être lu à plusieurs niveaux, ne boudons pas notre plaisir et où kafka, de mémoire, évoquait les problèmes relationnels en famille de dramatique manière, l'humour et la dérision se conjuguent bien.
Un détail, le premier vers se mérite, on pourrait ne pas avoir envie de poursuivre craignant la complexité de l'expression.

Poésie réfléchie, travaillée et savante, loin des fond et forme que j'affectionne mais bien plaisante à croiser.

Merci du partage,
Éclaircie

   papipoete   
20/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Cyrill
Lorsque ce matin, je voulus me lever, je posai non pas 2 pieds à terre, mais 4 sabots ; ceux d'un âne ! par quel maléfice m'a-t-on transformé en animal de bât ?
Ce songe me poursuit tellement, que lorsque je veux parler, je e sais plus que braire !
NB on affubla les cancres de bonnet d'âne ; on cria sur celui qui ne comprenait rien << espèce d'âne ! >>
Le héros fut je pense le second personnage ?
Un récit drôle et grinçant à la fois !
L'emploi du présent, à partir du 7e vers surprend ; j'aurais continué mon récit au passé-simple .

   Anonyme   
20/7/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Effectivement, cette " Métamorphose " est très inspirée de la nouvelle écrite par Kafka.
Ici, l'âne - ce grand calomnié - a remplacé l'horrible insecte.
On retrouve les mêmes personnages, sauf que, dans l'original, les parents sont beaucoup moins conciliants.

Sincèrement, ce texte ne m'a pas beaucoup séduit.

   Vanessa   
21/7/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je n'ai jamais lu Kafka.
Je trouve votre poème pationnant. D'abord dans l'écriture que je qualifierais de noble .
Et ensuite,j'ai lu dans cette métamorphose , la métaphore d'un passage de l'enfance à l'adolescence comme il peut être vécu parfois.
Vous marchez sur les pas de Kafka de si belle manière que je m'en vais de ce pas le découvrir.
Merci beaucoup.

   jude-anne   
21/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Cyrill,
Il faut aimé Kafka pour lui rendre un si bel hommage !
Moi qui ne suis pas fan reconnais toutefois que l'hommage est réussi tant par la plume que par la construction et une déroutante incompréhension.
J'avoue avoir ressenti la même chose en lisant kafka.
J'apprécie donc ce bel hommage.
Chapeau bas !

   LylianR   
21/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème narratif bien écrit qui se lit avec plaisir. J'ai d'ailleurs souri tout au long de la lecture. Le contenu y est ludique, comme un clin d'oeil.

Des jeux sur les sonorités que j'ai bien appréciés :
De quelle affaire avais-je à mon corps défendant ce matin dépendu ?
...
Je songeais aux méfaits de ma sœur et dégâts des gâteaux de ma mère.

Les vers que j'ai le plus appréciés : tous !

Merci pour ce bon moment de lecture.

   BlaseSaintLuc   
24/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien
C'est ludique, oui il y a du jeu, cela joue et ce la joue un peu aussi, j'ai eu du mal a suivre le fil, pelotes de laine que j'aurai sans doute mal déroulée, l'auteur joue à chat, , et moi souris, je souri oui, mais comprendre,? Trouver ?

   Eskisse   
17/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cyrill,

Un poème drôle et grinçant qui met, comme dans la nouvelle, le protagoniste devant le " méfait" accompli et soulève la question de l'aliénation ( devenir autre ) , de la perte de liberté, peut-être de l'oubli ou non de soi et de la persistance à vouloir conserver une part d'humanité même dans un monde absurde.
Le récit est réussi qui ne fait pas état du sentiment du protagoniste en restant factuel.
J'ai aimé l'ironie de "mes aimables parents" et le "on " distancié de "on m'y tient".


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