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EtienneNorvins
20/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Techniquement, une palimpseste est un parchemin « dont on a effacé la première écriture pour pouvoir tracer un nouveau texte ». L’auteur.e nous convie donc à lire ce texte en même temps qu’un filigrane, le 'sous-texte' de ce qui l’a précédé.
D’emblée, il est souligné que ce texte ‘lisible’, sous nos yeux, est le résultat d’un échec : le « geste » d’écrire, supposé en proie à l’inspiration (« fantaisie ») est allé à sa ruine (« périclité »). N’est resté pour seul « profit » (qui file la métaphore commerciale?) qu’une page 'évidemment blanche' en même temps que se déclarant publiquement, solennellement telle – est-ce le blanc qui est manifeste ou le manifeste qui est blanc ? En tout cas, on est en plein dans le ‘Pâle-grattage » (Pal-impseste), au sens que gratter veut aussi dire ‘tricher’. Il faut donc « troquer le décor » (toujours la métaphore de l’échange boutiquier) : échanger ‘l’entourage’, ‘l’ornement’, ‘la parure’ du texte pour autre chose – sans doute parce que le geste d’écrire est lui-même « allé dans le décor »… Il a quitté la voie tracé du ‘Poëme’, ne parvient plus à s’extraire du fond blanc de la page de brouillon… Alors on entre dans la ruse, avec une certaine dose de malhonnêteté (« stratagème », « esquive », « embarras », « imposture », puis viendront « fourbe chimère », « aube délétère »). En suivant un « schème en reliquat de forme pure » jailli des « ailes du sort » - soit une ‘pure figure de style’, ‘simple structure’ comme une coquille vide que le hasard semble avoir esquissé, il faut ‘faire semblant’, attifer le poème raté pour qu’il ressemble à quelque chose (« donner le change » pour rendre au poète la menue monnaie de sa pièce ? ; « grimer » ; « accorder quelque allure » à ce qui reste un gloubiboulga sans queue ni tête : des « fragments en mélange »). Pour cela il faut le passer sur un équarrisseur qui ressemble à un chevalet de torture (« rogner », « tordre », « ferrer », « piéger »). Le but semble être la pure épate - « cultiver l’embarras pour draper l’imposture » : ça commence à ressembler à une moquerie d’un certain art contemporain : beaucoup de bruit autour de rien – en suivant « la voie des vents et leur grâce pusillanime » : bref, être opportuniste comme une girouette… Est-ce parce qu’il est difficile d’assumer un tel tour de passe-passe, et qu’on a un peu honte – ou est-ce pour accroître artificiellement un peu plus le mystère et la mystification – qu’on « biffe la signature » et rend l’écriture « anonyme » - comme pour faire un peu plus croire à une origine ‘divine’ du texte ? Car sous les « vents » et dans la lumière d’un matin ambigu (« fée du levant » / « aube délétère ») il ne reste plus que « chimère », « métaphore invalide », « failles », « béances ». Aucun papillon ne sortira de la « chrysalide » félée. Faut-il lire « Virent » (mais alors qui?) ou plutôt le résultat d’une coquille – donc « Vinrent » ? C’est en effet un « détail d’archive » qui sera oublié à la parution du Palimpseste :)). Il ne reste qu’une cérémonie mortuaire, sinon morbide (« funérailles »), où « ceux » des lecteurs qui sont « au nord », où le soleil ne passe jamais, ont les yeux suffisamment injectés d’encre pour confondre ‘invitation au voyage’ (« port ») et ‘embourbement’ sans issue (« rives mornes » / « sables mouvants »). Un texte à la fois virtuose (car c’est en plus très musical – peut être ce qui ‘sauve’ le palimpseste d’être un pur ‘objet inane’ ?) et iconoclaste – puisqu’il n’est pas sans tirer la langue au « mallarméen » qui s'assume derrière ce clavier :)). [En EL] |
fanny
29/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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"Je m'étais promis de poétiser sur un sujet plus gai..." Ha bah non, toujours pas, et en plus il faut qu'on réfléchisse, entre Noël et le jour de l'an, je te rappelle que c'est la période des contines, franchement je ne sais pas si le compte y est :
Un, deux, trois, l'embarras, Quatre, cinq, six, travestissent, Sept, huit, neuf, l'heure des veufs. J'en conclu qu'il va falloir changer de grimoire, troquer la chrysalide, et traverser la rive. Bon alors dès qu'on est à jeun et qu'on a fini de digérer Quelque part ce texte me rappelle "le petit traité du désespoir ou des mélancolies d'assomoir", mais là non plus je n'avais pas vraiment eu le temps de commenter. Il faudra que je revienne un jour sur ces écrits, désolée de ne pas pouvoir m'y pencher davantage en ce moment, j'ai néanmoins beaucoup apprécié ma lecture. En attendant, bonne journée, bonne année, apprenons à nager. |
Eskisse
29/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyrill,
Je trouve ce poème carrément élégant dans son style, dans son lexique et dans la pointe d'humour qu'il dégage. Je prise l'idée de "palimpseste" parce qu'elle porte un secret, un "caché", des couches d'écriture. Donc j'apprécie fortement le thème. Je lis dans ton poème la volonté de raconter ( récit au passé simple comme un conte) la genèse, le processus de création d'un poème avec ses ratages et ses stratégies ( lexique de la ruse ou de la contrefaçon : "esquive" "grimer" stratagème" ) mais je suis perdue à la fin : avec les " funérailles" s'agit-il d'un de ces poèmes qu'on jette parce qu'il n'est pas abouti ? ( ne suis pas vraiment sûre de l'intention, là) Où bien de l'écriture de la première "couche" palimpseste que l'on retranche ? J'avoue, je ne comprends pas : "une aube délétère à la futilité des morts que la métaphore invalide" mais que la formule est belle ! J'aime beaucoup : " On fit allégeance à la chimère" qui suggère que l'auteur est fidèle à l'illusion, au rêve... Quoi qu'il en soit, le choix du "on" me paraît judicieux tant il ouvre de possibilités sur le panel des auteurs et crée à nouveau un mystère. Une écriture résolument audacieuse, nimbée de paillettes médiévales, se tenant dans une robe élégante ( je le redis) ! Merci. PS: Je me suis quand même creusé la tête ! C'est comme ça avec ton'écriture. Je ne suis peut-être pas sur le bon (par)chemin ! |
Polza
29/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyrill,
J’ai trouvé ce texte à la fois poétique, audacieux, malicieux et ingénieux. Bon, j’avoue que pour le titre, j’ai dû aller chercher dans le dico. Même si ce n’est pas forcément mon style de poésie à la base, j’y reconnais pourtant un travail d’innovations stylistiques admirable. C’est le genre de poésie qui laisse la porte ouverte à l’imagination du lecteur, ça m’oblige à sortir de mes sentiers battus et je trouve cela plutôt plaisant. Je ne peux malheureusement rien vous apporter d’original et de constructif dans mon commentaire, à part peut-être une petite remarque. Dans « d’une aube délétère à la futilité des morts que la métaphore invalide, aux insondables failles, aux béances chrysalides. » Je n’ai pas bien sais ce passage, je m’attendais à ce que « que la métaphore invalide » fasse quelque chose, qu’il y ait une action introduite par un verbe derrière cette phrase. J’ai surement loupé quelque chose dans ce passage, peut-être voudrez-vous bien m’expliquer quoi, ou bien peut-être préférerez-vous garder le mystère (auquel cas je ne vous en voudrai pas du tout). |
Provencao
29/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Cyrill,
"Pour donner le change et grimer le poème on dut rogner aux quatre coins, tordre la sémantique, accorder quelque allure aux fragments en mélange, apprivoiser la horde allégorique et ferrer les témoins comme on piège des rats. Cultiver l’embarras pour draper l’imposture." Belle ambition en votre écriture astucieuse avec cette fragilité â changer la façon commune de penser. Avec l’acuité qui est la vôtre, vous nous offrez une version particulièrement dramatisée, qui nous amène à découvrir une poétique singulière aussi bien qu'à réinventer l'enjeu de l'écriture maline. Au plaisir de vous lire Cordialement |
ALDO
29/12/2023
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Bonjour
Je me suis fait ferré par vos phrases courtes... Me suis perdu dans les longues... |
Lariviere
31/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyril,
Du vocabulaire, un rythme une musicalité... Des phrases aux airs d'aphorismes surréalistes... Personnellement, je n'en demande pas plus à la poésie, et pour le sens je ne suis pas fan des poésies simplistes, ici, je suis conquis. Merci pour cette lecture |
Eki
31/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Le beau geste de ta plume sur la peau des mots...
Entre les lignes, entre béances et failles, tu sabres avec élégance, sacres les mots raffinés, convoques l'écriture dans ce "blanc manifeste". Ce texte ressemble à un pacte secret entre la poésie et l'inspiration, la création sous mille voiles... Rien ne s'évapore à la lecture, ce texte est assez court en offrant son essence poétique. "Cultiver l'embarras pour draper l'imposture"...d'une poésie rare ! Il y a une part de mystère (pacte secret comme je l'ai écrit plus haut) qui scelle ces sables mouvants. J'aime beaucoup. |
Myndie
1/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Cyrill,
Arrivée tardivement, je ne peux qu'adhérer à la plupart des commentaires, notamment à l'analyse fine et poussée d'EtienneNorvins. Ce poème est une longue série de métaphores soigneusement camouflées et pourtant pleines de cohérence. Le texte pose une hypothèse frustrante : la page blanche, c'est ne pas écrire, c'est la mort, le néant. L'alternative, c'est d'user de tout l'attirail poétique vu ici comme autant de subterfuges, de stratagèmes pour déguiser l'existant, l'écrit qui ne satisfait pas, pour « grimer le poème » et « cultiver l’embarras pour draper l’imposture. » Voilà, tout ça a le mérite d'être clair. Ainsi ce texte concis, subtil, se défend-il de l'hermétisme. Je n'ai pas manqué de repères pour définir ma pensée. Et surtout, je trouve ta prose éminemment poétique. Pour esthétiques qu'elles soient, les images n'en ajoutent pas moins au mystère ; elles suggèrent et font rêver. C'est une joie délicieuse d'en multiplier les interprétations. Et ici : « on suivit la fée du levant dont s’échevelaient les fragrances. » « Ses ronds de fumée vers les cieux travestissaient l’adieu d’une aube délétère à la futilité des morts que la métaphore invalide, aux insondables failles, aux béances des chrysalides. » j'avoue avoir eu l'étrange sentiment de traverser le miroir. Bravo et merci pour ce texte magnifique. |
Geigei
1/1/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
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L'utilisation du "on" laisse planer le doute. S'agit-il d'un pamphlet, où le "on" servirait l'ironie complotiste, un rien parano ? Mais de quoi ?
D'une apologie de la poésie en prose, venue remplacer avantageusement le classique ? D'un doute singulier, n'appartenant qu'à l'auteur, qui écrit et récrit ? C'est un jeu de piste. Une course au trésor. Reste la musique, les 6/6, alexandrins... Les paronomases "troquer le décor", "stratagème étrange"... Les pseudo-rimes "anonyme/pusillanime", "chimère/délétère" S'il s'agissait de "Cultiver l’embarras pour draper l’imposture", c'est réussi. S'il s'agit d'une critique de cette démarche, c'est raté. |
papipoete
1/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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bonjour Cyrill
Un peu comme sur un stencyl, où l'on devine encore les traits que le temps effaça, je prend mon crayon de papier, en suis les mailles fines ; bientôt naît le filigrane. NB certes, j'aurais parlé de ce vieux papier, d'une façon bien prosaïque, mais dois reconnaître à ces lignes bien du talent ! L'ultime ligne me fait penser à un grand feu, où l'on jette tout ce qui fut ; photos, souvenirs, que la fumée emporte au vent. |
Cyrill
7/1/2024
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