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Poésie en prose
Cyrill : Petit traité du désespoir…
 Publié le 16/07/23  -  13 commentaires  -  1267 caractères  -  267 lectures    Autres textes du même auteur

… et soupçon de paranoïa.


Petit traité du désespoir…



Décoction d'illégal ou liqueur sans égal, je régale au jugé. Buvez, c'est de rancœur.

La focale est perfide et je vois dans vos yeux l’hybride des enjeux lorsque l'amer du paradis fait un fourbi de toute étoile, hisse la voile, hausse le son.
La mer étale à l'horizon confond les sens et réverbère un soleil pâle.
La ville rend un long frisson derrière les murs où dès lors ma raison s’égare. Le décor pare les saisons d’angles morts aux plis du costume. Je vous fais grâce du posthume, il est d’hier à l’infini.

Nous crypterons donc le message… Il s’est noyé hors de propos dans un visage où tout s’achève, au dernier regard de la grève, au premier rouleau sur la plage, dans le tain fourbe des miroirs.
Un déshabillé de poussière a pris la douleur de l’armoire, je n’ai jamais su la manière. Je l’ai croisé dans les couloirs au plus profond de ma tanière, cousu de noir sur blanc d’hiver.
L’orgue lent à peine d’église ambitionne un tempo de brise et l’écho me revient en thème : une onde claire et sans rature sur un riff dodécaphonique.
La clique me suit et blasphème : un phénomène introverti que je parjure et revendique.

Aux abris !
L’aile appesantie du soufre chaud de l’imposture.


 
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   jeanphi   
4/7/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,

Je ne perçois pas le lien entre la paranoïa et votre poésie, sinon peut-être l'irrationnalité, éventuellement l'introversion et l'évidence saugrenue de vouloir imposer un cryptage.
J'ai l'impression que des propositions relatives ont déserté certaines phrases pour aller se nicher de manière incongrue dans d'autres ...
'... je vois dans vos yeux l'hybride des enjeux ...' hybride est-il le terme le plus adéquat ?
Les deux premières strophes me détournent de la beauté des suivantes. L'harmonie fait cruellement défaut à ce désespoir.

   Donaldo75   
7/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Je ne suis d’ordinaire pas fan de ce type de poème qui à mon goût blablate pas mal ; cependant, le décalage qu’il expose me semble intéressant, surtout en poésie en prose.

Je retiens un vers que je trouve emblématique : « L’orgue lente à peine d’église ambitionne un tempo de brise et l’écho me revient en thème : une onde claire et sans rature sur un riff dodécaphonique. »

Pour du décalé à tendance cryptique, c’est gratiné. Evidemment, si je me cantonne à la quête du sens, à la satisfaction de mon cerveau gauche qui veut à tout prix réconcilier les vers avec le thème ou l'exergue ou le titre ou la couleur du ciel ce vendredi soir, je suis mal.

M'en fous.

   hersen   
7/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'ai vraiment aimé le travail sur les sons, les mots, les doubles sens évoqués, tandis que je suis dans la barque.
Il y a dans ce désespoir un fond cynique, bien retransmis par ces emplois de mots déphasés, ainsi, on lit, d'une certaine manière, tout et son contraire, on n'arrête pas de trébucher, et on se relève et on tombe dans un autre piège piégeux.
J'ai lu de grand coeur !

   papipoete   
16/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Cyrill
Très surpris par cette écriture, qui ne ressemble aucunement à votre façon cyrillesque ; c'est même rédigé de main d'un maître, qu'en toute humilité... put être moi !
NB bien sûr, trop facilement je pourrais dire que ce récit me va, me sied m'emmène sans tarabistouille, et jusqu'à l'ultime ligne, votre plume nous fait voir la mer, amère comme le désespoir.
La strophe " l'orgue lent... blasphème " est mon passage préféré.

   Quidonc   
16/7/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Ce poème présente un ton sombre et désespéré, explorant des thèmes tels que l'amertume, l'illusion, la douleur et la désillusion. Les images utilisées sont riches et poétiques, créant une atmosphère mélancolique et introspective.

La première strophe, avec ses expressions telles que "décoction d'illégal" et "liqueur sans égal", évoque un sentiment de plaisir amer et de ressentiment. Cependant, certains vers peuvent sembler obscurs et difficiles à interpréter sans une connaissance préalable du contexte ou des références.

Le poème se concentre également sur la perception et la confusion, évoquant l'hybridité des enjeux et la déformation de la réalité. Les images de la mer, de la ville et des miroirs créent une sensation d'étrangeté et d'aliénation.

La dernière strophe utilise des expressions fortes, telles que "l'aile appesantie du soufre chaud de l'imposture", pour renforcer le sentiment de désespoir et de tromperie.

Cependant, malgré les images saisissantes et la profondeur des émotions exprimées, le poème peut sembler hermétique et difficile d'accès pour certains lecteurs. Les métaphores et les références obscures peuvent rendre la compréhension globale du poème ardue.

   Myndie   
16/7/2023
Bonjour Cyrill,
le message est crypté, soit. Nous étions prévenus par l'exergue. Libre à nous alors de naviguer au jugé – mais surtout au ressenti – dans les méandres de ton texte.
Cependant, si tu as choisi la prose pour nous égarer dans ta paranoïa, c'est bien le Cyrill jongleur des mots, des sonorités et des sens cachés que l'on retrouve ici.

Rien que ceci : «Décoction d'illégal ou liqueur sans égal, je régale au jugé. Buvez, c'est de rancœur. » , dit à voix haute est un régal à l'oreille. Avec en supplément une pointe d'humour qui ne gâche en rien son caractère sibyllin.
Et ça : «Le décor pare les saisons d’angles morts aux plis du costume. Je vous fais grâce du posthume, il est d’hier à l’infini. » ; j'adore cet humour fin et un peu roublard à la Boris Bergman.

Ce goût de l'équivoque et ces pirouettes qui n'en ont pas l'air sont-il destinés à donner le tournis au lecteur ? En tout cas, ils servent admirablement, cyniquement, le tragique de l'introspection, l'amertume et le désespoir exprimé.
Et du coup, les formules rendues alambiquées par un habile mélange des termes deviennent éminemment suggestives.
C'est du grand art, j'applaudis de toutes mes mains.

Myndie

   Quistero   
16/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J’ai bien aimé l’écriture, ses amendements, ses bascules, le ton général qui ne ment pas au titre tout en le décompressant par des formules saisissantes comme curieuses. Merci.

   Provencao   
16/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Cyrill,

Peu de poésie de votre part sous cet angle.....

Le contraire de la réflexion ce n’est pas l'ubuesque :c'est le désespoir. Qu’est-ce penser ? Aller, fouiller, esquisser un ordre, céder une priorité. La focale est perfide, je parjure et je revendique.....
Seulement, l’espoir n’a pas de consistance. Il est fait de tout et de riens.
La tristesse n 'afflige pas, alors que le désespoir accable . C’est l’autre face de la bêtise, un relâchement sans fin.
La mort nous menace constamment…

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Eki   
16/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un vrai champ de bataille pour une petite guerre intime...

Le titre m'a plu, on sait que le sujet ne plongera pas dans les sources joyeuses.

On se laisse embarquer sur cette encre noire, la plume est acérée et chaque mot est un oiseau de malheur qui plane et laisse son ombre...

C'est sarcastique et ça mord...
Vous avez traité ce désespoir avec tout ce que j'aime.

Alors, j'ai tout bu judsqu'à la dernière goutte appréciée
"Aux abris !
L’aile appesantie du soufre chaud de l’imposture.

Un texte qui n'est pas trop long.

Eki

   Pouet   
16/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

il est question d'imposture - boire son calice jusqu'à l'hallali - le texte se termine là-dessus et c'est ce terme qui me fait rebondir, imposture de qui ? de quoi? De celui pour qui joue l'orgue dans un blasphème ? De celui qui écrit ces lignes, enfin du narrateur ? L'imposture se niche partout, dans l'ego et la modicité.
Les splendeurs des bas-fonds ou la luminescence du gouffre. Les abîmes du Très-Haut.
L'imposture d'être, avant toute chose. L'imposture de la douleur.
La mendicité de l'espérance sans tendre la main ou alors avec un moignon sanglant.

Le désespoir donc, et son traité à l'instar de Sören Kierkegaard...
Il semble compliqué d'être au monde ici, de se montrer à soi-même plus qu'aux autres, d'ailleurs existent-ils, les autres ?
Dans ce texte nous passons du paysage au dépaysement de soi.

Une écriture dans laquelle, modestement, je me reconnais un peu.

Deux passages me parlent particulièrement : « Je vous fais grâce du posthume, il est d’hier à l’infini. »
ainsi que : « Il s’est noyé hors de propos dans un visage où tout s’achève, au dernier regard de la grève, au premier rouleau sur la plage, dans le tain fourbe des miroirs. »

Mais l'ensemble touche, marque. Porte le sceau de l'authenticité.

   Vasistas   
17/7/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,
Surprise du hasard !
Les mots démangent, trichent aux entournures, riches en ouvertures, les images se débâtent et s’enfuient, elles sonnent, étourdissent, je cherche à dénouer les fils, je m’accroche et reprends à voix haute, délicieux, merci pour l’aventure.
J'aime tout et en reprendrai bien une petite tasse, dans l’espoir.

   AMitizix   
7/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Un « traité du désespoir » qui déroute, alors que les sons qui s’entrechoquent et les rythmes qui se heurtent et qui reviennent (un ressac) délivrent au lecteur comme des uppercuts successifs qui le surprennent dans sa lecture. Comme si je lisais un vieux parchemin antique sur un radeau au milieu d’une mer démontée.
Doit-on chercher un sens, une signification précise aux mots de l’auteur, rechercher un récit construit et cohérent derrière les métaphores ? Je n’en sais rien, il le dira sans doute. Pour ma part, je n’ai cherché qu’à laisser s’imposer des images successives au cours de mes lectures. Mais l’oreille, elle, est particulièrement sollicitée ; je commence par quelques mots sur ce sujet.

« Poésie en prose » ? Pourtant, on trouve des vers et des rimes là-dedans :

« Décoction d'illégal
ou liqueur sans égal,
je régale au jugé.
Buvez, c'est de rancœur.

La focale est perfide
et je vois dans vos yeux
l’hybride des enjeux
lorsque l'amer du paradis
fait un fourbi
de toute étoile,
hisse la voile,
hausse le son.
La mer étale
à l'horizon
confond les sens
et réverbère
un soleil pâle.
La ville rend un long frisson derrière
les murs où dès lors
ma raison s’égare. Le décor
pare les saisons d’angles morts
aux plis du costume.
Je vous fais grâce du posthume,
il est d’hier à l’infini.

Nous crypterons donc le message…
Il s’est noyé hors de propos dans un visage
où tout s’achève,
au dernier regard de la grève,
au premier rouleau sur la plage,
dans le tain fourbe des miroirs.
Un déshabillé de poussière
a pris la douleur de l’armoire,
je n’ai jamais su la manière.
Je l’ai croisé dans les couloirs
au plus profond de ma tanière,
cousu de noir sur blanc d’hiver.
L’orgue lent à peine d’église
ambitionne un tempo de brise
et l’écho me revient en thème :
une onde claire et sans rature
sur un riff dodécaphonique.
La clique me suit et blasphème :
un phénomène introverti
que je parjure et revendique.

Aux abris !
L’aile appesantie
du soufre chaud de l’imposture. »

(Evidemment, le texte « artificiel » que j’obtiens ne correspond peut-être que très peu à la pensée de l’auteur, je m’excuse au passage : voilà que je cède malgré moi à la tentation de comprendre – mon découpage, fait rapidement, n’est sans doute pas le meilleur : mais l’idée que j’exprime s’observe bien).
Certes, les rimes sont parfois décalées, il faut en chercher loin ; quelquefois, même, la rime est absente ; mais alors, la dernière syllabe du « vers » résonne et « assone » à l’intérieur du vers suivant ou précédent. Le vers est pareillement irrégulier : mais le rythme, appuyé par la rime, est si puissant et entêtant ! Des hexasyllabes ou des alexandrins parfois, des octosyllabes le plus souvent, quelquefois des vers de quatre syllabes, d’autres encore… Pourquoi ce rythme, ce découpage, qui s’impose si naturellement à la lecture (les autres lecteurs/commentateurs, j’imagine, ont la même impression que moi) est-il « déguisé » en prose ? Peut-être l’auteur n’a-t-il que « senti » le rythme, et que le texte est apparu ainsi à son esprit, sans se voire « imposer » son tempo ? En tout cas, l’effet produit par ce rythme délirant est celui d’une musique sauvage et capiteuse, qui étourdit le lecteur et prépare, d’une certaine manière, le terrain pour les images étranges, effrayantes, qui l’envahissent. « Effrayantes », ces images, comme le texte, car notre seul point de repère face à l’inconnu est ce rythme si fort et pourtant si insidieusement déguisé…

J’en arrive aux images, à l’âme du texte. Que voir ? Comme souvent, j’imagine, avec ce style volontairement très obscur et inaccessible, les ressentis du lecteur et ses associations d’idées seront sans doute assez loin de celles de l’auteur. Je commence.
« Décoction d’illégal ou liqueur sans égal » : étrangement, l’association de l’ « illégal » à la liqueur, et à la « décoction », breuvages interdits, me fait penser au temps de la prohibition aux Etats-Unis, ce qui est franchement bizarre, mais c’est une idée qui m’est venue tout naturellement et qui m’a accompagné tout au long du texte.
« Buvez, c’est de rancœur »… Je crois que ce passage est mon préféré. Je sens bien l’amertume du narrateur qui, s’adressant au lecteur d’un air désabusé, le prie de bien vouloir se pencher sur ses tristes déboires. Mais est-ce vraiment au lecteur que l’auteur s’adresse à la deuxième personne, ou est-ce un personnage du poème, comme le « vos yeux » à la ligne suivante incite à le penser ? Vu la suite du poème, je crois que, si c’est le lecteur que l’on invite à boire, c’est bien à un deuxième personnage que l’on s’adresse. N’est-ce pas dans le visage de cette deuxième personne que « tout s’achève », où le message se perd ? Est-ce alors cette personne la cause du désespoir ? Ce deuxième acteur est inquiétant, fortement lié avec la nature, qui compose son visage « fourbe », trompeur comme un miroir.
Mais, alors, que viennent faire les descriptions dans ce dialogue du narrateur à ce vouvoyé ? Dans la deuxième strophe, il me semble que l’on décrit des paysages « extérieurs », qui forment l’environnement du narrateur ; il est contradictoire (le « paradis » est « amer », les yeux sont « hybrides », pluralité), déroutant (la mer abuse les sens, et la raison s’ « égare »).
Dans la troisième, on passe de son environnement à son intimité, « au plus profond de [s]a tanière ». On parle de son décor personnel, et puis, brusquement, on est projeté dans une église où l’ambiance est déjà moins calme, pour retrouver finalement le narrateur poursuivi par une bande blasphématoire, alors qu’il revendique son « parjure » - il fuit dans la dernière strophe, et sur lui pèse son « imposture ».
Voilà, c’est ma lecture du poème, sans doute décalée ; mais je trouvais intéressant de la partager avec l’auteur. Je vois deux parties, un dialogue et des descriptions, qui se mêlent et se répondent - se confondent même.

Quant à mon appréciation sur le poème ? Que dire ! C’est si déroutant que l’un de mes moments préférés fut celui de ma courte analyse, que je qualifierais plutôt de « mise en ordre » des idées du poème, qui m’a permis de me l’approprier, de le relire un peu plus à l’aise, d’être complice, en quelque sorte, de l’auteur tant mon imagination accompagne son texte pour lui donner le sens, la signification que je finis par lui trouver.
Au niveau des images, certaines me parlent, d'autres moins.
L’expérience, en tout cas, des relectures successives et de l’appropriation du texte est intéressante et réjouissante, si la première lecture n’est pas vraiment agréable.

Merci à l’auteur !

   Cyrill   
15/8/2023


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