Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
Cyrill : Rature
 Publié le 24/08/21  -  16 commentaires  -  1964 caractères  -  325 lectures    Autres textes du même auteur


Rature




Seul assis sur un banc devant l’horizon fade et la haine de l’aube aux ongles aiguisés,
une douleur aux flancs, l’âme dans la panade, un homme sans valeur.

Le ciel telle une daube et la dégringolade où toute dérobade est comme refusée.

Le passage de l’heure en lente promenade ouvre un fond de tiroir amoncelant des leurres,
double son désespoir d'un rêve en vague noire,
tague sa silhouette en tracé cachectique.

Cet homme : anecdotique.
Et ce ciel obsolète aux teintes de bleuet !

Drame d’un champ de blé qui de balancements en mouvements muets
s’achemine anémié vers la mine sans fond où le nord se morfond ;

où des vents raréfiés dessinent essoufflés des nuages grisés à la mine de plomb,
soulèvent sans courage et sans aménité des marées d’amertume,
négocient au visage une odeur de bitume.


Seul assis sur un banc cet homme cellophane
fane en toile de fond.
Émanent de son front des sueurs filigrane et des orages blancs,
des frayeurs métronome et des peurs sans raison.


C’est alors que le sort – prémices d’un accord – apparaît en son for et change le décor ;
mélange les couleurs sur sa palette d’or, d’indigo, de garance.
Et rôde l’émeraude autour d’une demeure,
fleurent les vermillons d’une seconde chance.
D’une vie qu’il esquisse.

Un avenir complice
pour cet homme qui mord à belles dents de lion, régurgite ses torts.
Flottent sur ses haillons la saveur d’une pomme et le grain de la gomme ;
et glisse la peinture
comme on froisse un murmure.

D’une plume enlevée, voici sa signature :

Rature

Le tableau achevé appartient au futur dont il hâte les murs.



___________________________________________
Ce texte a été publié avec des mots protégés par PTS.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
16/8/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve trop systématique ici le rythme hexasyllabique doublé en dodécasyllabes, étendu en vers de dix-huit ou vingt-quatre syllabes. Oui, c'est expressif, ça martèle, ça marque, on peut y voir l'illustration de l'inéluctable qui abat l'homme mis en scène, mais je pense que doubler ce martèlement de rimes internes obsédantes représente la touche d'excès. La disposition centrée aggrave pour moi cette impression de saturation.

J'ai le sentiment que votre attention au rythme et à la forme finit par entraver le propos, car mon attention s'y porte moins. Dommage à mon avis, certaines associations me plaisent vraiment :
Seul assis sur un banc cet homme cellophane
fane en toile de fond.
par exemple.

Donc, paradoxalement (car d'une manière générale je crois très important de réfléchir à l'association de la forme et du fond au service de la force d'expression), en l'occurrence je me dis que vous avez trop pensé votre poème ; me manque de la spontanéité.

Ah, et bravo pour
Cet homme : anecdotique.
Ça arrache !

   Provencao   
24/8/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé le titre "Rature" qui de cette présentation dispose une poésie libre au vrai, à l'infaillible, parce qu'elle décoiffe et surtout spolie.

Rature tient la limite et, ce faisant, elle suscite la pensée et la fidélité, une vie et prépare à ce qu'on ne connaissait peut être pas de soi et de la dégringolade.

Rature est sur la lisière, et vous avez fort bien su manipuler par vos trouvailles, la félicité si je puis dire qu'elle présage.

"Le tableau achevé appartient au futur dont il hâte les murs.": serait-ce une inspiration ou d'une signature d'un autre ordre?

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
24/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Cyrill
même monsieur de Ronsard, en vous lisant dirait " ici, point d'alexandrins à la rime riche, mes des vers aussi lumineux que sombre en est le sujet traité ! "
Un pauvre hère, auquel rien ne sourit, ni un sourire d'un passant attendri, ni la compagnie de frères de loose, même le tableau qu'il vient de peindre ne mérite pas sa signature... son copain " malheur " ne le quitte pas d'une semelle !
NB mon interprétation, comme souvent lorsque les lignes jouent de l'équivoque.
Ce qui est certain, c'est que ça ne va pas fort, sous les loques de ce miséreux !
La troisième strophe montrant ses " tiroirs ", dont pas une once de joie n'a trace, peint sans détour la tristesse, à l'état pur...

   hersen   
24/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un poème qui ne se gagne pas tout seul, certains vers longs alanguissent la lecture.
Il m'a fallu plusieurs lectures pour me trouver "bien" de cette foison d'images.
C'est donc un poème plutôt riche qui fonctionne par son ambiance plus que par son impact.

le thème est très bien mené, de cette seconde chance qu'il va falloir construire.

Merci de la lecture.

   Vincente   
24/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Originale proposition où une prose discrètement versifiée dévoile "sans aménité des marées d'amertume".

Comme l'on se promène ("Le passage de l'heure en lente promenade… amoncelant des leurres"…) dans le temps lent où s'étalent ces "ratures" assumées, identifiées, l'on voit jaillir ces quelques fleurs en de jolis, d'affables éclats langagiers.
Des sonores (en assonances nombreuses qui colorent la lecture) qui émaillent sans système une atmosphère qui de toute façon hésite, s'arrête, et se questionne.
Des images toutes considérant l'alentour comme autant d'arguments aidant à se positionner, se regarder, se mettre en cause, se dévisager et puis dans le final s'envisager en un geste nouveau et salvateur.
Des accros métonymiques ("la haine de l'aube aux ongles aiguisés" – "la mine sans fond" – "cet homme cellophane / fane en toile de fond" – "des frayeurs métronomes") viennent saigner le décor, une sorte de "dé-corps" en vue d'une réinitialisation ontologique : "C'est alors que le sort – prémices d'un accord – apparaît en son for et change le décor" ; ici force d'assonances en "or" annoncent le renouveau, du mental de plomb à celui en or !

Et voici deux vers superbes, d'une formidable suggestivité poétique, ils ouvrent le champ nouveau :

"et glisse la peinture
comme on froisse un murmure
".

La "rature" elle-même raturée "Rature" déclare et résume toute la démarche du narrateur, qui assume là, donc sans la renier, son passé, celui-là même qui le fonde désormais lui permettant le dépassement… de cette "proposition".

J'ai beaucoup apprécié l'ambition narrative et littéraire de ce poème, avec cette construction très fournie qui à la fois se regarde beaucoup mais aussi se confronte à l'alentour, qui au risque de se perdre avance et tente. Pour moi c'est réussi, j'ai été séduit par l'écriture.

   Recanatese   
24/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Punaise, ça écrit!
Le fond et la forme sont au service l'un de l'autre, c'est du grand art, je trouve. J'adore ces vers de 18 voire 24 syllabes, comme des alexandrins dotés d'excroissances ou même des siamois, tiens!
Le soin apporté aux sonorités, ces rimes internes très subtiles forcent l'admiration (la mienne en tout cas).
Je pourrais citer tout le texte, vraiment. On se contentera de mes vers préférés:
"pour cet homme qui mord à belles dents de lion, régurgite ses torts.
Flottent sur ses haillons la saveur d’une pomme et le grain de la gomme ;
et glisse la peinture
comme on froisse un murmure.

D’une plume enlevée, voici sa signature :

Rature".

Fichtre, je suis pas foutu de reproduire la rature avec mon clavier mais bon, vous l'aurez compris, c'est un vrai coup de coeur...

Félicitations et au plaisir!

   Robot   
25/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un poème que j'ai préféré dire car il se prête bien à une oralité lente en raison de ses longs vers qui donnent toute leur expressivité au thème.
Tu as introduit des images dont il faut prendre le temps de s'en imprégner au fur et à mesure de la diction.

   Eskisse   
12/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cyrill,
Un poème qui témoigne d'une "patte" particulière et dont j' ai aimé le style et particulièrement ces vers :
"Seul assis sur un banc devant l’horizon fade et la haine de l’aube aux ongles aiguisés," et
"Émanent de son front des sueurs filigrane et des orages blancs,"

J'ai seulement tiqué à "homme sans valeur" Qui émet ce jugement ? Pour moi tout homme a une valeur...
Il a fallu plusieurs lectures pour que j'entre dans l'univers de cet homme peintre mais l'ensemble par sa recherche stylistique me plait.

   Myndie   
25/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Cyrill,

un coup de coeur pour moi aussi. C’est vraiment une poésie très riche que vous nous offrez. Avec cette touche personnelle d’écriture, cet inaccoutumé chemin que j’ai adoré emprunter.

J’écoute la musique de vos vers et je laisse mon imagination faire le reste. C’est un régal pour les oreilles tant les sonorités sont belles, tant le rythme, associé à tout un système de rimes, d’allitérations et d’assonances, de vers-miroirs chantent les images et les mouvements.
« le ciel telle une daube et la dégringolade où toute dérobade est comme refusée » 
« Drame d’un champ de blé qui de balancements en mouvements muets
s’achemine anémié vers la mine sans fond où le nord se morfond »
Franchement ces deux derniers, j’aimerais les avoir écrits…

Cette originalité dans la composition ne trompe pourtant pas : on sent derrière une plume affinée, apte à se tremper dans l’encre classique.
Un plaisir pour les yeux aussi : on est happé par la richesse des images, puissantes, foisonnantes et par leur densité poétique. :
«  « où des vents raréfiés dessinent essoufflés des nuages grisés à la mine de plomb »
«  émanant de son front des sueurs filigrane et des orages blancs ».

En résumé, j’adore votre univers poétique, j’adore ces vers, leur souffle, leurs images efflorescentes et les mille sensations qu’ils éveillent.

   Gaspard   
25/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cyrill,

Merci pour ce texte somptueux à la langue inventive et percutante où se mêlent subtilement les registres. Du beau style assurément !
Les associations libres, les assonnances font florès, les images sont superbes, étonnantes ! Tout est remarquablement travaillé : vous êtes un orfèvre. Que de trouvailles qui dynamitent la poésie à la papa et les souverains poncifs ! Sur votre palette, vous vous essayez à des mélanges détonnants, votre poème en est saturé et cet excès en fait sa force et sa rudesse aussi !
Ce drame existenciel qui se joue sous nos yeux me ramène à cette chanson de Léo Ferré "La folie" où Vincent Van Gogh est dépeint à gros traits : " Je ne m'arrête plus, quand je vois la folie, je fais ses commissions et couche dans son lit."
Ce long psaume du désespoir de " L'homme sans qualités" débarrassé de Dieu, réduit à sa plus simple expression, m'envoûte comme un Adagio de Mahler ou la Cavatine du malheur d'un Beethoven : brut, immédiat, dont on ne peut faire l'économie !
Je goûte moins au retournement de situation, ce coup de baguette magique du sort qui fait " l'avenir complice", mais tout cela n'est qu'affaire de goût ! Le vôtre est excellent comme votre poésie et je me contrefiche du sempiternel débat " du fond et de la forme" dont on nous rebat les oreilles depuis des lustres ! Au plaisir de vous lire.
Cordialement
Vincent

   EtienneNorvins   
27/8/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Cyrill,
pour ma part cela évoque plutôt un Scherzo de Bruckner, au piétinement de gros sabots si obsédant, si sombre, mais comme dans votre texte, finalement pas si désespéré... Il y a dans les dernières 'strophes' trop de belles couleurs - ce qui m'amène à m'interroger sur la signification de cette signature en rature raturée... Faut-il y voir un retournement, que cet homme n'est pas si anecdotique ? son ciel pas si obsolète ? et son geste pas si anodin ?
Faut-il alors comprendre aussi que 'hâter les murs' peut signifier les faire tomber ?
Respectueusement.

   Myo   
26/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une évolution radicale, une renaissance entre cette profonde désespérance de la première partie de votre écrit, tellement noire qu'elle en est presque caricaturale, et ce réveil aux couleurs, à la vie, à l'amour sans doute dans cette seconde chance.

Une écriture riche et d'une belle aisance, originale dans sa conception.

Je n'ai pas saisi le sens de l'envoi " il hâte les murs" mais un moment intense de lecture.

Merci du partage

   Anonyme   
28/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quelle superbe envolée !

Je lis goulûment tant les vers s'appellent les uns les autres.

C'est une poésie qui a de la fougue, du va-et-vient. Elle claque et percute avec « cet homme : anecdotique », « homme cellophane » admirable.

L'usage des mots familiers « panade » et « daube » contrebalance, tout en l'accentuant, l'impression de grande force, presque de violence, qui ressort de la première partie du tableau.

Car il s'agit d'un tableau, n'est-ce-pas ? Tout en sons et lumières, sans rature aucune...

J'aime l'ambiance qu'il dégage, et entre autres vers : « Comme on froisse un murmure », pour toute la douleur-douceur qu'il semble contenir.

Merci pour le partage, Cyrill.



Cat

   Louis   
29/8/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le poème présente un tableau, non pas figé, mais en évolution ; un tableau vivant et animé sur une toile qui se fait écran cinématographique. En quelque sorte, un film d’animation.

La première image est fixe, celle d’un homme « seul assis sur un banc ».
S’il apparaît d’abord tel qu’un spectateur extérieur pourrait le voir, très vite la toile révèle le regard de l’homme sur son environnement, et sur lui-même. Le tableau représente cet homme solitaire et son monde, le monde ainsi que l’homme le voit.
On pénètre donc immédiatement dans la vision subjective de son environnement, dans un paysage état d’âme.

L’horizon se présente à lui morne, « fade », sans éclat ; il porte « le soleil noir de la mélancolie », comme l’écrivait Nerval
Une image surprenante lui est associée : « la haine de l’aube aux ongles aiguisés », qui semble prendre le contre-pied de celle, si célèbre et si rebattue, que l’on doit à Homère, la fameuse image de : « l’aurore aux doigts de rose ».
Non, ici, pour le personnage qui nous est présenté, le jour qui se lève n’est pas rose, et ses doigts ont des « ongles aiguisés » prêts à griffer, à déchirer, à blesser.
Le temps à venir ne sera qu’une longue griffure. Sur la vie de l’homme, une longue rature. Une grande éraflure sur la toile qui se dessine sur le tableau noir de sa vie.
Sur un rythme ternaire sont scandées les souffrances vécues de l’homme : une douleur corporelle : « une douleur aux flancs » ; puis l’âme « dans la panade » ; et puis un jugement sur soi dévalorisant, douloureux : « un homme sans valeur ».
On l’entendrait dire, si le langage n’était si fleuri : « Je suis nul. Un raté. Un looser »
L’homme est dans le « désespoir ». Dans une profonde déréliction.

Le tableau prend du mouvement.
Et le personnage affligé semble quitter sa posture assise pour une « lente promenade ».
L’homme assis devient "l’homme qui marche" dans une « silhouette au « tracé cachectique » ; l’homme, réduit à quelques traits d’une silhouette, se présente aussi sec, aussi mince, aussi décharné et filiforme que la sculpture de Giacometti.
L’heure de sa promenade est dans les leurres. Le temps ne se mesure plus à l’heure mais aux leurres, au rythme des illusions perdues.
Ce temps du leurre amincit sa silhouette ; il est dessinateur et peintre des rues aux lentes promenades ; il est celui qui « tague » la silhouette de l’homme.
Ne subsiste plus en lui, dans l’homme qui marche, l’épaisseur du moindre espoir.
Homme sans dimensions, il sera bientôt invisible, « cellophane » ; en plein abattement, dans son amertume, il « fane en toile de fond».
Il n’occupe plus le premier plan du tableau, mais s’éloigne vers le fond, s’évanouit peur à peu dans le flou d’arrière-plan de la toile.


Volent des images, peut-être des souvenirs. Celles d’autres tableaux, ceux de Van-Gogh, probablement.
Ainsi le champ optique dans sa profondeur s’étend à des champs de blé.
Champs aux mouvements tourmentés. Comme "les Champs aux bleuets" dont les couleurs reflètent le ciel « obsolète ».
Dans ce « Drame d’un champ de blé », se représente-t-il lui-même, cet homme, comme un champ « anémié » qui ne donne plus de ressources, plus de pain, et s’enfonce dans une « mine sans fond » ?
Ou bien était-il agriculteur, puis mineur et prolétaire, devenu homme sans terre ? Sans domicile, sans ressources, SDF et chômeur ?
En lui se cumulent-t-elles, misère sociale et misère existentielle ?

Après le temps, c’est le vent qui se fait peintre et dessinateur : « des vents raréfiés dessinent essoufflés des nuages grisés à la mine de plomb »
Le vent qui peint tout en gris, qui installe la grisaille dans la vie de l’homme, est aussi l’ avatar du destin, du « sort », et, quand il tourne, ainsi que tourne le destin, comme tourne la roue de la fortune, il met de la couleur.
Qu’est-ce qui fait tourner le vent ?
On ne sait pas bien.
Mais il tourne subitement pour l’homme affligé, pour l’homme de la déréliction qui avait perdu toute dimension, et met cette fois de la couleur : « mélange les couleurs sur sa palette d’or, d’indigo, de garance »
Le contexte social ou économique ne semble pas être à l’origine de ce vent qui se tourne pour colorer une vie.
« Le sort (…) apparaît en son for »
C’est un vent qui souffle au-dedans de l’homme. Il souffle dans son for intérieur.
Sa vie prend alors les couleurs « vermillons » d’une « seconde chance ».
L’homme sort de sa détresse, de sa dépression ; il reprend sa vie en main, il en devient le sujet, l’auteur, l’artiste créateur : « une vie qu’il esquisse ».
Il a fallu que sa vie intérieure se teinte autrement, plus seulement en gris, pour que tout change.
L’imagine-t-il ce changement, ou se fait-il vraiment acteur et auteur de sa vie ?

Le voilà redevenu « un lion », après avoir été "chameau" chargé de toutes les misères du monde, en lui semblant s’effectuer les « trois métamorphoses de l’esprit » exposées par Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, « Je vais vous dire, proclamai-il, comment l’esprit devient chameau, comment le chameau devient lion, et comment enfin le lion devient enfant. »
L’homme signe l’œuvre de sa mutation. Il était un raté, une « rature», une négation dans le monde, le voilà corrigé, qui «régurgite ses torts » et « gomme » ses imperfections ; le voilà qui s’affirme dans la négation de sa négation.
Enfin, le voilà redevenu enfant qui dessine les contours de son futur chimérique.
Mais il en est maintenant persuadé : il bâtira les murs solides et concrets de la chimère peinte en son esprit, et se « hâte » de la faire advenir dans la réalité ; l’homme qui marchait s’empresse de courir désormais vers son avenir

Poème musical dans sa forme, original et pictural dans son fond : un beau poème.

   Cyrill   
2/9/2021

   Pouet   
3/9/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Salut,

Fort beau poème où les assonances et allitérations foisonnent, où le langage se tord et s'étale, où le châtié et le courant se côtoient avec bonheur, avec jubilation.

Le plutôt "banal" "Seul assis sur un banc" se fait vite oublier pour nous ouvrir de bien belles "perspectives"... C'est de cet instantané prosaïque de fond et de forme que découle la fougue, de cet avachissement jaillit l'étincelante mécanique du Verbe, la texture sémantique.

Je crois que mes deux passages favoris sont:

"Cet homme : anecdotique.
Et ce ciel obsolète aux teintes de bleuet !"

"Seul assis sur un banc cet homme cellophane
fane en toile de fond.
Émanent de son front des sueurs filigrane et des orages blancs,
des frayeurs métronome et des peurs sans raison."

De la poésie comme je l'aime, inventive, sensible, un rien truculente.

Bravo.


Oniris Copyright © 2007-2023