Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
Cyrill : Ricochets
 Publié le 08/01/25  -  8 commentaires  -  1370 caractères  -  171 lectures    Autres textes du même auteur

Un pavé dans la mare.


Ricochets



La petite danse et sourit dans la rosée d’automne et la clarté de brume envolée de l’étang.
Serti dans son habit d’écume un aimable galet flirte avec la mignonne aux regards ahuris.
Comme c’est excitant !


Le caillou s’exécute en rouleaux par caprice d’enfant puis siffle vers l'étang d’un vol ébouriffant.
Le caillou gifle l'eau, écornifle sa peau, lapide une âme étale en son sommeil liquide,
déchire les saisons de sa griffe d’amant, blesse la chrysalide.
Puis coule rondement d’un flegme minéral.
Sa blancheur idéale est pure trahison.


La petite fille a grandi dans le temps monotone avec le dédain d’une plume extrapolée d’antan.
Un galet de bitume a broyé son printemps comme une lourde enclume, le malheur en personne.
Elle est abasourdie.


Elle s’en vient rôder sur les bords de l’étang.
Son regard fardé de remors vagabonde en nuages sur l’onde et réfléchit du vide.
Elle tend son visage à l’énigme profonde, à la vague stupide aux nuances de plomb.




Avant d’élucider la culbute du monde,…………………………………………………………,ednom ud etubluc al rediculé’d tnavA
elle a touché le fond.......………………………………………………………………………………………………………… .dnof el éhcuot a elle


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Ornicar   
30/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Avant même d'entreprendre ma lecture, j'ai tout d'abord été frappé par le contraste saisissant entre l'exergue ("un pavé dans la mare") et le titre ("Ricochets"). D'un coté, une image (celle du "pavé") qui m'évoque la lourdeur, le définitif et la permanence, le statique et l'opaque d'une eau dormante (une "mare") et de ses fonds ; de l'autre, l'image de la légèreté, de la célérité, de la course éphémère et effrènée en pleine lumière, de la surface à peine effleurée. La mort, la vie. La vie, la mort. Intrigué, j'entame alors ma lecture et voici ce que j'en retiens.

Deux destins en parallèle, en "miroir d'eau", et qui finissent par se rejoindre en un tragique raccourci : celui du galet qui ricoche avant de sombrer "rondement d’un flegme minéral" et celui de la petite fille dont la destinée a dérapé un jour sur une route de campagne. Deux temporalités différentes aussi : un "avant" et un "après" avec cette belle et tragique métaphore de l'accident ("un galet de bitume a broyé son printemps comme une lourde enclume"). C'est là mon interprétation de ce texte qui n'assène rien mais recourt à l'art de la suggestion, procédant par petites touches de mots judicieusement choisis. Ici, les deux termes retenus ("bitume" et "broyé") ne manquent pas "d'éclabousser" l'âme du lecteur et de le stopper net dans son élan.

L'écriture est particulièrement réussie et convaincante. En dehors des nombreux jeux de sonorités, rimes, assonnances, que je ne relèverai pas, deux formulations m'ont à la fois ravi et touché.
- "Le caillou gifle l'eau, écornifle sa peau, lapide une âme étale en son sommeil liquide". C'est très évocateur, à la fois sur le plan visuel mais aussi musicalement parlant. Les nombreuses labiales ("L") accentuent l'effet de fluidité et de liquidité que véhicule cette image. Image qui recèle, de plus, un bel oxymore avec ce verbe, "lapide", dont l'irruption est d'autant plus violente que la surface de l'eau est calme.
- les deux derniers vers ("Avant d’élucider la culbute du monde, elle a touché le fond") sont également très réussis. Je me suis demandé assez longuement comment les interpréter. Sens propre ou sens figuré ? Et je trouvais cela plutôt habile de la part de l'auteur, de ne pas trancher. Mais plus je relis ce texte et plus je me dis que le doute n'est pas de mise. Surtout quand mon oeil revient à l'exergue.
Mine de rien, un sacré et joli "pavé" émotionnel que ces "ricochets" sobrement intitulés. Tout en trompe l'oeil.

   papipoete   
8/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Cyrill
une fillette s'amuse à faire des ricochets sur la surface-miroir d'une eau ; et le caillou ( bien choisi ) s'en va rebondir ( 1,2,3,4... ) peut-on entendre de sa bouche, avant que le galet s'essouffle, et disparaisse au fond...
elle a grandi, et ça ne va pas fort dans sa tête, son coeur ; elle revient ici, se revoit lance-pierre ; le temps de l'insouciance, pas comme aujourd'hui...
NB ma vision de ce texte, ayant vécu pareille aventure, retourné au bord de cette rivière, et vouloir " toucher le fond " me glace le sang, 40 ans plus tard.
j'aime bien la course du galet sur l'eau, après un vol ébouriffant, venir la gifler en autant de rebonds...
je suis sûrement loin de l'idée de l'auteur, mais cette scène me rappelle tant le mal-être, que l'on peut vivre lorsque nous ne sommes plus enfant...
la ligne finale en écriture inversée, me donne mal à la tête.
l'avant-dernière strophe " la petite fille a grandi... " que je colle à mes souvenirs, a ma préférence.
" un galet de bitume... " semblant évoquer un accident de la route, ne laisse rien présager de bon !

   Eskisse   
8/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,

Que c'est habile ce double parcours en parallèle de la pierre et de la jeune fille avec force alexandrins dans ce libre !

Tout est suggéré.
La "mort" à travers " le caillou s'exécute" .

Il y a même une métamorphose du galet qui, d'"aimable" et "serti dans son habit d'écume" comme une pierre précieuse, devient un projectile véhément, menaçant et violent. Cette métamorphose est ciselée en un alexandrin dans " Sa blancheur idéale est pure trahison."
La structure du poème montre que la seconde strophe est une strophe-pivot entre l'enfance et l'âge adulte mais aussi entre le caillou initial et celui de la fin.

La troisième strophe regorge d'alexandrins qui scandent un moment dramatique : celui qui suggère un suicide peut-être sous forme d'accident de la route .

Je n'ai qu'un réserve: je ne comprends pas l'expression : " une plume extrapolée d'antan" . Et je m'interroge sur "abasourdie", le dernier mot du poème qui ne colle pas avec mon interprétation.

   Damy   
8/1/2025
Avant d’élucider la culbute du monde,………………………………,ednom ud etubluc al rediculé’d tnavA
elle a touché le fond.......………………………………………………………………………dnof el éhcuot a elle

Tout est là, je crois. Recto, verso; pile ou face; vie ou mort, peut-être.

"Ricochets" aborde la légèreté du galet ricochant et la pesanteur du bloc de bitume qui coule et atteint le
fond.
Ainsi, personnellement, j'aurais mis un espace entre les 2 premiers vers de la 2° strophe, belle évocation de la légèreté (si ce n'est que je ne visualise pas bien, que je n'entends pas bien : "lapide une âme étale en son sommeil liquide", qui me semble déjà suggérer la fin) des 3 suivants.

" le dédain d’une plume extrapolée d’antan" m'évoque le rapport de la petite fille à l'écriture. Le drame alors pourrait, selon moi, avoir trait à la défaillance de l'imagination ou bien à un accident cognitif ou physique entraînant le syndrome de la page blanche

La dernière strophe semble traduire une culpabilité : ("remors" sans "d" (ce qui est énigmatique) sans en connaître l'origine probablement inavouable.

Oui, "Ricochets", tableau impressionniste d'atmosphère, reste une "énigme profonde".

Je suis assez gêné face à ce genre d'œuvre libre de toute interprétation car il en va, pour moi, d'une devinette qui laisse par moments quelques indices au lecteur pour essayer d'atteindre, sans y parvenir, le secret intime de l'auteur et donc de se casser la figure.
C'est pourquoi, Cyrill, je ne m'aventure pas à mettre une note.

PS : je viens de regarder (j'aurais dû le faire avant) dans le Littré la signification du mot "remors" = nom vulgaire d'une scabieuse dite aussi mors du diable (scabiosa succisa, L.). Il s'agit donc d'un poème inspiré par "La mare au diable" qui aurait propagé le paludisme. Me trompeuje ?

   BlaseSaintLuc   
8/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Oui, cela mérite plusieurs lectures, mais le texte est génial, quelle inspiration, l'idée est admirable, même si quelques éléments m'échappent, le tout est dans la parabole.
Et oui le caillou fini par couler, il a beau rebondir, la culbute du monde fini par l'engloutir, et avec lui les illusions d'une petite fille. Les métaphores sont de haute voltige !

Pour moi le pavé dans la mare, c'est la révélation de ce qu'est l'existence.
Les ricochets d'un galet, les rêves glissants et les aléas de la vie
(enfin quelque chose dans le genre...)

   Myndie   
9/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Cyrill,

Arrivée après la cavalerie^^, évidemment je n'ai pu m'empêcher de venir sur le fil de tes explications, après avoir lu les commentaires. Je suis comme jfmoods, je prends connaissance de tes intentions d'auteur avec grand intérêt mais celles-ci du coup m'ont coupé l'herbe sous les pieds :soupir:
"Il ne faut jamais oublier qu'en tant qu'auteur on est le seul sachant. [] pour d'autres poèmes, le flou entretenu et les interprétations diverses qui en découlent peuvent élargir le champ de compréhension"
Comme c'est vrai! je suis tellement d'accord avec toi sur ce point!
Je ne t'offirai pas cette fois de commentaire approfondi car je pourrais pas empêcher ma pensée d'être perturbée, plutôt "orientée" par tout ce qui vient d'être dévoilé.

Par contre, je peux te dire que j'ai été une fois de plus soufflée par la beauté de ton écriture :
"Le caillou s’exécute en rouleaux par caprice d’enfant puis siffle vers l'étang d’un vol ébouriffant.
Le caillou gifle l'eau, écornifle sa peau, lapide une âme étale en son sommeil liquide,
déchire les saisons de sa griffe d’amant, blesse la chrysalide.
Puis coule rondement d’un flegme minéral.
Sa blancheur idéale est pure trahison."


Tout est là. What else? :bravo2:

   jfmoods   
9/1/2025
Suite aux explications de l’auteur, je vous propose cette lecture du poème...

L'entête ("Un pavé dans la mare") laisse entendre que derrière l'apparente légèreté des choses (titre : "Ricochets") se cache une odieuse vérité à laquelle le lecteur va devoir se confronter.

L’entame fixe la beauté d’un décor naturel et l’insouciance d’une enfant ("La petite danse et sourit dans la rosée d’automne et la clarté de brume envolée de l’étang."). Le poète a alors recours à un jeu métaphorique pour évoquer les circonstances d’un événement abject. Un homme a séduit la jeune fille ("un aimable galet flirte avec la mignonne aux regards ahuris") en la charmant par le jeu innocent du ricochet ("Le caillou s’exécute en rouleaux par caprice d’enfant puis siffle vers l'étang d’un vol ébouriffant."). Il a ensuite abusé d’elle ("Le caillou gifle l'eau, écornifle sa peau, lapide une âme étale en son sommeil liquide, déchire les saisons de sa griffe d’amant, blesse la chrysalide. Puis coule rondement d’un flegme minéral."). Le loup parvient toujours à ses fins quand il endosse le costume de l’agneau ("Sa blancheur idéale est pure trahison.").

L’enfant a subi un traumatisme absolu. Spoliée de son innocence ("avec le dédain d’une plume extrapolée d’antan"), elle a perdu, au fil du temps, sa capacité d’émerveillement ("La petite fille a grandi dans le temps monotone"). L’homme a tué en elle toute forme d’épanouissement ("Un galet de bitume a broyé son printemps comme une lourde enclume, le malheur en personne. Elle est abasourdie.").

À l'entame de la quatrième strophe, le verbe "rôder" signale une intention, pas forcément consciente à ce moment, de l’adolescente. Le "regard fardé de remors" traduit la douloureuse charge affective d’une victime qui se rend responsable de ce qu’elle a subi. Rongée de l'intérieur, elle laisse sa pensée se perdre dans le miroir de l'eau, cherchant désespérément une réponse à sa détresse ("vagabonde en nuages sur l'onde et réfléchit du vide). Interrogée, sa propre image la renvoie à la solitude abyssale de sa situation ("Elle tend son visage à l’énigme profonde, à la vague stupide aux nuances de plomb").

Du jeu en miroir qui clôt le texte naît un précipité : en un éclair, comme aimantée par la force d'attraction des profondeurs, l'enfant passe de vie à trépas.

Pour mieux appréhender la thématique principale du poème, il conviendrait sans doute d'étudier "L'Eau et les Rêves" de Gaston Bachelard.

Merci pour ce partage !

   Pouet   
9/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

je ne sais pas si j'aurais compris le propos si je n'avais pas survolé le forums explicatif de l'auteur, je ne veux pas faire mon malin, (même si griffe d'amant/brise chrysalide... quand même), mais c'est un poème assez terrible, tranchant comme un galet aiguisé à la souffrance ; avec son début "primesautier" qui, à moi, donne presque envie d'abandonner la lecture, la deuxième strophe est métaphoriquement frontale, puissante émotionnellement. Et du coup j'aime évidemment bien ce "contraste" entre les deux strophes.
Ensuite un peu la peinture de la déchéance , des interrogations vaines, des roulis du destin.
Un poème d'une rare dureté, qui touche bien sa cible.
Bravo


Oniris Copyright © 2007-2025