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Poésie contemporaine
Cyrill : Sans issue
 Publié le 10/07/22  -  10 commentaires  -  980 caractères  -  241 lectures    Autres textes du même auteur


Sans issue



Une porte a béé sur l’antre de mon âme.
Hasard d’un vestibule où le spectre est furtif
j’hésite sur le pas qui me retient captif.
Sur la peau gris suaire en nuage de deuil
claque sous le chapeau, cligne mouche de l’œil
l’on m’assigne et contraint, l’on me couche et me blâme.

Je traque une consigne en quête du sésame
attaque mollement un battant qui se ferme
aussitôt rattrapé par une clique ferme.
Susurre dans le sas où l’oblique croasse
rondeau d’enjôlement qui m’oblige et menace
un passe qui, partout, vertige de l’infâme

démultiplie l’image en force camisole.
Le cri s’éteint, le temps surnage, et cousus main
des anges révulsés déboulent en cohorte
estropient un à un les battants de la porte.
Le pli déteint sur la grimace et fait écho
l’ombre trépasse au tempo lent d’un fandango
et revenant de tout puis du dédale humain
se réitère avec un rire en auréole.


 
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   Anonyme   
26/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La troisième strophe m'emporte ! Une bonne idée notamment, à mon avis, d'y mêler rythmiquement alexandrins 6/6 et trimètres, je trouve que cela renforce l'impression d'impuissance du narrateur ou de la narratrice (au neuvième vers, c'est bien le battant qui est rattrapé par une clique, non "je" ? Dans ce cas, rien grammaticalement ne m'empêche d'envisager une narratrice), ballotté(e) jusque dans ses postures physiques par les volontés d'autres personnes : on le/la contraint, on le/la couche sans lui demander son avis. Une mention pour
des anges révulsés déboulent en cohorte
estropient un à un les battants de la porte.
Image franchement horrifique.

Le narrateur ou la narratrice enfermé(e) dans votre poème, contraint(e) physiquement dans, j'imagine, une institution psychiatrique, l'est aussi dans son esprit qui, me semble-t-il, renvoie en chambre d'échos l'environnement carcéral. Pas d'échappatoire donc. Une vision désespérante, figée. Si c'est le sentiment que vous souhaitiez convoyer, en ce qui me concerne vous y êtes.

   papipoete   
10/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Cyrill
Muni de ma boussole aux quatre mots, je chemine dans ce dédale où claquent les volets, sur le héros les portes grand-ouvertes se referment, comme autant de nasses assassines.
NB comme dans un labyrinthe hanté, les yeux exorbités on tâtonne à la recherche d'une issue, mais on se cogne de tout côté, on est tombé dans un chausse-trappe... et ce rire glacial qui résonne...
Du Cyrill pur jus, que je n'arrive pas à éviter, malgré que je perde pied et m'enfonce dans des sables mouvants... quelqu'un me tendra-t-il la main ? au secours !
Par moment, on frôle un triple saut périlleux comme dans la dernière strophe ( le cri s'éteint, le temps surnage... )

   Provencao   
10/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Cyrill,


"Le pli déteint sur la grimace et fait écho
l’ombre trépasse au tempo lent d’un fandango
et revenant de tout puis du dédale humain
se réitère avec un rire en auréole"


J'aime bien cette alternative qui se situe entre la suffisance et la joie. Une jolie, à mon sens ,allégorie conceptualisée du "sans issue", un double du réel, qui satisfait sa maladie de certitude, et paradoxalement l'ecrit assume l'intimation à la petitesse de l’existence.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   senglar   
10/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Cyrill,


Appelle-t-on "battants" les volets d'une porte-tambour ? Car c'est une telle porte que je me figure ici, avec un sas en guise de transit. Entre ses volets virevoltants on peut écraser les anges comme dans une moulinette, et soi-même, fait prisonnier, on peut tourner en rond, indéfiniment, comme l'ambulance et le corbillard du regretté Devos.

Tout cela me laisse peu d'espoir, j'ai décidé de laisser mon âme tranquille, il est des portes que l'on n'ouvre pas, je laisse à Barbe Dieu et tous les croquemitaines les clefs des chambres fantasmagoriques.

Vive le salami avec un verre de pinard !

   sigrid   
10/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé ce texte qui apporte bien ici le sentiment d'enfermement, au sein d'un lieu comme de soi-même.
La manière dont est construit le texte, la liaison directe entre les deux dernières strophes ; tout amène ce sentiment angoissant, dessein que semble assurément rechercher ce poème.
Je n'arrive cependant pas très bien à comprendre la fin. Le protagoniste est-il passé outre d'une crise?
En tous cas, bonne continuation.

   inconnu1   
10/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'aime bien votre poème. La technique est maitrisée et vous ne la sacrifiez pas à la catégorie contemporaine. Le vocabulaire est moderne. Parfois je trouve que le style nuit au fond en voulant absolument trouver des sonorités en ique ou aque, avec des phrases où l'on peut se perdre. Je pense en particulier aux vers 3 à 6. Je n'arrive pas à trouver le sujet du verbe claquer...

Mais globalement un poème agréable

bien à vous

   Vincente   
12/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce délire en déréliction ne se fait pas prier, les dieux ont abandonné le défunt potentiel à un cauchemar où l'âme s'est repliée au "hasard d'un vestibule où le spectre est furtif". Voie et voix sans issues prises au piège d'un paradoxe : être coincé dans une fuite ! existentielle… une échappée en échappatoire de soi-même dans l'impasse de sa fin envahissant sa conscience.
L'écriture tortueuse œuvre à la torture auquel l'esprit du narrateur est soumis, le verbe s'y débat sans parvenir à s'en extraire, la lecture y est douloureuse, rugueuse ; pour qui ose y entrer il est difficile de s'en extraire. Normal, logique, quand sa propre "ombre trépasse" emportant le moribond au-delà même du "dédale humain" qui aurait pu le sauver, et "se réitère avec un rire [sardonique] en auréole", comme à jamais infini (l'infini comme une impasse sensorielle, encore ce paradoxe qui se "réitère" dans une de ses variantes dont il a le secret), rien ne peut être confortable, tout y est très parlé, marquant, dans le désagrément.

Pas facile à vivre cette expérience de mort fictive enclose dans les parois du cauchemar. Le poème n'y est pas allé de main morte, lui non plus !
J'ai beaucoup aimé la tentative. Ce n'est qu'une tentative, n'est-ce pas ? Je n'ai pas rêvé ce n'est bien qu'un rêve ?

   Anonyme   
11/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cyrill

Il y a quelque chose d’envoûtant et de labyrinthique dans votre poème onirique, une atmosphère quoi. C’est ce que j’aime avant tout dans la lecture, c’est d’être happée par le talent d’un auteur qui sait édifier un climat personnel. Celui-ci est assez cavernicole. À déconseiller aux claustrophobes. Par bonheur je n’en suis pas. Une mention particulière aux anges révulsés qui estropient les battants de la porte.

Merci et félicitations

Anna

   Pouet   
11/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Slt,

j'ai trouvé l'expression fort intéressante et la construction aussi.

Ce "démultiplie l'image en force camisole" qui termine et débute sans commencer ni s'achever, qui s'isole dans son isolement qu'il exprime en finitude et boucle ouverte, compte parmi mes moments préférés du texte.

Je dirais pour ma part que les cinq premiers vers de la dernière strophe m'ont vraiment emmené dans un recoin de pouésie existentielle ou métaphysique ou que sais-je, - réelle, recoin où je me suis senti fort à mon aise, finalement.
En fait l'ensemble de la dernière strophe, le dernier vers ayant quelque chose de réjouissant aussi derrière ses allitérations.

Les deux premières strophes ne sont pas en reste bien sûr, mais peut-être plus "explicatives" d'une certaine manière, même si le terme n'est sans doute pas le bon et puis il fallait bien déplanter le décor. Bref.

De l'ensemble se dégage une sensation de profondeur avec une pointe de distanciation à la lisière de l'ironie.

Voilà ce que je peux en dire ou en ressentir de ce poème, de ce poème qui porte, et qui cogne à une porte qu'on porte tous en nous.

   Cyrill   
16/7/2022


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