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Poésie contemporaine
czerny31 : Le chercheur fou
 Publié le 17/06/15  -  4 commentaires  -  5303 caractères  -  93 lectures    Autres textes du même auteur

Entre art et recherche... deux mondes qui s'opposent...
deux styles juxtaposés entre rimes et prose.


Le chercheur fou



"Si une idée ne paraît pas d'abord absurde, alors il n'y a aucun espoir qu'elle devienne quelque chose." Albert Einstein.





Il est en ce siècle béni, des armées de chercheurs, de doctes professeurs.
Ils ont monté des murs sur les tombes des sages, ont pillé leurs grimoires.
Ils ont sali leur nom, leur famille, leurs travaux, et jusqu’à leur mémoire,
Ont bâti un ghetto de toute connaissance, et ont caché le crime en refaisant l’histoire
Ils ont porté leur nom au bas de chaque note, en ont pillé les mots et se les sont faits leurs.

Et si on répartissait une charge sur la circonférence d’un cercle,
Au lieu de la concentrer sur sa seule composante verticale ?
L’effort produit pour la faire se mouvoir, en serait-il réduit ? en quelle proportion ?
Le résultat s’il était avéré ne serait bénéfice que pour quelques fainéants
On l’appellerait « la roue »… non l’idée est absurde.

Ils ont ainsi voulu posséder la pensée, l’ont érigée en dogme, donnée en évangile.
Point ne leur a suffi de brûler quelque folle, convaincue de magie ou de sorcellerie.
Après avoir instruit une foule imbécile à renoncer aux filtres, aux rites de la nuit,
Ils ont jeté l’opprobre sur cette médecine dispensée par des femmes qui n’ont pas de mari.
Leurs pilules chimiques, et leurs médications, ont remplacé les plantes, ont détrôné l’argile.

Si on regarde un astre, on voit bien qu’il est rond
Et si le sol qu’on foule était sur ce schéma, si la Terre était ronde ?
Et si cette dernière était la composante d’un système plus grand,
D’un univers immense ?... elle-même composée d’éléments plus petits
Que l’on ne verrait pas, mais formant chaque chose ?… non l’idée est absurde.

Mais dans leur plan obscur, il manquait un détail, il restait un oubli : point de philosophie.
À quoi sert un recueil ? À quoi sert d’aliéner un tas de références, avec tant de violence ?
Des mots, des phrases, des protocoles, qui, dès qu’ils sont écrits, en perdent quintessence,
Amputés, éloignés du moteur qui les a générés, de toute curiosité, de toute intelligence ?
Aucune connaissance sans cela n’a de sens ; ils ne l’ont point appris au fond de leurs amphis.

Pourquoi une pomme se décrochant d’un arbre tombe-t-elle ?
Est-ce pour obéir aux lois de la reproduction en allant vers le sol ?
Il est sûr qu’on voit mal des pommiers se semer dans le ciel,
Comment alors cueillerait-on leurs fruits ? ou bien ne peut-elle faire autrement ?
La raison de la chute en sert-elle la cause ?… non l’idée est absurde.

À quels bas instincts devaient-ils obéir, pour ne pas hésiter à nous spolier ainsi de tout notre passé ?
Ils ont tué, ils ont volé, ils ont falsifié, mais bien pire que cela, ils se sont fait esclaves
De leur cupidité, de leur soif du pouvoir et de l’autorité, ont formé quelques zouaves,
Ont bâti des cités qu’ils voudraient Agora, mais d’où il ne sort rien, et qui ne sont qu’enclaves.
Ils suspectent chacun de ne penser comme eux, ou d’avoir retrouvé cette envie de chercher.

Si la notion de temps n’est pas chose palpable, a-t-il une existence ?
Sa mesure est par l’homme créée, mais ne lui confère aucune légitimité.
Si on voit aujourd’hui des lueurs d’étoiles finies, alors le temps n’existe pas.
Chaque chose qui survient a sa trace dans un espace proportionnellement éloigné.
Ainsi pourra-t-on trouver l’immortalité, ou voyager dans le temps ?… non l’idée est absurde.

Ah, au fait… j’oubliais… cette espèce, ainsi née et ainsi formatée, ne comprend rien aux arts
Si ce n’est sous forme de tableau, de sculpture, d’objet de la culture, comme investissement.
Tous les œufs ne doivent pas stagner dans le même panier, et porter un profit grassement.
C’est ainsi qu’on peut voir refleurir au travers des artistes, cette curiosité, cet esprit résistant.
L’art est fait de recherche, et de sorcellerie, ne l’interrompez pas dès qu’il arborera ce regard bizarre.


Les rayons du soleil ne peuvent-ils pas être apprivoisés,
Pourquoi le cristal ne serait-il capable d’en concentrer le flux
Sans s’en endommager, et de le renvoyer renforcé, démultiplié ?
La chaleur qui s’en dégagerait ne pourrait-elle ainsi se rapprocher
De celle de sa source, et créer l’énergie… non, l’idée est absurde.


 
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   CassandreB   
17/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Czerny, tes textes sont toujours surprenants et ce dernier ne déroge pas. Tu poses de nouveaux jalons en matière de versification.
Quant à la forme de ton écrit, elle est originale. Ta poésie de ce jour est très design en cela qu’elle est à la croisée de l’art poétique de Calliope, de la société actuelle et de la technologie contemporaine. Ton travail se rapproche du mouvement de Viala en peinture. Lorsqu’il trempe des éponges dans la peinture acrylique pour les imprimer sur des mantilles espagnoles qui sont allées à l’église pendant des siècles. Bien entendu, lier prose et versification pour tenir les propos de l’un et des autres, c’est royal.
Quant au fond, en confrontant l’histoire de l’homme et de la science, tu rouvres cette porte par laquelle religieux et scientifiques ou artistes n’ont eu de cesse de passer depuis le Moyen-âge avec des périodes où le risque était grand de griller en les flammes. Mais il s’agit tout simplement de l’histoire de l’humanité dont je suis persuadée que jamais elle ne sera quiète tant que l’homme n’aura pas admis que science et poésie sont parfaitement liées. Les scientifiques et leurs rapporteurs, les gens de lettres et tout particulièrement les poètes, devraient aller plus avant ensemble pour ouvrir sur une période de renouveau qui serait bien sûrement d’après moi, une véritable conquête du mieux pour l’être humain et donc celle de la paix pour l’homme. Cet escalier du renouveau tu viens d’y ajouter une marche. Chapeau bas !

   Anonyme   
17/6/2015
Intéressant d'avoir écrit ce texte inspiré par la réflexion de Einstein que vous citez. Il est fort bien construit.

" Il est en ce siècle béni, des armées de chercheurs, de doctes professeurs.
Ils ont monté des murs sur les tombes des sages, ont pillé leurs grimoires." Je trouve l'affirmation un peu sévère.
Bien sûr, en ce début de vingt et unième siècle il faut faire la part des choses entre l'utile et la frime, à une époque où la pensée unique a tendance à faire tache d'huile, ou le profit est le seul objectif.
Mais ne mélangeons pas les choses. En parlant de ce précieux héritage que nous ont laissé des savants, des artistes, des philosophes, des écrivains (j'en passe) qui ont contribué depuis des siècles à améliorer notre monde, qui penserait à les ignorer ?!
A "salir leur nom ,leurs travaux et leur mémoire" ?


" Point ne leur a suffi de brûler quelque folle, convaincue de magie ou de sorcellerie." Ici, c'est convaincue au féminin qui me surprend ; le sujet n'est-il pas "ils" ?

   Pussicat   
17/6/2015
Alors je sus un peu emportée par ce torrent de poésie bien écrit ma foi, un peu est un peu faible... totalement conviendrait plus à mon état de chamboulée totale... bluffée même, complètement. Dans la forme, je dirais que c'est une belle réussite, un OVNI poétique qui me plaît bien.
Par contre, en revancheeeeeuhh, dans le fond, je suis, euh... ignorante ou presque... la guerre ou l'opposition entre art et recherche, ou science, pouvait avoir un sens il y a plusieurs siècles, mais depuis la photo, le cinéma, et toutes les créations numériques, la recherche, la science et l'art se font-ils encore la guerre... ?
Je n'irai pas plus loin pour éviter d'écrire des énormités, j'ai apprécié votre texte qui donne à penser, et lier belle écriture et nourriture pour mon p'tit cerveau, c'est un beau cadeau que je prends sans réfléchir...
à bientôt de vous lire,

   Anonyme   
18/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Pas si absurdes que ça, ces chercheurs "fous" qui ont fait avancé nos civilisations grâce à leurs inventions. Progrès technique et recherche fondamentale nous ont fait progresser pour atteindre ce que nous sommes aujourd'hui.

A chaque époque ces inventeurs (de génie). La roue, les médicaments, la compréhension de l'Univers, les lois de l'attractivité etc. Autant d'idées "absurdes" au départ, débouchant finalement par des découvertes fondamentales.

Un bel hommage rendu à tous ces savants qui ont dû se battre en leur temps contre l'absurdité, le déni, et parfois même l'obscurantisme. Accusés pour certains de sorcellerie, brûlés sur le bûcher où y échappant de justesse en se rétractant au dernier moment sur l'objet de leurs recherches.

Ainsi, pourquoi ne pas prétendre à l'immortalité ? Serait-ce si absurde que ça au final ? Les rayons du soleil ne pourraient-ils pas être apprivoisés dans une source cristalline qui renverrait et démultiplierait l'énergie ainsi acquise en la rendant beaucoup plus efficace encore ? Serait-ce absurde ? Bien sûr que non, puisque l'histoire - et votre poème - nous ont prouvé le contraire.

Ce qui serait absurde, au fond, serait de ne pas y croire, et de penser que tout ça est absurde...

Bravo pour ce texte intelligent et peu commun brassant quelques grandes inventions de l'histoire de l'homme...

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