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Poésie contemporaine
czerny31 : Si d’aventure…
 Publié le 20/11/15  -  3 commentaires  -  1949 caractères  -  90 lectures    Autres textes du même auteur

Un arrêt sur image, ou le bilan d’une quête.


Si d’aventure…



J’ai pisté l’orchidée de sierras en banquises,
Otage d’épiphytes aux senteurs exquises
Le jour défiant l’ours, la nuit fuyant le loup
Je ne trouve répit qu’en de rares igloos
Pour un rêve de Graal en ce chaos stellaire
Ivre d’absurdes quêtes et d’aurores polaires
Dans le blanc absolu hanté de cypripèdes
Que déchire un briska tiré de samoyèdes
Cette fleur revêche que j’ai tant crayonnée
À l’aube de ma nuit, enfin je l’ai trouvée.

Je tiens d’un vieux gabier quelques mots hérités
Sur son dernier grabat en souffle saccadé
Qui empeste le rhum et l’haleine fétide
D’une île où règne encor glorieuse Néréïde
Gardienne d’un trésor perpétuelle nubile
L’histoire de la terre en l’antre d’un nautile
J’ai parcouru les eaux d’Irlande aux Bahamas
Foulé les rives brunes de la mer des Sargasses
Puis l’oreille collée sur la nacre sacrée
J’ai puisé le secret, ce vieux fou disait vrai.

J’ai croisé le regard de cet enfant languide
Oublié du savoir, des dieux et des druides
Brisé par le sourire aimant et résigné
Après avoir tenté une ultime saignée.
Riche du souvenir de sa main engourdie
J’ai hurlé dans les bois tous les mots interdits
Insulté les curés leurs chiens et leurs bonnes
Quand un roi Batwa chevauchant une lionne
En songe m’enseigna les vertus de la sève
Qui terrasse la Parque et émousse son glaive.

Je suis venu vers vous pour vous offrir la fleur
Palme de mes périls, promesse de bonheur
Ardent à vous nourrir de ces mots susurrés
Tantôt de porcelaine ou de mage avisé
Et bravant à ces fins le pire des écueils
Votre aisance illusoire receleuse d’orgueil
Qui grime la mesure et aveugle le sot
Jusqu’à jurer pour soif qu’on achète de l’eau
Merci à vos geôliers, vos molosses cerbères
Me voici en lieu sûr, je vogue sur les mers.


 
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   Louisa   
20/11/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je trouve ce poème très original et coloré. Les poèmes de voyage sont toujours une heureuse occasion de faire ressortir beaucoup d'images, à travers l'esprit de l'évasion et le climat de l'exotisme.

J'ai quelques petits regrets, notamment sur certaines mots dont le caractère savant leur fait occuper ici une place un peu étrange : "cypripède, samoyède, briska, épiphytes"... En général, j'aime apprendre des mots et me laisser imprégner par certains champs lexicaux savants qui donnent de la texture à la poésie. Cependant, un recours trop systématique à des mots savants freine selon moi la fluidité de la lecture et le confort du lecteur. Ce n'est que mon avis.

Bien que ce texte soit publié dans la catégorie "poésie contemporaine", je déplore certains détails de la forme : la rime "sacrée/vrai" (qui n'en est pas une), le hiatus "et émousse" (les autres hiatus ne me gênant pas), le vers "insulté les curés leur chiens et leurs bonnes" (auquel je n'arrive pas à trouver 12 syllabes contrairement aux autres vers, à moins de faire une diérèse à "chiens").

J'ai apprécié le choix de strophe en dizains et les vers suivants :
"J’ai parcouru les eaux d’Irlande aux Bahamas
Foulé les rives brunes de la mer des Sargasses"
Et
"Le jour défiant l’ours, la nuit fuyant le loup
Je ne trouve répit qu’en de rares igloos
Pour un rêve de Graal en ce chaos stellaire
Ivre d’absurdes quêtes et d’aurores polaires"

Je félicite l'initiative de ce poème et je reconnais qu'il donne à voir du paysage, ce qui est très agréable finalement.

   Vincendix   
20/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte un peu long pour une lecture superficielle et d’un seul jet, c’est ce que j’avais ressenti en espace lecture et j’attendais son éventuelle parution pour prendre le temps de voyager dans les quatrains et commenter.
Je le trouve toujours aussi long mais il n’est pas creux, il faut le lire tranquillement en s’attardant sur chaque quatrain, voire sur chaque vers.
Première surprise, assister à l’éclosion d’une orchidée sur la banquise doit être un spectacle rare, aussi rare que voir un phoque se promener sur les pentes de la Sierra Madre de Chiapas. Une image sans doute ou une femme ? (Il me semble avoir lu une telle histoire).
Le roi Batwa chevauchant une lionne ! Pourquoi pas, tant qu’il est vivant !
Hurler dans les bois des mots interdits, avec l'écho c'est un effet boomerang.

En résumé, des vers assez plaisants pour une odyssée sortant de l’ordinaire, une part de mystère que l'on peut interpréter de différentes façons, quelques endroits « exotiques » comme la mer des Sargasses et le Burundi…

   CassandreB   
21/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Chacune de tes épopées nous mène loin et celle ci encore plus loin que les précédentes.
La quête de ton héros pour ce Graal est noble. Et si cet objet mythique était la Connaissance ? Alors ton héros a trouvé le Graal et de fait, son retour oblige un départ. Il a su entendre ce vieux gabier, il a reconnu la fleur, il a entendu le chant au fond de la conque. Puis il est rentré et il a regardé le monde. Alors le monde est devenu l'insupportable.
Voici ma lecture de ton épopée. Je ne voudrais pas posséder la Connaissance car je ne veux pas souffrir tant. Et par-dessus tout je refuse que le Graal ne soit qu’un rêve. Je ne peux l’imaginer. Je considère qu’est là la différence entre l’humain et les autres races vivant sur terre. Quelle serait la raison d’être de l’humain sans quête ? Le confort social ? Toutefois, s'il te plait, dis à ton héros de rester car nous le voulons.

Tu nous as menés encore plus loin et j’aimerais que tu nous y entraines plus longtemps. Dans le registre épique qui est le tien, j’aime à rencontrer l’amplification. Sans que ce soit une réponse à Louisa et Vincentdix, moi qui suis une passionnée de ce style, je me régale de tes lignes. Tu manies l’hyperbole et tes figures d’analogie nous transportent aux bornes du merveilleux. Pourtant c’est bien à une réflexion toute philosophique que me mène ton texte car passé le plaisir de la lecture d’un poème et absorbée la beauté rendue par les images de tes allégories, je me trouve face à cette réflexion sur le Graal.
Le style épique force à l’admiration, je dis bravo, tu seras un jour virtuose si tu continues ainsi car je me répète, tous les ingrédients de ce style sont inscrits dans ton épopée. Dans tous les cas, tous ceux que l’on enseigne en fac de lettres à ce propos.
La dimension est symbolique, certes, mais … elle me convient. Merci poète.


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