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Poésie contemporaine
czerny31 : Zone de guerre
 Publié le 27/10/15  -  5 commentaires  -  1766 caractères  -  124 lectures    Autres textes du même auteur

Ce qu'est une zone de guerre et les déracinés qui la fuient, au travers d'images auxquelles la poésie prête sa puissance.


Zone de guerre



Par de funestes salves un feu tombé du ciel
A supplicié le bourg d’un délire irréel ;
Un tonnerre vomi de reptiles d’acier
Riffaude dans la nuit des ombres émaciées
Comme autant de flambeaux en danse de trépas
Défilant pour un dieu qui ne les entend pas.
Des comètes d’enfer qui fusent du néant
Déchirent la voûte d’où crachent des géants
Gorgent la Fournaise d’anonymes impies
Pour calmer la furie d’invisibles Pythies.
Il n’y est nul abri qui offre de salut
À toute âme qui vive ou au moindre reclus.

Une aube de ténèbres embrase le chaos
Parsemé de bûchers couronnés de halos
D’effluves pestilentes, de chairs lacérées
Qui s’exhument d’escarres en posthume mêlée
D’une terre promise à perpétuel hiver
Sous des cendres lunaires aux reflets de viscères.
Diptères et rats pavanent en ribote incongrue
Puis bénissent le ciel de cette pluie d’obus
Qui écharpe les torses, mutile les visages
De fantômes sans voix, sans âme ni sans âge,
Butinent une cornée, suçotent un ventricule
Se disputent chacun la part d’un testicule.

Des cohortes hagardes agitées de sursauts
Sur pistes et chemins s’entassent en troupeaux
Foulent des corps exsangues au sortir de l’enfer,
Avec mignards en pleurs, se pressent vers la mer.
Que douce est la furie, la terreur des flots noirs
Utopique potion d’un monde sans espoir.
Les vainqueurs de Neptune reçus par des hérauts
Braillards et grimaçants en sites carcéraux
S’écorchent à l’échalier d’outrecuidants nantis
Amnésiques d’un temps qui les vit déconfits
Complices d’artisans qui façonnent la terre
En perpétuel asile ou en zone de guerre.


 
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   Vincendix   
4/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Il faut ne pas avoir connu la réalité pour écrire une telle fiction, celles et ceux qui ont vécu l'enfer, même de loin, celles et ceux qui le vivent encore n'ont pas de mots pour exprimer cette terrible réalité.
Un tel sujet devait être traité avec pudeur et retenue, seuls les derniers vers correspondent à peu près à ma philosophie.

   Robot   
5/10/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Franchement n'y a-t-il pas une autre manière de parler aujourd'hui des horreurs de la guerre. Je trouve le langage passéiste pour traiter ce sujet Comme si nous étions à l'époque des guerres de Jughurta.

   Anonyme   
27/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour czerny31,

Vous nous présentez un poème devant lequel je ne peux rester indifférente.
À la lecture des deux premiers vers, on pourrait croire à une évocation de ces guerres avec château, catapultes, et sièges entre deux bourgs voisins et rivaux.
Le style est résolument classique mais très vite, on réalise que cette zone est bien plus proche de nous.

Le premier paragraphe, vue d'ensemble de cet espace dévasté, puis au second, le narrateur s'approche de l'individu, au plus près, au plus cru.
La progression fait grandir le sentiment d'horreur.
Enfin, au dernier paragraphe, quelques "élus" semblent sauvés, non en avoir dû nier tout humanisme.
Mais, et tout le poème est ainsi très actuel, de l'autre côté de la mer les attend un espace qui s'il n'est pas dévasté est tout sauf un asile, un paradis.

Une écriture soignée, des allusions à l'Antiquité ou la mythologie intéressantes et un ensemble qui porte à réfléchir.
Bravo et merci.

   Ascar   
27/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ici, point d'histoire d'amour pour évoquer une guerre trop souvent en toile de fonds. L'auteur nous la colle direct sur la rétine en nous scotchant les paupières. Impossible de fermer les yeux sur les horreurs décrites . La guerre c'est malheureusement cela, une suite d'immondices et d'atrocités. Personnellement, je préfère ce genre de narration à celles qui louent l’héroïsme et les actes de bravoure. Certes il y en a d'extraordinaires mais au final ils servent de propagande pour justifier ce qui n'est pas justifiable. Le cinéma en témoigne par le chemin parcouru entre "les canons de Navarone" et "il faut sauver le soldat Ryan" ou encore "ligne rouge"". Parfois la guerre est inévitable mais elle a un prix : le sang et les tripes de nos enfants.

   CassandreB   
29/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Czerny, si les poètes ont la volonté d'ouvrir nos yeux et de nous faire réfléchir, alors tu es poète au bon moment. L'humanité est en train de s'emballer, par ces lignes très fortes, tu donnes l'alerte et celui qui te lit est obligé de réagir. Peu ou prou mais cela n'a pas d'importance du moment qu'il ne reste pas indifférent.
Bien sûr tes mots dérangent et je connais bien des classiques qui ne veulent pas entendre "poésie" avec ce type d'écrit. Mais lorsque Picasso a peint "Guernica", n'était il pas peintre et lorsque Dorgelès écrit "Les Croix de bois", n'est-il pas écrivain? Ne sont ils pas deux artistes? Deux artistes qui portent alors la mission qu'ils se sont donnée : ouvrir les yeux du peuple, écrire une trace de l'horreur pour qu'elle dise au futur combien il faut se garder de ces actes barbares. Etre témoin des effets d'hommes fous dans leur tête pour que les générations qui suivront ne soient pas incultes et sachent prévenir ce danger qui ronge l'humain en interne.
Ton texte pose des images sur nos écrans qui figent la conscience et l'obligent à réfléchir aux conséquences d'actes qui sont terrorisants.
Ce champs de bataille que tu décris, m'a tout d'abord projetée sur les plages du débarquement dont on nous instruits à l'école puis rapidement j'ai réalisé que l'endroit pouvait tout aussi bien être un quelconque coin de la planète car toutes les guerres que nous connaissons sont de ce type. L'Algérie, le Viet-nam, la guerre du désert et plus proche de nous tous ces conflits qui en ce moment déchirent la terre
Bien entendu ces images ne peuvent que provoquer un profond dégoût. Elles nous donnent l'envie de vomir le monde, elles nous mettent mal.
L'humain est en train de construire le temple de million d'années qui sera le tombeau de sa déchéance. La seule chance que nous ayons de continuer à poétiser l'herbe trop verte, els amours fleur bleue et le joli mois de mai est de faire que tous ces êtres décérébrés, dépourvus de sentiments humains, pour qui les cris,le sang, l'horreur ne veulent rien dire, la seule chance que nous ayons est d'éveiller les consciences en montrant ce que les âmes trop sensibles nient pour ne pas avoir à en subir les images ou les mots.
Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre? ne pas voir les cadavres couverts de mouche et à l'odeur pestilentielle, ne pas entendre les cris d'horreur des soldats mutilés?
C'est la mémoire populaire qui peut, elle seule, sauver le futur très aléatoire de l'humanité.
Merci de mettre au service de cette mémoire tes lignes, certes très difficiles mais si indispensables.


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