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Poésie classique
Damy : La part des anges
 Publié le 25/11/13  -  10 commentaires  -  1684 caractères  -  259 lectures    Autres textes du même auteur

Méditation sur la désincarnation d'une muse.


La part des anges



Il ne restera rien de mes vers de bouffon
Que du papier froissé dans le fond du grimoire,
Une cale mâchée au pied de votre armoire,
Un ersatz de tissu servant de vieux chiffon.

J’avais peint des soleils, des larmes, des rivières
De diamants plaintifs à votre cou pendus
Pour arracher de vous des soupirs défendus,
Déguisant mes baisers en rimes journalières.

J’avais bâti la ville aux phalanstères bleus,
Étendu des déserts et des dunes de marbre
Semés de rêves fous pour que fleurisse un arbre
De jade et bu le jus de vos fruits scandaleux.

J’avais mis les secrets de vos lymphes étranges
Dans l’écrin de satin, pourpré de vos langueurs ;
J’avais humé, fiévreux, l’esprit de vos humeurs
Et m’étais enivré de votre part des anges.

Vous m’aviez voulu sage et c’est avec grand soin
Que, vous obéissant, ma plume studieuse
Se perdait en calculs dans une ode ennuyeuse.
Vous aviez invité ma mesure à témoin.

Vous m’aviez pris la main dans ma tendre ballade
Et dansé mon rondeau chanté par les oiseaux.
Vous aimant nymphe et nue à l’étang des roseaux
Mon sonnet fut sacré Grand Roi de la pléiade.

J’ai peur de voir en vous, couchés dans le lin blanc,
Une peau de chagrin, l’ombre des aubes tristes,
Le tremblement d’aimer et les pleurs des artistes
Qui s’en vont, chahutés, courbés, la plaie au flanc.

J’ai rangé mes papiers et feuilleté le livre
Des psaumes de l’hiver où brûlent, éternels,
L’espoir d’une mer chaude et les mythes charnels
D’un Verbe d’au-delà quand le corps ne peut vivre.


 
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   Ioledane   
13/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Amertume du poète lorsque s’éloigne l’amour, lorsque la Muse perd sa raison d’être … Comme c’est bien exprimé ici ! Voilà de beaux quatrains classiques comme je les prise, avec des images bien trouvées, et un zeste d’autodérision qui donne beaucoup de saveur à l’ensemble.

Mes vers préférés :
« De diamants plaintifs à votre cou pendus »
« Déguisant mes baisers en rimes journalières »
« ma plume studieuse / Se perdait en calculs dans une ode ennuyeuse »

Notons les allitérations « étendu des déserts et des dunes » ou « un arbre / De jade et bu le jus de (…) », ainsi que l’audacieux rejet « pour que fleurisse un arbre / De jade ».

Quelques légers bémols néanmoins :
- « Etendu des déserts » : jolie idée, mais dé-dé heurte un peu l’oreille
- « Vous m’aviez pris la main (…) Et dansé mon rondeau » : cela fait en raccourci « vous m’aviez dansé mon rondeau », il vaudrait donc mieux écrire « Vous aviez pris ma main (…) Et dansé mon rondeau »
- « Vous aimant nymphe et nue (…) Mon sonnet fut sacré » : est-ce bien le sonnet qui aime la nymphe ? C’est ce qu’indique la syntaxe en tout cas, mais je ne pense pas que ce soit le cas, à moins d’un effet de style un peu curieux.

Un très beau morceau de poésie en tout cas.

   Anonyme   
14/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Joli poème classique, ma foi, sur le désenchantement.

Beaucoup de belles images surtout dans les premiers quatrains
du texte.
Par contre ces avais et aviez font un peu répétitif au fil des vers.

J'aime bien :

Il ne restera rien de mes vers de bouffon ( où je me reconnais !)

Une cale mâchée au pied de votre armoire,

En résumé un poème d'un romantisme du meilleur cru.

   Robot   
25/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
De votre poésie, du thème et de son traitement j'ai beaucoup apprécié.
A la réserve prés que vous n'avez pas déjoué le piège du "Je" qui vous a conduit à une surabondante utilisation des auxiliaires.
Un exemple, le vers
"J’avais peint des soleils, des larmes, des rivières"
pouvait aisément devenir
"De mes soleils brossés, des larmes, des rivières"
supprimant ainsi l'égo et son auxiliaire répétitif.
Ma lecture n'en a pas été gênée, mais je crois que cette manière de rédiger sans le "je" aurait allégé l'ensemble de votre poème.
Ceci dit, il reste quand même un bel ouvrage avec des moments riches:
Entre autres:
"Déguisant mes baisers en rimes journalières."
"L’espoir d’une mer chaude et les mythes charnels
D’un Verbe d’au-delà quand le corps ne peut vivre."

   Anonyme   
25/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
joli poème avec, déjà, un premier quatrain dépeignant cet amour usé; puis, un flashback (désolé pour les puristes) décrivant son éclat d'antan avec de belles images raffinées puis l'appréhension de le voir mourant.
" J’ai peur de voir en vous, couchés dans le lin blanc,
Une peau de chagrin, l’ombre des aubes tristes,
Le tremblement d’aimer et les pleurs des artistes
Qui s’en vont, chahutés, courbés, la plaie au flanc."

   Anonyme   
25/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Damy. Si j'en crois ce poème votre muse est toujours présente et bien présente. Une belle suite de quatrains dont je retiens surtout celui-ci, sans pour autant renier les autres :

J’avais bâti la ville aux phalanstères bleus,
Étendu des déserts et des dunes de marbre
Semés de rêves fous pour que fleurisse un arbre
De jade et bu le jus de vos fruits scandaleux.

Bien aimé également...

Il ne restera rien de mes vers de bouffon
Que du papier froissé dans le fond du grimoire...

Nous en sommes tous au même point si ça peut vous rassurer mais il y aura peut-être une exception. Qui sait si dans un siècle ou deux on ne s'arrachera pas les poèmes de Damy ? On en reparlera le moment venu...
Quoi qu'il en soit, même s'il ne passe pas à la postérité, c'est un très bon texte ! Bravo...

   senglar   
25/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Damy,


Ben oui... mais... c'est le lot commun de toute entreprise humaine - fût-elle inspirée - Du moins vos vers auront-ils vécu, été ici adulés, et s'il y a "part des anges" encore faut-il qu'il ait un nectar. J'ai eu la chance là de m'enivrer et de l'ambroisie et de ses effluves :)

Senglar-Brabant

   Lhirondelle   
26/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Damy

Je suis ravie de m'être arrêtée sur votre méditation de la désincarnation d'une muse... muse au passage qui vous a inspiré de forts beaux alexandrins.

Et il me restera de vos vers ciselés,
Une belle impression gravée en ma mémoire.

Au plaisir de vous relire

   Miguel   
2/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
On est porté par la magie de ces beaux vers, on plane. Quel rythme, quel souffle ! Les mots sonnent tous juste, on ne saurait mieux rendre les sentiments et la pensée. Vraiment, un poème superbe.

   Anonyme   
20/2/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Poète,
Par le moyen de vers aussi expressifs que le sont les tiens dans le monde de la sensibilité, tu as su saisir délicatement mon âme par la main afin de la conduire sur les chemins menant à l’éternité.
Ainsi, te lire et te relire reste pour moi un perpétuel ravissement.
:)

   papipoete   
28/11/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
bonjour damy
rien que le titre est déjà poésie...
J'ai gardé de vous des images pieuses, ainsi que vous me suggériez d'être bien sage, et me prenant la main m'entraîniez sur le vélin, là où je pourrais laisser aller ma plume, aimante de ce corps, passionné de cet esprit... et je vous avais écrit mes si tendres tourments.
NB à cette époque sur oniris, je ne m'aventurais point, de crainte de ne pas trouver " les mots pour le dire... ", de m'égarer si loin de l'imagination du poète !
Aujourd'hui, je me rattrape sans peur en avançant ce constat " comme c'est bellement écrit ; même si ce parler fait sourire les adeptes de verlan ou S.M.S. , dire à sa dulcinée " de Vous madame, suis tellement épris, que ces mots que je vous écris, viendront-il jusqu'à frôler votre âme ? "
Ces souvenirs envolés, comme cette part de bon vin vers les cieux, laisse planer une petite musique de nuit, qu'un violon saurait jouer d'un archet enchanté.
l'avant-dernière strophe me plaît particulièrement, avec cette peur qui étreint notre amoureux ; le temps inexorablement avance, pose des rides ça et là ; mue la fougue en sage tendresse ; mais dans l'esprit tout reste, rien ne s'efface...
je n'ai pas l'audace de vérifier la technique de ce " classique flamboyant ! "


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