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Poésie libre
Damy : Nadia
 Publié le 09/03/25  -  5 commentaires  -  1360 caractères  -  102 lectures    Autres textes du même auteur

À Nadia Anjuman, poétesse afghane assassinée.


Nadia



Je l’ai rencontrée sur un quai de gare. Elle regardait passer les trains. De dos, sa silhouette était bien faite et attirante. Timide, je me suis approché à pas discrets. Elle a senti ma présence et a tourné le visage vers moi… Forough !

– « Mignonne allons voir si la rose », osai-je.
– « Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
Et la nature c’est toi-même. »
Me répondit-elle des siècles plus tard.

Nous ne nous sommes jamais plus quittés

En elle je m’évade
Sous le ciel d’une aubade
Son corps nu s’est offert
À l’hymen cœur ouvert

Je ne lis plus les grands poètes
Les rimes vont chanter les fêtes
Les lagerstroemias en bouquet
Frémissent, l’hiver disparaît

Au diwan de l’éternité, j’écoute un oud, un chant sacré, une espérance de beauté, une soif d’elle inespérée. J’écoute le vent silencieux dans un éther bleu harmonieux, sa voix muette, je vois son sein voilé, son ombre noire en silhouette.

Dans le djebel Ronsard est mort
Nadia fut enterrée vivante
La paix rendrait en réconfort
Une eau de pleurs sans épouvante

Elle n’allait nulle part, les trains roulaient sur son histoire, la vérité c’est ce qu’on croit : le parfum doux d’un corps naissant.


 
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   papipoete   
9/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Damy
je l'ai rencontrée sur un quai de gare, et nous avons parlé de poésie, dont Ronsard était le Maître de rimes ; je l'ai aimée comme on ne peut plus' aimer
mais les talibans passèrent par là, avec leur immense savoir, leur conception de la femme, de la liberté qu'on peut davantage accorder au crotale, dont le venin est leur encre d'écriture.
Nadia passa entre leurs mains, griffes crochues assassines
Ronsard lui évoquait de la rose, les épines jolies...
NB ce poème parait alors que l'on célèbre la Femme ; chez les diables barbus aussi, mais différemment... et le monde avance à recul au pays de l'Infamie.
nous souffrons à la lecture de ces lignes si fortes, que Nadia put aimer
même morte, elle est là et à jamais existera en l'âme des poètes.
un poème obole de diamant, à ce que l'on voudrait mettre dans la corbeille de la Mariée que serait Nadia...rêvons !
c'est beau, mais comme ça fait mal !

   Cristale   
9/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
"Voici que gronde une tourmente, fruit de mon silence obstiné
Aube, chère aube, ne déchire pas la soie imaginaire
Voici que je suis plus heureuse la nuit, quand poésie illumine mes instants"

Vers traduits du poème "Illumination" de Nadia Anjuman.

L'âme du poète a rencontré l'âme de la poétesse disparue tragiquement, violemment, injustement.

Dans certains pays on peut mourir parce qu'on ose être une femme, parce qu'on est une femme qui ose écrire.
Ici le poète d'un pays libre lui rend sa dignité de femme, de femme érudite, de femme poète, lui offre sa confiance, son amour, tout ce dont elle fut privée parce que c'était interdit.

Un poème prégnant, difficile à vous nouer les tripes, et en même temps pétri de sérénité.
C'est si joli, si tendre.
Quant à l'écriture de ce poème, et libre et versifié, je me demande encore dans quel océan cosmique Damy a plongé sa plume.

Puisse Nadia reposer dans cette paix là, avec ces mots là.

   Provencao   
10/3/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Damy,

Une sublime poésie forte d'une grande et précieuse émotion, compassion et sagesse offerte avec le coeur, les blessures et des larmes.

Avec des accents poétiques fortement enracinés dans la lumière et dans la triste vérité.
Un chemin poétique gravé au chagrin immense lié au statut d'Afghane...laissant derrière la mémoire du vers libre persan et de symphonie de la langue.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Donaldo75   
11/3/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Damy,

Après lecture de l'exergue, je suis allé rechercher la biographie de Nadia Anjuman. C'est terrible ce que j'ai lu. Du coup, ma lecture a probablement été influencée par ce drame, celui des femmes afghanes en général et de cette poétesse en particulier. J'ai trouvé ce poème fort, à plusieurs niveaux de lecture - sans vouloir m'attarder sur une analyse détaillée qui trahirait l'impact de ce poème à la lecture -

"Le ne lis plus les grands poètes
Les rimes vont chanter les fêtes
Les lagerstroemias en bouquet
Frémissent, l’hiver disparaît"

J'ai réellement aimé quatrain dont la lecture s'est insinuée dans mon esprit.

"Dans le djebel Ronsard est mort
Nadia fut enterrée vivante
La paix rendrait en réconfort
Une eau de pleurs sans épouvante"

Ce dernier quatrain a fait le lien avec ce que j'ai lu plus haut et les éléments de la biographie de Nadia Anjuman. Dans mon esprit, les couleurs se sont rassemblées en un tableau certes plus abstrait que réaliste mais suffisamment fort pour porter ses fruits.

Bravo !

   Damy   
11/3/2025


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