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Poésie libre
David : y aunque desde que nací
 Publié le 19/03/09  -  11 commentaires  -  1488 caractères  -  125 lectures    Autres textes du même auteur

Et bien que depuis que j'écrive.


y aunque desde que nací



Les mots ont su m’attendre,
leur présence a su me surprendre,
leur respect pour moi, me troubler.

Qui êtes-vous ? Bien que je ne sache ici
que si peu de chose du monde,
car cette page, pour moi
a été à la fois mon berceau et ma tombe
et bien que depuis que j’écrive
si cela est écrire
je ne vois rien que ce désert rustique,
où je lis misérable,
en squelette vivant,
être animé frappé de mort,
et bien que je n’aie jamais écrit ni lu
qu’aux regards des seuls livres que j’aie jamais vus
et qui partagent ici mon infortune,
grâce à qui j’ai quelques notions
du ciel et de la terre ; et bien que
ici, pour autant que cela étonne
et me donne le nom de monstre humain,
parmi les chimères et les épouvantes,
je sois l’homme de ces fauves
et un fauve parmi les hommes ;
et bien que dans ces grands malheurs
j’aie étudié la politique,
instruit par les bêtes,
et des oiseaux avertis,
et des astres suaves
j’aie mesuré les cercles :
Les mots seuls ont pu surprendre
la passion de mes tourments,
la tension de mon regard,
l’étonnement à mon oreille.

Toutes les fois que je les vois,
je les admire à nouveau ;
et plus je les côtoie,
plus je les regarde avec désir.



D'après un passage de La vida es sueño de Pedro Calderón de la Barca, 1636-1673



 
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   xuanvincent   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Le thème de l'écriture, du poète face à la page blanche qui se noircit des premiers mots, m'a intéressée.

Pour la structure du poème (pour le sens), il m'a semblé que le poète (dans le sens du narrateur j'entends) s'intéressait tout d'abord aux mots, pour ensuite parler assez longuement de lui et, pour finir, revenir à ces mots. Avec une évolution (on peut mettre en parallèle la strophe du début et celle de la fin) qui m'a intéressée : au départ, les mots m'ont paru impressionnés par le poète et à la fin au contraire susciter l'admiration du poète.

PS : Il s'agit là d'un hommage à l'auteur et poète dramatique espagnol Pedro Calderón de la Barca (je viens de faire une recherche sur Internet, ne le connaissant pas)...
J'ai cherché la signification du titre du poème : quelque chose comme "Et bien que depuis j'étais né" (au passé simple) (? pour la traduction : cela me paraît un peu bizarre...).

   TITEFEE   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Le doute qui nous envahit lorsque nous postons . L'attente aussi qui se prolonge parfois si bien que le doute devient encore plus aigu sur ce que nous avons confié sur la page blanche et qui ne nous appartient déjà plus : tout est inscrit dans ton texte

J'ai lâché un peu les rennes depuis quelques jours mais j'ai pris plaisir à venir lire ton texte qui me parlait très fort...

j'aime infiniment

http://sd3.archive-host.com/membres/playlist/1086141494/DAVID.mp3

   xuanvincent   
19/3/2009
Merci Titeffee pour cette belle et émouvante lecture.

   Anonyme   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Magnifique David !

C'est tout bonnement superbe... l'amour des mots et de ce qu'ils provoquent quand ils résonnent en nous...


Je vibre là...

   lotus   
19/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je ne connaissais pas du tout ce Pedro mais ton texte m'a donné envie d'en savoir plus et je suis donc partie à la découverte du personnage.
Belle allégorie des mots que nous fais là.

   Anonyme   
20/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Belle transmission de ton amour des mots. (Quelque part c'était facile de s'en douter)
Ceci à de plus éveillé ma curiosité sur ce Pedro Calderon de la Barca et je compte bien en savoir plus.
Merci.

   FredericBruls   
20/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un très beau poème sur l'amour des mots et de l'écriture. Bravo pour ce texte à lire après avoir pris une grande bouffée d'air.

   Anonyme   
21/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Très évocateur, assez puissant.
Merci

   Flupke   
22/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une belle ode à l'écriture. Merci.

   Charivari   
4/11/2011
Réédit : mon commentaire sur le texte original (la vida es sueño, de Calderón de la Barca) et sur l'idée de David à partir de ce texte se trouve ici :

http://www.oniris.be/forum/a-propos-de-y-aunque-desde-que-naci-t6193s0.html#forumpost189993.

   David   
3/11/2011
J'ai changé l'objet du texte d'origine, à travers plusieurs mots et pronoms, et quelques détails, mais en gardant la structure, c'est vrai et assumé en son temps. Cela peut être comparé avec la traduction citée également avec son traducteur : ici.


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