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Poésie néo-classique
deboncourt : Le champ d'honneur
 Publié le 27/05/09  -  8 commentaires  -  1353 caractères  -  68 lectures    Autres textes du même auteur

Normal : l'uniforme est différent !


Le champ d'honneur



Dans ses yeux, je croyais me voir
Tout pareil jusqu’à la couleur
Gris vert, dans un soupçon d’ivoire
Grosso modo de même grandeur.

Dans ses yeux, je voyais le square
Où petit je jouais au voleur
Haut-le-cœur sur la balançoire
On rigolait à se faire peur.

Dans ses yeux, brillait un espoir
Le même qui me soulève le cœur
L’illusion d’une prochaine victoire
C’était peut-être un déserteur.

Dans ses yeux, reflet de miroir
Le bout du fusil-mitrailleur
Dans mes yeux, mirait un fût noir
En joue Monsieur, à vous l’honneur.

C’était il y a bien longtemps, dans le champ à côté d’un petit muret tout démoli. Ça s’est passé comme je vous le dis. Un face-à-face interminable. Un brouillard à tailler en d’dans.
Canon contre canon, sans bouger, sans reculer.
Quand je suis revenu après le casse-croûte, ils étaient toujours là, toujours pareils : deux beaux gars dans leurs habits de guerre.
En ces périodes d’hostilité, c’était pas rare qu’on s’entre-tue au hasard d’une rencontre... pour l’uniforme qu’est différent.
Mais, c’était il y a bien longtemps, heureusement.

Dans nos yeux, c’étaient nos histoires
En image, en braille, en clameur
Dans le champ, ce fut l’abattoir
Quand pointèrent les percuteurs.


 
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   TITEFEE   
27/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien
j'inaugure et je dois dire que ce poème m'a interpelé. Avoir au bout de son fusil un être humain qui aurait pu être un ami si la folie de la guerre n'en avait pas fait , parfois malgré lui un ennemi, est un thème qui me hante souvent.. il est vrai que bien que j'étais très jeune, j'ai connu de la guerre bien des horreurs qui restent encore en ma mémoire, comme les exécutions sommaires, les femmes tondues, les morts sur la route...

alors pour cela je ne regarde que le message délivré... la paix entre tous les hommes de bonne volonté
j'ai aussi enregistré, car ce matin pas de bruit de tondeuse dans les jardins. Même les oiseaux se taisent car le mistral souffle fort.

http://sd3.archive-host.com/membres/playlist/1086141494/DEBONCOURTlechantdhonneur.mp3

   clementine   
27/5/2009
J'aime beaucoup le mélange rimes et langage parlé.
J'adhère bien évidemment au fond. Et à cette dénonciation: où que ce soit, il y a toujours des hommes qui s'entretuent à l'instant où nous vivons une "vie normale".
La guerre est intemporelle.
L'image de renvoi à l'enfance, lorsque la guerre est un jeu est bien venue.

   nico84   
27/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve que le ton est fort, intense, impliqué. C'est trés bien pour ton poéme sur fond de mort.

Le 5ème paragraphe au niveau du rythme et de la forme (forme physique) du poéme se différencie, ça perturbe un peu. Le coté "langage parlé" ne gène pas et j'ai bien aimé.

   Anonyme   
28/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime beaucoup "Dans nos yeux, c'étaient nos histoires/En image, en braille, en clameur": très bien tourné et émouvant. J'aime moins les deux vers qui suivent en revanche.
Moi non plus le ton ne me dérange pas au contraire, cela rend ces vers d'autant plus "humains".
J'aime bien.

   Raoul   
30/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un thème rare, un traitement intéressant (j'aime particulièrement l'intrusion du langage parlé, des expressions comme "tailler en d'dans" le vocabulaire un peu relâché jouxtant le "soupçon d'ivoire"…), les rimes ne sont pas trop lourdes à la lecture alors que pourtant…
Peut être une strophe de trop au début (la trois) mais c'est vraiment pour chipoter.
Un texte digne et humain, c'est pour moi une belle lecture en tous cas.

Ajout après écoute de ce texte dit par PETITEFÉE/ Je retirerais presque ma remarque sur la strophe de trop.

   Anonyme   
31/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
D'une émotion rare, chargée et raffinée, sans guimauve ni fioriture. Une belle langue, maîtrisée. Un auteur à suivre.

   David   
2/6/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Deboncourt,

Une bonne idée ce changement de longeurs des vers en cours de route, mais je ne trouve pas que ça joue autant que ça le pourrait. La fin tombe un peu à plat, ce ne sont pas les percuteurs qui pointent par exemple, ce serait plutôt les canons, pardon de faire cette nuance mais c'est un abus de formule, ce n'est pas chargé de sens à un endroit du poème où ça devrait... claquer.

   Anonyme   
12/7/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai déjà lu beaucoup d'écrits sur cette période troublée, mais là, je me suis senti troublé par le réalisme de l'écriture.

Au fil de ma lecture, je visualisais le déroulement de l'événement ; chaque strophe commence par "Dans ses yeux", c'est sans doute ce qui donne cette dimension, le regard ... Ce leitmotiv a quelque chose de pénétrant, d’évocateur.

Et puis il y a cette strophe qui un moment éloigne l'atrocité :

" Dans ses yeux, je voyais le square
Où petit je jouais au voleur
Haut-le-cœur sur la balançoire
On rigolait à se faire peur. "

Ce poème m'a énormément plu, dans toute son intégralité. J'en ai fait plusieurs lectures, toujours cette impression favorable, qui souligne l'authenitque de ce poème.


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