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Poésie contemporaine
deep : Esprit d'Afrique
 Publié le 06/05/15  -  10 commentaires  -  1440 caractères  -  274 lectures    Autres textes du même auteur

L'apatam est dans mon pays natal une "case à palabre". Chaque village, même le plus petit et reculé, possède son apatam, les habitants s'y regroupent souvent pour discuter de tout et de rien.
Et le frangipanier est l'arbre des cimetières.


Esprit d'Afrique



Toi, berceau de l’humanité tu m’as bercé
Tu m’as vu me redresser et marcher là-bas
Au nord, attiré par un mystère à percer
Je te sais là, soutenant chacun de mes pas.

Dans la ville de lumière aux gens aveuglés
Par la chasse protocolaire de l’instant,
Hyène de vie engloutit les heures épinglées
Que suspend aux aiguilles d’un cadran le temps.

Adroit maintenant dans ma négritude blanche,
D’un sablier de verre je dompte les grains
Piégés par ce chasseur en habits du dimanche
Dont le souffle réduit comme peau de chagrin.

Parfois les venimeuses morsures du froid
Tracent sur ma peau des écailles de poison,
Soudain mes yeux ensorcelés sont ta proie,
Rougis par les pigments d’un feu à l’horizon.

Ma peau illuminée des couleurs africaines
Se tend au rythme du tam-tam de mains d’enfants,
Le souvenir incandescent brûle mes veines
De ton soleil ogre aux orgies de ses couchants.

Tu ris fort, de ton grand rire libérateur
Qui fait danser mes pas et s’envoler les heures.
Des cieux, un griot vient de parler à mon cœur
Juste un instant sous l’apatam de tes couleurs.

Je reviendrai, poussière, emporté par le temps
Las, te conter mes pas, je t’en fais la promesse.
Sous le frangipanier, l’éternité m’attend.
Dis ! Puisque le temps ne compte pas, rien ne presse.


 
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   Arielle   
6/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Le thème de l'exil est toujours une source d'émotion pour moi et ce poème n'échappe pas à la règle. Vous avez su évoquer votre attachement à un continent dont les couleurs et la musique ne vous ont pas quitté en dépit de l'adresse que vous avez dû développer pour dompter les grains d'un sablier de verre (une belle image qui dit beaucoup) dans ce Nord dont vous pensiez percer le mystère ...
Si j'aime particulièrement les trois derniers quatrains , je trouve que la rime, tout au long du poème, semble souvent pesante, vous obligeant à des inversions artificielles qui rendent la lecture délicate, par exemple :
"les heures épinglées que suspend aux aiguilles d’un cadran le temps"
ou ici :
"Le souvenir incandescent brûle mes veines de ton soleil ogre aux orgies de ses couchants."
Il y a aussi quelques répétitions qui se font un peu trop remarquer ( temps, peau, couleurs) mais avec quelques retouches votre poème pourrait être facilement amélioré et "Puisque le temps ne compte pas, rien ne presse."vous avez tout loisir de le reprendre. N’oubliez pas que " Sous le frangipanier, l’éternité [vous]attend."

   Pussicat   
6/5/2015
Bonjour deep,
j'attendais beaucoup de votre poème à la lecture de son titre.
Je dois attendre les strophes 5 et 6 pour sentir l'Esprit de votre terre natale souffler : la musique, les couleurs, les chants, les danses et les paroles qui tournoient sous l'apatam.
Mais c'est un écueil duquel je me suis sortie à la seconde lecture.

Les quatre premières strophes dessinent le portrait d'un exilé d'abord perdu dans ce nouveau pays où tout est différent puis qui s'y accommode : "Adroit maintenant dans ma négritude blanche,"

Votre texte est construit sur la notion de temps.
Le temps, mesure du quotidien, du changement, de l'espace, mesure de notre impuissance : ce qui est fait est fait, mais... quelque chose peut défier le temps, c'est notre mémoire : le souvenir.

De la naissance :
"Toi, berceau de l’humanité tu m’as bercé
Tu m’as vu me redresser et marcher là-bas..."

Jusqu'à l'espoir d'un retour au pays natal :
"Je reviendrai, poussière, emporté par le temps
Las, te conter mes pas, je t’en fais la promesse.
Sous le frangipanier, l’éternité m’attend.
Dis ! Puisque le temps ne compte pas, rien ne presse."

Belle dernière strophe où le retour est suggéré sous une forme philosophique.

J'aime particulièrement la migration du langage d'une terre à l'autre :
"Par la chasse protocolaire de l’instant," / le temps devient la proie
"Hyène de vie engloutit les heures épinglées" / hyène remplace chienne
"Que suspend aux aiguilles d’un cadran le temps." / les aiguilles sont les flèches du chasseur de temps

De belles images :
"Parfois les venimeuses morsures du froid
Tracent sur ma peau des écailles de poison,"

Quelques bémols :
"Toi, berceau de l’humanité tu m’as bercé" : répétition berceau/bercé

Des vers dont la construction m'échappe comme :
"Dont le souffle réduit comme peau de chagrin." / se réduit ?

Côté rythme et construction, la ponctuation n'est pas au rendez-vous et c'est dommage : une virgule par-ci, par-là, je me perds un peu.
Le vers est libre et ne suit pas de schéma : 11,12,13 syllabes.
Les rimes sont riches et croisées (exceptées dans le quatrain 6) et font sens.

Un texte que j'ai pris plaisir à lire, des petits riens à gommer pour lui donner une plus grande puissance évocatrice, mais j'ai bien ressenti "l'Esprit d'Afrique" traverser votre poème.
à bientôt de vous lire,

   Anonyme   
6/5/2015
Bonjour deep
Sur le fond, votre poème déborde d'images et d'émotions
Mais dans la première partie, elles ont du mal à s'accommoder de la vêture des quatrains
Dans la seconde, elles s'y sont habituées et les trois dernières strophes sont superbes
Je vous conseille vivement de reprendre les premières avec la même vigueur de plume et de nous proposer une nouvelle mouture, plus aboutie.
Votre sujet le mérite

Merci deep

   Edgard   
6/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Deep,
J’aime beaucoup votre texte, ses images poétiques pour évoquer la nostalgie du pays natal.
Il y a certes des petits points de détail, mais je ne suis pas très regardant, je me laisse emporter par l’émotion qu’il transmet. C’est vrai que vous semblez gêné par moment par le « carcan des vers » et que ça limite un peu l’élan…d’autant que l’on n’a pas toujours la régularité des alexandrins, pour certains vers. La répétition du premier vers passerait mieux, par exemple, dans une poésie libre …
La quatrième strophe est très belle : «Parfois les venimeuses morsures du froid tracent sur ma peau des écailles de poison … rougi par les pigments d’un feu à l’horizon… » et beaucoup d’autres vers aussi.
L’idée du temps, différent ici et là, mais inexorable, leit-motiv de votre texte, est très bien évoquée à mon sens.
Bien cordialement.

   Francis   
6/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai beaucoup aimé ce balancement entre la terre d'accueil et la terre natale. Le sablier ne semble pas s'écouler à la même vitesse sur chacun de ces deux continents. Au nord, le plaisir immédiat, l'instant. Au sud, le rythme du tam-tam, les histoires ancestrales du griot. Le poème se termine par une dernière strophe que j'ai particulièrement aimée.

   Anonyme   
6/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
On sent bien l'esprit d'Afrique planer au-dessus des terres et des êtres.

Il doit faire bon palabrer sous l'apatam. Quant à finir sa vie sous un frangipanier, pourquoi pas.

Une belle poésie !

   pieralun   
6/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Deep,

Une nouvelle, un poème. Les deux empreints de poésie. Vous êtes doué!
Pour reprendre le comm de Tizef, il voit toujours juste, un début emprunté, sous contrainte, puis la musicalité s'installe au fil des quatrains.
Il y a les images, la couleur de l'Afrique, de très belles choses, heurtées au début: berceau-bercé, tu m'as vu me..., hyène de vie, beaucoup plus musicales ensuite: adroit dans ma négritude blanche (très fort), d'un sablier de verre je dompte les grains (splendide), très bel avant dernier quatrain, idem pour le dernier.
J'ai ressenti l'Afrique sur tous les grains de ma peau.
Merci Deep

   Marite   
7/5/2015
 a aimé ce texte 
Bien
C'est très étrange. J'ai lu ce long poème plusieurs fois et ce n'est que lorsque j'ai modifié l'ordre des strophes (A-B-C-D-E-F-G) que j'ai saisi pleinement cet Esprit d'Afrique qui " l'habite".
Voici l'ordre auquel je suis arrivée pour être pleinement satisfaite : 1/E - 2/F - 3/C - 4/B - 5/D - 6/A - 7/G
Ceci bien entendu est très subjectif.

   Anonyme   
13/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Jolie poésie, on ressent une certaine tristesse , comme un regret, et la nostalgie de ce continent. Malgré tout elle donne, au lecteur, l'envie de le connaître.
Recherche soignée des mots et des rimes. Jolies trouvailles (les heures épinglées ...temps) (venimeuses morsures...écailles de poison).

   Anonyme   
4/11/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je ne suis pas complètement conquis par l'ensemble de l'écrit, je trouve que le texte se révèle dans les quatre dernières strophes, bien plus parlantes, là cet "Esprit d'Afrique" au travers de vos mots prend forme, comme dans cette phrase " De ton soleil ogre aux orgies de ses couchants", au travers de vos mots, ce continent se fait plus présent, les images s'installent.

Je retiendrai de votre écrit cette strophe :

" Tu ris fort, de ton grand rire libérateur
Qui fait danser mes pas et s’envoler les heures.
Des cieux, un griot vient de parler à mon cœur
Juste un instant sous l’apatam de tes couleurs. "

Tout l'importance des racines est là " Des cieux, un griot vient de parler à mon cœur", ces racines qui nous font et parfois nous défont, mais elles sont d'une certaine manière notre richesse.


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