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Poésie contemporaine
Didadou : De la terre, de la poussière
 Publié le 12/04/19  -  10 commentaires  -  1533 caractères  -  245 lectures    Autres textes du même auteur

Il s'agit de ma première contribution au site. J'ignore si le texte peut être publié ; je vous laisse le soin d'en décider.


De la terre, de la poussière



De la terre, de la poussière
Projetée, jetée en l'air, suspendue
Mon visage dans ces lourdes volutes
Mon visage se forme dans la poussière, la terre, la glaise
Et le corps s'affaisse en sable
S'écoule à petites gouttes dans des vases
Les vases sont de terre, se brisent
Et le corps, liquide au toucher d'un souffle
Souffle dégage de l'encens
Ma peau a cette moiteur, le minéral de la vase
Dans ces marécages, une statue me représente, et s'enfonce
Se dissout, de l'eau
S'agglutine, une poterie
Un mortier s'agite, un vent bouscule
Ton souffle se dégage comme de l'encens
L’encensoir illumine le soir d'un des rouges de ma terre
La terre rouge de l'encensoir

Nos visages se réunissent dans le vent versé dans des verres, mijotent dans des bols, qu'on récupère dans des pots, que l'on vide dans la rivière, des algues sur les vagues, les vagues montent jusqu'à s'empiler près d'un phare, les environs s'unissent vers un centre, trajectoire d'un caillou du ciel jusqu'au creux de nos mains, se serrent l'une dans l'autre, et se séparent, du sel glisse, s'écoule, va à nos pieds, puis se disperse aux quatre vents, aux lueurs de l'aube, une poudre scintille dans la lumière, l'instant de ton souffle qui touche ma main, pénètre au fond d'une poche de mon jean, un doigt qui pointe l'extérieur, puis l'habit se déchire, suis de poussière et un tissu qui s'étire, craque, se fane dans la nature, dans le feu et la foudre, l'océan et la terre.


 
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   Corto   
18/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte a un charme, même si il faut vraiment se concentrer pour le saisir.

"Mon visage se forme dans la poussière, la terre, la glaise
Et le corps s'affaisse en sable": bien malin celui qui donnera un sens rationnel à ce type de phrases.

Mais ce qu'on remarque vite, c'est le ton, l'ampleur, le décor qui se créent progressivement.

"suis de poussière et un tissu qui s'étire, craque, se fane dans la nature, dans le feu et la foudre, l'océan et la terre": ce final nous emmène dans l'incertain sans limite d'éléments réels et peu importe si le discours n'est pas rationnel.

On verrait bien un tel texte dit en Off, en ouverture d'une pièce de théâtre voulant recréer un monde imaginaire, rêvé mais compréhensif pour des spectateurs du festival d'Avignon.

"De la terre, de la poussière" est une idée audacieuse.

   hersen   
21/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'aime beaucoup ce poème minéral, de la légèreté de la poussière à la lourdeur de l'argile.
Pour finir par les quatre éléments, nous en sommes faits, nous y retournons.

Des vers, puis de la prose démarquent fort bien deux parties et c'est très agréable dans la forme.

Le champ lexical, riche, va de la terre nature à la terre malaxée par l'homme. j'aime beaucoup ce mélange !

   Vincente   
22/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La proposition est très intéressante !
J'ai très vite été intrigué par ces images imbriquées, puis je me suis laissé porter par le flux halluciné. À peine discordants, les enchaînements avancent et petit à petit dessinent cette danse qui, depuis le regard du poète, deviennent vision. Le visage du narrateur affiche ses traits dans un nuage de poussière, mais l'informe matière s'évade dans un vase, offrant le réceptacle à l'être figé… et l'âme sœur entre en scène s'annonçant d'un souffle d'encens.
Fin de la première partie versifiée.

Ensuite, dans la coulée linéaire d'une prose sans silences ni respirations, de plus en plus bouleversée jusqu'à la fin, l'expression s'emporte et s'attise jusqu'à l'orgasme (ou un extrême équivalent car " dans le feu et la foudre, l'océan et la terre").

L'écriture est intuitive, la structure et les phrases au sens évanescent disent le trouble du ressenti de l'auteur, il semble qu'il ait préféré la sincérité de l'émotion brute à une expression plus construite. Les termes doublés (mon visage – vase(s) – terre – etc…) participent à la sensation d'emportement.
J'ai abandonné le besoin d'imaginer des cohérences dans les métaphores, la force de l'évocation en a écarté la nécessité.

   Anonyme   
12/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'idée m'a beaucoup plu. Un visage et un corps, nés de la poussière et la terre, qui, après quelques pérégrinations engendrent l'âme soeur puis retounent se fondre dans la terre et l'océan.

Chaque vers dispense une image expressive et l'ensemble offre un tableau surréaliste.
" Ton souffle se dégage comme de l'encens
L’encensoir illumine le soir d'un des rouges de ma terre
La terre rouge de l'encensoir " un beau passage, entre autres.

Un texte étonnant.

   papipoete   
12/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour Disadou
Première parution, singulière impression !
Un alchimiste, peut-être Dieu du Ciel ou Prométhée d'une main prit du sable et de l'argile et bientôt apparurent formes humaines...
Tantôt oeuvre qui s'écroule et se redresse comme un fantôme sous son drap blanc ; et la glaise sculptée de main de magicien, qui s'affale lamentablement comme sur le plateau d'un potier . Sans cesse renouvelés, les ouvrages bientôt tiennent debout...
NB une poésie à lire les yeux fermés, pour voir en mirage ce que l'auteur nous dépeint, et sous de " lourdes volutes " bientôt ça tangue, ça tangue...
Je ne suis pas sûr d'avoir décrypté la vision du poète, mais je reconnais à ce récit une atmosphère envoûtante, aux images foisonnantes !

   senglar   
12/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Didadou,


Ah ça je dois dire que le jean je ne l'attendais pas, ni sa poche et souffler dans la poche d'un jean faut le faire même si ça semble plus facile que d'y mettre la main, il est donc incongru ce jean dans cette scène qui mélange la terre, la poussière et l'eau, la glaise... un mortier apparaît : je voyais là une scène originale où l'on allait animer quelque Golem ou quelqu'idole plus païenne. Je me représentais une sorte de potier qui nous eût joué un tour à sa façon, ou un sorcier, un griot à cause de la terre rouge.
Et puis il y a l'encens, le souffle, un encensoir... une dimension magique et religieuse. ça se mélange quoi il y de la magie primitive ou profane et il y a du religieux classique.
Dans la partie prose on voit bien l'enchaînement automatique des propositions, l'une naissant de... et rebondissant sur l'autre, et ainsi de suite. Mais vous les laissez vous conduire, faut aussi tenir un peu le volant non... même si c'est pour zigzaguer :)

Bien... Si je suis tout cela : vous vous dissolvez, vous vous recomposez, vous vous mettez en couple et l'autre vous redissout, vous finissez alors en point cardinal.
C'est fou tout ça :)
Vous m'expliquerez hein ?
Parce que moi je suis de ceux qui pensent qu'il faut savoir expliquer ses délires. Sinon c'est trop facile...
Et ici je suis dans le brouillard. Tiens ! Il n'y a n'en a pas dans votre alchimie alors je vous le donne. Vous pourrez peut-être en faire quelque chose lol.
Mais je ne vais pas vous la casser votre création, je ne vais pas passer l'aspirateur, suis pas un Dyson :)))


senglar

   BlaseSaintLuc   
12/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Il y a la beaucoup de matière, de quoi faire en fait, ce que vous fîtes.

Il me semble cependant que les éléments ne collent pas toujours bien au corps. (c'est un peu juste.)

L'idée, la nourrice est là, mais vous ne tétez qu'un sein sur deux !

Heureusement ça ne part pas complétement en poussière !

À vous relire avec joie, le principe et excellent, ne restez pas ... Les mains dans les poches !

   lucilius   
12/4/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Je ne doute pas que l'incipit oriente fortement vers l'indulgence, voire la générosité. Pour ma part, je reste assez circonspect sur la chronologie de ces métamorphoses qui redeviennent antichronologiques et que confirme la deuxième partie, trop énumérative. L'écriture compense quelques erreurs de sens.

   Didadou   
12/4/2019

   Davide   
12/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Didadou,

On sent quelque chose de touchant derrière ces vers et cette prose un peu fouillis. De touchant ?
Je voulais dire, quelque chose de grandiose : une alchimie entre les éléments, l'eau, le vent, la terre... et surtout soi-même au cœur de ce mystère.
Pas vraiment une interrogation, non, plutôt une fantaisie poétique, une inspiration d'un l'instant. C'est frais, fugace...

Je regrette quelques petites maladresses d'écriture, mais pas grand-chose :
Notamment, la répétition de souffle dans "souffle dégage de l'encens" que je ne comprends pas bien et celle de "dans" dans le passage en prose, trop pesante à mon goût.
Enfin, je trouve que le mot "jean" détonne avec le reste du poème.

Ce poème visuel et contemplatif offre de belles images, dont cette "trajectoire d'un caillou du ciel jusqu'au creux de nos mains" m'émerveille.
Elle me donne l'impression d'une contraction du temps plutôt que d'une expansion, autrement dit, comme un "rembobinage" d'un jet de caillou.
Cette "fantaisie" nous ouvre sur un univers où tout devient possible.
D'ailleurs, cette prose marque une accélération de l'action. On s'essouffle à la lire, on se noie dans les mots, dans l'océan...

Un texte dont la fraîcheur, la sincérité et l'expression poétique feraient presque oublier le manque de cohérence. Presque !
J'ai bien aimé ce partage. Merci !

Davide


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