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Poésie libre
Dolybela : Bilan
 Publié le 11/07/20  -  7 commentaires  -  1156 caractères  -  115 lectures    Autres textes du même auteur

Parce qu'à la fin il va bien falloir nommer notre monde.


Bilan



Ce mal, ce mal qui tangue
La glace nue irriguée par la lune hyperboréale
Le gris regard adamantin de l'enfant noir, de l'enfant pauvre
Les derniers loups hurlant
Et comme en sursis le paradis habité de la canopée
Ce mal, ce mal qui tangue

Souligner les lignes qui nous lient
Les avions inodores en folle course paraplégique
La pirogue dans l'air mat s'avançant avec des livres pour passagers
Les sillons intergalactiques humainement imprimés dans la toile de l'espace-temps
Le grand réseau de mots et d'images qui fédère nos pensées
Souligner les lignes qui nous lient

Vaste, vaste honte
Chocs plastiques de l'Antarctique au Pacifique
Le tank et les fusils perçant le cœur et de l'enfant et des frères et des sœurs
La boucle incessante de la défaite occidentale dans la décroissance de notre humanité en terre yéménite
Et le cargo filant son pétrole sous la lune, dans le silence épais de nos cimetières marins
Vaste, vaste honte que ce mal qui tangue et souligne les lignes qui nous lient dans une vaste, vaste honte que ce mal qui tangue, tangue, tangue...


 
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   Anonyme   
25/6/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Un poème réquisitoire contre la folie humaine.
Le titre m'évoque aussitôt la "finance", mais au-delà de ce premier parallèle, vient l'idée de l'état des lieux.
J'ai trouvé l'exergue étrange, quel nom pour notre monde ? si ce n'est le monde ? Mais il apporte son lot d'interrogations, le mot "fin" interpelle.

État des lieux tout azimut, projecteurs sur des points précis et douloureux.
Les images sont bien présentes, les sonorités intéressantes.
Le nombre de "Et" est important mais ajoute à ce décompte funeste.
Le mot "adamantin" dénote un peu dans l'ensemble au vocabulaire résolument moderne.
Aussi le vers :
"La boucle incessante de la défaite occidentale dans la décroissance de notre humanité en terre yéménite", point précis lorsque le regard est dans l'ensemble plus global, (me) surprend.
Le dernier vers comme un cercle infernal est percutant. je l'ai beaucoup aimé.

Et je suis sur internet et je lis un poème posté sur internet...
J'ai aimé la forme comme le fond qui ne peut que faire réagir.

Merci du partage,
Éclaircie

   Luz   
25/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Très bien ce poème de combat, un peu désabusé.
Pourra-t-on arrêter ce mal qui tangue pour ne plus avoir honte ?
L'avant-dernier vers est très fort, très beau.
Bravo !

Luz

   Corto   
11/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Ce "Bilan" est rugueux, sans fioritures, sans complaisance. C'est là sa première qualité.
Les images choisies sont très évocatrices: "Le gris regard adamantin de l'enfant noir, de l'enfant pauvre".

Néanmoins j'y trouve un certain désordre et des choix parfois faciles. "la décroissance de notre humanité en terre yéménite" est une expression glaçante et bien venue mais je ne peux m'empêcher de penser à d'autres images comme celles des peuples d'Amazonie en voie d'extinction forcée décidée à Brasilia ou d'autres encore en Asie.

Le thème choisi est ambitieux. Était-il à la portée d'un poème en trois strophes ?

Je salue la démarche mais je trouve le résultat trop réducteur.

Merci pour le partage.

   Yannblev   
11/7/2020
Bonjour Dolybela,

C’est toujours difficile d’aborder des sujets comme celui-ci avec le prisme qu’on aime en poésie. On manque toujours un peu de recul et de projection. Mais ici le titre est sans équivoque : c’est un bilan.

Et un bilan présente les choses comme elles sont, « brutes » même en les redessinant avec des mots bien choisis pour des images sans flou.
Il ne laisse que peu de place à des ressentis, émotions personnelles. On voit ce qu’on nous montre et on nous montre ce qu’on veut nous faire voir, sans trop de latitude. Le réquisitoire est sans complaisance aucune et ne laisse aucune place à une plaidoirie pour l’espoir dans un monde à venir.

Cela dit si le bilan n’est pas bon, on le sait, c’est presque un devoir que de le répéter sous toutes les formes possibles… ici la forme poétique est donc de bon aloi et le soin porté à sa composition la justifie amplement.

Merci du partage

   Melorane   
23/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour,
Sur la forme, je n'ai rien à redire, les images sont percutantes, originales et recherchées. J'aime particulièrement ce vers :" Les sillons intergalactiques humainement imprimés dans la toile de l'espace-temps".
Cependant, je suis un peu plus mitigée sur le fond, car, vous avez raison, le monde est loin d'être parfait et l'homme en est le premier responsable, seulement un bilan ce doit d'être objectif et j'aurais aimé retrouver dans votre texte un peu de positif, car tout n'est jamais tout noir ou tout blanc et là où certain font la guerre, d'autre recherche la paix.
Melorane

   papipoete   
11/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↓
bonjour Dolybela
" Honte, honte à vous faucheurs de vies, écumeurs des mers aux bateaux ogres, aux aventuriers des dernières canopées ! Cesserez-vous un jour de vouloir tout asservir loin de votre opulence, alors que déjà vous avez tout...
NB un réquisitoire contre la furie humaine, mais le monde n'est pas composé que de " gentils "... et les méchants plus rares sont tout-puissants...
Des lignes et des lignes de forfaits, mais leur partition n'est pas facile à scander ! j'aurais préféré une métrique plus courte, et des vers de longueur semblable ; des cris, des S.O.S...

   Anonyme   
12/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Dolybela,

J'aime plutôt votre bilan, la manière dont il est rédigé. C'est un regard à décharge de l'espérance, et alors? C'est un regard d'auteur. Les lancinantes redites (ce mal qui tangue/les lignes qui nous lient/vaste honte) apportent , à mon sens, un véritable plus, ou élan au poème.
Ce n'est pas une écriture de l'instant. J'aime particulièrement l'image du 'cargo filant son pétrole sous la lune'.
Merci.


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