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Poésie contemporaine
dom1 : Triptyque...
 Publié le 15/11/18  -  7 commentaires  -  8909 caractères  -  61 lectures    Autres textes du même auteur

Liberté, Égalité, Fraternité. Des mots qui sonnent français dans la tête. De l'école jusqu'au mariage, ce triptyque légendaire insuffle des valeurs auxquelles nous sommes censés nous rattacher.
Je donne ici une version personnelle (un tantinet provocatrice...), et "originale ?" (dépoussiérée...) de ce que ces valeurs m'inspirent.


Triptyque...



Liberté...

De renards bréviaires
En contes allogènes
De regards délétères
En stériles androgènes
De corde ombilicale
En sourires castrés
De crottes de chacals
En portes fracturées
De foules anglophones
En cercles concentriques
De quartiers homophones
En crânes excentriques
De Noëls aux balcons
En faunes allochtones
De routes contagions
En cirques de Canton
De tôles enlacées
En baisers de pépins
De flaques de nausée
En rêves de crottins
De ciels ombragés
En fils de Mercure

Regarde tes souliers

Tes clés dans les serrures
Tes yeux de Macchabée
Tes mains dans la sciure
Ta gorge de Bénoué
Tes plaies de confiture
Ta tignasse de Centaure
Ton cul de parapet
Tes sourcils à Bogor

Regarde ton voilier

Tes kilos de paillasse
Tes jambes moutonnées
Tes poignées Barrabas
Tes sourires de Furius
Ta langue homonyme
Ton nom de Camillus
Tes chaînes jacobines

Vois la guerre de Glanum

Les routes de Sichuan
La grandeur des axiomes
Les livres de Rahman
Vois les rates des Carpates
Les rêves occitans
Les règles phallocrates
Les barbes de l'Orient
Vois la couleur du vent
La gloire des œilletons
Les robes d'Occident
Le règne Poséidon

Vois l'ordre émancipé

Le rond du cadenas
La course des remblais
Les envies de blabla
De mirages flambés
En courses tutélaires
De veines arrivées
En crânes des Glières
Regarde les bergers
Les traces de Kepler
La ronde des gradés
Les aphtes de grand-père

Vois malice à ton cou

Tes jambes malléoles
Ta glotte de grigou
Tes oreilles parasols
Ton haleine fétide
Tes gaz affranchis
Ta glande parotide
Tes seins en organdi

Dis-moi affréteur roturier : Combien l'as-tu achetée ?
Dis-moi accoucheur marinier : Comment l'as-tu hissée ?
Dis-moi gaffeur polypier : Comment l'as-tu oubliée ?
Dis-moi voyageur infirmier : Comment l'as-tu bavée ?
Dis-moi ravisseur atrophié : Combien l'as-tu volée ?

Dites-moi les feuillaisons
Les Tanguy Apollon
Les tiques de pigeons
Les Mao Zedong
Les mariés marathons
Les troupes de sermon

Les piqûres de bourdon : Où est-elle cachée ?

On la dit intrinsèque
On l'aurait encartée
Demain on la dissèque
On la pousse marchepied
On casse la manivelle
On appuie sur « entrée »
On viole l'infidèle
On brûle la mère Orphée
On crache l'orviétan
On crépit de purée
On souille l'éléphant
On crie sur l'attardé
On plaque dans les dents
On largue le Daguestan
On pisse sur Ferdinand
On tire sur le flamant
On affûte son calibre
On couche les camélias
On casse les équilibres
On file sur Terceira
On vole vers Jupiter
On vit de patachons
On baise l'hôtesse de l'air
On mange du mouton
On gare sa Ferrari
On enlève la goupille
On écrase Valérie
On joue avec ses billes
On crache sur les tombes
On rencontre les Tagals
On siffle sa Joconde
On tache son éventail
On renie l'évêché
On brade sa dulcinée
On se laisse flageller

Et l'on crève à Jersey

Mais où est-elle passée... ?


Égalité...

Il est des jours brisés

Rêveurs de Lapiés
Des nuits de pacotilles
Des rondes de brindilles
Et des lunes étouffées

Mangeurs de ratatouilles

De ragoûts de mouton
De bœufs bourguignons
Et de filets d'andouilles

Râleurs cadavériques

Des fleuves évaporés
Des maisons de papier
Et des champs squelettiques

Porteurs de queues-de-pie

Des bulles de savons
Des riches feuilletons
Et des quatre jeudis

Loueurs de mas Jonzac

Des quartiers Bodh-Gayâ
Des bidons de Quetta
Et des fermes Padirac

Chercheurs de maladies

De silhouettes homogènes
De signes pathogènes
Et des ombres hardies

Douceurs du peuple hittite

Des souvenirs bénins
Des sources des Écrins
Et des terres anthracite

Couleurs de frère Gāndhī

Des traits de Galilée
Des blagues de Shelley
Et des mots Marconi

Qu'ont-elles en commun ?

Ces zombies acariâtres
Ces figures synthétiques
Ces fourmis pathétiques
Ces cerveaux idolâtres
Ces lieux de parésie
Ces endroits avanies
Ces sites paradis

Il est des masques voilés

Des chaînes dévoilées
Des maisons à brûler
Des femmes opprimées
Des soleils ombragés
Que la pluie a souillés

Il est des matins d'effroi

Voleurs d'actinies
De miettes de purin
D'hectolitres de vin
Et de nains de jardins

Coureurs de Pompéi

Des stades de Munich
Des balles balkaniques
Et des Jeux de Paris

Être née à Joinville

Chez Martin ou Calma
Tombée à Bogota
Attendue à Nashville

Être née à Rouen

Chez Touraine ou Silva
Noyée à Toamasina
Disparue à Assouan

Malades avant de naître

Heureux avant d'avoir
Aveugles avant d'y voir
Victimes avant de paître

Qu'ont-elles en commun ?

Ces filles des pavés
Ces gosses dépravés
Ces marchandes d'ivraies
Ces princesses droguées
Ces bébés accablés
Ces adolescentes gavées

Il est des jours radieux

Bonheur de la potée
Des bottes de sept lieux
Des mariés amoureux
Et des jours rallongés
Cœurs de joie rassemblés
Des rires de nez rouges
Des histoires de barbouzes
Et d'un voyage au Gris-Nez

Joueurs de volley

Descendeurs de vallées
Danseurs de ballets
Sauteurs de mètres haies
Boxeurs auréolés

L'avez-vous déjà croisée ?

Est-elle décédée ?
A-t-elle déjà existé ?
Où peut-on la trouver ?

Enfermés dans ces wagons

Poussés par les barons
L'avez-vous respirée ?
Jusqu'aux camps de la mort
L'avez-vous méprisée ?
Même haïe sur les bords ?

On ne sait si c'est elle

Ou un rêve opalin
Que l'on imagine en vain
En discours chevalets

Où peut-on respirer
Des bribes de ses mains ?


Fraternité...

Lorsque je la croise
La souhaite
La regrette
Ou la toise

Lorsqu'elle me sourit

Me flatte
Me tape
Ou m'enhardit

Lorsque je l'évite

La repousse
La frousse
Ou l'extirpe

Lorsqu'elle me répond

Me sollicite
M'abrite
Ou me confond

Lorsque je la caresse

La console
La frôle
Ou lui pince les fesses

Lorsqu'elle me dit con

Me snobe
M'englobe
Ou me laisse marron

Lorsqu'elle lit Rousseau

Diderot
Voltaire
Ou Marmontel

Lorsqu'elle vit pour la Liberté

L'Égalité
La Justice
Ou la Paix

Que cherches-tu ?

Homme des palais
Des ghettos
De Bombay
Ou de Monaco

Vivre pour manger ?
Manger pour vivre ?
Vivre pour dépenser ?
Ou penser pour survivre ?

Dehors c'est la folie

La galère
L'avanie
Ou la guerre

Faudrait se serrer
Comme une forêt vierge
Faudrait se parler
Comme dans les rêves
Faudrait s'aimer
Comme des déchaînés
Faudrait s'entraider
Comme des fauchés
Faudrait crier
Comme des affamés

Faudrait changer !

La course des alizés
Le cri du héron
Le cours du Mékong
La durée de l'été

Faudrait changer !

Le regard du péon
La lourdeur du passé
La route des voitures
La couleur des toitures

Faudrait les casser !

Nos envies de camés
Nos courses effrénées
Nos vies de prisonniers
Nos regards larvés
Nos sourires fâchés
Nos tirelires bouchées

Faudrait écouter !

Le bruit des muets
Le son des pavés
Le silence des blessés
Le cri du condamné
Le regard du gamin
La couleur de ses mains

Faudrait regarder !

Le lit épuisé
La couleur des nuages
Le vent dans les voiles
La terre oxydée
Les ronds du châtaignier
Le cycle des saisons
Le feu à la maison

Faudrait s'aimer !


 
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   lucilius   
26/10/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Tout ça pour çà ? J'ai totalement décroché à "On crève à Jersey".
Un triptyque étant une œuvre en trois parties, il aurait peut-être d'abord fallu scinder le texte en trois parties réellement liées à leurs valeurs fondamentales : Liberté, Egalité, Fraternité.
Or ces longues énumérations qui se succèdent comme on monte un puzzle, n'insufflent rien en étant passe-partout et pas foncièrement rattachées à une valeur républicaine spécifique.
Ce texte aurait mérité beaucoup plus de concision avec quelques implications fortes, au lieu de s'éparpiller dans tous les sens.

   Castelmore   
31/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Impressions mitigées.
Érudition certaine
Liberté gaspillée
Égalité adoptée
Fraternité aimée
Plus slam que poésie
Du talent éparpillé

Matière à re-sculpter

Castelmore en EL

   BlaseSaintLuc   
1/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
On dit faire une gueule de six pieds de long puissance x , genre Malcolm et la réponse aux questions posées , c'est dans ton cœur et dans le cœur des hommes de bonnes volontés !
J'ai tout lu et je ne sait que dire, il y a là, une telle densité, une telle vérité, est ce encore de la poésie.

: « Je suis moi-même la matière de mon livre » affirme Michel de Montaigne. Les Hommes, qu'ils soient écrivains, politiciens, philosophes ou juste humains, appartiennent à leur société, heureuse ou misérable et possèdent tous des réflexions personnelles que l'on nommera « engagements ». Entre alors en jeu l'argumentation afin de permettre à chacun d'eux de défendre ses idées et d'inciter le monde, à les partager.

   Anonyme   
15/11/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
C’est dans la veine de Ferré, c’est musical poétique et percutant.

   Anonyme   
15/11/2018
Effectivement, ces valeurs vous " inspirent " abondamment.

La longueur de ce texte ne m'a pas permis une appréciation d'ensemble objective.
Et j'avoue que je ne n'ai pas eu l'envie de me lancer dans une deuxième lecture.
Sorry.

   Vincente   
15/11/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai décroché bien avant la fin. Je pense que la formulation en séquences très courtes et si abondantes en quantité et en significations noient le propos. La forme inonde votre propos et a englouti mon envie de vous suivre. Dès la première strophe, l'enchaînement saccadé de vers courts qui se lient deux à deux m'a lassé, non par ce qu'ils exprimaient car je les trouvais singuliers et pertinents, mais par le fait qu'ils partaient un peu dans tous les sens. La suite en vers de sens unique, presque indépendants de leur vis à vis, continuant dans leur logorrhée, ont perdu vite leur force dans ma tête... dommage, il y a une matière forte, sûrement un peu trop ambitieuse dans sa forme.

   Corto   
15/11/2018
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Oui et après?? On cherche une démarche, un sens, des images évocatrices...et on ne trouve pas. J'ai cru à partir de "Fraternité" que le paysage allait prendre forme, mais non: de l'accumulation sans évocation, impossible de s'envoler dans une pensée construite. Pour l'accumulation de mots il y a déjà les dictionnaires mais eux sont explicites. Ici pas de cohérence, pas de déroulement que l'on pourrait suivre.
Désolé mais pour moi ça n'a rien de poétique.


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