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Poésie classique
domi : Trop beaux yeux
 Publié le 14/04/21  -  16 commentaires  -  462 caractères  -  304 lectures    Autres textes du même auteur


Trop beaux yeux



Refermez vos beaux yeux, Monsieur, car je ne veux
Plus voir ces deux lacs bleus d’azur où je me noie
De honte de n’avoir ni l’âge ni la soie
De vos grands cils d’ébène où s’affolent mes vœux…

Vous arrivez trop tard, bel ange de lumière !
À ce fruit je ne goûte, il fut trop consommé…
Consentez, je vous prie, à cette humble prière :
Que je garde en mémoire une œillade dernière,
Et le rêve secret de vous avoir aimé…


 
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   Angieblue   
28/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Vraiment très classe et très élégant ce poème!

Et le thème touche. Le refus d'une histoire d'amour en raison de la différence d'âge. Mais c'est raisonnable car c'est se protéger pour ne pas souffrir, et se contenter du doux souvenir de cette "œillade dernière" pour rêver à ce que l'on ne goûtera plus:la beauté de la jeunesse.

C'est très bien tourné. Jolie trouvaille "...la soie/De vos grands cils d'ébène...".

Et j'aime beaucoup ce côté préciosité d'un autre siècle. ça a de la hauteur et ça emmène ailleurs...

Bravo: Il y a la forme et l'émotion.

Seul bémol, le titre qui dénote avec le reste. Le "Trop" devant "beaux yeux" fait langage de banlieues.
J'aurais préféré le côté classique de "Vos beaux yeux" avec le clin d'oeil assumé à Molière.

   Cristale   
28/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Trop mignon poème...les muzains ont le vers en poupe depuis quelques temps et celui-ci répond parfaitement aux normes de la versification régulière.

Et oui, "ces deux lacs bleus d'azur" semblent bien charmants mais hélas il n'est plus de mise de s'y noyer toute nue. C'est joliment exprimé, avec grande élégance.

Cristale

   Anonyme   
30/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

C'est court mais beau comme les yeux du monsieur en question.
Un petit écho au premier vers à l'hémistiche et la rime.
J'aime bien les deux lacs bleus d'azur.
La Belle ne voulant point céder doit se contenter de rêver et
le lecteur de bien peu de vers.

   Damy   
31/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’aime particulièrement cette forme de poème (un muzain, je crois) où en l’espace de 9 vers seulement tout est dit. Ici, avec grande élégance et délicatesse, un amour impossible qui ne se révèle qu’au secret d’une prière.
J’aime l’évocation de l’amour résumé à la seule beauté des yeux dans lesquels déjà beaucoup trop d’amantes ont plongé. Il suffit de l’empreinte d’une œillade pour qu’elle marque à jamais. C’est dit avec beaucoup de finesse.
Les vers sobres s’enchaînent avec une très grande aisance et leur lecture est d’une agréable limpidité. J'ai également été sensible à leur musicalité.
Merci.

Damy en EL.

   Miguel   
31/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une pépite de poésie. On comprend que ceci est plutôt pensé qu'exprimé, et le ressenti en est puissamment rendu par ces quelques vers tout frémissants d'une sensualité nostalgique et résignée, vers si bien rythmés et si mélodieux. J'interprète l'infinitif passé "vous avoir aimé" comme un euphémisme pour "vous aimer toujours". Tant que l'amour inspire d'aussi belles choses, rien n'est perdu.
On aimerait d'autant plus se voir adresser ce madrigal qu'on est plus en âge de l'écrire ...

   embellie   
1/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je découvre avec plaisir la manière élégante qu' une dame mûre utilise pour faire comprendre à un jeune homme le désir qu'elle a de lui, et sa retenue. Elle lui déclare sa flamme sans ambages « ces deux lacs bleus d'azur où je me noie » - « vos grands cils d'ébène où s'affolent mes voeux » mais aussitôt précise « vous arrivez trop tard ». La différence d'âge est cause de ce retrait.
Ce petit poème ressemble énormément à ceux de Louise de Vilmorin. Le langage un peu suranné, le vouvoiement, le Monsieur, font penser à une grande amoureuse du siècle dernier. J'ai aussi pensé à « Chéri » et au « Blé en herbe » de Colette qui, apparemment, chérissait ce sujet.
Je trouve ravissante l'expression « bel ange de lumière » mais je n'aime pas, et trouve déplacé ici, le terme « oeillade ». On pourrait regretter que ce poème soit si court, mais j'aime bien cette concision.
En peu de mots tout est dit. Merci pour cette agréable lecture.

   inconnu1   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo pour ce beau poème que j'avais vu en EL mais qui a rapidement disparu, preuve sans doute qu'il a rapidement été apprécié par d'autres

La technique est impeccable, le style châtié mais juste ce qu'il faut et le thème de l'attrait de la beauté de la jeunesse éternel mais tellement vrai

Bien à vous

   papipoete   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour domi
" on ne parle plus comme cela maintenant " dirait le roi du S.M.S, que nenni mon cher : à un monsieur ou une dame pour qui en silence, on soupire se devrait-on d'écrire !
Votre poème est écrit à la plume d'oie, sur papier de soie, et en boire les vers va de soi !
NB j'ai tant rêvé de Vous, et maintenant que vous êtes face à moi, je ne peux goûter à Vous ; je préfère en garder l'image en songe, où de Vous j'étais aimée...
Qu'en termes délicats, cette confession est avouée ; ce poème m'évoque un copain ne faisant, que butiner depuis qu'il sut approcher et séduire les filles !
Il a mon âge ( très mûr, presque blet ) et croit toujours qu'on puisse être folle de lui, mais osera-t-on le lui dire ? Il devrait lire ces lignes que l'héroïne prononce à l'attention d'un fruit devenu... défendu !
j'aime tout de ce poème, aussi ne puis-je citer un passage en particulier !
comme les textes classiques de " grands (es ) " d'ici, je vois un classique si limpide, que je demande pourquoi tout un chacun ne l'emploie ?

   Anonyme   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir Domi,

En voici un charmant musain élégant , les alexandrins d'une grande finesse et l'emploi du vouvoiement est bienvenu et approprié aux propos.

Tout est dit en peu de vers, c'est très beau, je suis charmée.

   Anonyme   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
DOMI, bonsoir

Poème délicat, presque chuchoté, « Trop beaux yeux » tourne autour d’un amour inconcevable. Admirable de retenue et de grâce, émouvante dans sa folle passion qu’elle tente de maîtriser, la dame ne perd pas de vue que l’adéquation totale, par les écarts d’âge entre une femme mûre et un jeune homme, est d’avance perdue. Et si cet amour impossible est au-dessus de tout, sa musique, si élégante soit-elle, est une cruauté pour l’amoureuse dont la simple vision de cet éphèbe tout droit sorti du pays des songes et à la beauté qui la bouleverse, suffit à raviver en elle les feux de sa jeunesse :

« Refermez vos beaux yeux, Monsieur, car je ne veux
Plus voir ces deux lacs bleus d’azur où je me noie »

Finalement, qu’il soit au 17ème ou au 21ème siècle, l’amour est identique, et le désarroi face à l’implacable temps est toujours le même.

Merci pour cette poésie si esthétique !
dream

   Myo   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il restera le mystère de ce regard de ciel et le souvenir de sa lumière.

Beaucoup de classe et d'élégance dans cette façon d'exprimer une émotion que l'on garde pour soi de peur de la perdre.

Un poème délicat.

Myo

   Anonyme   
14/4/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve dommage cette césure après bleus, d'autant plus que l'affinité du son EU à l'hémistiche précédent devait être évitée (comme secret et aimé à la fin du quintil). Pourtant, ce poème possède la saveur de l'aveu amer d'une amoureuse. Romantisme acidulé. Cette expression, brève mais explicite, démontre les dispositions de son auteur pour la poésie.

   Wencreeft   
15/4/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est assez paradoxal, attendu que la versification est impeccable dans ce muzain ; mais le rythme est pour moi assez contestable, en gênant la lecture :
L'enjambement entre vers un et deux et entre le vers trois et quatre créé une attente démesurée, et on arrive sur les rotules au bout de cette phrase étalée sur un quatrain entier.

Le vers 6 est bien trop isolé à mon goût, il s'enclave dans le quintil. L’élision du "pas" ressemble à un artifice de métrique, c'est dommage, et les "..." à la fin du vers cherche à redonner un souffle à ce vers qui en manque cruellement. Ce vers est la vraie faiblesse de ce poème, et vous savez ce qu'on dit : une chaîne n'est jamais plus solide que son maillon le plus faible.

Le dernier vers est assez fade, assez mièvre.

Ce qui est dommage car l'ensemble ne manque de maitrise et d'envol. Les vers non abordés ici sont excellents et relèvent d'un indiscutable personnalité poétique.

   Hiraeth   
15/4/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aurais aimé plus de virgules dans la première strophe, par curiosité, pour savoir où l'auteur plaçait ses pauses dans la lecture. Du coup, c'est au lecteur d'en décider lui-même, car on ne peut pas ne pas prendre de respiration du v1 au v4.

J'ai senti une ambigüité sur le vers 6 : si le fruit fait référence à la beauté de l'être aimé, comme ma première lecture m'a naturellement amené à le croire, alors il est absurde de dire qu'il fut trop consommé, vu la jeunesse de l'être aimé. Et si le fruit fait référence à l'amour, il n'y a guère de sens non plus de dire qu'il fut trop consommé, parce qu'apparemment la voix poétique en éprouve encore le désir.

Le poème est bon, voire très bon dans sa simplicité pleine de maîtrise technique, et il exprime un sentiment assez universel je pense ; mais sur un tel sujet j'aurais préféré de la vigueur, de la liberté, ou bien de l'humour plutôt que ce renoncement commandé par la bienséance. Mais cela n'engage que moi.

   Ioledane   
15/4/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
La belle est un peu mûre, et l'ange tentateur
Se voit remercié d'un poème enchanteur ...

(petite inspiration-éclair à la lecture de vos vers ;)

Une fort jolie supplique formulée en termes élégants, dont on ignore s'ils ont convaincu l' "ange de lumière" en question ; ne serait-il pas un peu trop séducteur pour être honnête, celui-là ? On l'imagine assez bien se faire insistant ... jusqu'à peut-être convaincre la belle de cueillir le jour avec lui !

"Bleus d'azur" m'a paru assez redondant, et la "soie de vos grands cils d'ébène" un peu curieuse.
En revanche, j'ai bien aimé "où s'affolent mes vœux", et surtout les deux derniers vers, très beaux.

   domi   
16/4/2021


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