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Poésie classique
Donaldo75 : Le blues du zoo [Sélection GL]
 Publié le 11/08/19  -  23 commentaires  -  734 caractères  -  359 lectures    Autres textes du même auteur

Je ne vais plus au zoo.


Le blues du zoo [Sélection GL]



Me lever le matin, tirer la langue aux gens,
Partir au déjeuner et lécher ma gamelle,
Devant des milliers d'yeux mais aucune femelle,
Telle est mon existence avec les indigents.

Pourtant je vis ici, comme un pauvre sans dents
Entouré d'animaux, juste un polichinelle,
À singer les humains en me grattant l'aisselle,
Dans ma cage de bois qui fleure peu l'encens.

Pourquoi suis-je damné, dans le rôle du pitre,
Devant des petits d'homme et nul droit au chapitre,
Alors que j'étais roi dans ma jungle d'antan ?

Il est temps de briller à grands coups de grimaces,
Dans une comédie, un triste jeu de faces,
Où des deux le moins dupe est bien l'orang-outan.


 
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   Anonyme   
12/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un sujet bien intéressant, traité avec sobriété, dans une écriture solide et maîtrisée, harmonieuse, efficace.

Au delà du poème, me vient à l'idée qu'il y a peu de siècles, les animaux n'étaient pas les seuls ainsi exposés, certains hommes et femmes avaient le même sort.
Ah ! L'Europe de toutes les folies, les mégalomanies...etc.

Merci de ce partage,
Éclaircie

   Lebarde   
15/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un sonnet classique irréprochable sur la forme ( beaux vers, belles rimes donc parfaitement rythmé) traitant d’un sujet parfois évoqué:
Les animaux des zoos sont ils heureux.
Il paraît évident que rien ne remplacera la liberté et que la captivité pourra être une prison dorée si l’on considère les soins apportés par des soigneurs souvent attentionnés, mais une prison quand même !
Le jugement peut pourtant être nuancé si l’on dit que tous les animaux de zoo étant en principe nés en captivité ( je crois que c’est la loi) seraient totalement incapables de survivre dans leur milieu naturel.

Pour les animaux de cirque, le problème est très différent puisqu’en plus on leur impose la dégradation de s’exhiber.

Le poème expose sobrement avec des mots et des scènes bien choisis ce que doivent ressentir ces animaux captifs. Il a le mérite de susciter la réflexion sur le sujet controversé sans apporter de conclusions hâtives.

Bravo j’ai bien aimé ce joli sonnet, parfaitement construit et à la lecture agréable.
En EL

Lebarde

   hersen   
15/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un classique nickel, sharp, y a rien qui traîne ou bien qui serait là pour faire plaisir : seuls les zozos de nos jours vont au zoo.

Juste une remarque : tout le poème est en "je". pourquoi le perdre en toute fin ?
"où des deux le moins dupe est moi, l'orang-outan.
(enfin, là c'est une suggestion bricolée, mais c'est l'idée)

J'ai aimé la gamelle, les sans-dents, singer l'humain, mais surtout les petits d'homme, qui rappelle une oeuvre célèbre !

   poldutor   
18/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour

Très amusante poésie sur le vague à l'âme d'un pauvre orang-outang derrière ses grilles...
De plus en plus les zoos disparaissent pour laisser la place à des parcs animaliers disposant de très grandes surfaces pour permettre aux animaux de s'ébattre.

La prosodie est "presque"parfaite, mais, bien que non spécialiste, je note me semble-t-il des erreurs de "césure"sur les vers :
-4- "Tel/le est /mon /e/xis/ten/ce a/vec /les /in/di/gents "
-10- "De/vant /des /pe/tits /d'hom/me et /nul /droit /au /cha/pitre"
-14- "Où /des /deux /le /moins /du/pe est /bien /l'o/rang /ou/tang"
La césure tombant sur le septième pied...
Est-ce bien une poésie classique ?
Cordialement.
poldutor E.L

   VictorO   
21/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un sonnet au thème assez original. Un certain humour s'en dégage, même si l'ensemble reste assez triste : "Devant des milliers d'yeux mais aucune femelle", "À singer les humains en me grattant l'aisselle", "Où des deux le moins dupe est bien l'orang-outan".
Pour le fond, précisons tout de même que les zoos accueillent aujourd'hui beaucoup d'espèces menacées, même si, vous avez raison, c'est une vie très artificielle pour ces animaux.

   Anonyme   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Un bon sonnet classique sur les animaux de zoo. Il n'est juste que
2 mots que je ne comprends pas : indigents et polichinelle.

Autrement, l'ambiance est bien décrite et le pour et le contre
des zoos est un débat sans fin.

Bon, au final, un sonnet honnête qui fait la part belle aux imitations
et qui se veut, peut-être, moralisateur.

   Davide   
12/8/2019
Bonjour Donaldo75,

Le "je" de l'exergue est-il le même "je" que celui du poème ?
Je dois avouer ne pas savoir si ce sonnet est à prendre au sens propre (narrateur --> singe) ou s'il doit être lu dans un sens figuré, le zoo étant, pour le narrateur, la métaphore de sa vie quotidienne ?
Toutefois, dans le deux cas, je trouve mal à propos l'emploi des termes "indigents" (v.4) et la comparaison avec un "pauvre sans dents" (v.5).

De plus, le dernier vers m'interpelle avec ce "...des deux" : des deux quoi ?
S'il s'agit d'une comparaison entre l'homme et l'orang-outan - ce dernier étant le narrateur jusqu'à la fin du premier tercet - pourquoi ce changement de point de vue soudain ?

Ces incohérences me paraissant importantes dans la compréhension, je reviendrai lire (et peut-être re-commenter) ce poème après d'éventuels éclaircissements en forum...

Merci du partage,

Davide

Edit : Après relecture du poème ce matin, l'emploi généralisant de "l'orang-outan" en dernier vers me perturbe un peu moins, quoique je le trouve maladroit.
De plus, la lecture des autres commentaires me confirme que le "je" de l'exergue n'est pas le même "je" que celui du poème. Un détail qui a troublé, pour ne pas dire désorienté, mon "esprit logique". Eh oui, pour moi, tout a son importance !

Passées les embûches, je me joins à la majorité des commentaires : j'ai bien aimé ce poème, sa fraîcheur apparente, ce qu'il dénonce, sa belle écriture classique...

   Corto   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Faire penser, parler des animaux comme des humains, dans une belle démarche anthropomorphique, voilà qui fait toujours sourire...
Un éthologue secouerait tristement la tête devant un tel simplisme.

On s’apitoie donc ici gentiment sur des images interprétées pour les besoins de la cause. C'est un ressort souvent utilisé dans la littérature pour enfants.

Sur la forme il semble que les amateurs de classique trouvent ce poème conforme.

Mais au total qu'en retiendra-t-on ?

Bonne question dira le sceptique.

   Anonyme   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un sonnet classique maîtrisé concernant la forme et intéressant car il soulève un débat : pour ou contre l'enfermement d'animaux sauvages hors de leur milieu naturel.
J'ai beaucoup aimé la simplicite des vers et la pointe d'humour sur un sujet délicat.

   troupi   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien
"Je ne vais plus au zoo". Moi non plus, et depuis pas mal de temps, depuis que j'ai compris qu'il était indigne de mettre en prison des animaux au seul prétexte qu'il faut les préserver d'une disparition dont l'homme est le seul responsable.

Intéressant paradoxe.

Ce sujet rarement évoqué mérite largement d'être ici.

Pour la forme je ne trouve pas le traitement particulièrement réussi mais c'est un avis très personnel.
"Alors que j'étais roi dans ma jungle d'antan" ce n'est probablement pas exact car ce singe est certainement né au zoo.

"le moins dupe est bien l'orang-outan." Oui si l'on considère que le zoo est un commerce comme un autre et qu'on fait croire aux gens qui y amènent leurs enfants que la fermeture de ces endroits entraînerait l'extinction des espèces protégées ici en vue de les relâcher dans la nature.

Dans les rares expériences faites pour vraiment tenter de réintroduire les animaux dans leur milieu naturel la première précaution est de leur éviter le contact avec les humains. Malgré toutes les précautions prises ces tentatives se soldent souvent par un échec.

Merci d'avoir évoqué ce sujet dont il faut se préoccuper.

   Castelmore   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Don

L’expert, le « fana » du libre nous sert un sonnet classique impeccable pour nous dire les pensées d’un homme des bois !

Bien sûr ce ne sont que les Malaisiens qui l’appellent ainsi...
Seulement homme « des bois » et non des villes, des bagnoles, de l’espace... bref, un inférieur.
Cela nous donne t’il le droit de l’enfermer ?

Pour le questionnement et la prosodie parfaite, ajoutés à l’humour du renversement de perspective...

un grand bravo !

   Anonyme   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Donaldo75,

Adopter le point de vue d'un orang outan, évoquer ses problèmes existenciels, lui, enfermé dans ses pitreries, à faire le guignol pour les "petits d'homme", est une belle façon de dénoncer l'absurdité des animaux enfermés dans les zoos.
Le tout, à travers les réflexions de l'animal, qui n'est réellement, vous avez raison, de celui qui l'a enfermé pour son seul plaisir voyeuriste, et de lui même, "le moins dupe".

Bien vu !

Dugenou.

   papipoete   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonsoir Donaldo
" si les animaux pouvaient parler... "resterait-on là à les regarder singer leurs " supérieurs " à 2 pattes ?
Les singes en particulier, obligés de faire des mimiques pour une cacahuète, ou autre friandise qu'il ne cherche plus loin de sa Terre, nous montrent par ailleurs qu'ils sont capables de mémoriser chiffres et calculs !
J'aime faire parler qui ne peut le faire ( à part perroquet ou mainate ) et dans le poème ce grand singe nous émeut, quand il dit à quoi il est rendu, faire le pitre alors que chez lui, il est le Roi !
NB le clin d'oeil aux " sans dent " est malicieux ( merci pour ce moment ! )
Le second tercet sauve l'honneur de ce captif, où il excelle dans ce qu'on lui apprit à faire...
à lire ce sonnet, on pourrait croire que le " classique ", c'est fastoche ! Tout coule sans le moindre accroc ! Je vais m'y cramponner à nouveau !

   BlaseSaintLuc   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bien vu pour la posture , l'humour au rendez-vous , l'argumentation vu coté primate est de bonne facture , le propos est peut-être plus profond qu'il ne semble en surface , le miroir nous renvoie bien des travers et privé de liberté l'orang-outan n'as pas trop le sourire.

   Anonyme   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'auteur a choisi le ton de l'humour pour soulever ce problème des animaux en prison dans les cages d'un zoo.
A l'époque de la communication, reportages, vidéos, films, est-il nécessaire de traîner les mômes dans ces endroits afin de leur faire connaître les animaux ? Quelle aberration !!

" Dans une comédie, un triste jeu de faces,
Où des deux le moins dupe est bien l'orang-outan." Belle chute.

   Robot   
11/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La complainte de l'Orang-Outang.
Je trouve ce poème bien construit et assez émouvant dans la manière d'exprimer les sentiments de l'animal par le recours à l'anthropomorphisme.

Hélas, pendant trop longtemps l'homme s'est arrogé le droit d'encager les animaux. Sur le fond le texte nous fait aborder une problématique à plusieurs niveaux de questionnement:
Que faire de ces animaux pour la plupart né en captivité. Serait-il possible de les renvoyer dans leur milieu naturel, pourraient-il s'y réadapter. Un autre aspect est la sauvegarde des espèces menacées (par l'homme). Les parcs animaliers sont pour certaines espèces trés rares le recours pour ne pas les voir disparaître. Je pense par exemple aux quelques exemplaires de grand hapalémur pratiquement disparu dans le milieu naturel et dont la reproduction en captivité est le seul moyen actuel pour préserver l'espèce.
Certains zoos s'échangent des femelles ou des mâles pour assurer une descendance à leurs pensionnaires en tentant de préserver la diversité génétique.

Merci Don pour ce texte qui permet une réflexion qui reste à approfondir.

S'il est une chose qui doit cesser, c'est la capture d'animaux et la chasse aux bêtes qu'on dit sauvages.

   wancyrs   
12/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Don,

Et si les bêtes de zoos s'exprimaient, quels seraient leurs complaintes ? Le texte présent entre dans la tête d'un orang-outan pour nous dévoiler sa désolation et les plans d'évasions qu'il fomente. L'homme, se sachant l'espèce favori de la chaîne trophique, asservit et use des autres espèces comme il l'entend, ne s'arrêtant pas un instant pour se demander ce qu'elles ressentent. S'il est vrai que les espèces animales ont une forme de langage avec laquelle elles communiquent bien, pouvons nous affirmer qu'elles peuvent réfléchir ? développer une philosophie, se révolter pour la liberté ?
Merci Don pour ces vers classiques qui dénoncent la maltraitance faite aux animaux de zoos. Je t'offre ce clip d’Adelbert qui est un musicien dont j'affectionne l'oeuvre ; il entre dans la même lignée des dénonciations semblables au tien :

https://www.youtube.com/watch?v=nU7sroQtFdY

À plus Don !

Wan

   solo974   
12/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Don,
J'aime beaucoup ton poème.
J'ai tout particulièrement apprécié le décalage entre la forme - classique - et le registre de langue familier que tu as choisi d'adopter pour évoquer cet enfermement : "tirer la langue aux gens", "lécher ma gamelle", "en me grattant l'aisselle".
La chute constitue, selon moi, un gros plus : en conférant à ton texte la dimension d'une fable, celui-ci nous invite à une réflexion plus approfondie et cela m'a vraiment plu.
Bravo et à te relire !

   Quidonc   
12/8/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bien triste sort que celui de notre pauvre roi Louis qui voulait être un homme et se retrouve dans un zoo à faire le pitre.
Kipling le peignait comme un animal envieux et voila que la vérité se dévoile ... L'homme n'est pas enviable.
Le texte donne à réfléchir sur l'humain, mais aussi sur la vacuité des ambitions.
L'utilisation du mot "encens" est très évocateur, il désigne en effet ce qui releve des dieux ou du divin. Les hommes ne sont plus des dieux mais des indigents. Il en dit long sur la déception de notre ami.
Un vocabulaire recherché, une écriture soignée et une technique maîtrisée donne à ce texte un relief

   STEPHANIE90   
12/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Donaldo,

un titre qui me plait beaucoup, on sait tout de suite où l'on va et à quoi s'attendre à la lecture. Ce qui me plait le plus c'est le langage un brin familier, juste ce qu'il faut pour faire passer ce blues avec un peu d'humour noir. C'est osé en classique, mais cela donne une belle rythmique à votre poésie.

Seul au vers 2 : déjeuner et lécher, 5 "é" sur trois mots ; peut-être un puis à la place du "et" central pour alléger tous cela ? Mais cela permet de bien ressentir le léchage de gamelle à fond, alors même si c'est du classique, je valide... LOL !

Merci pour votre regard sur la captivité des singes.
Stéphanie

   Miguel   
12/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Si je tombais dans le défaut que je reproche parfois à d'autres, je dirais que, n'ayant pas la fibre très animale, je n'apprécie pas cet anthropomorphisme larmoyant. Mais je m'en garderai bien : la forme est impeccable, et c'est pour moi l'essentiel, ce qui est dit l'est d'une manière tout à fait appropriée, la délicatesse de la forme crée elle-même la tristesse du contenu. Je comprends que ceux qui se revendiquent amis des animaux y trouvent matière à éloge.

   Vincendix   
17/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Donald,
Une forme impeccable pour une lecture fluide et agréable.
Quant au fonds, je suis bien d'accord, la vue d'animaux enfermés dans des cages m'horripile mais, j'ai plus de compassion pour l'"animal" de mon espèce quand il est brimé, torturé et massacré.
Vincent

   Ombhre   
21/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Donaldo,

un beau poème, à mi-chemin entre humour et désespoir, avec une fausse légèreté qui permet à ces mots simples de toucher le lecteur. Le rythme est entraînant, la musique y est, tout s'enchaîne avec fluidité.
Et au-delà du zoo, c'est toute la comédie humaine qui y est exposée, et nous sommes souvent l'orang-outan d'un autre.

Merci pour ce partage.
Ombhre


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