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Poésie libre
Donaldo75 : Macadam
 Publié le 13/05/23  -  10 commentaires  -  1239 caractères  -  160 lectures    Autres textes du même auteur

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Macadam



Il ne sent plus ses pieds sur le trottoir de plomb,
une forme d’Enfer où les anges se sont effondrés.
Le bitume alourdit son chemin de calvaire,
un monde sans fin pour les sans-espoir.

Le bar devient sa seconde maison, le seul endroit en ville pour nier l’évidence,
un havre où de jeunes filles en fleur écoutent les déboires de sans-dents perdus à la foire.

Il aime les voir rire,
mouiller leurs grands yeux,
applaudir des deux mains,
remplir d’or tous ses vides.

Arlequin parade cet instant devant la Colombine d’un théâtre de zinc.

Il est temps de rentrer mon gars,
lui dit le tavernier
qui ne peut plus le servir
parce que c’est interdit.

Il hait cette chanson au refrain fatigué où le client est jugé sur sa pauvre dégaine.

La nuit l’emporte maintenant vers le grand nulle part,
un petit bout de rien où son reflet lui répond
et montre sa nullité de fantôme de vitrine
dans une mécanique dévoreuse d’anonymes.

Demain lui tend les bras au bout du macadam quand il devra pointer au comptoir des zéros,
tel un simple numéro de plus du chômage de masse, passé de citoyen à honte statistique.


 
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   Geigei   
2/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Soigner la dernière phrase, le dernier vers : "passé de citoyen à honte statistique". Un alexandrin. Ce que s'imposent les sonnetistes est respecté ici.

"Le zinc est un métal conducteur d'amitié" écrivait Blondin. Ce poème va voir aussi du côté du "plomb", plus dense et moins bon conducteur.

Dans ce contexte, les élans lyriques sont difficiles, et, de fait, rares.
"son reflet lui répond" ; "fantôme de vitrine"

   jeanphi   
5/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Des vers blafards, un effet de ralentissement par la construction des vers, ça raconte beaucoup, de la petite vie triste. Proximité castratrice du beau sexe.
Se faire sortir quand le bar est plein, rentrer l'esprit libre, et recommencer.
Le dernier vers chargé d'une tonicité toute culpabilisatrice.
Vaseux à s'y morfondre.
Plusieurs chanson de Ferré me viennent à l'esprit : Les Retraités, Richard, d'autres ...

   Provencao   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Donaldo 75


"Il aime les voir rire,
mouiller leurs grands yeux,
applaudir des deux mains,
remplir d’or tous ses vides."

J'aime bien ce passage qui à mon sens dévoile le vide, le vrai. Un obscur qui raille la réalité dans un nulle part prêt à l’accueillir comme un nouveau don et comme valeur ajoutée à ce trottoir de plomb.

Votre poésie étale la charpie, la ruine qui balaient les restes de ce que l’humanité ne veut pas regarder.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Robot   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un anonyme délaissé qu'engendre le fonctionnement de notre société lorsque le chômage, les aléas familiaux, les revers financiers se liguent pour abandonner des individus au bord de la route.
Les mots, les vers sont forts. Cependant le récit s'achève sur la résignation pour celui qui semble ne plus pouvoir trouver de solution.
Une vision assez juste que la structure du récit rend parfaitement.

   Cyrill   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un regard empathique pour une scène où le locuteur semble poser le bras sur les épaules de son protagoniste et l’accompagner dans ses pérégrinations. Un clin d’œil à James Elroy avec « le grand nulle part » ?
J’aime particulièrement les deux vers de fin, ils sont mélodieux et ciblent le règne de la statistique au détriment de l’humain.
Quelques autres formules font mouche :
« une forme d’Enfer où les anges se sont effondrés » «Le bitume alourdit son chemin de calvaire », « mécanique dévoreuse d’anonymes »
J’aime bien le propos, et la rudesse de l’écriture montre la misère sans outrance, en partie depuis la focale de son aspect social.

   papipoete   
13/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Donaldo
Il est le Roi du zinc, héros de cette pièce où des regards troublés se tournent, l'applaudissant pour ce jeu dont il est Gérard Philippe, jeune premier d'un théâtre à quatre sous.
Bientôt, il lèvera la séance, son estomac bourré et la démarche d'un canard sur une vague scélérate...
NB un autre monde que celui des " gens bien, où du bar au trottoir se joue la vie d'un pauvre type, avant que saoulé à mort, il retrouve son matelas, le macadam...
c'est bien narré, sans emphase, et l'on suit cette aventure, le coeur serré, en particulier dans les deux dernières strophes.

   Jemabi   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Zéro, sans-espoir, sans-dents, nullité, on a là tout un éventail de mots qui ne donne pas dans la nuance pour évoquer, j'en suis conscient, le sort peu enviable d'un laissé-pour-compte, pauvre chômeur ne trouvant de refuge à son malheur que dans l'alcool et le spectacle de jeunes filles en fleur. On nage dans les clichés de la détresse et du sordide jusqu'à l'écœurement. Heureusement que c'est bien écrit, sinon ce serait insupportable.

   Pouet   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Salut, jaime beaucoup ce passage :


"Il est temps de rentrer mon gars,
lui dit le tavernier
qui ne peut plus le servir
parce que c’est interdit."

J'y trouve une vraie justesse où vient fouisser la poésie en toute simplicité.

Sinon je ne vais pas me lancer dans des démonstrations quantiques ou asymétriques et disséquer les neurones hémisphère central de l'amiral sur l'épave de l'inconscient construite avec des planches de meubles en kit suédois, hein.

J'apprécie certains passages plus que d'autres. Mais j'aime bien l'intention, le côté brut de décoffrage de la chose.

   Quistero   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
´La tête de l’homme qui a faim
Quand il se regarde à six heure du matin
Dans la glace du grand magasin ´,
J’ai revu Prévert et ´La grasse matinée ´.
C’est dit peut-être de manière plus frontale, moins poétiquement, mais j’apprécie toujours quand quelqu’un pense à l’autre moins favorisé. Écrire c'est aussi mettre en avant, pour ne pas les oublier, les ´derniers de cordée ´.
Merci.

   Eskisse   
13/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Don,

Macadam ou la non existence.
Un poème sur le désespoir cache un écrit engagé.
La pesanteur, la déréliction , le vide, l'anonymat sont servis par des images évocatrices ( l'effondrement des anges, les filles en fleur, fantôme de vitrine))
Mettre le focus sur cet homme abandonné, c'est déjà le faire vivre dans les consciences.


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