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Poésie contemporaine
Edgard : Ventaisie
 Publié le 10/06/23  -  10 commentaires  -  1299 caractères  -  142 lectures    Autres textes du même auteur

Petit coup de vent amusé sur nos images d’Épinal.


Ventaisie




Ça ronfle et ça pète, une sacrée tempête !
ça souffle et ça crie, les mémés s’envolent
dans le ciel de suie (remontez vos cols !)
comme des corneilles
des foutus fétus
tout de noir vêtus
que le temps balaye.

Dans le ciel mouvant qui gueule le glas
colère un géant avec ses longs bras
ses pruneaux de grêle
(dieu que c’est méchant !)
mâchent mes airelles
mordent les vivants.

Quand j’irai aux cieux comme un petit vieux
moche et tout tordu j’aimerais des nues
d’un grand clair d’azur
de sucre et de soie
car de vous à moi…
putain d’aventure !

Ce serait violent dans l’éther béant…
s’envoler si haut ce serait navrant
de faire le grand saut
à ces altitudes,
dans cet ouragan
noir de turpitudes.

Ça souffle et ça grogne dans ce ciel charogne !
Qu’y font ces dindons ? usine d’enfer
où les âmes vont…
où sont à l’envers
nos grands parapluies
et nos paradis !

Ce qui serait fort… c’est rester planqués
à s’aimer un brin au doux de nos corps
à garer nos croupes que la rafle loupe
caresser ton sein…
bercés de « peut-être »
jusqu’à Saint-Glinglin
derrière la fenêtre…


 
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   Jemabi   
28/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un texte joliment écrit, volontairement léger, avec un vrai style à la fois décontracté et recherché. Une façon originale et poétique de parler de la mort, thème grave par excellence pour lequel on aurait plutôt tendance à se lamenter. Ici, il est juste question de gens âgés qui s'envolent, un peu comme des ballons inexorablement attirés par l'altitude, et qui finissent par disparaître dans le ciel.

   fanny   
10/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Une ventaisie très enlevée, le musard change de ryrhme mais la thématique abordée l'est toujours avec la même légèreté et le même degré d'expression poétique.

Certes il y a de petites fantaisies discutables au niveau de l'écriture, mais ça passe avec le vent, l'ensemble est vif, humoristique, et se lit avec plaisir, quant à la dernière strophe, inutile de la planquer elle est loin d'être loupée.

   jeanphi   
10/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Edgard,

Je trouve intéressant le changement d'angle d'approche à chaque strophe dans ce poème. On pourrait croire que le rythme risque d'être rompu et non, c'est justement toute la dynamique de cette ventaisie.

   papipoete   
10/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Edgard
" si je dois mourir, je ne manquerai pas de vous le faire savoir... " disait De Gaule ; un texte façon ritournelle, que l'on pourrait fredonner gaiment, alors que la faucheuse montre le bout de son tranchant.
En rire, tout du moins en sourire, en demandant quelque faveur aux nues...
NB de belles envolées dont celles de la 3e strophe, me plaisent tout particulièrement.
On ne meurt pas " de bonne santé ", et quand c'est l'heure c'est l'heure ! ( je dis bien Quand c'est l'heure, non point en plein jeunesse, ou pire dans la poussette d'un square d'Annecy )

   Myndie   
10/6/2023
Bonjour Edgard,

Alors moi, j'aime beaucoup et j'applaudis sans détour ! Je trouve ce poème plein d'esprit et très enlevé.
C'est sa construction qui en fait le rythme et le rend si suggestif. Du vent, il a la fougue et la fulgurance qui coupe le souffle, il décoiffe, au moins jusqu'à la 5ème strophe.
Ce jeu de l'écriture, semblable à des acrobaties visuelles (sensorielles plutôt), le ton railleur et détaché et le choix d'un vocabulaire bon enfant tordent le cou d'office à la morosité que pourraient engendrer les considérations de fond.

Et la poésie...eh bien elle est partout, dans le ciel de suie, dans la colère d'un géant aux longs bras, dans un azur de sucre et de soie, dans les turpitudes du vent et dans la douceur d'un cocon de caresses...Partout quoi !

Bravo pour cette composition originale qui allie l'humour à une amertume jetée au vent.

   Pouet   
10/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

une ventaisie qui ne manque pas d'une certaine firtuosité, nous emportant dans une ravale de mots qu'on déglutit avec bonheur. Il y a ici de la ferfe sans aucun doute! Tout particulièrement, pour moi, dans les deux premières et l'ultime stroves qui auront ma préférence dans ce texte vertile en petite graines semées au fent maufais de la vuture absence, pourtant résonne ici comme un tourbillon de fie et c'est vort appréciable. La vin nous dit de nous planquer et de rester bien à l'abri de nos destinés, l'auteur revermerait-il par hasard son poème sur un air de veu naître? En afant les envants !

Au plaisir

   Eskisse   
10/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Edgard,

Impression d'un beau capharnaüm très visuel dans ce poème puissant qui fait souffler un vent de rébellion pour qui souhaite un ciel plus apaisé, esthétique et doux ou qui tout simplement ne souhaite pas être happé par la colère du géant.
Le langage familier et le ton légèrement indigné collent bien avec cette mise en scène fantaisiste de la montée au ciel.
C'est vraiment l'originalité du traitement du thème qui fait que ce poème se démarque pour moi.

   allultime   
10/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
pour vivre heureux vivants ou vivons planqués et vivons d'amour. j'aime la dernière strophe.

et toutes les autres aussi ou on s'envole progressivement vers un ailleurs...

   Catelena   
13/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Que voilà, entre drôle et piquante, une touchante ventaisie.

On voit bien que le vent malicieux connaît la musique.
Et sur son fil, la vie qui s'en vient, qui s'en va...

Il y a du fantastique ludique, à la manière d'un Marcel Aymé, qui s'amuse sur les lignes de ce poème. Du fantastique enrichit de cet échange entre le déterminisme du réel et le lyrisme du poète.

C'est virevoltant, doux et si grave en même temps.

Merci pour le partage, Edgard

   EtienneNorvins   
14/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Avec un temps de retard ... ça souffle dru et métaphysiquement, avec des vers rythmés comme une averse, flap / flap 3 fois puis pif / paf / pif / paf comme deux gifles aller-retour - mais sur un air de bal musette qui multiplie les arsouilleries !

Quand on atteint la fin de la cinquième strophe, on est essoré - ça secoue comme une Nuit sur le Mont Chauve avec les mêmes relents méphitiques... Car ce ciel "qui gueule le glas" et aspire de grimaçants cortèges d'âmes de "petit vieux / moche et tout tordu" est trop sombre pour être paradisiaque...

La sixième strophe n'en est que plus émouvante : ça serait bath, en effet - tellement Epicure... Mais la Saint Glinglin sera pour les calendes grecques.
Merci !


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