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Poésie libre
Eki : Désastre de nuit
 Publié le 18/12/23  -  14 commentaires  -  1737 caractères  -  240 lectures    Autres textes du même auteur

Ayant l'art des métamorphoses.


Désastre de nuit



Le soir s’incline
la nuit déférente
te brode
une traîne d’étoiles d’or
tu parais
grimée d’orgueil
masque énigmatique
planté dans ta suffisance
supercherie cosmique
ton entrée en scène

lune
dans ta bouffissure
repue, poisseuse
de rêves égorgés
de miel âcre
des noces maudites

Pas de quoi te voiler la face
ni de te pavaner

Allumeuse à la chevelure de brume
tu offres à la volée
ton corps magnétique
influenceuse mystique
ayant l’art des métamorphoses
comme on laisse paraître de mauvaises intentions

Que cache ton mystère
sous ce cercle d’ivoire nacrée
que l’on croit précieux
de quel phénix tiens-tu ton immortalité ?

Lorsque tu montres ta vérité crue
courbes l’échine
fais le dos rond
arbores un sourire naïf
j’écarte ton apparence mensongère
mais tu me leurres
sur tes sortilèges oniriques

Reine de pacotille
en ton royaume
tu n’es qu’une boule à facettes
ne sais rien de la profondeur des êtres
du vide abyssal où glissent les âmes

T’aurais-je donc percée à jour
lorsque j’épie ton œil louche
par le petit bout de la lorgnette ?

Tu attaches ta présence au monde
épouses la noirceur
t’éclipses dans le néant

Guet-apens
d’un monde fantasque
bonheur si discret
baigné d’un prélude d’eau
me frôle
s’échappe

Et, dans ce silence impénétrable
je sonde l’indéchiffrable
sans illusions

Lune repue de rêves égorgés

Il aurait suffi de presque rien
pour que je me pâme devant toi


 
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   Robot   
2/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
"Lune femme" ou "Femme lune" ? Le texte laisse le choix de l'interprétation au lecteur. Une osmose poétique entre deux réalités. Le poème déborde d'images métaphoriques. Description, allusion, interrogation, illusion construisent un récit trés riches en illustrations littéraires.
Je me suis attaché plusieurs fois à suivre les métamorphoses de cette figure nocturne.

   Ornicar   
10/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Si le sujet de ce poème ou plutôt son objet, la lune, n'est pas neuf, son traitement ne manque pas d'originalité. Ici, nous sommes loin de la figure emblématique de la confidente mystérieuse et amicale du poète. C'est même l'exact contre-pied. Le mystère a beau être toujours là (strophe 5 : "Que cache ton mystère... ?") et l'astre incarner toujours une, sinon "la" figure féminine, (voir les deux dernier vers : "Il aurait suffi de presque rien / pour que je me pâme devant toi"), ce texte n'est pas une énième "ode à la lune". C'est un réquisitoire à charge. Il y a du ressentiment, du règlement de compte, de la prise à partie dans l'air et ce point de vue décalé, d'emblée, m'a séduit.

Le ton est direct, franc du collier, comme en témoigne cette apostrophe lancée au premier vers de la deuxième strophe ("lune"). Il est également familier par le recours assumé au tutoiement. Voilà cette coquette parée de tous les défauts (orgueilleuse, suffisante, allumeuse, mensongère), habillée au moins pour l'hiver et peut-être bien tous ceux de la Création. Au point où je me demande si cette lune n'est pas la victime expiatoire d'une déception amoureuse du narrateur et dont la figure serait humaine. Car derrière les mots, la succession de formules bien trouvées ("supercherie cosmique, bouffissure repue, reine de pacotille, boule à facettes, lune repue de rêves égorgés"), je sens que le narrateur "se lâche" et prend même un certain plaisir à "vider son sac".

Peut-être un peu trop au regard de la longueur du texte et de la syntaxe parfois malmenée qui gêne par endroit ma lecture.
Ainsi après le vers "t'éclipse dans le néant", le propos des strophes suivantes (10 et 11) me semble perdre un peu de sa force.
Pour la syntaxe :
- je vois mal comment s'articule le dernier vers de la strophe 1 ("ton entrée en scène") avec ce qui précède. A défaut de verbe, il me manque une branche à laquelle me raccrocher. Ne faudrait-il pas lire : "supercherie cosmique / de ton entrée en scène" ?
- l'absence de ponctuation pour un poème proposé en libre n'est pas gênante en soi. A condition que les majuscules soient utilisées à bon escient. Or ici, leur distribution aléatoire gêne un peu la compréhension et la fluidité de la lecture.
Par exemple, strophe 5 : le premier vers ("que cache ton mystère") me paraît être grammaticalement dans la continuité de la strophe précédente ("Influenceuse mystique...") et le "Q" majuscule à "que" tout à fait dispensable.
Même réserve pour la strophe 6 qui semble former un ensemble cohérent. Dès lors le "J" majuscule à "j'écarte" ne s'impose pas.
- la strophe 10 (à partir de "Guet-apens...") est maladroite dans sa construction.
Au final, je trouve que c'est un bon texte qui manque par endroits d'un peu de soin dans sa rédaction. Dommage.
"Il aurait suffi de presque rien"...

   Provencao   
18/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eki,


"lune
dans ta bouffissure
repue, poisseuse
de rêves égorgés
de miel âcre
des noces "

J'aime ce passage où vos vers sont libérés des illusions de la sensibilité.

Belle adaptation créatrice, avec cette fragilité à l'anagogie des échos permettant de transcender l'illusion...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   fanny   
18/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Les nombreuses expressions contenant le mot lune témoignent de la proximité que l'humain entretien avec sa planète soeur et de la fascination que cette boule à facettes magnétiques exerce sur nous, reflet du pire et du meilleur.

Certains passages du poème me rappellent étrangement, notamment dans ses mots les plus durs, une courte prose que j'avais écrite à l'adolescence un soir de déprime, mais c'était sans mélange, alors que ta poésie fait aussi la part belle à l'astre énigmatique, tutoyé dans sa proximité, à l'image d'un couple qui tour à tour se voile ou se pavane et qui a eu de belles heures, brodées d'étoiles d'or donnant naissances à de très jolis vers.

Mais bon dommage, la lune de miel n'a pas duré très longtemps et la supercherie pétrie de mauvaises intentions devant laquelle on a faillit se pâmer s'est vite dévoilée, perverse la lune ?

   papipoete   
18/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Eki
Je t'attends chaque soir, quand la nuit ouvre ses volets, et que tu parais, Lune !
Quand, voilée tu ne fais pas la maligne, semble en deuil du Ciel ; mais lorsque l'écran géant ne perd pas la moindre parcelle, tu es là imposante Majesté, régnant sans partage sur toute constellation à portée de nos yeux.
NB notre planète " d'à côté " inspire l'auteure, de lignes admiratives un moment, mais bien vitre Lune parait ogresse, dont bien des désastres lui sont attribués en nature, ou dans l'esprit de l'homme.
- oh, ce n'est pas la peine de sourire ! à ta place, je ferais profil-bas !
personnellement, je ne défie pas la Lune ; d'ailleurs, elle m'éclaire
de son aura " son ami Pierrot "
L'auteure me semble fort inspirée par cet astre nocturne, mais je vois qu'elle n'est pas son amie...

   Myndie   
18/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eki,
Déjà le titre « désastre de nuit » une trouvaille !
Il surprend, il frappe fort, il pousse à la réflexion ce poème qui déconstruit la représentation idéalisée de la lune et va même jusqu'à reprocher à la nuit la « déférence »qu'elle lui témoigne.
Mais la nuit est-elle la seule à lui vouer vénération ? Cette attaque en règle, cette véhémence n'est -elle pas réservée à la poétesse elle-même et de quoi veut-elle à la fois se punir et se venger ?
Tout ça pour te dire que ton poème est d'une richesse incroyable ; chaque strophe me pousse à méditer et à spéculer.
Toi seule as la clé mais ce n'est pas l'essentiel. Quand un texte offre ainsi au lecteur mille chemins d'interprétation qui le ramènent à son propre univers intérieur, c'est réussi.

Sur la forme , on pourrait regretter certaines formulations un peu passe-partout : 
«  une traîne d’étoiles d’or »
«  influenceuse mystique
ayant l’art des métamorphoses
comme on laisse paraître de mauvaises intentions »
mais il y a tant d'inventivité et de poésie dans l'écriture que c'est vite oublié.

J'aime beaucoup la deuxième strophe et rien que pour ceci :
« Et, dans ce silence impénétrable
je sonde l’indéchiffrable
sans illusions

Lune repue de rêves égorgés

Il aurait suffi de presque rien
pour que je me pâme devant toi »

comment ne pas applaudir ?

Merci Eki pour l'originalité de ton poème !

   EtienneNorvins   
18/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
La première strophe maintient le suspens - de quelle puissance maléfique parle-t-on au juste ? - Puis la voici apostrophée : lune, sans capitale - qui n'est pas l'astre de la chanson enfantine, ni l'inspiratrice de maints poèmes de Laforgue...

C'est Hécate "qui marche au sein des ténèbres, ... qui éclaire la nuit, et protège les chiens, ... [pour] entendre résonner l'écho nocturne d'un plaintif hurlement", ou Lilith la Lune noire, façonnée de terre impure - première compagne d'Adam et donc de tout être humain ?

Elle est le mensonge incarné - Sirène silencieuse qui précipite ses adorateurs dans le néant. Deux fois revient une allusion parodique à Zone :
"lune ... / repue, poisseuse / de rêves égorgés"
"Lune repue de rêves égorgés"
comme en écho au "Soleil cou coupé"...

Mais cette longue diatribe est-elle elle-même si franche ? Le 'je' avoue avec humour épier "par le petit bout de la lorgnette", et qu'il s'en faudrait d'un rien pour céder aux maléfices : "Il aurait suffi de presque rien / pour que je me pâme devant toi".

Et l'on reprend la lecture, avec en tête la plainte d'un amour malheureux - et vengeur.

Merci pour ce moment lunatique !

   Vincente   
18/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Les astres nous parlent, ou du moins nous proposent leurs déclinaisons que l'on se laisse aller à prendre pour des inclinations nous étant destinées ou offertes. Il faut dire que de notre "lorgnette" a de quoi s'exciter – (aparté : ) tenez, amusant ces deux vers "lorsque j'épie ton œil louche / par le petit bout de la lorgnette ?", une perle pour lui annoncer "Tu attaches ta présence au monde / épouses la noirceur / t'éclipses dans le néant". Ces deux passages sont très taquins, et très bien vus, si j'ose dire, par toutes ces convocations qui s'entrecroisent (l'œil unique, percé à jour (de nuit !...) qui parvient cependant à loucher…, œilleton, lunette borgne, noir, éclipse, néant…).

L'adresse à la lune n'est pas une première, mais celle-ci ne s'en laisse pas compter, et d'ailleurs lui demande des comptes. Quelle remise en cause ! Le narrateur lui en veut. Alors pourquoi tant de rancœur ?
"Supercherie cosmique", "masque énigmatique" ou autres "bouffissure repue" l'habillent durement. Il lui serait reproché un "mystère", une "apparence mensongère", d'être un "guet-apens" à sentiments. Elle serait "repue de rêves égorgés"…

En fait, le locuteur s'en veut d'avoir pris cette lanterne pour ce qu'elle n'est, et de la constater surtout vessie, un contenant pour un univers onirique, emmenant les âmes poètes vers des cieux de passion, alors qu'elle ne fait qu'œuvre de modestie, discrète bien qu'essentielle à notre vie. En fait, il s'en veut de s'être laissé posséder à ce jeu trouble de "l'art des métamorphoses", et in fine de se savoir leurré.
Mais c'est bien un cri du cœur que d'avouer avoir cherché ailleurs qu'en lui-même un dépassement ou plus simplement une raison de se "pâmer" pour le bel objet qu'elle aurait pu représenter, et lui justifier ainsi ses emportements poétiques. Original et contradictoire (l'un se nourrit de l'autre ici et réciproquement, ce qui rend le propos à la fois intriguant et assez touchant).

   Cristale   
18/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Eh bien ! La narratrice devait être mal lunée le jour où elle a dénoncé la face cachée de cette pauvre Lune ^^
En vrai son côté "je t'en mets plein la vue quand j'ai le ventre plein" a un petit quelque chose de sournois.

"Allumeuse à la chevelure de brume
tu offres à la volée
ton corps magnétique
influenceuse mystique
ayant l’art des métamorphoses
comme on laisse paraître de mauvaises intentions"

Une marâtre qui joue à fouetter le dos rond des océans jusqu'à ce qu'ils se jettent de désespoir sur le rivage, une daronne qui fait hurler les loups.

"Tu attaches ta présence au monde
épouses la noirceur
t’éclipses dans le néant"

En plus elle s'éclipse quand ça l'arrange cette "allumeuse", c'est le comble de la lâcheté !

"Lune repue de rêves égorgés
Il aurait suffi de presque rien
pour que je me pâme devant toi"

Et puis quoi encore ? Non, non elle ne le mérite pas. Na mais oh !

Voilà un poème qui change des habituelles odes ronflantes à la Lune.
Bien imaginé, bien vu, bien écrit.

Le titre !!! "Désastre de nuit". Trop fort !

Merci Eki

   Cyrill   
19/12/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Salut Eki,
L’idée d’apostrophe à la lune m’a plu d’emblée, avec en sus ce tutoiement cavalier qui change un peu de l’ode transie. La suite m’a un peu déçu par certains aspects mais j’ai récolté de bien belles choses tout de même.
Notre satellite serait-il donc source de déception, faux-frère ou sœur hypocrite grimée pour paraître, star aux cailloux trompeurs sur lesquels on se casse les dents ? Tout porte à le croire.
Je crois que tout aurait pu être dit par l’auteur et ressenti par le lecteur en moins de vers et des plus réussis sur le plan de la métaphore et de la tonalité. Dommage que les redites viennent appuyer à ce point la rhétorique et que le locuteur ou la locutrice se soit senti tenu de traduire à plusieurs reprises et d’une façon plus prosaïque – qui me met sur les rails de l’entendement au lieu de me laisser baguenauder à mon aise aise – ce qui a été dit de manière ô combien poétique, comme : « supercherie cosmique », « dans ta bouffissure / repue, poisseuse… de noces maudites », « reine de pacotille », « guet-apens / d’un monde fantasque »… et à commencer par le titre si bien trouvé !
Il semble malgré tout que, après ce long réquisitoire à charge, peu s’en faudrait qu’on lui pardonne, ce qui teinte le reproche de dépit.
À sa décharge, je dirais qu’il est possible de la contempler même le jour, par temps clair !
Merci pour le partage.

   Louis   
21/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Aux images romantiques si souvent associées à la lune, la locutrice ( ou le locuteur ) substitue d’autres images, moins glorieuses, moins reluisantes, tout en cherchant de « percer à jour » sa réalité, et trace un portrait de l’astre nocturne au visage moins avenant, quasi répulsif, moins soumis aux « illusions » coutumières à son égard.

La locutrice veut se défaire de la "sidération" que provoque la lune, étant entendu que le mot "sidéré" signifie étymologiquement : être frappé par un astre ; être soumis à son influence funeste.
Il s’agit donc de la "déconsidérer".

On a eu pour elle, en effet, trop de "considération".
Le ciel nocturne lui-même l’accueille, quand vient le « soir », comme une reine, ou une princesse, avec « déférence » ; sur les marches d’un palais céleste, on « s’incline » en marque de révérence ; on lui « tresse » dans les ateliers princiers du royaume céleste « une traîne d’étoiles d’or ».

Mais la princesse ne fait pas preuve de modestie, et se montre orgueilleuse : « tu parais / grimée d’orgueil » ; et encore fière et vaniteuse, pleine de « suffisance ».

La locutrice tutoie la lune, sans langage révérencieux, s’adresse en face à face à la princesse, pour lui renvoyer une vérité en miroir sans se laisser abuser par les apparences, mais au contraire les décryptant pour révéler ce qui se cache sous la parure éclatante de l’astre princier.

« Masque énigmatique », il n’est pas aisé de le déchiffrer, mais son voile dissimule une réalité sans identité avec son apparence. Pas d’unité en lui de l’être et du paraître : astre « mensonger », sans franchise ; lune fourbe, hypocrite, perfide.
Astre tellement trompeur qu’il mérite la qualification de « supercherie cosmique », au sens à la fois de l’énormité de sa mystification et celui de son emplacement dans le cosmos. Mais la locutrice ne sera pas dupe. Vient le temps de mettre à nu la prétentieuse princesse, « la reine de pacotille ».

La deuxième strophe l’apostrophe : « Lune ».
La locutrice l’interpelle sans métaphore, sans les noms outrecuidants d’origine divine par lesquels on la désigne, Hécate ou Séléné, en un mot déjà à nu, dénué du mirage des symboles et des parures poétiques, sans le masque des figures rhétoriques.

Une vérité crue lui est jetée à la face : son agrément trompeur cache une réalité « poisseuse », repoussante, faite de « rêves égorgés / de miel âcre / de noces maudites ». Non seulement témoin, mais aussi par son apparition, complice de meurtres, de sacrifices, de rêves ensanglantés comme ceux de liberté, elle n’a donc rien d’innocent. Son miel est d’une douceur « âcre » : lune doucereuse, mielleuse, sournoise. Elle ne veille pas à la sérénité des unions, des « noces », mais se fait l’associée du malheur.
Ainsi la lune n’est-elle pas la douce compagne que l’on croit, du poète ou des amants.

De nombreux griefs lui sont formulés encore dans les strophes qui suivent. Elle possède des pouvoirs, ( « allumeuse » / « influenceuse ») mais ils s’avèrent maléfiques, chargés de « sortilèges oniriques » ; son caractère changeant, versatile, est l’indice de « mauvaises intentions », et bien d’autres récriminations encore, comme son ignorance de « la profondeur des êtres »

Un réquisitoire donc contre la lune tel que les mots de Maupassant à propos de Mallarmé conviendraient à ce poème :
« Un poète d’un talent bizarre, très aimé des Parnassiens, et peu compris des gens du monde, M. Stéphane Mallarmé, s’est déclaré l’ennemi de la lune. Il a peut-être raison. Mais il cherche, dit-on, les moyens de la détruire. Il est peu probable qu’il y parvienne.
Cet astre le gêne, le fatigue, l’obsède, l’exaspère, avec sa face de pleureuse, son air de veuve inconsolable, sa triste mine d’anémique et sa lumière jaune, toujours pareille. »
Maupassant incrimine « les petits poètes » sans imagination et sans créativité :
« ils l’ont accommodée à tous les rythmes ; ils l’ont gâtée, salie, ils nous ont dégoûtés d’elle. Et le vieil astre placide et triste, mangé aux vers comme un vieux fromage, n’inspire plus qu’une pitié haineuse à notre ami Stéphane Mallarmé. »
Les images des « petits poètes » seraient à l’origine du dégoût de Mallarmé.
De même la locutrice de ce texte s’en prend aux images dont on a paré la lune.
Peut-être aussi à certaines expériences vécues malheureuses associées à l’astre lunaire.

Mais le "dégoût" inspiré par la lune est tout proche de l’admiration, comme la conclusion du poème l’indique :

« il aurait suffi de presque rien
Pour que je me pâme devant toi »

Merci Eki.

   Polza   
27/12/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Eki,

La lune n’est vraiment pas passée loin, mais ça ne sera pas pour cette fois !
J’ai lu votre poème plusieurs fois avant de me décider à le commenter.

Pas que j’avais un doute sur le fait que je l’aimais énormément (bien au contraire), mais plutôt parce que je ne savais pas quoi dire de pertinent sur ce dernier.

J’ai trouvé l’ensemble enjoué, espiègle et poétique à souhait.


Deux petites choses à dire. « repue, poisseuse de rêves égorgés/Lune repue de rêves égorgés » peut-être aurais-je préféré dans la répétition « Lune repue de tes rêves égorgés ».

« Tu attaches ta présence au monde/d’un monde fantasque » les deux mondes m’ont paru un peu trop proches…

Mais ce ne sont que de petits détails, j’ai vraiment apprécié, en commençant par le jeu de mots du titre.

   Eki   
30/12/2023

   Furax   
12/1/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C'est l'heure où la lune paraît
Comme à ses pieds le jour s'incline.
L'astre minaude et dodeline
De la tête et marque un arrêt.
N'est-elle la reine des cieux
Avec ses airs si mystérieux ?
Elle s'admire en un miroir.
Le Pierrot, dans son désespoir,
Lui murmure une sérénade
En lui passant de la pommade.
Pourtant notre grande orgueilleuse
Trouve la flatterie mielleuse.
Avec son masque énigmatique,
Son entrée en scène mystique,
La belle se grime d'orgueil
En passant le cosmique seuil.
Une traîne d'étoiles d'or
Luit comme la Terre s'endort.
Au-delà de la miévrerie
Des clichés, votre orfèvrerie
Nous montre la supercherie
D'un mythe, hors de toute féerie.


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