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Eki
31/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Voilà un achèvement bien traduit que les mots n'ont pas trahi.
Je ressens le dépouillement et je me suis fondue dans le décor gris chagrin. Il y a un sentiment de perte, d'abandon jusque dans les choses, ce plafond qui fait profil bas...un renoncement de l'être qui ne voit guère plus loin que ses pantoufles. J'aurais aimé une petite phrase de présentation parce que j'aime entrer ainsi dans un texte. La maison est ouvertes à tous les vents, peut se disloquer à la moindre tempête. Tout peut s'y engouffrer comme dans le cœur du propriétaire. C'est ce que je ressens à la lecture... |
Donaldo75
2/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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J’ai beaucoup aimé ce poème ; je dirais même que c’est un sacré bon poème et que cela faisait longtemps que je n’en avais lu en espace lecture. Cela me donne même gravement envie de le relire en écoutant un vieil album de Talk Talk, pour dire comme il est habité. Les images, allégories et autres figures de style tapent bien les synapses lors de ma lecture. Je n’ai pas besoin de sortir mon cerveau gauche et de me lancer dans des analyses « introduction développement synthèse » de premier de la classe pour ressentir l’impact de cette lecture sur mon petit cerveau de commentateur. La tonalité efface même les petites scories du genre la répétition du mot « souffle » - sans déconner, c’est passé à la première lecture mais je l’ai vu lors de mon second passage – et elle amplifie l’impression d’un monde surréaliste, à la limite du psychédélique du genre Jimi Hendrix dans son album intitulé « Axis Bold as Love ».
Bref, j’ai pris plaisir à lire ce poème, très réussi à mon goût. |
Cyrill
2/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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J’ai trouvé très réussi ce poème qui mêle plusieurs approches. Une quasi journalistique cite et situe le lieu du « souffle ». Elle renseigne ( ou pas ) comme les journaux le font, selon des sources obscures : « Du propriétaire, on ne sait presque rien », et avec cet étrange « on aura raison de dire ».
L’autre glisse des effets surréalistes. Même glissement de la propriété vers le propriétaire, qui sont tous deux regardés par le poète comme des êtres pensant « la maison tremble de peur », « Les plafonds ont fait profil bas » tandis que l’homme «souffle prodigieusement ». La maison soufflée donne l’impression d’un sens-dessus-dessous que la structure du poème ne renie pas, tandis qu’on se demande si ce n’est pas l’homme qui l’a renversée de son souffle prodigieux. Je me souviendrai de l’impasse de Lacre, dont j’ignorais jusqu’à présent l’existence. Le poème lui confère sa part de magie. |
Ornicar
2/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Ce qui frappe d'emblée à la lecture de ce poème, c'est la personnification poussée de cette vieille maison qui tire vers le surréalisme ou le surnaturel. (Je n'ai jamais su faire la différence entre les deux, faudra qu'un jour une âme charitable m'explique la différence...).
Plane aussi sur cette "impasse de Lacre", un parfum de mystère : au premier "souffle" dont on ne saura rien (est-il dû à une explosion ? Au lecteur d'imaginer ce qu'il veut) fait suite un second "souffle", respiratoire celui-ci, du propriétaire. Un proprio qui semble "bien à l'Ouest" ou bien fatigué et dont les facultés mentales, tout comme les éléments de la maison, semblent se faire la malle. Tout fout le camp, tout se délite, tous nos repères habituels se dérobent, d'où le titre : "Achèvement". Ce n'est pas "l'achèvement des travaux" ici, prélude à leur "réception", mais l'achèvement de toute une époque, d'une vie, d'une histoire. L'impression globale qui domine alors est celle d'une vision sous acide : belles trouvailles que ces portes qui prennent "la tangente", ces plafonds qui font "profil bas" et cette imparable "trahison du plancher". Tout est "fuyant" dans ce décor comme pour illustrer la fuite du temps et "l'impasse" du titre nous signifie qu'il n'y a aucune échappatoire. |
ALDO
7/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Quel est le lieu du vent ?
Son adresse exacte ? Impasse de Lacre ? Et ce n'est pas celui qui gonfle les voiles de l'enthousiasme antique, mais plutôt celui de la fin des temps. Et quand tout se dérobe, qu'autour de nous tout s'envole, que tout s'écroule, il y a toujours chez vous, Eskisse, une petite chose qui flotte au-dessus du vide et des vertiges : une peluche, un mot joli, un chapeau jaune ou une cravate de soie... Ici, de vraies pantoufles, avec des carreaux et tout ! Un vrai bravo pour cette Apocalypse ! |
Cristale
7/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Ce que j'aime dans l'écriture de la narratrice, c'est le paradoxe entre la grande douceur du propos et l'extrême dureté de la situation.
Ça vous met une claque à secouer les neurones endormis face à un drame effroyable. Ici je pense à l'effondrement d'une maison frappée par une bombe, ou bien victime d'un évènement climatique. Les éléments matériels deviennent méprisants, fuyants, l'humain tétanisé survit dans ses pantoufles à carreaux alors que les portes se sont déchaussées pour se faire la tangente... (une interprétation perso pour dédramatiser^^). |
papipoete
7/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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bonjour Eskisse
Dans cette maison d'où la vie a fui, reste son éternel propriétaire désormais, le vent Et pour une masure inhabitée, son hôte en fait du bruit, souffle tout le temps, mais ne surprend plus les volets, qui en ont leur claque... ne claquent plus. NB je pourrais être intarissable, sur ce genre de ramdam que peut faire le silence, qui n'en a que faire du vide, de ce plancher qui bientôt tutoiera l'abîme. j'ai parlé dans mon cercle, de cette maison dans ma rue, ouverte aux quatre vents, que la végétation envahit peu à peu, jusqu'à bientôt s'inviter à la table de ses " esprits " j'ai bien aimé cette déambulation, au milieu des Saxifrages, en Lacre. " les portes... " est mon passage préféré. |
Provencao
7/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Eskisse,
J'ai beaucoup aimé votre poésie où l’inouï, le kafkaïen et l'hallucinant prennent une place prépondérante avec une sur-imagination extraordinaire "Les portes se sont déchaussées pour prendre la tangente Les plafonds ont fait profil bas Il regarde ses pantoufles à carreaux et la trahison du plancher qui se dérobe noir" Belle l'image par laquelle Achèvement constitue son être secret. Au plaisir de vous lire Cordialement |
Dian
10/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Poésie graphique, sans concession, qui évite le sentimentalisme, et bien construite.
Le climat de ce poème suggère des volumes et des plans qui peuvent être dessinés au feutre noir. D'où le terme "graphique". L'analyse par sons vocaliques confirme cette observation. On compte le nombre total de syllabes (152) et on divise par 7 (nombre de sons vocaliques possibles en français) pour savoir quelle est la moyenne acceptable (22). On trouve 25 syllabes associées au son "A" et "AN", et 28 syllabes associées au son "E" et "EU", ce qui les situe au-dessus de la moyenne. Les deux couleurs associées aux sons A et E dans l'échelle des correspondances, le noir et le blanc (les deux extrêmes), peuvent symboliser l'atmosphère du poème d'un point de vue strictement graphique, mais aussi d'un point de vue psychologique (noir = destruction, solitude, abandon, crise ; blanc = vide, potentialité, attente, recommencement, clarté). Le mot "noir" apparaît dans "qui se dérobe noir". Le blanc peut être évoqué dans "reflet solitaire de tapisserie". |
Catelena
9/11/2024
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aboutie
et
aime bien
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La trahison du plancher, les portes déchaussées qui prennent la tangente... Le sentiment de danger est imminent. Malgré cela, c'est comme une fuite qui semble faire du sur-place. Elle confère un sentiment infini de tristesse au tableau. Tristesse de fin de monde appuyée par le contraste du « au milieu des saxifrages ». Ces discrètes petites fleurs aux couleurs pastels apportent une touche de douceur dans cette rue de Lacre où tout se disloque.
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EtienneNorvins
9/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Un texte qui m’avait dérouté par sa noirceur en EL (je n’avais pas reconnu l’auteure…), au point de ne pas valider mon commentaire.
Mais après retour : non, tout est bien comme impassiblement désespéré… Cet achèvement est bien à prendre dans tous les sens. On est dans une impasse, aucune ouverture, aucun dépassement à attendre. Littré indique que ‘lacre’ est le nom d’une sorte de cire à cacheter : l’emprisonnement est total dans ce qui ressemble à un testament sans légataire. Je suis d’accord avec Cat que dans cette ambiance de fin de monde, d’effondrement (le propriétaire a des airs allégoriques d’Homme – le souffle divin, ‘prodigieux’, qui l’habite encore en vain, le propriétaire, comme ‘maître et possesseur’ d’une nature anthropisée qui part en ruine…), seuls les saxifrages apportent une nuance de douceurs – de nature impassible qui survivra à la disparition de ce ‘Il’ qui n’a plus ni plafond ni plancher… Mais une nuance ambiguë, puisque ces plantes sont étymologiquement des ‘rongeurs de rochers’, oscillant entre ‘frage’ de fragmentation et ‘phage’ de dévoration… Plus qu’avec Verlaine, le texte était entré en résonnance pour moi avec le poème de T.S. Eliot, The Hollow Men, particulièrement avec sa célèbre fin : This is the way the world ends This is the way the world ends This is the way the world ends Not with a bang but a whimper. |
CarlTeo
10/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Une tempête dans un crâne, une vision apocalyptique qui nous emporte… Une intimité quotidienne soudain arrachée et dévastée comme un vieux papier peint. Réussite incontestable : le surréalisme comme je l’aime, qui déstabilise sans laisser cette impression d’hermétisme qui vous laisse à la porte. Bien que je ne sois pas sûr que dans cette étrange maison, la porte soit toujours là…
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Louis
12/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Ce poème trouve son inspiration dans ce qui lui est contraire, une expiration.
C’est le poème d’un « achèvement » quand domine une impression de solitude et de désolation. Une maison, une demeure dépérit : « Les volets s’en sont allés ». Les volets ne remplissent plus leur office de protection ; ils ont disparu, sont partis, ils ont délaissé la maison. Leur départ est formulé dans les deux premiers vers qui se veulent ambigus quant à « l’impasse de Lacre », entre situation de la maison, et lieu de destination des volets. On se situe quoi qu’il en soit dans une "impasse", là où l’on ne passe pas, et pourtant le temps des volets est passé. Le début du poème s’inscrit dans un paradoxe. Sans doute faut-il alors comprendre que la maison en perdition se situe là on l’on ne va plus, là où personne ne passe plus, dans un lieu non fréquenté, ce qui contribue à l’imprégnation du poème par la solitude et la désolation. Tout passe là où personne ne passe plus ; tout s’en va là où l’on ne va pas : le paradoxe est levé dans cette désertification que produit l’abandon. L’impasse a pour nom : « Lacre ». Que l’on ne peut s’empêcher d’entendre : « l’âcre ». On est dans l’espace d’une amertume, d’une âpreté de la vie menée. Si les volets ont fui, les fenêtres, elles, ont « blêmi ». Ce terme « blêmi » se rapporte plutôt, au sens propre, à un visage humain. La maison est ainsi perçue dans une visée anthropomorphe. Elle offre un visage de pâleur, la face terne d’une vie qui s’étiole. Et puis se distingue le qualificatif : « esseulées », mis en exergue, unique mot constituant tout un vers ; mot esseulé en tant que forme adjectivée, dont on ne sait d’ailleurs ce qu’elle qualifie des fenêtres ou des saxifrages ; mot esseulé sur une ligne du poème pour dire, le résumant à lui seul, dans son énoncé comme dans sa référence, le point névralgique du poème. Dans sa solitude, sans la protection des volets disparus, si faible comme le manifeste symptomatiquement la pâleur de ses fenêtres, « la maison tremble de peur ». Une danger la menace ; humanisée dans la crainte, elle redoute « le souffle ». Ce souffle est celui du « propriétaire » Ce mot suit immédiatement celui de « souffle », bien qu’un passage à la ligne, et même à une strophe nouvelle les sépare. Ils jouent une continuité dans une absence de ponctuation. Propriétaire et non locataire, et non résident. Parce que c’est le « propre » de celui qui réside dans la maison, et la maison elle-même qui en est son parallèle, ou plutôt son prolongement qui, à la fois, constitue le sujet et l’objet, la cause et l’effet du « souffle ». Un souffle qui ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. C’est un souffle « prodigieux », littéralement époustouflant, à en faire perdre l’haleine. Pour l’auteur comme pour l’observateur du souffle. Prodigieux par la puissance de ses effets, non pas minuscules et dérisoires, mais immenses. Du « propriétaire », on ne « sait presque rien », ce qui confirme encore le côté « esseulé », sans vie sociale, retranché, de l’individu sans fréquentation, oublié. Son souffle est « d’ennui, de dépit, de détresse » ( pourquoi mettre ici des virgules, quand la ponctuation est absente partout ailleurs ? ) Malheureux humain, dans sa solitude, dans l’absence de relations aux autres. Ennui à se retrouver seul avec soi-même ; dépit des attentes et espérances déçues d’amitié et de convivialité ; détresse d’une situation d’abandon, de solitude et d’impuissance. Puissance si grande pourtant de son souffle, et si grande impuissance dans son désarroi ; impuissance à changer sa situation. Ce souffle est tout à l’inverse de celui créateur, celui d’un artiste ou d’un artisan, c’est un souffle destructeur. Pas une inspiration, mais une expiration. Sous son effet, se perdent les "propres" du propriétaire, qui donc l’altère et le dépossède de lui-même. Sous son effet, les « portes se sont déchaussées / pour prendre la tangente » Dans cette équivoque, les portes sont parties, comme pieds nus, en vagabondes. Et c’est cette partie essentielle, propre à l’humain, la porte « ouverture » aux autres, et sécurité dans la relation à autrui, qui ne tient plus, et se délabre dans une fuite. « Las plafonds ont fait profil bas », quand le plancher, en "traître", « se dérobe noir ». L’essentiel se perd est dans un manque de courage, dans un affaiblissement de la puissance d’exister. À la fois affaissement, et resserrement, de l’existence de plus en plus étriquée. Soupir de celui qui rend son dernier souffle. Un vent comme une brise, qui brise ce qui a fait une vie, et qui désormais fait une mort. Subsiste encore un regard : « il regarde ses pantoufles à carreaux » Pantoufles de sédentaire, de confort casanier, alors que les portes, elles, se « déchaussent ». Pantoufles d’un renfermement ; pantoufles à la pointure d’une solitude. Tout prend fin dans un dernier regard : une image dans un miroir « narquois », qui « recèle un reflet solitaire de tapisserie ». Ce n’est pas le « propriétaire » que le « miroir recèle », mais, par ironie, une tapisserie. Les derniers murs font « tapisserie » ; témoins du délabrement. La perte de tous les propres du « propriétaire », les propres de l’humain, ne laisse place qu’à la minéralité inerte, à un dernier signe de vie que « l’escalier n’efface pas », mais dont on sent que bientôt, lui aussi s’en ira. Le miroir déjà reflète une absence. Merci Eskisse pour ce poème sur les ravages imagés de la solitude et de "l’esseulement". |