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Cristale
21/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Onirisme ! Quand tu nous tiens...
Ces vers respirent l'air, l'universel, les rêves d'évasion, l'évasion elle-même en des songes non pas auto-centrés mais partagés de façon indissociable. "Je le rencontrerais au détour d’un refrain de partage" Platon avait raison quand il évoquait cette âme soeur, si proche de l'amour et si lointaine dans l'absolu. Un joli voyage en perspective : "Et nos transports seraient de bulles" Fi des clés qui nous enferment et que soit la liberté d'être soi avec l'autre. "lui aux yeux d'étoiles" ....ça fait rêver :) le romantisme me perdra... Bravo et merci Ekisse. |
Cyrill
21/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Salut Eskisse,
J’apprécie la lecture de ce poème aérien, une plume dans ma journée onirienne. Les images sont loin d’Épinal, comme ces « habits infrangibles » : impérissables et d’un tissu qui ne s’effrange pas. Autant dire que l’imaginaire mise sur la durée. Il y a comme une atmosphère de SF avec ces transports-bulles, que je vois voler dans un espace modifié (« d’autres Bételgeuse »), rien à voir avec les voyages qu’Elon Musk propose. Pratiquement toutes les propositions m’ont charmé, les « larmes [...] se déréalisant », « Les clés[…] papier », les robes dévoilant une perspective lewiscarrollienne. Plus convenus, les « yeux d’étoiles » ou le « détour d’un refrain » m’ont paru léser cette fantaisie de sa tonalité fantasque. Merci pour le partage. |
Pouet
21/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Slt,
cette fantaisie étoilée est un peu pour moi comme un microcosme entre soi et soi-même où vient se faufiler l'autre, comme une ombre. Un futur mis au présent du songe. La rêverie n'étant pas toujours déceptive contrairement à ce qu'on nomme la réalité, les mondes intérieurs qu'ils soient d'astres ou de poussière - ce qui revient au même - ont au moins le mérite de nous donner l'illusion de l'appartenance, de l'unicité de notre être. Ici le texte a bien sa couleur, sa teinte cohérente de sensations, à l'instar d'une petite lumière qui nous échappe au coin d'une rue ou d'une pluie soudaine au mois de mai. |
ALDO
22/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour
Je ne sais pas si j'aime ce texte ou pas, son premier plan. Ce que je sens plutôt, c'est son arrière-plan: Une note de musique ininterrompue, qui commence dès le s de "parlerais ", qui va grandissante et que le bruit des clés qui tombent n'interrompt pas... C'est la note "Si" du conditionnel, que vous n'avez pas écrite et que l'on perçoit quand même ... |
Louis
22/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Le poème se présente comme le récit d’une rencontre merveilleuse, rencontre amoureuse, qui est rencontre troublante de l’autre dans son altérité, l’autre dans ce qu’il enveloppe de mystères, de secrets, de pans d’univers ; rencontre à l’opposé de la relation narcissique.
Le texte est écrit au conditionnel : « je lui parlerais » Conditionnel qui laisse implicite un ‘si’… Si la réalité se confondait avec mes désirs ; si mes vœux pouvaient se réaliser ; si je trouvais la lampe d’Aladin… alors, alors … Le premier lien, le contact premier serait celui de la parole, orale, et aussi écrite ( comme l’indiquent les « robes de papier » de la fin du poème). Sans préciser ce qui serait dit, quel serait le contenu de la parole. Le langage remplirait d’abord cette fonction nommée « phatique » par le linguiste Jakobson, en ce que, indépendamment de ce qui est dit, il assurerait une mise en communication en un lien tissé de mots, il produirait un "être-ensemble". La parole s’adresserait à « lui », « lui » devenu l’interlocuteur, un homme au masculin, indéterminé, mais dont l’identité se ramène à un caractère privilégié, électif pour la locutrice, « lui aux yeux d’étoiles ». De ces yeux s’entendent, dans le nom qui les qualifie, les étoiles, et le « toi » de celui propre à devenir un proche, un intime, un amant ; et la "toile" qui enveloppe le "toi", le tableau de tout un monde tout à la fois inconnu et fascinant ; de tout un univers à découvrir. Si la distinction élective à « lui » se situe dans les yeux et un regard ; à elle, la locutrice, pour ses propres yeux à elle, sans doute, la distinction privilégiée se situe dans ses vêtements : « moi aux habits infrangibles ». Pas plus que la « parole », les « habits » ne se caractérisent par leur contenu, nullement spécifié. Ils ne seraient pas nécessairement des vêtements luxueux, ou la parure d’une princesse qui rencontre son prince charmant, mais des habits quels qu’ils soient tant qu’ils remplissent la condition, dans cette rencontre, de ne pas se présenter à découvert. Les habits doivent avoir une qualité inhabituelle : ils doivent être solides, ils doivent être : « infrangibles ». Ils ne visent pas à mettre en valeur un corps, une silhouette, ou à présenter la marque d’un bon goût ou d’un raffinement comme on pourrait s’y attendre lors d’une rencontre amoureuse, mais à voiler le corps, et l’âme aussi ; à cacher, envelopper ses propres secrets, ses propres mystères à elle, comme les yeux à « lui » enveloppent des pans secrets d’univers. Des yeux à lui, qui aussi se portent sur elle, et ce refus alors du regard profond, d’étoiles de nuit qui instantanément "percent à jour". Dans le cadre de cette rencontre idéale, chacun recèle et cache tout un univers Par effet de cette rencontre émerveillée, les « transports » seraient « de bulles ». « Bulles » : le mot est au pluriel, il ne s’agit donc pas d’un "transport en commun" dans une bulle où seraient insérés l’une et l’autre, mais les bulles voisines, très proches, mais qui ferment chacun sur lui-même. Cet amour ne partage pas l’illusion adolescente du "fusionnel". « transports » recouvre un double sens, celui du "transport amoureux", comme élan, effusion, emportement l’un vers l’autre, et celui du voyage. La rencontre de l’altérité de l’autre, troublante, merveilleuse, projette chacun au seuil d’un monde nouveau, chacun happé par le désir de l’explorer ; elle est une invitation au voyage. Voyage par lequel chacun découvre la bulle de l’autre, son monde, son univers, comme le dira la fin du poème. Dans l’union que crée la rencontre, chacun ne serait pas transparent à l’autre, transparence par laquelle l’altérité s’effacerait ou serait manquée, mais chacun envelopperait son monde singulier, ses « secrets » : « On aurait des planètes avides de secrets », mais en quête progressive de leur découverte. « Vous ne désirez jamais quelqu’un ou quelque chose, affirme justement G. Deleuze, on désire "un ensemble". Ou plus exactement on désire : "dans un ensemble". On désire tout un monde, celui qui est associé à l’être rencontré, et dont on ne devine d’abord que les reliefs, un monde fait d’habitudes, de gestes, d’amis et d’ennemis, d’émotions, de perceptions, de souvenirs… » Cet élan suscité par la rencontre, toujours dans une situation idéale, éviterait de « badiner » avec l’amour et le bonheur. « On ne badine pas avec l’amour » : écrivait Musset ; « sans badiner sur le bonheur » : proclame la locutrice du poème. La rencontre merveilleuse vise l’amour heureux, et le "voyage" ne doit pas se détourner de ce chemin qui y mène, et ne doit pas être pris à la légère. Si la rencontre invite au voyage l’un vers l’autre, porte à faire le tour illimité de l’altérité de l’autre, elle n’enferme pas pourtant l’un dans le monde de l’autre, elle n’empêche pas des « lances envolées », des élans communs vers d’autres mondes à explorer, d’autres étoiles, d’autres « Bételgeuses » ; elle maintient ouverte l’union qu’elle crée sur d’autres constellations où brille tant d’altérité à découvrir en commun. Le poème précise encore le lieu possible de la rencontre : « au détour d’un refrain » Là où l’on dévie d’une répétition, hors du même répété et du régulier quotidien ; là, dans une « extravagance » donc ; ou dans une "divagation", hors du droit chemin ; dans une folie. Ainsi : « nos larmes iraient se déréalisant » Grâce aux « connivences », celles par lesquelles chacun se tient hors de soi, et au plus près de l’autre. Ainsi, avec le temps, ( « après quelques heures ») il n’ y aurait plus besoin de ces larmes. Larmes de solitude et de silence. Ce passage semble faire écho à ce qu’écrivait René Char, dans Parole en Archipel : « Il faut s’établir à l’extérieur de soi, au bord des larmes et dans l’orbite des famines, si nous voulons que quelque chose hors du commun se produise, qui n’était que pour nous » Ainsi, la carapace de chacun déjà se fissure. Et les clés « tomberaient » les clefs, celles qui ouvrent la porte des secrets de l’autre, de ses mystères ; celles qui ouvrent le coffre aux trésors enfouis dans les mondes vastes qui constituent l’identité de l’autre. Les clefs, « toutes tintinnabulantes », clefs sonores, parce que clefs de langage, de paroles. Les "mots-clefs" ont été trouvés. Les clefs tombent « des robes hautes de papier » « Robes », le mot renvoie aux « habits infrangibles », qui perdent ce caractère de robustesse (surtout du côté féminin, celui de la locutrice). Ainsi la rencontre permet un "dé-voilement", une exploration de l’autre. Les « robes » restent cependant ; sans jamais de complète "mise à nu", elles ne se dérobent pas. Robes à l’irréductible opacité, qui méritent tout de même d’être dites "infrangibles". Le dévoilement ne s’effectue pas au point de "lire en l’autre comme dans un livre ouvert". Et pourtant les robes sont « de papier ». Papier de l’écrit, robes de l’écriture. La rencontre a sa dimension épistolaire. Ainsi les mots clefs d’une écriture révèlent les secrets de leur auteur, sans jamais pourtant constituer un "livre ouvert" dans lequel le lisible coïnciderait avec une totale transparence. L’écriture conserve toujours une part « infrangible », c’est-à-dire une part irréductible d’opacité. Comme cette opacité qui demeure au fond des mots de ce poème, pourtant d’apparence si claire et lumineuse. Merci Eskisse. |
Eki
27/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Aussi romantique que les mots bleus "Je lui dirais..."
Tout ce soleil. c'est éclatant ! C'est d'une grâce presque farouche, ce texte très aérien, aussi léger et doux qu'un jupon de soie qui déplie sa corolle. Il y a presque un secret caché entre les mots, quelque chose qui s'effeuille avec le raffinement qu'il mérite. J'ai tout dit et je n'ai rien dit sur cette poésie. Éki aime |
BlaseSaintLuc
28/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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j'ai trouvé un petit texte qui résume pourquoi les "poètes (ses) parlent d'amour:de Jean-Michel Maulpoix
L’écriture est le seul moyen de se lier à davantage que soi-même, de mener une « vie plus que personnelle ». D’aimer tout simplement : « on n’écrit que par amour, toute écriture est une lettre d’amour ». Mais cet amour, il faut enfin le dire et le comprendre se jette dans le vide, au cou de personne ou de tout le monde. L’autre, l’aimée, ne lui est qu’un prétexte, une occasion… et cela est désespérant. Car l’autre ne correspondra jamais à ce que l’amour cherche en lui : il fera toujours défaut. Le manque est tel, si radical, qu’il ne sera jamais comblé, pas même dans l’écriture bien sûr. Impossible à étancher, la parole lyrique devient elle-même une soif inextinguible. Elle s’étend. L’amour demande encore et encore. Dans la voix et la vie des poètes, l'amour se désire électif et se met au pluriel ! Il y a quelque chose d’extensif dans le processus amoureux : il emporte tout avec lui, il affecte tout ; il a quelque chose de totalitaire et d’irrésistible. Il veut le tout et il dit le tout. C’est pourquoi il se plaît au poème, à ses correspondances, à ses métaphores, à ses miroitements. Et voilà un mot important, « métaphore » qui dit le transport de sens symétrique du transport amoureux. Aimer, c’est être transporté hors de soi-même. Peut-être ne peut-on ainsi réellement connaître que l’estrangement de l’enamoramento : peut-être ne peut-on aimer mais seulement tomber amoureux… L’amour n’est-il ce vin (ce principe d’une ivresse) tel qu’en tombant dans le gosier de Baudelaire il s’exclame : « Et j’éprouve une joie immense quand je tombe ! » le texte d'Eskisse en est une magnifique version. |