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Poésie libre
Eskisse : Katabasis
 Publié le 22/11/23  -  12 commentaires  -  748 caractères  -  229 lectures    Autres textes du même auteur

Un vide vertical… de toutes les couleurs.


Katabasis



Un vide vertical clame son innocence
Du fond de ma mémoire
Noire de seuils effacés

La lumière, de sa lame sereine,
Poignarde une nuit
Perdue dans la peur des replis de l‘oubli

Les parois de vertige aux sourires gelés
N’offrent pas de présages sur lesquels se poser
Tous les refuges se sont figés

Alors, j’ai planté mes yeux pâles
Dans la roche infinie

J’ai cousu les images sortant de l’abîme
Inouïe rhapsodie des aiguilles
Qui dessine un ruban d’espérance

Je me suis endormie, épuisée

Au matin
Un astre révérencieux s’est avancé…

Sur le lit des désastres
Un talisman
De toutes les couleurs.


 
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   Robot   
4/11/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
Un vide clame son innocence ????

Une lumière qui poignarde la nuit je comprends l'image mais la nuit perdu dans la peur ! je m'interroge.

Les sourires gelés des parois ???

Les yeux plantés dans la roche, j'arrive à peu prés à interpréter le sens.

Si la suite me paraît plus abordable elle ne me paraît pas trés claire dans son objectif.

Un surréalisme qui ne me parle pas pour la première partie de ce texte en raison d'images confuses dont je ne parviens à saisir ni le but, ni le sens.
Car comme en peinture, l'abstraction doit donner à saisir une idée, ce qui ne me semble pas le cas ici

   Eki   
4/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
L'évidence poétique...

Déjà ce titre qui annonce l'insolite...

Du début jusqu'au vers final, jaillit l'éclat...les strophes courtes déjouent les ombres...Rien ne s'évapore sur ce parcours.

J'aime tout particulièrement ces vers sensibles :

J’ai cousu les images sortant de l’abime
Inouïe rhapsodie des aiguilles
Qui dessine un ruban d’espérance

L'écriture d'une poésie libre est parfaitement maîtrisée.

Parfois, les mots nous traversent...

   Lebarde   
9/11/2023
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Je vais faire "mon fier" mais "Katabasis" porte, avec un certain retard, sur le sujet du concours n°28 auquel certains d'entre nous se sont coltés en 2019.


Cette descente aux enfers est-elle "nécromantique ou chamanique"?

En relisant je me pose la question....mais non je rigôôle,..

Le monde souterrain où on veut m'emmener est beaucoup trop obscur et ma petite lueur personnelle mythologico-philosophique que j'emporte avec moi, éclaire beaucoup trop faiblement le chemin des entrailles terrestres pour que je ne m'y perde pas.

Je vois pourtant dans cette poésie absconse, un ton, une atmosphère, des images et un vocabulaire complexes:

"La lumière, de sa lame sereine,
Poignarde une nuit
Perdue dans la peur des replis de l‘oubli"
(Pas mal après tout),

qui pourraient me séduire si je voulais ne pas être aussi négatif et obtus.

Désolé
En EL

Lebarde, lerustre

   Ornicar   
11/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Voici pour moi un poème absolument hermétique, que je ne comprends pas, qui m'oblige à un effort que j'aimerais ne pas consentir toutes les fois que j'ouvre mon espace lecture. Mais... il y a hermétisme et hermétisme : le premier qui m'exaspère ou pire, m'indiffère ; le second qui pénètre, je ne sais comment ni pourquoi, les méandres secrets et complexes de mon être. Par chance, ce texte appartient à cette dernière catégorie.

En bonus et grâce au titre, j'enrichis mes maigres connaissances. J'apprends ainsi que la "catabase" (Katabasis en grec ancien) est une descente dans le monde souterrain des Enfers. Merci à l'auteur ou l'autrice qui m'aura donc arraché à mon penchant naturel pour la paresse.

J'en retiens que la narratrice s'endort au petit matin, "épuisée" après une nuit d'insomnie cauchemardesque à remuer toutes sortes de pensées obsédantes nocives et néfastes. Esprit, quand tu nous tiens ! Ouf ! la rémission du matin est la bienvenue et le lecteur accueille avec soulagement les derniers vers ( "Sur le lit des désastres / Un talisman / De toutes les couleurs."), signe que les images qui parsèment cette descente dans les tréfonds de l'âme humaine, sont bien choisies.
Je ne saurai, hélas ! en dire beaucoup plus.

   Cyrill   
13/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Le vide vertical me dit quelque chose… eurêka : une participation hors-concours à un ancien concours ! Les trois mots de départ sont inspirants, dans l’absolu. La mise en page m’évoque un puits. Je me prends à suivre la locutrice dans cette descente aux enfers qui semble déjouer les pièges en plantant ses yeux pâles, en cousant les images...
Donner du sens à l’incompréhensible, de la couleur au vide, voilà ce que je comprends de cette expérience de l’abîme. Une réparation est à l’œuvre, qui permet de survivre à la nuit.
Le poème me dit que les affres de la mémoire sont susceptibles de servir la vie quand ils sont sauvés de l’oubli et restaurés. Le ruban dit bien le lien qui répare, un fil d’Ariane en quelque sorte.
Mon oreille est sensible aux sons P nombreux dans le texte, et à l’allitération : vertige, gelés, présages, refuges, figés.
Un bémol toutefois pour ce vers « Perdue dans la peur des replis de l‘oubli ». Bien que j’en comprenne l’effet gigogne angoissant, il n’est pas très heureux à la diction.

   Myndie   
22/11/2023
Bonjour Eskisse,

Le titre évidement, évoque une scène fantastique : la descente aux Enfers, Cerbère, Héraclès ou le mythe d'Orphée.
Il annonce aussi une atmosphère gothique et ses charmes flamboyants.
Pourtant je suis frustrée : il me manque un repère dans ce jeu de piste et, sans pouvoir deviner quelle catabase nous est ici contée, je me suis égarée ; j'ai du mal à adhérer à ce qui m'est suggéré, d'autant que certaines formulations par leur caractère un peu tarabiscoté :

« Alors, j’ai planté mes yeux pâles
Dans la roche infinie »
«Inouïe rhapsodie des aiguilles
Qui dessine un ruban d’espérance »
m'ont fait perdre un peu plus mes repères et ont retenu ce que j'attends le plus d'une poésie : l'émotion.

Je regrette un peu de ne pas retrouver ces touches légères et nuancées de poésie qui m'avaient séduite dans ton dernier texte « Migrations » mais je suis certaine qu'elles ne feront pas défaut au prochain !
A te relire donc,

Myndie

   Provencao   
22/11/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Eskisse,

Plusieurs lectures pour votre Katabasis, afin de mieux m'en imprégner.

Cet abîme entre la mémoire et cette innocence que vous évoquez, se laisse alors colmater par des représentations fictives de ces parois de vertige, semblables aux rites chamaniques ...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Cristale   
22/11/2023
Sont-ce les stigmates émotionnels d'une mémoire douloureuse qui s'effiloche ?
Une "pause" sur images ?

"Au matin
Un astre révérencieux s’est avancé…

Sur le lit des désastres"

Un sauveteur qui aurait déposé des couleurs chatoyantes sur ces zones de sombritudes ?
Peut-on dire qu'enfin la lumière fut ?

Comprendre la poésie abstraite m'est parfois difficile, que l'auteure me pardonne ou bien qu'elle m'explique.

Bien amicalement.

   EtienneNorvins   
22/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce texte entre en résonance avec nombre de thèmes / motifs / interrogations personnels – j’espère donc ne pas trop me l’approprier, le tirer à moi voire le vampiriser dans ce qui suit…

La première strophe indique que la descente aux Enfers est intérieure : il s’agit de plonger dans une "mémoire" individuelle, et d’être confronté à des figures passées, en écho aux rencontres faites par Ulysse (Achille, Anticlée…) ou Enée (Anchise) dans d’autres catabases célèbres. Il y a donc une dimension ‘nécromantique’ dont on espère peut être des enseignements sur l’avenir ("présages" voire "refuges" de la strophe 3)– comme dans l’Odyssée et l’Enéide, là aussi.

Le "vide vertical" suggère que la descente est brusque, vertigineuse (le terme est utilisé ensuite dans la strophe 3) – et marquée d’un sentiment de culpabilité puisqu’il lui faut "clamer une innocence".

Le fait que de cette "mémoire", des faits / des êtres risquent de surgir d’un "fond" "noir", marqué par "l’effacement" des strates chronologiques ("seuils") et "les plis de l’oubli", suggère que la locutrice craint (en même temps qu’elle le désire ? Car l’oubli semble faire "peur") d’être confrontée à quelque refoulé qui fait retour depuis l’inconscient – un ‘démon’ personnel qui peut être empoisonne la vie (et qu’il faudrait conjurer : d’où le "talisman" final ?)

Pourtant, elle n’a pas le choix – une lumière "sereinement" impitoyable, éclaire comme on "poignarde" la scène, l’évènement central et qui demeurera mystérieux….

Avec la strophe 3, on saisit les lieux : on est plongé dans un enfer de glace ("sourires gelés" / "refuges figés") qui rapproche d’une autre catabase : celle de Dante. Et c’est alors, au fond de cet endroit 'luciférien', que se produit le retournement – comme l’amorce d’un élan vers un Purgatoire puis un Paradis.

La strophe 4, comme un pivot, fait basculer d’un ordre (3 strophes de 3 vers) qui avait pour lui un semblant d’éternité (3 x 3 = 9, souvent associé à la permanence…) vers un désordre salvateur (3 strophes de 3 /1/2/3 vers, qui donnent 9 au final mais au prix d’un éclatement de la structure).

Cette strophe 4 marque une décision : la locutrice passe à l’action – au "poignardage" par la lumière elle répond en "plantant" ses yeux (bleus, peut être?) dans cette "roche" dantesque, ce bloc d’obscurité qui semble sans fond.

Et un petit miracle à lieu – par l’écriture bien sûr : la locutrice devient le lieu d’une "rhapsodie" (devient elle-même ‘rhapsode’, 'aèdesse’ ?), d'un chant "inouï" donc sans précédent pour elle, sans échos – original, originaire, quasi primitif, par le travail ou jeu "d’aiguilles" musicales, donc l’assemblage de pièces et morceaux de tissus-textes, , qui débouche enfin sur la création d’un lien ("ruban") qui permet l’ "espérance".

Il faut pourtant attendre encore un peu – la strophe 6, d’un seul vers, est comme un soupir dans cette partition. Silence, sommeil, épuisement - gestation ? C’est Ulysse exténué, encore inconscient d’être sur la rive d’Ithaque.

Alors peut éclater le grand miracle des strophes finales – et de l’effort poétique : la "lumière" s’est concentrée en "astre", sa "lame" est donc devenue rayons, son "poignard" une "révérence" qui a fait mouvement vers ("s'est avancé"), comme pour accueillir en son sein… Parmi les débris éparpillés (et sans doute douloureux : "lit de désastre" où le sommeil eut lieu) émerge le "talisman" (poème ?), par lequel le "noir" initial est devenu "toutes les couleurs".

On aura donc compris que j’ai été particulièrement réceptif à ce texte, qui suscite beaucoup d’échos en moi. En espérant que cette lecture, toute ‘personnelle’, ne l’est toutefois pas trop – Merci du partage !

   papipoete   
22/11/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
bonjour Eskisse
" Katabasis ", un mot nouveau dont je ne suis pas certain, de pouvoir le placer dans un de mes contes pas fantastiques !
je lis votre poème, dont les images purent jouer le décor " d'Orange Mécanique ", tant je leur déchiffre un signal désespéré, à travers ce vide vertical désespérant !
et vers la fin, vous écrivez
" je me suis endormie, épuisée... "
donc l'héroïne ne rêvait pas ?
NB un texte qui colle à l'actualité, mondiale et française ; avec tous ces monstrueux scénarios ; la lumière qui poignarde la nuit, et ouf ! quand-même ce tercet final ( de toutes les couleurs ; tournesol ukrainien, trèfle d'Irlande, rose du Maroc, coquelicot de Palestine... )
Seule cette note d'espoir, m'empêche d'être sévère dans ma conclusion.

   Louis   
26/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
« Un vide vertical clame son innocence »
Le poème commence par une formule plutôt obscure, assez énigmatique. La suite du texte comportera encore nombre d'expressions sybillines.
Il a donc besoin d’un éclairage. Bien que tout le texte soit, dans son fond, en grande partie une mise en lumière. Par l’usage d’une "lanterne", arme contre les ténèbres : une « lame de lumière » qui, sans vraiment "jouer" avec les mots s’avère : l’âme de lumière.
Cette lame, comme arme, et pareille à une âme peut très bien se rattacher à la figure légendaire de Virgile, celui qui accompagne Dante dans cette autre catabase contée dans La divine comédie. À l’époque de Dante, Virgile apparaît non seulement poète auteur de l’Énéide, mais encore maître de rhétorique et de style, astrologue, fabricant de talismans, éducateur, constructeur de châteaux magiques…
Cela ne signifie pas que le texte soit inspiré directement de Dante, mais la Divine comédie constitue une matrice, une "structure", pour de nombreuses sortes de "catabases". ( Bien que le titre du poème renvoie à une conception préchrétienne de l’enfer)
Il faut donc jouer modestement, dans notre mesure, le rôle de Virgile, ou suivre un peu ses pas, dans un commentaire qui mette de la lumière sur le poème en apparence obscur, de telle sorte que la lumière virgilienne qui en éclaire le fond éclaircisse aussi la forme.

Dans le premier vers donc, « vertical » indique un axe, distinct de cet autre axe, opposé à lui, qui est l’horizontal.
Un axe vertical peut être parcouru en deux sens : vers le haut, vers le bas ; élévation ou descente, ascension ou chute.
Le haut reçoit toujours une valorisation, quand le bas, lui, est dévalorisé.
Vertical qualifie un « vide », qui ne fait aucun obstacle au mouvement, mais au contraire, le favorise.
L’axe, par ce qu’il est, « clame son innocence » : qu’il soit parcouru vers le bas, plutôt que vers le haut, il ne se considère ni responsable ni coupable du sens donné au mouvement. Et c’est bien vers le bas que la direction est prise.

« du fond de ma mémoire » : explicite le vers suivant.
On est « au fond », c’est donc bien vers le bas que le mouvement s’est initié ; vers le bas, le profond qu’il y a chute. « Vertical » évoque alors le creusement vertigineux de la "profondeur" au sein de la psyché, dont la « mémoire » en est un constituant important.
Une impression donc qu’un vide s’est creusé en soi, une colonne de vide, un puits profond, et celle d’un mouvement qui va en profondeur.
À quelle occasion, en quelle circonstance : le poème ne le dit pas. Il se dispense de toute contextualisation pour se concentrer sur une expérience vécue, significative, importante.

Cette mémoire en profondeur se présente :
« Noire de seuils effacés »
Noire : elle manque de clarté, sans rien en elle de visible. Or la mémoire est le ‘lieu’, dans une métaphore spatiale, des souvenirs. Souvenirs effacés. Plutôt refoulés. Seuils comme des strates, dans une géologie du sol psychique ; seuils comme entrées rendues invisibles des couches stratifiées de la mémoire.
L’effacement ne signifie pas l’anéantissement des souvenirs dans l’oubli ; il n’est pas total, mais relatif à la conscience. Subsistent des souvenirs à un niveau inconscient ; toujours là mais inaperçus par la conscience. Celle-ci est clarté, alors que le niveau inconscient est la part d’ombre de l’esprit, part de nuit de la pyché.
La lumière pénètre pourtant ce noir mnésique, elle le pénètre à la façon d’une
« lame ».
Une lame pourfend les ténèbres ; elle « poignarde une nuit »
La traverse comme un éclair. Lui ouvre "le ventre" ; révèle les entrailles de la nuit.
Un contenu oublié, refoulé, se trouve soudain mis en lumière. Débusqué des « replis de l’oubli » où la « peur » le retenait. Ces replis qui constituent les "coins" les plus secrets, les plus intimes de l’intériorité.
Ce qui subit un refoulement, en effet, est le plus souvent constitué de souvenirs désagréables, inacceptables et douloureux. Raison pour laquelle ils demeurent dans la « nuit », réprimés parce qu’effrayants, inaperçus alors par la conscience qui ains s'en protège.
Une sorte de "crime" est commis, de sang-froid ; "sereinement" la nuit est « poignardée ». La lumière ne pénètre pas la nuit par une douce intrusion, mais "l’éventre" de façon brutale et violente.
Elle fait brutalement resurgir les souvenirs douloureux profondément enfouis. Nul barrage désormais pour s’en protéger.
L’innocence du « vide vertical » prend alors un sens supplémentaire.

On descend encore dans un vide bordé de « parois » métaphoriques.
De sorte que la profondeur interne soit imagée en caverne intérieure, en puits sans fond, en grottes effrayantes : « parois de vertige »
On pénètre très en profondeur le côté noir de la psyché. Profondeur des Enfers. Catabase. Là où surgissent les souvenirs douloureux. Lieux où se fabriquent les cauchemars, quand fait retour le refoulé.
La lumière, part de conscience, pénètre toujours plus avant dans le puits.
Et ce qui veut se cacher ne trouve plus d’échappatoire :
« tous les refuges se sont figés »
Un froid règne désormais dans ce lieu infernal.
« Sourires gelés » sur les parois. Sourires sans chaleur, sans accueil chaleureux. Sourires sans visage, comme celui du Cheshire de Lewis Caroll dans Alice.
Le sourire était en désertion dans un précédent poème de l'auteure ( Migrations) ; il apparaît ici en un désert gelé . Et un sourire gelé, n’est-ce pas un sourire qui a cessé d’être ce qu’il est, pour devenir une simple grimace ?
Le sourire ne serait lui-même, que lorsqu’il est en vie, et en mouvement.
La chute dans le puits de vide se poursuit, et : « Pas de présages sur lesquels se poser »
Pas d’espérances, autrement dit, sur lesquelles se poser et se reposer. Pas de supports qui évitent la perpétuation de la chute ; et l’on s’enfonce alors dans le désespoir provoqué par le surgissement du passé douloureux.

On assiste donc dans les trois premières strophes à une épiphanie du « vertical », la manifestation en creux de ce qui était caché, et si douloureux.
Alors qu’aucun espoir ne semble plus possible pour "remonter la pente", Dante n’avait-il pas placé à l’entrée de L’enfer : « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance », une réaction salutaire pourtant se produit dans la quatrième strophe :

Alors, j’ai planté mes yeux pâles
Dans la roche infinie

Yeux piolets, yeux crampons.
Des yeux de spéléologue ; des yeux d’escaladeur.
La roche dans son infinie minéralité s’oppose au vide ; compacte sans aspérités où puisse pénétrer le vide, elle est image poétique, et, bien sûr, ne peut valoir dans le domaine de la physique scientifique.
La roche où les yeux s’accrochent se caractérise par la dureté, par la fermeté. Et c’est bien une « fermeté » psychologique que la locutrice oppose à la chute dans le vide.
La fermeté suppose une nouvelle « solidité », un sol nouveau où se tenir ferme.
Les yeux s’ancrent dans la roche, ce sont eux qui permettent cette nouvelle terre ferme, des yeux qui ont regardé en face, avec force, dans un sursaut de courage, les réalités refoulées. Des yeux qui n’ont pas fui, des yeux qui ne se sont pas dérobés, ces yeux qui sont ceux de l’esprit conscient.
Dans cette fermeté acquise, en cette interruption de l’avancée dans les Enfers, une activité de « couture » va s’avérer "cruciale" et permettre ‘la remontée de la pente’ :

J’ai cousu les images sortant de l’abîme
Inouïe rhapsodie des aiguilles
Qui dessine un ruban d’espérance

On comprend la belle interprétation faite par EtienneNorvins, si proche du thème de son poème "Walpurgique". Une proximité se remarque , en effet, entre son personnage « Arlequin » et cette « inouïe rhapsodie ».
Le « ruban d’espérance » pourrait bien être, en effet, un poème, une écriture poétique.
Mais comment un tel « miracle » qui mue en un ruban d’espérance les « images de l’abîme », forcément sombres, appartenant à un passé douloureux refoulé, est-il possible ?
Il a fallu « coudre » les images. Les rassembler, les relier.
Peut-être a-t-il fallu l’activité de l’esprit qui rassemble, ordonne, mette en cohérence les fragments épars retrouvés dans le fond déchiré de la mémoire. ( la « lame » pénétrante n’a-t-elle pas aussi découpé, tranché, et éclairé en morceaux épars les contenus de la mémoire éventrée ?)
Pourtant, écrire, c’est nouer des liens, c’est construire une trame signifiante ; c’est coudre ou tisser une étoffe, et l’on sait la proximité sémantique entre "texte" et "tissu" ( " texte" a pour étymologie le mot latin ‘’textus’’ : « tissu, trame »)
D’autre part, on sait que verbaliser les contenus refoulés, et mettre des mots sur les maux, permet de s’en libérer, grâce à une lumière, une conscience, et donc un plus grand pouvoir de maîtrise sur ces contenus. Le processus de "sublimation" au sens freudien est peut être aussi en jeu.
L’interprétation d’EtienneNorvins semble donc se confirmer dans sa pertinence, bien que d’autres interprétations restent possibles.

À l’aube, le « ruban » sous la pleine lumière paraît un « talisman ».
Il paraît un « porte-bonheur », un gri-gri devenu multicolore protecteur des démons nocturnes. Si le ruban est un texte, il est aussi un objet symbolique, lui et son support, quel qu’il soit, sorte d’ "objet transitionnel" comme le nommait le psychanalyste britannique Winnicot, sorte de "doudou" pour adulte investi des pouvoirs de tenir closes les portes de l’enfer nocturne.

Si le poème, de prime abord, semble obscur, c’est que, par pudeur, le fond n’est pas révélé au lecteur, ni le contenu de mémoire, ni les images de l’abîme, ni même le contenu du ruban.

Au terme du voyage, en espérant être vraiment sorti de l'enfer,
en espérant encore que Virgile ne nous a pas égarés, Merci Eskisse

   Quistero   
26/11/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Certaines connexions lexicales engagées par l’auteure m’apparaissent très hasardeuses quand d’autres sont plus à même de produire une image identifiable, une émotion à partager. Les modulations d’écriture font perdre de sa force au poème bien que le ton général épouse l’annonce faite par le titre. Merci.


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