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jeanphi
19/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour,
Je dénote un fond de bienveillance dans ce poème au ton sentencieux. Un conseil attentionné autant qu'une mise en garde : les humeurs printanières amorcent l'hystérie estivale, brime tes ardeurs ! Le titre m'évoque dès lors les 'fleurs maladives' de Baudelaire. J'y trouve plein de belles images ... Les deux strophes en "sitôt dit" peuvent être considérées par translation, " loin la pierre qui lapide les années" se rapproche de "d'étouffer harpes et violoncelles" S'ils illustrent le temps consacré vainement à l'apprentissage d'un instrument de musique. ... je n'en regrette que davantage la forme générale un poil énigmatique. Sur la forme : Le premier duolet produit un language courant. De même "Tu entres dans le bonheur" me semble un peu direct, un peu cru "sur la pointe des pieds" me réconcilie à ce vers. Charmante subjectivité qui porte à l'interpretation d'une part, allégorie pas suffisamment dépolie pour que je m'y retrouve d'autre part. |
Geigei
19/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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"échelle", "nuages", "plus haut", "oiseau"
Jusque-là, tout va bien pour le bonheur. "le bâillonner". Aïe. "Sitôt dit" nous apprenons que le bonheur ne peut être consommé sur place. C'est un plat à emporter. Car ici, là, nous risquons d'assister, de participer peut-être, au saccage de la beauté. Merci, les oiseaux. Une lecture agréable. Triste mais belle. |
Provencao
19/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
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aime beaucoup
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Bonjour Eskisse,
J'ai lu plusieurs fois votre poésie et je pense avoir saisi ces oppositions dans leur cohérence, leur continuité, entre le thème du bonheur , et l’attention portée à la subjectivité... En ce sens, le bonheur pourrait bien être la condition de possibilité d’une expérience de la subjectivité , d'une conscience, libre de la forme, gênante et désagréable pour certains.... J'aime bien quand se caricaturent et se profilent les figures différentes et complexes de la conscience. Au plaisir de vous lire Cordialement |
papipoete
19/4/2023
trouve l'écriture
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et
aime bien
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bonjour Eskisse
Le bonheur, c'est simple comme un coup de... suffit de te laisser faire, t'envahir, mais ça peut porter ombrage aux oiseaux ; ils se croient tout là-haut, les seuls à pouvoir donner ou reprendre la félicité ! NB le genre de poème ( écrit en français courant ) dont je ne saisis pas tout le sel, mais qui me plaît sans que je puisse dire pourquoi ? La première strophe fait rêver... Infime bémol au second vers à " service à DE certaines gens " |
Myndie
19/4/2023
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Bonjour Eskisse,
je le dis tout de go : je n'ai pas accroché au titre. « La joie sanglante des coquelicots », ça ressemble trop pour moi aux frontispices des bouquins de Katherine Pancol pour m'attraper au premier regard. Heureusement, la citation en exergue a eu raison de ma réserve et je dois dire que j'ai autant apprécié le ton mélancolique et désabusé de ton poème que ses jolies images : « loin la pierre qui lapide les années » « érafler les hirondelles » et j'aime beaucoup celle-ci « il t'enrôle dans sa clarté de capitaine ». Comme Papipoete, j'ai tiqué à ce vers : « ça rendrait bien des services à de certaines gens » mais au final, je me suis envolée avec tes oiseaux et j'ai savouré ma lecture. |
Miguel
19/4/2023
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Le bonheur t'enrôle dans sa clarté de capitaine ; qu'est-ce qu'une clarté de capitaine ? Y a-t-il là une référence qui m'échappe ?
Les oiseaux t'intiment de le bâillonner (bâillonner le bonheur ... comme s'il n'avait pas que trop tendance à se bâillonner lui-même ; de quoi se mêlent-ils, ces oiseaux ?). L'allusion mallarméenne n'est pas ce qui nous sauvera de cet hermétisme. Plus j'avance dans cette lecture et plus je m'enfonce dans les marécages de l'obscurité. Je n'ai pas d'avis sur l'écriture, mais ce texte ne me parle pas. |
pieralun
19/4/2023
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très aboutie
et
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Bonjour Eskisse,
Comme déjà relevé dans les commentaires, ce poème est énigmatique. J’ai essayé, je crois avoir perçu en partie le fond du propos. Délaisser les souffrances métaphoriques des poètes, laisser aller le bonheur abordé sur la pointe des pieds, mais j’ai une contradiction quant au rôle des oiseaux. Peu importe, de très beaux vers m’ont emporté vers les nuages et le tout m’a laissé des émotions très poétiques. |
Pouet
20/4/2023
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aime bien
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Slt,
ma préférence ira aux trois dernières strophes, même si la « clarté de capitaine » retient l'attention de part son halo de quête et d'embruns. Il y a pour moi l'idée que le bonheur ne pourra se goûter qu'avec appréhension, conscience de sa finitude. Toujours un peu du bout des doigts ou du bout des lèvres perlant d'une sudation de perte. Pourtant, cela est mieux que « rien ». Puisque nous sommes en poésie, faut-il parler de la rose et de ses épines ? ... Un texte dont la retenue ne nous contraint pas à en ignorer les profondeurs. |
Donaldo75
20/4/2023
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très aboutie
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Salut Eskisse,
J’aime bien le titre. Pour moi, il est gothique. Je ne m’attends cependant pas à ce que le poème le soit – même si j’aurais halluciné d’en voir une version digne du « Lucretia » des Sisters of Mercy mais bon qui suis-je pour te dicter tes compositions – donc je l’ai lu à plusieurs reprises sans a priori. Je reconnais bien ta plume. Les deux premiers vers me semblent taper dans le dur, surtout le second. Puis les images poétiques défilent et ton style se déploie. Imagé. Violent parfois – euthanasier les fleurs, sans déconner, ça ne se fait pas – et symbolique. Ce n’est pas de la chansonnette ou de la poésie de comptoir que j’ai lu ici. Non, je dirais même que ça ne rigole pas chez Eskisse, on boit plus de l’absinthe sanglante que du lait fraise. J’en reprends une tournée. |
Edgard
20/4/2023
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Ouille! Est-ce que j'ai le droit de dire que je ne comprends pas?
Oui? Merci. Je reste longtemps sur un poème qui a, comme celui-là, de bien belles et fortes images. Mais j'aime bien pêcher le fil... et là ça ne veut pas mordre. Je dis où et quand. Deux premiers vers: qui sont ces "de certaines gens?...à qui cela rendrait service qu'on puisse mesurer le bonheur?" Les deux strophes suivantes, le bonheur et sa clarté de capitaine (qu'on retrouve dans le mot "armure" à la fin) qui semble nous dire que le bonheur et la conscience sont incompatibles. (bon c'est ce que je lis). Les oiseaux, symboles de ce retour à la conscience qui interdit le bonheur, ou l'interdit pleinement. "t’intiment de le bâillonner un peu" Là, j'y suis encore avec mon décryptage bien perso...peut-être à côté de la plaque... "Sitôt dit, loin loin les lacs gelés emprisonnant les cygnes loin la pierre qui lapide les années loin la soie sanglante du coquelicot" Images fortes, images sanglantes du réel. C'est après que je me perds: "Sitôt dit, et c’en sera fini" Là pour moi est une contradiction. Cette phrase semble annoncer un retour aux contingences cruelles de la vie (très bien évoquées par ailleurs) J'avais compris qu'on se détruit soi-même son bonheur en le bâillonnnant, donc qu'on revient à "érafler les hirondelles étouffer harpes et violoncelles euthanasier les fleurs" Pour sauvegarder un peu de bonheur??? Car les deux derniers vers pour moi, disent que l'action des oiseaux, leur conseil de bâillonner le bonheur quand il est trop intense, a été bénéfique (futur dans le passé: tu auras ceint, auront veillé...). Ouille! Je détruit un peu en tentant d'expliquer, mais tant pis.Que la lumière soit! |
troupi
21/4/2023
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Si l'on ne pouvait apprécier que la poésie immédiatement accessible et non l'hermétisme de certains textes nos bibliothèques se videraient d'une bonne partie de leur contenu.
Mais c'est comme en peinture, vous êtes devant un tableau qui ne vous parle pas pourtant il vous attire irrésistiblement sans que vous puissiez l'expliquer. J'ai aimé le premier quatrain, les vers commençant par "loin" et ceux par "d'" , surtout "la pierre qui lapide les années." Je n'ai rien compris aux oiseaux ... |
EtienneNorvins
26/4/2023
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Bonjour Eskisse,
Je trouve enfin le temps de mettre un mot sous ce poème subtil, ambigü, dont la lecture n’offre pour récompense que le douloureux constat d’un possible double échec… Le distique d’ouverture semble moquer les aphorismes de comptoir. On s’attend presque à ce qu’il commence par un ‘moi je dis’ ou se termine par un ‘jdcjdr’. Je laisse de côté le débat sur le « ‘de’ certaines gens », qui certes semble plus convenable, mais retire l’oralité de cette quasi brève de bistrot. En effet – si la ‘béatitude’ pouvait être une sorte de zénitude mesurable vers des nuages très "7ème ciel", qu’est-ce que ce serait confortable et rassurant pour quelques-uns (sinon la majorité) de nos semblables. Cela deviendrait une branche du développement personnel avec son échelle de compétences à colorier, à la portée de tout un chacun pourvu qu’on fasse un petit effort. Cela permettrait de créer des emplois de coachs et ou des postes de happiness managers. Et quiconque se dirait malheureux pourrait se voir renvoyer à sa responsabilité individuelle – puisqu’il suffit de suivre le régime, comme pour les ventres plats avant l’été… Le genre de bien être bien réglé, qui donne une vie où il n’y a plus guère de place que pour soi-même. Le premier vers du quatrain qui suit s’inscrit bien sûr en faux, par une voix (« Tu ») qui semble plus intime, venue de l’intérieur (par opposition à l’opinion exprimée dans le distique, qui est la voix de l’extérieur, du commun) mais tendre aussi à une vérité qui n’est pas qu’individuelle (ce ‘Tu’ est comme un ‘You’ anglais, à la fois ‘toi’ et ‘on’). Le bonheur n’est pas mesurable, « manageable » : on y entre sur la pointe des pieds – à tâtons et comme en dansant, sans le savoir. Le bonheur, on y est « déjà » quand la sensation s’en manifeste. Il n’est jamais assuré. Mais le trois vers suivants sont très ambivalents : on échappe à une vision manichéenne ou « élitiste » du bonheur pour le commun par opposition au « vrai bonheur », carpe diem etc. Je trouve très réussi « il t’enrôle dans sa clarté de capitaine » : le bonheur semble ouvrir la voie, connaître la route, il a bourlingué et il est rutilant avec ses galons de maître du navire. Il est « à la tête » (caput) mais il semble aussi avoir quelque chose derrière la tête, voire ne pas être franc du collier. Il a quelque chose de manipulateur (« enlace », qui fait rétrospectivement sonner « enrôle » du vers précédent comme un ‘enjôlement’ voire un ‘engeôlement’ : le ‘rôle’ est aussi le registre de l’équipage, de sa hiérarchie bord) et de tyrannique (« tenace » : une fois en mer, force est d’obéir au seul maître à bord après Dieu…) Y a-t-il là une réminiscence de la Venus ‘gubernator’ de Lucrèce, celle qui littéralement « tient le gouvernail » et fait danser à sa guise les créatures au début du De Rerum Natura ? A l’autre bout de la chaîne : « Ô mort, vieux capitaine », écrit Baudelaire dans le Voyage… Le « toujours plus haut » du vers 6 sonne alors soudain comme un possible abyme… Et apparaît en filigrane l’ombre du Captain Ahab, et de son doublon d’or cloué au mât, dont la « clarté » a donc aussi deux aspects dont un est caché, et par laquelle il ensorcelle l’équipage du Pequod et le mène à un naufrage final – dont l’ultime étape est précisément l’engloutissement d’un oiseau (un sky-hawk que Melville nomme ensuite ‘the bird from heaven’…). Est-ce la raison pour laquelle on rencontre soudain des « oiseaux » dans le deuxième distique ? Mystérieux volatiles, dont l’intervention est aussi très ambivalente. Ils « intiment » mais semblent parler ‘du dehors’. On remarque en effet qu’ils évoluent dans une « stratosphère » ce qui n’est pas sans faire écho au ciel structuré comme une échelle du premier distique. On remarque aussi que ce premier distique moquait une sorte de ‘bon sens commun’ – les oiseaux amateurs de ‘strates’ en seraient-ils aussi les porte-paroles ? En rupture avec le rôle qui leur était assigné dans ton poème ‘Il faudra les oiseaux’ ? Car nul besoin n’est d’aller chercher dans Moby Dick : le vers 14 et clair : les oiseaux risquent de laisser plus que des plumes dans cette histoire. Raison pour laquelle, de façon intéressée, dans leur propre intérêt et pour leur propre confort, ils invitent à « bâillonner un peu » ce bonheur trop beau pour être honnête, – à revenir à une sagesse de la médiocrité ? Les deux quatrains qui suivent semblent déployer de façon concomitante (répétition du « Sitôt dit ») les conséquences qu’il y a (ou qu’il y aurait – j’y reviendrai plus bas) à écouter ces oiseaux moqueurs ou de mauvais augure. Quatrain : donc retour à une voix plus intérieure ? Car il semble qu’il faille lire entre le deuxième distique et ces deux quatrains l’idée (à laquelle je souscris et qui me semble illustrée dans d’autres de tes poèmes) que le « bonheur », l’émotion, est à la fois la source et l’horizon, l’en-deçà et l’au-delà de l’acte poétique. Cela posé : - le premier des deux quatrains indique ce qu’implique(rait) à long terme d’avoir accordé une oreille au dit des oiseaux. Bâillonner le bonheur (au sens d’intense émotion), c’est rendre impossible le Poème – et peut être toute littérature. Comme Miguel, je lis dans « les lacs gelés emprisonnant les cygnes » une réminiscence du Vierge, vivace et bel aujourd’hui et donc une allusion au Poète mallarméen… L’incipit indique que le dernier vers est un emprunt à Neruda – poète du chant général, unanimiste par opposition à l’élitisme de Mallarmé ? Ces deux allusions pour encadrer le vers qui me semble le plus beau – le plus expressif : « la pierre qui lapide les années », et son aspect ‘pyramidal’. Le texte à vocation minéral, seule façon de ‘suspendre le temps’ en le lapidant – en le couvrant de pierre, en le ‘pétrifiant’. Tel qu’en lui-même enfin changé pour l’éternité ? Stèles de Segalen ? Qui pourtant aussi invitent à bâtir sur du sable… ? - le second indique ce que cela implique à court-terme : si l’horizon du poème est désormais inatteignable (trop « loin », quatre fois douloureusement répété comme pour enfin s’en convaincre), alors à quoi bon écrire… et suit une litanie évoquant la création poétique en train de se faire, qui ont tous en rapport un lien avec la ‘caresse vibratoire’ mais dénaturée : elle ne produit plus que de la mort (« euthanasier » en conclusion). Et vient le dernier distique, qui tranche avec les précédents mais logiquement : la forme dévolue à la voix extérieure (à l’opinion) est utilisée pour dire le ‘Tu’ intérieur. L’opinion commune a été intériorisée, ou du moins, le Tu s’est rendu à ses arguments, non sans une certaine amertume. Suivre les conseils de ces oiseaux – c’est se prémunir comme le risque du naufrage, de la catastrophe à laquelle peut conduite le bonheur comme la poésie, c’est sauver sa peau … mais c’est aussi dérisoire : ‘te’ voilà confortablement claquemuré, mais au prix de quel renoncement ! Le vers de Racine dans Bajazet, « Je meurs plus tard, voilà tout le fruit de ma feinte », semble tomber comme en écho... Reste qu’un espoir est encore permis ? Car l’irruption du futur depuis le vers 13 souligne peut-être qu’un choix est encore possible ? On reste dans cette incertitude fragile… Je conviens que le mot est un peu long, et regrette comme Edgard, que tout commentaire ait « de gros sabots » qui écrasent le texte (et ne rende pas ici justice à la musicalité de ton texte : exemple, les ‘t’ et ‘k’ éclatants du premier quatrain – « t’enrôle … clarté de capitaine » – qui se font ‘s’ sournois et manipulateurs comme Kaa – « t’enlace subrepticement, tenace … »). J’admets aussi que cette lecture ne « colle » pas tout à fait avec celle que tu as donnée en remerciements. C’est que le texte est entré en résonance toute cette semaine avec des questionnements personnels. En espérant continuer longtemps à te lire longuement, Merci Eskisse ! |
Eki
11/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
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aime beaucoup
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Bonjour Eskisse,
Je reviens ici pour le plaisir. Le titre est à lui seul une belle promesse. Tu entres dans le bonheur sur la pointe des pieds il t’enrôle dans sa clarté de capitaine t’enlace subrepticement, tenace amant il t’emmène toujours plus haut Quelle belle envolée que cette strophe ! J'aime moins les deux premiers vers mais ils n'ont pas gâché mon plaisir de lecture. Je retrouve toute la fragilité et la douceur de votre poésie. Il y a, ici, comme une forme d'urgence avec ces répétitions "Sitôt dit, loin..." à s'éprendre du bonheur qui tend ses bras. Eki toujours fan de vos traînées d'encre |