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Lebarde
1/6/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
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Les puristes verront dans ce sonnet à la ponctuation incertaine, deux vers de 13 syllabes, une rime incorrecte et deux "e" non élidés que le classique n'acceptera pas.
Je trouve sur le fond, le ton un peu "martial" et directif pour s'adresser à son amour, l'écriture un peu artificielle et certaines images excessives et "hors cadre" rendant le propos pesant et parfois maladroit et abscons. "Sauras-tu déchiffrer les galets de mes yeux Pour puiser leur grammaire au sein des lignes folle"??? " un ciel au visage isocèle,"?? "Sur l’écorce apposer le trille de ta trace" A vouloir trop en faire, on peut s'égarer ....enfin c'est ce que je ressens à la lecture. En EL Lebarde au gout plus simple |
Edgard
5/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
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Je m'avoue un peu désorienté à la lecture de ce poème dont je n'arrive pas à saisir le fil:
"Fragment d'un discours amoureux." pourrait faire penser qu'il s'agit d'une déclaration amoureuse, mais "A la peau veloutée par les doigts du trépas." évoque la mort de l'être cher. Que vient faire "la rancoeur" subitement à la troisième strophe? ou "Si mes vœux sont trop lourds, s’ils s’arriment trop haut,"? Avec quoi s'accorde "joue" au vers 10? La forme est sans doute correcte pour un sonnet, mais pour moi la forme ne suffit pas à m'embarquer, malgré des beaux vers comme "Seras-tu simplement l’adagio de mes pas," |
Donaldo75
5/6/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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C’est marrant, l’humeur. D’ordinaire, je ne suis pas fan des images artificielles du genre « les galets de mes yeux » dont je trouve le côté « Jean-Pierre Léaud conte fleurette à Anna Karina sous le regard littéraire des fans de Jean-Luc Godard » un tantinet trop appuyé. Pourtant, il y a une forme de charme dans cette poésie, pas à cause de « l’adagio de mes pas » - je n’ai pas pu résister, désolé – mais de la métrique et de la rime, de cette musicalité qui dépasse le Olivia Ruiz de base et embarque un peu de Claude Debussy. Les tercets sauvent la mise aux quatrains. Et c’est tant mieux vu qu’ils sont placés en fin de poème. Ainsi, l’impression de lecture se termine sur une note plus sobre et tout autant poétique.
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papipoete
11/6/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
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bonjour Eskisse
Sauras-tu lire au milieu de mes lignes, ce qu'y est écrit ? quand je serai passée de vie à trépas ? " je t'aime " et te le prouve pendant que ma plume écrit ces derniers mots... NB votre texte est clair par l'agencement des sonorités de vos vers... mais fort abscons par moments ; quand on écrit un mot d'amour, on ( je ) le fait avec des termes beaucoup plus ordinaires ( pour le coeur, pour la peau, pour les cheveux, ses formes et son intelligence ) Je trouve beaucoup trop intellectuelle, cette déclaration. Techniquement : - vous dites soucieux en diérèse, mais plus loin, je crois que - adagio se dit a/da/gi/o ... la rime " haut " et " flots " me semble fausse, de plus " haut " et " flots " sont singulier et pluriel |
Cyrill
11/6/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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Salut Eskisse,
« les galets de mes yeux » : une bien belle entame faisant écho à l’opacité qui demeure en partie à la fin de la lecture. Je ne sais trop comment des rêves peuvent être à la fois soucieux et belliqueux. Jusqu’où peut-on aller sans que l’amour pèse, ou sans que pèsent les tourments, semble demander la narratrice. Le « visage isocèle » m’a évoqué celui de ton avatar. S’agissant du ciel, les angles aigus du triangle me sont apparu comme le délimitant. Finalement, l’amour semble avoir été abandonné, comme recelant un danger, au profit d’une relation plus distante et apaisée. Merci pour le partage. |
EtienneNorvins
11/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour Eskisse,
... après avoir dûment pris mes cachets ;), et au-delà des questions techniques de prosodie qui sont pour moi assez peu intéressantes, il me semble que ce texte illustre une dimension 'épigraphique', 'lapidaire' de tes talents, presque 'sentencieusement parallèle'. La structure est nette : les quatrains s'opposent aux tercets - à un espoir tourné vers un 'tu' succède une sorte de résignation développée par un 'je'. Les huit premiers vers sont plein d'images frappantes, qui déstabilisent à première lecture tant elles entremêlent (doublement) les sens : - la vue (galets des yeux) ; l'ouïe (adagio des pas) ; le toucher (peau veloutée) - en même temps que grammaire / folie ; visage / isocèle ; ou cette invocation à déchiffrer / puiser (ce qui suppose une concentration) en même temps qu'à disperser, égarer, déloger (ce qui suppose l'inverse). Ils invitent le 'tu' à une entreprise périlleuse - de remise en ordre de ce qui n'en a plus ou a l'impression de ne plus en avoir - d'être comme à vau l'eau. C'est la tensions entre grammaire et lignes folles / égarement et isocèle. La raison suggérée de ce désarroi est la perte d'un être cher, dont le visage très géométriquement marqué empli le ciel d'une douceur irrémédiablement perdue ("À la peau veloutée par les doigts du trépas"). Le 'tu' es invité à la patience, à l'effacement dans le sillage du 'je' ("Seras-tu simplement l’adagio de mes pas"), à une attente 'explicable' ("Sauras-tu déchiffrer") mais difficilement (sublime image des yeux devenus galets, donc minéralement insondables, lisses, durs...). S'il/elle y parvient, le spleen qui dévore le locuteur pourra être dissipé. Mais rien n'est moins sûr. Et l'on bascule dans les tercets : Il se peut que cette tache soit trop ardue ("vœux ... trop lourds", arrimés "trop haut"). Alors, il y a une autre issue - douloureuse, mais qui est un acte d'amour (d'où l'exergue ?) : le locuteur invite le 'tu' à abandonner en jouant "la feinte" - sans encourir aucune "rancœur". Le mal intérieur est peut être trop profond - mais il ne dépassera pas certaines bornes. Alors - deuxième tercet d'une autre errance : celle, intérieure, s'extériorise dans le monde, solitaire "mais sans fièvre d'abandon" (sans résignation ?), jusqu'à l'acte d'écriture - deuxième acte d'amour, assez 'classique' et touchant mais exprimée avec grâce tout en suggérant combien il sera difficile : je ne sais pas comment on peut graver le trille d'une trace dans une écorce. Il y a là un mélange matériel / spirituel qui est très évocatoire ... et musical. Et cela souligne une dernière fois combien ce texte est intensément pudique, oscillant sans cesse entre le silence et l'aveu corseté dans la forme "classicisante"... Quelle épine dans la chair ! Merci à toi. |
Quistero
11/6/2023
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Il me semble que beaucoup de termes employés et juxtaposés ont trop de chemin à parcourir entre eux pour créer des connexions menant dans le temps court de la lecture aux récepteurs situés dans l’esprit du lecteur. Pourtant et assurément, l’envie poétique de dire est là, sous-jacente. Reste sans doute á éroder quelques images, comme l’eau le fait pour les galets. Merci.
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Provencao
11/6/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Eskisse,
J'ai bien aimé ce fragment entre le secret, silence, la confession et la confidence. Ce fragment m'invite à réfléchir les deux formes de pensées opposées et contradictoires à la fois dans l’intention qu’elles déploient et dans l’horizon vers lequelles elles sont et l’une et l’autre tournées Autrement dit, comment de l’agir et du juger arrive-t-on à la confidence et au secret ? Interprétation si proche et si distante.... Au plaisir de vous lire Cordialement |
Myndie
11/6/2023
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Bonjour Eskisse,
J'ai été sensible au sujet abordé, aux angoisses de l'amoureuse pleine d'incertitudes, aux tourments délicatement signifiés à l'être aimé. Malgré certaines lourdeurs dans dans le traitement du sujet (ce sont surtout les vers 1, 2, 5 et 6 qui m'apparaissent un peu superfétatoires), tu as l'art de créer une atmosphère nourrie d'images subtiles : « mes rêves soucieux Qui flottent, belliqueux, en noires farandoles. » « À la peau veloutée par les doigts du trépas. » Et dans les deux tercets, la poésie est lisible à fleur de mots. Je suis sensible au contenu, à la douceur de l'écriture qui crée une sorte de célébration d'un amour infini, qui pourtant semble se mourir. C'est un discours amoureux délicat et tout en nuances. Une jolie lecture, merci Eskisse |
Louis
13/6/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Les quatrains interrogent un ou une allocutaire : « tu », celui ou celle qui prendra place dans une relation d’amour.
Ils l'interrogent au futur, sur l'avenir d'un possible amour. Le poème se veut, selon l’exergue : « un fragment de discours amoureux », et s’inscrit donc dans la démarche de Roland Barthes, auteur des « Fragments » éponymes. Les questions posées par lesquelles s’introduit le poème n’attendent pas une réponse immédiate de l’allocutaire, elles ne s’inscrivent pas dans un dialogue direct, ne participent pas d’une conversation, elles sont pour une part "rhétoriques" ; et c’est d’abord pour soi-même qu’elles sont formulées par le locuteur ou la locutrice. Pour une autre part, ces interrogations correspondent à des « vœux », ainsi désignées au début du premier tercet. À des attentes donc. À ce qui est attendu dans la relation amoureuse. La part proprement interrogative, elle, porte sur la capacité de l’être aimé à satisfaire ces attentes. R. Barthes précise en introduction de son ouvrage « Fragments d’un discours amoureux » : « C’est un portrait, si l’on veut, qui est proposé ; mais ce portrait n’est pas psychologique ; il est structural : il donne à lire une place de parole : la place de quelqu’un qui parle en lui-même, amoureusement face à l’autre ( l’objet aimé), qui ne parle pas » C’est bien cette « place de parole » qu’occupe le poème. Une dimension psychologique n’y est cependant pas absente. Sous son aspect singulier, il tente de repérer des traits universels invariants de l’état amoureux. « Sauras-tu » : ainsi se formule la première interrogation. Formulation d’importance puisqu’elle donnera son titre au poème. La question porte sur un savoir, non pas théorique, mais pratique, ou sur la mise en pratique d’une capacité. Il s’agit d’un savoir- « déchiffrer», d’un savoir-lire : « Sauras-tu déchiffrer les galets de mes yeux » L’allocutaire se trouve immédiatement placé dans la position d’un "lecteur" ( ou de la lectrice) , et le locuteur par conséquent dans celle du porteur de signes. De signes non immédiatement lisibles, de signes à « déchiffrer ». Deux positions distinctes apparaissent : l’allocutaire du côté de la lecture, le locuteur de l’écriture. Le locuteur n’est pas seulement parlant, il est aussi parlé, écrit, traversé de "paroles". Il est un être de langage, un être transi de discours, et son corps lui-même est parlant, parlant jusqu’aux yeux. Déchiffrer, c’est aussi com-prendre. C’est prendre avec soi, étymologiquement. Se faire comprendre, se faire connaître, se faire "embrasser" : c’est tout un, et constitue une attente de la relation amoureuse. Relation dans laquelle l’un prend l’autre dans ses bras, le prend dans sa vie, dans un ‘prendre en commun’, où se réalise un être-ensemble. Les yeux paraissent donc des « galets » à déchiffrer. Des yeux d’abord à comprendre, en ce qu’ils seraient une ouverture sur "l’âme", ces yeux dont on a répété depuis Cicéron qu’ils sont des "miroirs de l’âme". Mais ici les yeux ne sont pas des fenêtres sur l’intériorité, ils n’ont pas de transparence, mais l’opacité de la pierre. Ils ne laissent pas voir à travers eux immédiatement, mais indiquent, font signe, constituent des « traces » à lire et à déchiffrer. Comment se représenter cette métaphore des yeux-galets ? Deux yeux de pierre, fixes et homogènes, comme ceux des statues ? La comparaison est permise, mais au sens que lui donne Barthes, non pas dans le cadre d’un corps contemplé au repos, mais « saisi en action » : « ce qu’il est possible d’immobiliser du corps tendu (…) amoureux saisi sidéré dans un rôle comme une statue » Ces yeux-là ne brillent pas de mille étincelles, de mille étoiles, ainsi que l’on dit parfois, mais des galets s’y étalent, petits cailloux porteurs de sens, de signification et aussi d’orientation comme les pierres du Petit Poucet. Ces yeux constituent l’espace d’une plage de sable, et de galets, avec en arrière-plan la mer, un vaste océan pour horizon. L’image du deuxième vers dans le premier tercet semble le confirmer : « … me laisser endiguer tous mes flots ». Pour déchiffrer les galets, comprendre ce qu’ils indiquent, en saisir le sens, il faut acquérir un code, autrement dit une « grammaire » : « Pour puiser leur grammaire au sein des lignes folles » Les signes ne sont pas naturels, ils s’établissent à partir d’un code, d’un ensemble de règles de lecture et d’écriture, d’une "langue". Pas de paroles sans une langue, et la grammaire de cette langue. Dans les yeux du locuteur est déposée une « grammaire » avec laquelle s’écrivent « des lignes folles ». Ce sont des lignes de fuite, des lignes rêvées, hallucinées d’existence autant que des lignes d’écriture. " Sauras-tu déchiffrer ces lignes, comprendre où fuit mon regard ? : semble demander le locuteur, sauras-tu comprendre ma langue et mon univers. Les galets indiquent ces chemins de fuite, sauras-tu les suivre ? sauras-tu te diriger jusqu’en ces lieux où ils me mènent ? " Ces lignes folles prennent l’allure de voies délirantes. Le partenaire amoureux saura-t-il lire les délires ? Ce que suggère encore cette sémiotique : puisqu’une réalité signifiante en renvoie à une autre, absente, qu’elle désigne ou représente, alors l’amoureux, s’il est amoureux, devra comprendre la présence, l’embrasser, mais aussi embrasser les "absences’" les "fuites". Mais "comprendre" : c’est encore accepter. Sans rejet d’un "incompréhensible’" Aimer : c’est se réjouir de l’existence d’une personne telle qu’elle est. Et non telle qu’on la rêve, ou telle qu’on l’imagine. C’est accepter aussi ses dimensions énigmatiques, ses dimensions à déchiffrer, qui font partie de ce qu’elle est. Le troisième vers formule une attente un peu différente : « Pourras-tu disperser mes rêves soucieux » L’interrogation porte cette fois, non plus sur une capacité de lecture et de déchiffrement, mais sur un pouvoir d’action sur le locuteur. Aura-t-il le pouvoir de chasser les « rêves soucieux », d’en délivrer le locuteur, d’engendrer en lui une sérénité ? Ces rêves soucieux pourraient partiellement se trouver sur la ligne de fuite du locuteur. Être compris serait un moyen de dissoudre ces rêves soucieux. Leur dissolution comme conséquence de leur compréhension-acceptation. La dispersion équivaut à une dissolution, à la rupture de leur retour obsessionnel, en « farandole ». Car ils « flottent, belliqueux », mènent des offensives violentes, douloureuses qui ne laissent pas en paix, troublent la tranquillité de l’âme. Ce pouvoir n’est pas une force de répression des rêves soucieux, comment le partenaire amoureux pourrait-il disposer d’un tel pouvoir ? Cette force ne peut tenir que de sa compréhension, de son amour et de la joie que provoque l’état amoureux, cette joie qui est augmentation de la puissance d’exister, et de la puissance donc en mesure de dissiper les passions tristes des rêves soucieux. Dans la deuxième strophe, on passe du « Sauras-tu » au « Seras-tu », pas seulement par proximité phonique. On passe du "savoir-faire" au "savoir-être’", or un homme n’est rien d’autre que ses actes. Une réduction des attentes et quasiment des exigences à l’égard de l’amoureux semble se manifester par le terme « simplement » : « Seras-tu simplement l’adagio de mes pas » Mais il y a encore beaucoup dans ce « simplement », il y a encore de l’essentiel : une capacité d’apaisement dans la marche de la vie, dans l’avancée de l’existence ; la génération d’un calme en opposition aux « noires » et folles « farandoles ». Ainsi attendus : un amour de lecteur, et aussi un amour de musicien. Parce que le locuteur écrit une vie qu’il faut savoir déchiffrer, qu’il faut savoir lire et parce qu’il est un instrument sur lequel peut jouer l’amoureux et donner ainsi à l’être aimé une mélodie, un rythme, une cadence, ici celle de « l’adagio ». Mais encore, il est celui qui fait danser la vie en des pas sereins, guillerets et joyeux, plutôt qu’en ces « noires farandoles » auxquelles mène un destin malheureux. Et plus encore : dans l’amour, il y aurait une poésie de la vie qui s’écrit, à comprendre et réécrire ensemble, et une mélodie, une musique de l’existence sans laquelle il n’ y a pas de poésie. Pas d’amour sans une consonance avec l’œuvre artistique. Et le savoir-faire attendu de l’être aimé, n’est-ce pas un « art » ( le sens premier de ce mot est celui de savoir-faire) ? Il y a un art d’aimer. Et ce qui est attendu, c’est un artiste dans l’art d’aimer. Sera-t-il cet artiste donner un autre visage au ciel ? Car les pas du locuteur se sont : « égarés en un ciel au visage isocèle » Dans la première strophe, l’égarement se produisait dans le regard par des visées de « lignes folles », donc désordonnées et chaotiques ; dans cette deuxième strophe, l’égarement se produit par les « pas » suivis qui mènent aux lignes ordonnées d’une figure géométrique isocèle. Tension dans laquelle est pris le locuteur entre des opposés. Guillevic, dans Euclidiennes, écrivait à propos du triangle isocèle : J'ai réussi à mettre Un peu d'ordre en moi-même. J'ai tendance à me plaire. L’expérience euclidienne de l’isocèle éprouvée par le locuteur se révèle à l’inverse de celle d’E. Guillevic. Il n’y trouve pas d’ordre en soi-même, plutôt un égarement, un désordre, dans une tension avec les visées du regard. D’où la demande d’un « adagio » d’une danse apaisée de l’existence, d’un art de vivre qui unit la part apollinienne euclidienne et la part dionysiaque des folles échappées. En accord avec Nietzsche qui considérait que toute grande œuvre d’art joint une source apollinienne (Apollon : divinité de l’harmonie, de l’ordre, de la mesure, de la forme) et une source dionysiaque (Dionysos : divinité de l’ivresse, du chaos, du désordre) Si « isocèle », par son étymologie renvoie à deux jambes égales, alors parce que l’adjectif se rapporte au ciel, se trouvent aussi indiquées, outre la géométrie euclidienne, des jambes qui ne mettent plus leurs pas sur le sol concret, qui ne "touchent plus terre" dans une perte de contact avec la réalité quotidienne, en un égarement hors de la réalité. Il faudrait retrouver la terre où l’on danse. Et une musique, en "clef de sol’" C’est attendu dans l’amour. Mais la figure céleste, ordonnée, isocèle, a aussi la peau marquée par une puissance mortelle : « à la peau velouté par les doigts du trépas » Cette figure de soi, enclose dans l’euclidienne, dans un ciel non essentiel, lieu d’égarement d’un passage existentiel, subit l’irréversibilité du temps, puissance mortelle. La grisaille sur la vie, ombre menaçante, « s’amoncelle » : « Viendras-tu déloger ce gris » L’amour peut redonner des couleurs à la vie. Et permettre de retrouver du mouvement, de cette folie qui caractérise l’état amoureux en isochromie cette fois avec les fuites brillantes, colorées, éclatantes hors des fermetures euclidiennes, plutôt sur ses ouvertures en lignes infinies. Les tercets traitent l’éventualité d’une incapacité de l’amoureux à répondre aux attentes fortes d’un amour : « Si mes vœux sont trop lourds » qu’adviendra-t-il « s’ils s’arriment trop haut » « arrimer » : renvoie à la rime, à la poésie, plus qu’à la marine. Vœux attachés à une poésie trop exigeante. En cas d’échec d’une composition à la hauteur où l’on « s’arrime », hauteur où deux vies riment ensemble. En cas d’ échec d’une poésie à deux : quand ça rime ensemble, dans un accord, une harmonie, une connivence. Qu’advient-il si l’on ne "rime pas tous les deux" ? « joue la feinte » : est-il conseillé à l’amoureux. Feindre : faux-semblant ? Jouer sur les apparences. Ou l’esquive ? "Joue la comédie de l’amour. Sois au moins un bon acteur" : semble conseiller le locuteur. Mais « me laisse endiguer tous mes flots » : contenir seul tout ce qui agite le locuteur, tous ces mouvements ondulants qui emportent dans un sens, dans un autre. Laisser une liberté et une autonomie. Mais en une solitude dans le rapport à soi. Il n’y aura pas de « rancœur » : des « flots » à contenir sans amertume. Pas de ressentiment lié à une désillusion, ou une déception. Pas de "rancœur" : le cœur ne sera pas rendu. Mais maintenu, conservé, donné et conservé. Cœur bienveillant. Mais plus amoureux. Le dernier tercet le précise : « Je plierai mon amour sous le pâle édredon » L’amour sera « plié », non plus déplié dans toute son étendue, dans toute la dimension qu’il pourrait prendre. Il sera restreint, limité. Mais l’état amoureux sera terminé, et l’expression : « c’est plié » signifie aussi qu’une affaire est terminée, achevée. « j’irai par les forêts sans fièvre d’abandon » La forêt : lieu d’inscription. « sur l’écorce apposer le trille de ta trace » Le trille prend le sens de la marque musicale. ( Le CNTRL nous apprend que : « Le trille se désigne [en musique] par deux lettres tr qu'on place au-dessus de la note qu'il faut triller (Kastner, Gramm. mus., 1837) On remarquera une allitération dans une consonantique en « t » : trille de ta trace ». Il y eut un « gazouillis » ( c’est le sens étymologique de « trille » d’origine italienne), mais ce ne fut pas un chant d’amour ; il mérite une marque, une trace toutefois. Il y eut un chant, mais il ne réussit pas à envelopper deux existences, dans une durée, dans une "com-préhension" mutuelle. Le locuteur confirme pour terminer son rapport essentiel aux « traces », aux « écrits » Pas de vie, pas d’amour sans lecture et écriture des signes. Merci Eskisse |
Nomenoe
16/6/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
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Le chemin parcouru par l'auteur, de l'amour à la solitude d'un amant éconduit, est toujours une douleur. mais les deux premiers vers du dernier tercet expriment bien ce que ressent la personne délaissée. J'ai vécu le même cheminement que celui du sonnet.
Mais certaines associations de mots ne m'ont pas convaincu : La grammaire des galets Les pas égarés en un ciel Un ciel au visage isocèle |