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Poésie contemporaine
EtienneNorvins : La châtelaine et le fantôme
 Publié le 14/10/21  -  4 commentaires  -  1915 caractères  -  117 lectures    Autres textes du même auteur

"Man shall not live on poetry alone"
(Another Luke)

« Auprès de ma blonde
Qu'il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de ma blonde
Qu'il fait bon dormir ! »
(André Joubert du Collet)


La châtelaine et le fantôme



La mort est plus qu’un long sommeil
Dont nul jamais ne s’éveille.

La morale étant posée,
(S’interrompt la ménestrelle)
Veux-tu m’encore écouter
Toi qui n’es pas immortel.le ?

En ce troisième de mai
Moi, Dagobert Parsifal,
Chevalier depuis l’enfance,
De traquer je revenais
Dans des contrées boréales
Le Graal et l’insuccès
À la pointe de ma lance ;

Quand à l’orée forestière
Du domaine de mes pères
Dont je suis la digne engeance,
Vint Brunhilde chevaucher
Pâle et pourpre à mon côté
En silence ;

Et nous allâmes en cadence,
Sous l’azur parmi les branches,
Vaillant lys et chaste rose
– Alors moi de saisir l’aubaine,
Ô ma princesse lointaine,
Pour te déballer la prose
Des récits riches en hauts faits de mes errances.

Mais m’interrompis :

« Ces exploits m’ennuient
Preux gentil,
Assez de jactance ;

Nous avons grandi,
Preux joli,
Aussi cette nuit,

Partageons plutôt,
Preux nigaud,
Si le cœur t’en dit,

L’un de nos lits… »

Mon destrier fit un écart
Et j’en tombai, moi, de ma selle
Pour mourir – bêtement car,
Je l’appris mais un peu tard,
Sincère était ma gente dame ;
Et c’est avec les yeux de l’âme
Que je vis pleurer brune Belle…

Lors chaque nuit que Dieu fit
Où tu trouvas le sommeil,
Sur ton visage endormi,
Un spectre immobile veille,
Blême, et qui ne peut rien dire,
Qui ne peut te toucher ; mais,
Rêveuse, quand un sourire
Vient à passer sur tes traits,
Sa poitrine se soulève :

Se pourrait-il que sans espoir,
Alors qu’un autre a pris sa place
Dans ce lit, parfois, et t’enlace,
Il hante encore un peu tes rêves,
Ô ma Brune, et ta mémoire ?


 
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   Anonyme   
29/9/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je n'ai pas vu l'intérêt des six vers d'introduction, n'ai pas apprécié cet écran entre moi lectrice et l'histoire à la fois cocasse et touchante (ai-je trouvé) de ce bêta de chevalier devenu spectre par pure maladresse. Le "ton" médiéval m'a paru bien saisi, et certains endroits franchement réussis, par exemple :
Vint Brunhilde chevaucher
Pâle et pourpre à mon côté
En silence ;
et l'avant-dernière strophe.

Sinon, je crois que la partie parlée du poème, quand la chaste rose invite le vaillant lys à l'effeuiller, m'apparaîtrait plus souple et naturelle, avec un léger débraillé bienvenu au vu de ce qui est dit, sans la majuscule systématique en début de vers.

   papipoete   
14/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour EtienneNorvins
Ne serait-ce que pour le parler, ici conté par Dagobert Parsifal, j'avance un oeil puis l'autre curieux de ce récit chevaleresque !
Et la belle Brunhilde, de s'avancer sur son noble cheval, et tomber sous le charme de ce...hobereau un brin puceau, lui proposer non point l'entendre à travers ses faits d'arme, mais d'au lit montrer quelque audace... de quoi choir du destrier, en mourir et ne revoir Madame que par l'esprit !
NB bien sûr que telle langue ainsi ne se parle plus, mais quel plaisir pour moi d'en lire quelques échos ; surtout sur ces batailles perdues à l'épée, et celle que le Chevalier put gagner au creux d'un lit galant !
L'auteur y glisse une once de grossièreté ( déballer la prose, jactance ) où l'on sourit, et à travers cette histoire, mêle au final un soupçon de prétention ( Brunhilde à un autre se donnant, ne verrait en lui que son cher Parsifal ! )
Je vois un texte bien troussé, et les deux acteurs jouer leur rôle à la perfection !
la 5e strophe posant le décor, avec ses deux vedettes ( vaillant lys et chaste rose ) m'est savoureuse !
ensuite, la répétition des divers " preux " titille les zygomatiques ! on en re-demande !

   EtienneNorvins   
22/10/2021

   Atom   
23/10/2021
Franchement, j'ai un peu de mal avec ce genre de poème dont le fond (et parfois la forme) me parait suranné.
Même si bien sûr pourquoi pas ?
Mais du coup je m'interroge sur le pourquoi de l'utilisation de l'écriture inclusive pour le mot - immortel.le .C'est assez déroutant.
Il y a des références à Perceval et la quête du Graal dont je n'ai encore rien lu...
Le poème ne me parle décidément pas.


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