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Poésie libre
Evelit : Vanille, pistache et poire
 Publié le 29/03/24  -  11 commentaires  -  982 caractères  -  181 lectures    Autres textes du même auteur

Souvenir d'un amour.


Vanille, pistache et poire



Les jacinthes fanées
Dorment à côté d'une plante verte
Je gomme le souvenir
De tes mains, de ta peau
Les nuages, cicatrices blanchâtres
Font la file dans le ciel gris
Ils attendent la pluie
Les nuages n'ont pas de montre
Je cuisine ce qu'il me reste de toi
Je déguste, je digère
Je veux que tout disparaisse
Ne rien laisser dans son assiette
Disait ma mère
Je ramasse les feuilles mortes
Elles sont tombées de l'arbre de l'amour
Grelotant, je me surprends à rêver
De ta bouche, de tes bras
Le tram jaune passe
Vomissant des passagers froissés
Sur les trottoirs gelés
Triste, je balaye, j'époussette
Je jette tout ce que tu m'as donné
Les bagues, les mots
Surtout la tendresse
La poubelle avale tout
Je referme le sac
J'attends que le temps passe
Que la pluie lave ma mémoire
En savourant trois boules de glace
Vanille, pistache et poire


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Ascar   
29/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Texte délicat sur la rupture et le processus d'oubli. J'aime beaucoup la comparaison avec la cuisine. Vous pourriez déposer la recette ;)
Toutes les images sont bien choisies pour exprimer la douleur, le manque et l'urgence de s'en protéger pour continuer.

Une poésie qui n'est pas à jeter à jeter à la poubelle assurément.

   Marite   
29/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une bonne recette pour ne pas se laisser sombrer dans la déprime et les regrets après une déception amoureuse. La mise en vers avec des images poétiques originales et bien ancrées dans la vie réelle avec ces références aux souvenirs domestiques est inattendue mais bien choisie pour faire naître quelques sourires . La note de gourmandise des deux derniers vers nous rassure pour les jours qui suivront ...

   papipoete   
29/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Evelit
Nous nous sommes aimés, tant et tant et pourtant, ce feu comme abîmé en mer, s'est éteint à tout jamais.
Il me reste tout de toi, si ce n'est ta présence, ton image, nos élans, ces fleurs au jardin.
Je ne dois plus te voir, dans mes rêves ou quand je cherche le sommeil ; quand j'ai du vague à l'âme ; je dois tourner la page...
NB qui n'a pas connu ce naufrage, put dire
- une de perdue, 10 de r'trouvées...
Pas si simple, et ce livre auquel il faut arracher tout un chapitre, pèse plus lourd qu'une enclume, où notre coeur vient cogner, entendre ce qui n'est plus.
Votre " décharge sentimentale " est la poubelle, mais les souvenirs y resteront encore quelque temps, pourtant.
Moi, c'est par les flammes que disparurent, ces photos, ces présents, ces objets sacrés...
J'aime bien ce cheminement de poésie, où chaque métaphore brille de clarté ; et les quatre dernières lignes me touchent particulièrement.

   Robot   
29/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Quelques belles métaphores et images pour évoquer le temps de la rupture amoureuse et celui du long cheminement vers l'apaisement.

   Damy   
29/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
« Je voudrais perdre la mémoire pour ne plus changer de trottoir quand je croise mes souvenirs. » (Anonyme).

J'aime beaucoup "Les jacinthes fanées" qui "dorment à côté d'une plante verte" et :
"J'attends que le temps passe
Que la pluie lave ma mémoire
En savourant trois boules de glace
Vanille, pistache et poire"

2 ou 3 virgules se baladent et pas un point, c'est tout.

   jfmoods   
29/3/2024
"Se dire qu'on n'était pas / Vraiment faite pour le rôle" ("Canoë rose", Viktor Lazlo)

Si le titre, l'entête et la chute ("En savourant trois boules de glace / Vanille, pistache et poire") permettent d'entrevoir la sortie prochaine d'un tunnel sensoriel, le poème est marqué par le processus interminable de l'oubli ("Ils attendent la pluie / Les nuages n'ont pas de montre", "J'attends que le temps passe / Que la pluie lave ma mémoire"). Le paysage état d'âme trace les lignes de force d'un univers intime bouleversé (végétal délétère : "Les jacinthes fanées / Dorment à côté d'une plante verte", "Je ramasse les feuilles mortes / Elles sont tombées de l'arbre de l'amour", météo bâchée : "Les nuages, cicatrices blanchâtres / Font la file dans le ciel gris", rue repoussante : "Le tram jaune passe / Vomissant des passagers froissés / Sur les trottoirs gelés"). Au besoin impérieux de faire table rase du passé ("Je gomme", "Je cuisine ce qu'il me reste de toi / Je déguste, je digère / Je veux que tout disparaisse / Ne rien laisser dans son assiette / Disait ma mère", "Triste je balaye, j'époussette / Je jette tout ce que tu m'as donné / Les bagues, les mots / Surtout la tendresse / La poubelle avale tout / Je referme le sac") répondent les inévitables vicissitudes du cœur. Car l'Autre impose - pour combien de temps encore ? - sa douloureuse présence fantomatique ("le souvenir / De tes mains, de ta peau", "Grelotant, je me surprends à rêver / De ta bouche, de tes bras").

Merci pour ce partage !

   Louis   
30/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Devant l’excellence du commentaire précédent, je ne peux apporter que quelques précisions et nuances dans mon analyse.

On peut être frappé, à la lecture de ce poème, par une oscillation entre un dedans et un dehors ; entre le parcours interne à une subjectivité, celle de la locutrice qui s’exprime à la première personne, et des événements externes naturels ou urbains.
Deux lignes tracent des chemins, qui parfois s’avèrent parallèles, et parfois semblent s’écarter l’un de l’autre, pour finir par se conjoindre.

Le poème en premier lieu engage son chemin sur une ligne naturelle:

« Das jacinthes fanées
Dorment à côté d’une plante verte »

Aucun événement présent du côté des jacinthes, mais le constat d’un passé, d’un événement qui a déjà eu lieu : « des jacinthes fanées ». Ces fleurs à l’arôme puissant, fortement colorées, ne sont plus. Elles ne vivent plus. Fanées. Mortes. Non, pas mortes vraiment, elles « dorment ».
Elles emblent survivre à leur propre mort.
À ses côtés, une plante verte, bien vivante. Couleur de ce qui persiste, et subsiste dans sa fraîcheur. Verte, elle n’a pas encore produit de fleurs nouvelles. Ce vert rappelle, dans une immaturité, la promesse d’une floraison.
Deux plantes donc, dont l’une n’est pas tout à fait morte, n’a pas tout à fait disparue, et l’autre qui n’a pas tout à fait atteint son plein épanouissement.
L’une dans un "pas assez", l’autre dans un "pas encore", toutes deux partagent une insuffisance, un inachèvement.
Les deux plantes se juxtaposent dans une dimension spatiale ; elles représentent deux états de la locutrice, deux états d’elle projetés hors d’elle. Mais leur dimension véritable est temporelle ; l’une est un état passé, floral ; l’autre est un état nouveau, présent, en voie de future floraison.
Le poème suit le chemin qui mène de l’une à l’autre, de l’abandon complet de l’une engendrant sa disparition, pour permettre l’avènement complet de l’autre ; pour passer ainsi de la fin d’un amour à une vie disponible, ouverte sur un nouvel amour. Car c’est relativement à l’amour que les images de ces plantes offrent leurs aspects métaphoriques.

Le chemin tracé, tout intérieur, est celui de l’oubli : « Je gomme le souvenir ». C’est un chemin qui veut effacer toute trace d’un passé, pour repartir sur une voie libre et ouverte.
Il convient d’oublier les « mains », la « peau » de l’être autrefois aimé. Ces parties du corps qui avaient été particulièrement appréciées. Qui émeuvent encore.

Mais subitement, on se retrouve de nouveau projeté dans l’extériorité d’un « ciel gris ».
Un défilé de nuages : ils « Font la file » ; un chemin nuageux.
Mais ces nuages apparaissent comme « des cicatrices blanchâtres ».
Des blessures.
Le chemin de l’oubli passe par le souvenir des blessures affectives.
Celles-ci flottent là-haut, expulsées de soi.
Les nuages constituent, dans la dimension temporelle, une « attente ». Ils sont "en suspens" dans le ciel gris. « Ils attendent la pluie », cette condensation qui les dissipera, cette eau qui ravivera la plante pour qu’elle soit verte, pour qu’elle poursuive son nouvel épanouissement floral ; cette rincée qui lavera les blessures, effacera les traces d’un passé douloureux.

L’oscillation du texte se poursuit, sans transition.
Un retour à la ligne intérieure s’effectue, dans un passage métaphorique emprunté au domaine culinaire :

« Je cuisine ce qu’il me reste de toi »

Mais « cuisiner », c’est faire "tout un plat" de ces « restes de toi », ce qui ne s’accorde guère avec le processus d’« oubli », et même s’y oppose.
C’est qu’il faut "accommoder" les restes, non pas les jeter, les rejeter, mais les préparer, les cuisiner pour les faire « disparaître » par absorption.
Il faut les préparer pour qu’ils ne soient pas trop difficiles à « avaler ».
Il faut les apprêter pour une « dégustation ».
Le plat ne doit pas être insipide, au contraire il doit avoir du goût.
Qu’est-ce qui peut donner une saveur, si ce n’est les "bons" souvenirs, les bons moments du passé, liés au plaisir, pour ne plus y être attachés, pour qu’ils ne fassent plus souffrir, de les voir ainsi disparaître, engloutis, déglutis.

Le mouvement d’oscillation, le balancement mène de nouveau à l’extérieur de soi.
Avaler les restes se mue en une autre métaphore : « Je ramasse les feuilles mortes / Elles sont tombées de l’arbre de l’amour »
Les feuilles ne sont pas jetées au vent, pour qu’elles s’éparpillent et disparaissent, mais sont « ramassées ». Pour utiliser le langage de la métaphore précédente, "l’assiette alors n’est pas vide". Aux « restes de toi » subsistent encore des restes.

Et, en effet, la locutrice avoue :
« je me surprends à rêver / De ta bouche, de tes bras »
Le chemin de nature, qui passait par les arbres et les sols jonchés de feuilles mortes, mène cette fois dans un environnement urbain, et ce prolongement de l’oscillation semble quasiment une digression :

« Le tram jaune passe
Vomissant des passagers froissés »

C’est l’image du « vomissement » qui justifie ici cet écart sur le tram et ramène au fil du propos, fil qui, sur le chemin, inverse le processus d’engloutissement en soi, d’absorption, en un rejet, en une expulsion, en une nausée :

« Je jette tout ce que tu m’as donné »

La locutrice ne cherche plus à faire disparaître par le moyen de l’absorption, qui porte en elle l’ambiguïté d’une assimilation, d’une conservation en soi de ce qui a été avalé, bien que transformé ; elle passe à l’expulsion, au rejet radical hors de soi.
La fonction d’ingurgiter est dévolue à une poubelle : « La poubelle avale tout ».
Les rejets deviennent des rebuts.

Si la poubelle fait office de ventre ; la locutrice se réserve la dégustation de « glaces », seules absorptions acceptables.
Les glaces et ses différents parfums, « vanille, pistache et poire », constituent un dessert. Elles se dégustent quand un repas est terminé, quand le ventre du vide-ordures aura tout digéré.
Elles sont la promesse d’un parfum nouveau de la vie, mais comportent une part de "gel" qui pourrait envahir l'existence, la refroidir.
Ce qui semble dominer pourtant, c’est la fonction « rafraîchissante » de ces glaces, leur capacité peut-être aussi d’éteindre les brûlures qui subsistent en soi de cette ancienne relation.
Les glaces, particulièrement appréciées par les jeunes enfants, apparaissent enfin comme les "coupes" ( dans son double sens ) par lesquelles une histoire prend fin, laissant place à une régénération, le retour à une nouvelle jeunesse.

Ainsi tout le mouvement du texte, son oscillation, son balancement entre une intériorité et une extériorité semble sous le commandement en dernière instance de l’opposition entre l’ingestion et l’expulsion qui gouverne le texte.

Merci Evelit

   Provencao   
30/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Evelit,

Bellle évocation à l'instar des jacinthes fanées et agreste de métaphores aussi poétiques que délicates et plaisantes.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Corto   
30/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Belle mise en image d'un moment amoureux, de ceux qui ne vous laissent guère le loisir de les oublier. Car sinon pourquoi tant en parler ? J'aime particulièrement l'alternance d'images parfois toutes concrètes (ex: les 2 premiers vers) et parfois riches de symboles comme ce "Je ramasse les feuilles mortes Elles sont tombées de l'arbre de l'amour".
Et puis ce beau passage :"Sur les trottoirs gelés Triste, je balaye, j'époussette Je jette tout ce que tu m'as donné."
Beau aussi le final qui utilise les mots quotidiens pour en finir avec cette souffrance qui s'accroche sans souci du temps qui passe.

Merci.

   Yannblev   
1/4/2024
Bonjour Evelit

Il y a toujours des sensations et des émotions à la fois banales et dramatiques qui pavent le pénible chemin du deuil. Celui que nous impose un amour enfui, perdu, n’y échappe pas. L’évocation de vos sentiments à travers les choses du chosier d’un quotidien qu’il faut maîtriser est très juste, de la couleur des nuages aux restes des assiettes, on perçoit sans faille ce qu’ils sont. Les avoir mis en ligne avec une certaine application est sans doute le bon moyen de laisser « faire le temps ».
Un poème qui conclut avec trois parfums sur une glace c’est déjà une médecine.

   Graoully   
4/4/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Bravo pour ce poème de la rupture, et de la volonté de surnager au lieu de se noyer dans son chagrin - perceptible, réel, mais tenu à distance ici.

C'est joliment imagé, limpide, conduit avec cohérence, assez aigre-doux dans son ensemble.

Une petite facilité ici :

"Je ramasse les feuilles mortes
Elles sont tombées de l'arbre de l'amour"

mais qui ne gâte pas le plaisir éprouvé à la lecture.

G.


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