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Poésie classique
Famineur : Aigle
 Publié le 24/01/25  -  6 commentaires  -  793 caractères  -  90 lectures    Autres textes du même auteur

D’après « L’aigle », sonnet de Charles Gill (1871-1918) [lien : https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/charles_gill/laigle ]


Aigle



En dépit de la cage où je t’avais jeté,
Tu plongeais dans l’effroi toutes les sentinelles,
Et sans que ma victoire eût vaincu ta fierté,
Ton regard convoitait les cimes éternelles.

Je voulus mettre un terme à ta captivité,
Car à présent tes yeux n’avaient plus d’étincelles,
Mais quand j’ouvris la porte à ton bec affûté
Ton âme illumina le fond de tes prunelles.

Sans doute observas-tu que j’étais déganté
Et que j’eusse péri sous tes serres cruelles.
Allais-tu me soumettre à ta férocité
Comme tu l’avais fait à nombre de pucelles ?

Depuis longtemps soumis à l’immobilité,
Tu dégainas soudain de gigantesques ailes
Avant de conquérir l’espace inhabité
Et d’ajouter aux cieux deux étoiles nouvelles.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   papipoete   
7/1/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
classique
Toi, mon bel aigle je t'avais fait prisonnier dans une cage, effrayant ceux qui te surveillait ; un jour vint que je sentis que nul ne pourrait te craindre au dehors, si terne était devenu ton regard.
mais sitôt la liberté retrouvée, tes yeux tels diamants étincelants, te rendirent la couronne que je t'avais confisquée...
NB ce pourrait être une fable cruelle, sur la privation de liberté... qui me fait penser à André Charrière ( Papillon ) emprisonné à Cayenne, qui malgré tous ses échecs d'évasion, ses brimades, réussit à faire croire qu'il ne représentait plus aucun danger ; on pouvait relâcher sa surveillance, mais...
le thème du poème peut s'appliquer, en vrai à ce royal rapace, mais aussi à une malheureuse proie humaine... pour moi, l'un et l'autre sujet se vaut.
l'ultime strophe a ma préférence.
des alexandrins classique sans faute, et superbes !
papipoète

   Donaldo75   
15/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Voici un poème agréable à lire. La forme est intéressante dans l’usage des images et dans la tonalité ; je n’aurais qu’un bémol sur l’utilisation du passé simple qui n’est pas des plus esthétiques. Sinon, l’oiseau est bien exposé, avec une progression intéressante du sujet dans ces quatrains égaux.

Merci pour le partage.

   Ornicar   
15/1/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Dans le cas présent, le lecteur est toujours tenté de comparer la "copie" avec "l'original". C'est le risque de l'hommage car la comparaison tourne presque toujours à l'avantage de l'original. C'est modérément le cas ici, même si l'inspiration me semble parfois prisonnière du modèle, jusqu'à reprendre les mêmes rimes et les mêmes temps pour les verbes.

Sur le fond de l'histoire, le scénario, les différences m'apparaissent assez marquées. Dans le poème de Charles Gill, les rôles sont clairement partagés entre les "bourreaux", anonymes, qui ont capturé l'animal et le narrateur qui incarne la figure du sauveur. Dans le texte soumis à mon appréciation, "bourreau" et "sauveur" sont la même personne et je dois dire que cela prête à confusion. On peut bien sûr, imaginer que le narrateur est pris de remords. Il n'empêche, ce n'est pas très clair et les 16 vers du poème ne laissent pas à son auteur le temps de fournir une explication à ce brusque changement d'attitude.
Le coté positif, en revanche, c'est que cela permet d'impulser une autre trajectoire à l'histoire. Finalement, le texte "inspirant" est assez manichéen, axé sur une opposition tranchée entre le Bien (l'immensité de l'azur, la liberté retrouvée de l'animal) et le Mal (l'état de captivité et l'étroitesse de la cage). Ici, le fait que le narrateur soit "déganté" (vers 9) introduit un accident narratif intéressant. Que va faire l'animal ? Se venger de l'homme, ou bien prendre sa liberté ? En choisissant la liberté, l'aigle, tout animal qu'il est, se montre supérieur à l'homme, car d'aucuns, parmi les esprits humains "normalement constitués", auraient certainement choisi de se venger. Peut-être est-ce là, la "morale" à retenir de ce poème qui, de ce point de vue, s'affranchit de son modèle.

Dommage que l'écriture recèle, à mes yeux, deux lourdeurs.
- vers 1, "En dépit de la cage où..." : la tournure inaugurale "en dépit de" me semble bien lourde. Plus fluide serait à mon avis :"Prisonnier de la cage". Si diérèse à "prisonnier", d'autres formulations restent sans doute possibles.
- vers 14, "Tu dégainas soudain de gigantesques ailes" : le terme "dégainer", appartenant au registre des armes à feu, me semble par contre inaproprié. Mieux serait peut-être "déployas".

   Boutet   
24/1/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Un poème classique sur 2 rimes et ne manquant pas d'intérêts. Mais 2 vers me sont incompris :
Comme tu l'avais fait à nombre de pucelles ?
Et d'ajouter aux cieux deux étoiles nouvelles.

C'est généralement le problème des poèmes aux nombres réduits de variété de rimes.

   Provencao   
25/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Famineur et douce et belle année,

"Depuis longtemps soumis à l’immobilité,
Tu dégainas soudain de gigantesques ailes
Avant de conquérir l’espace inhabité
Et d’ajouter aux cieux deux étoiles nouvelles."

Parce que ces vers reflètent une morale, ils rencontrent une musique concrète.
Par l’abandon du sens, l'âme illumine...
J'aime beaucoup cette non tension qui constitue cette poésie.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   BlaseSaintLuc   
28/1/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
j'étais décidé à ne point délivrer d'appréciation à cette copie (puisque copie) sauf que c'est plus un hommage et il est très beau.
Évidemment, il colle à l'original, mais qu'importe l'appréciation vaudra pour l'ensemble.

Ps : il y a sûrement du sous-texte là-dedans, mais je n'est pas le "cœur" à gratter l'affaire.


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