Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie contemporaine
Famineur : Paroles d'Aphrodite
 Publié le 03/09/23  -  7 commentaires  -  1769 caractères  -  156 lectures    Autres textes du même auteur

Les appas d’Aphrodite ne parviennent pas à détourner de la chasse le bel Adonis…
(Écrit après une lecture de la pièce en alexandrins « Adonis », de Louis Latourre.)


Paroles d'Aphrodite



Adonis !

Que n’entends-tu le pas
De mon cœur singulier ?
N’aimes-tu comme appas
Que ceux du sanglier ?

Faut-il que ton destin
Soit de traquer la bête
Quand je mène d’instinct
Une plus douce quête ?

Serait-ce que ton sort
Soit de suivre des traces
Quand j’expose mon corps
À de plus tendres chasses ?

Et faut-il que comme armes
Tu ne manies que celles
Qui n’ont rien de tes charmes
Et me laissent pucelle ?

C’est moi, ton Aphrodite,
Qu’à jamais tu allèches,
Dont la chair interdite
N’a connu que l’eau fraîche.

Et s’il importe aux dieux
Que ma beauté t’éclaire,
Qu’ils ôtent de tes yeux
L’inopportune œillère.

Je veux être ta cible
Et ta profonde proie,
Et hurler l’indicible,
Étreinte contre toi.

Je veux que ma chair s’ouvre
Aux rigueurs de ton glaive
Et que ton corps me couvre,
Et que choir… nous élève.

Je veux que mon cœur s’offre
À l’éclair le plus court
Et qu’il devienne un coffre
Où te garder toujours.

Les dieux nous ont élus
Pour incarner l’Amour.
Je ne veux rien de plus
Que tes nuits et tes jours.

Mais l’impudique plaie
Qui dénude ton fauve
Davantage te plaît
Que ma peau saine et sauve.

Que n’es-tu mon vautour
Et ma peau, ton repas ?
Ne vois-tu comme atours
Que ceux que je n’ai pas ?

Que n’ai-je la vertu
D’être une nymphe épiée
Et ne t’abaisses-tu
Quand je tombe à tes pieds ?

Faut-il que mes caresses
N’épousent que tes ombres
Et que ma plainte cesse
Pour que rien ne t’encombre ?


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   poldutor   
19/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour
j'ai bien aimé ce poème de la femme délaissée au profit de la chasse...
Aphrodite pucelle (?) ce devait être quand elle était encore impubère, parce qu'après elle s'est bien rattrapée...
Pour être plus sérieux, votre poésie m'a bien plu, j'ai apprécié les arguments (chauds, chauds) que la déesse développe pour attirer le dédaigneux :

"...je mène d’instinct
Une plus douce quête ?"

" ...j’expose mon corps
A de plus tendres chasses ?"

"Et faut-il que comme armes
Tu ne manies que celles
Qui n’ont rien de tes charmes
Et me laissent pucelle ?" waouh!

"...Dont la chair interdite
N’a connu que l’eau fraîche." la pauvre !

"Je veux être ta cible
Et ta profonde proie,
Et hurler l’indicible,
Étreinte contre toi." arrivé à ce quatrain, j'ai fait une pause et bu un verre d'eau fraîche : trop torride !

Adonis par pitié fait un effort !

Le vers que je préfère : "Et que choir... nous élève." belle formule, aimer n'est jamais une chute.

Belle poésie, bravo.
Cordialement.
poldutor en E.L

   Ornicar   
19/8/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Antienne et antique litanie.
J'ai aimé découvrir ce poème dans mon espace lecture et en dévorer les premières strophes, souriant au parallèle entre la chasse animalière du bel Adonis et celle, sur la carte du Tendre, de la non moins belle Aphrodite. Mais parvenu à la fin, mon enthousiasme n'était plus le même. Que s'est-il donc passé ?

Ce n'est pas l'écriture, d'une incontestable qualité, qui est en cause ici. Chaque strophe, prise individuellement compose un tableau tout à fait charmant, intéressant, qui pique l'esprit du lecteur. Alors ?
C'est l'ensemble de la fresque qui ne va pas. Trop long sans doute. J'ai ressenti une certaine monotonie émoussant mon plaisir, il est vrai. Mais la longueur du poème n'est pas la seule responsable de ma légère déconvenue à l'arrivée.

L'histoire n'avance pas, le lecteur fait du sur place. Il manque aussi une véritable chute : le poème commence par les questions que se pose Aphrodite et se termine de même. Il n'y a pas de montée en tension, de gradation du récit au fil des quatrains. Il manque pour moi un fil conducteur, une véritable ossature, avec un début, un développement, une fin.
Autrement dit, les rusches sont bons, mais comme au cinéma, il ne faut pas hésiter à couper et travailler le montage des séquences en post-production.

Dans ce maquis, il me semble entrevoir néanmoins une possible et rapide piste d'amélioration : modifier l'agencement des strophes qui me paraissent, par ailleurs, parfaitement interchangeables. On pourrait ainsi concevoir trois blocs.
- un premier bloc avec les interrogations d'Aphrodite, en élaguant et éliminant, en ne retenant que les meilleurs quatrains et en prenant soin de varier l'entame ( Que ne... Et faut-il que... Serait-ce que...?) pour éviter le coté répétitif et... litanie.
- un deuxième bloc reprenant "tout ce que veut" Aphrodite. Strophe 7,8 et 9
- enfin, la strophe 10 avec son "Je ne veux rien de plus" pourrait conclure le poème ou mieux, constituer l'amorce d'une vrai chute qui reste à trouver.

Ah... ! Qu’à l'heure des choix, toujours cruels, il est dur de tailler dans le vif et de renoncer à ce que l'on aime. Et comme je vous comprends.

   papipoete   
3/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Famineur
Qu'en seyant François, ces vers de l'amour brûlant, sous mes yeux timides, s'étalent et me confortent d'avoir traqué la pucelle ( ou point... ) plutôt que le sanglier au poil plus dur que herse de château !
Et qu'en termes fort risibles ces lignes, font et défont cette couche où la Belle se languit, rêvant à cet hypothétique assaut de sa personne, qui ne vient pas, et la laisse à se consumer comme un vieux tison...
NB je dois partir, et continuerai mes notations tout-à-l'heure... me re-voici après soixante minutes, en promenade de ma mie.
Tour à tour, nous rosissons devant la verdeur de tels ou tels propos, comme ceux des 7e et 8e strophes ; les dernières sont davantage prudes et même bien tendres.
Je craignis que la longueur de votre ode, ne vint à me sembler ennuyeuse ? que nenni, et d'autres quatrains purent s'y greffer, que je les parcourusse avec délectation !
J'apprécie particulièrement la façon de dire les choses ici ; oncques de vulgarité, mais bien croquignolesque !
" et que choir... nous élève " bien vu !
infime bémol au 22e vers ( beauté/té.. claire )
Je ne sais si c'est voulu ? mais vos hexasyllabes marchent au pas sans coup-férir, mais la non alternance des rimes ( masculine/féminine ) vous privent de la forme néo-classique ! dommage !

   cherbiacuespe   
3/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je ne commente plus beaucoup la poésie, mais j'en lis de temps en temps. Celle-ci pourrait me réconcilier avec le genre sur le site. Les mots coulent comme une douceur aux oreilles, l'ensemble est faussement long et se lit d'un seul trait, uniquement pour le plaisir de sa musique. Les vers sont savamment distillés et participent pleinement à la douce mélopée. C'est une plaidoirie qui ferait succomber n'importe quel mortel. On imagine très bien la galante déesse jouer de ses avantages devant un bel Adonis, agacé sans doute de ne pouvoir se prêter à d'autres jeux en toute tranquillité. Ou alors il est vraiment affamé! Mais que cet insolent démiurge nous cède sa place, non d'une pipe...

   Mokhtar   
4/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
La poésie en hexasyllabe est un art difficile, qui implique un sens de la concision et une indispensable habileté technique. La tentation du recours aux élisions et aux inversions a été ici surmontée, pour un texte qui s’écoule avec limpidité, sans accroche à la lecture. 14 strophes, mais on a l’impression que l’auteur pourrait en aligner le double, tant il semble évoluer dans la facilité.

La diérèse épi-ée a le tort d’exclure des classements « classiques » ce texte qui en a la facture.

Même si les suggestions d’Ornicar sont intéressantes, je pense que la composition répétitive, en forme de récrimination obsessionnelle, a aussi son intérêt en soulignant l’opiniâtreté de la dame.

Très beau travail. Merci

   Myndie   
4/9/2023
Bonjour Famineur,
Oh lala ! C'est chaud dans l'Olympe ! Après Gemini (« l'effet papillon »), vous m'offrez une nouvelle opportunité de prendre goût à l'intrusion des dieux de la mythologie en poésie^^.
J'ai beaucoup aimé les récriminations d'Aphrodite, épicées, suggestives, drôles et jamais vulgaires.
Est-ce un coup tordu de mon imagination ? Il me semble même que certains termes choisis – qui n'ont pourtant rien d'exceptionnel – prennent dans ce contexte un sens particulièrement évocateur et aguichant. Non ? Un exemple alors : ce vers « Qu’à jamais tu allèches, » j'en ai fait une ré-écriture. Bon, je sais, je ne suis pas sortable...

Je n'ai pas lu la pièce en alexandrins que vous citez en exergue mais je suis certaine que le choix de l'hexamètre allège considérablement le thème traité, lui confère la modernité, la vivacité et la fraicheur qui servent si bien l'humour.

Mon seul bémol sera de vous dire que j'ai tiqué sur la multiplicité des pronoms relatifs qui (!) amplifient la sonorité en « c-qu » et la rendent disgracieuse à l'oreille, comme ici :
«  Et faut-il que comme armes
Tu ne manies que celles
Qui n’ont rien de tes charmes »
Mais à part ça, bravo à vous et merci, quelle agréable lecture !
Paroles de Myndie

   Famineur   
10/9/2023


Oniris Copyright © 2007-2023